Le Hamas va-t-il prendre ses distances avec l`Islam politique ? La

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Le Hamas va-t-il prendre ses distances avec l’Islam politique
?
Moyen Orient Palestine Politique 10-06-2016 11:16 AM
"Le mouvement islamiste Ennahda en Tunisie, qui est l’un des plus importants
mouvements islamistes, a pris une décision historique le 9 mai en séparant les activités
politiques des activités religieuses".
La plupart des mouvements
islamistes, dont le Hamas, adoptent un principe idéologique qui n’établit pas de séparation pas
entre la religion et l’État, parce que l’Islam aborde toutes les questions de la société, qu’elles
soient politiques, sociales ou économiques. Cela a donné aux objectifs de ces mouvements un
caractère global.
Dans leurs réunions publiques, les Frères musulmans réitèrent l’idée que leur fondateur, Hassan
al-Banna, formula ainsi : « Les enseignements de l’Islam sont complets. Ils englobent les affaires
des gens dans ce monde comme dans le prochain. L’islam est une foi et un rituel, une nation et
une nationalité, une religion et un État, l’esprit et l’action, un texte sacré et une épée ».
Mais le mouvement islamiste Ennahda en Tunisie, qui est l’un des plus importants mouvements
islamistes, a pris une décision historique le 9 mai en séparant les activités politiques des activités
religieuses, en décidant de se concentrer sur la politique et en limitant la prédication aux sociétés
civiles.
La décision a soulevé des questions importantes sur ses objectifs. Pourquoi maintenant ? Est-ce
que Ennahda a peur de subir le même sort que les Frères musulmans en Égypte, après le putsch
de l’armée égyptienne en juillet 2013 ?
Il faut savoir que les membres des Frères musulmans en Égypte sont soit enfermés dans les
prisons égyptiennes, soit pourchassés par les services de sécurité, soit vivant en exil par crainte
des arrestations et des poursuites. La décision devrait-elle inciter d’autres mouvements islamistes
- comme le Hamas - à faire de même, en dépit des circonstances et de l’environnement politique
qui diffèrent ?
Saleh al-Raqab, l’ancien ministre des affaires religieuses et des dotations du gouvernement du
Hamas et un érudit islamique de premier plan, a déclaré à Al-Monitor : « Pour évaluer la
décision d’Ennahda de séparer la politique de la prédication, nous devons connaître la vérité
derrière cette mesure. Si cela signifie vouloir séparer la religion et L’État, c’est alors
catastrophique.
Mais si cela est juste une question de procédure, c’est alors possible. Lorsque le Hamas a conduit
le gouvernement [de Gaza] entre 2007 et 2014, il a décidé qu’aucun de ses ministres ne serait un
membre de son bureau politique. Mais la décision d’Ennahda est clairement due à l’expérience
subie par les Frères musulmans en Égypte et à la pression occidentale qui a suivi. Il semble que
Ennahda a dû prendre cette décision, non par conviction politique ou souci de progrès
intellectuel. Mais les pays occidentaux ne sont pas naïfs et ils n’imagineront pas que la décision
de Ennahda soit le fait d’une réelle évolution. Ils pensent plutôt qu’il s’agit d’une mesure
tactique pour faire baisser la pression. Ce que veut l’Occident, en fin de compte, c’est qu’ils
abandonnent tout ».
Une source diplomatique européenne a commenté sous couvert d’anonymat, les dernières
décisions d’Ennahda, en disant que cette décision de séparer ce qui est religieux de l’action
politique était le résultat d’une absence de débats politiques sur les questions culturelles et
religieuses. Selon la même source, Ennahda serait obsédé par l’idée de pouvoir convaincre
l’Occident qu’ils sont différents des Frères musulmans égyptiens.
Le mouvement Ennahda préoccupe les milieux intellectuels et les médias au sein du Hamas. Des
dizaines de messages et de discussions ont été partagés sur les médias sociaux, notamment sur
Facebook. Certains ont préconisé la voie adoptée par Ennahda , considérant que le Hamas devait
la suivre, tandis que d’autres sont strictement opposés à cette initiative et ont accusé Ennahda de
renoncer peu à peu à l’Islam.
Un tiers des participants a exprimé un soutien seulement conditionnel, de peur que cette étape ne
soit un prélude au renoncement par Ennahda à son programme islamiste. Une quatrième part,
proche du Hamas, a exprimé des inquiétudes que Ennahda puisse être amené à abandonner les
Frères musulmans qui est le groupe de référence de tous les mouvements islamistes dans le
monde.
Zied Boumakhla, membre du Conseil de la Choura d’Ennahda, a déclaré à Al-Monitor : « La
décision d’Ennahda de séparer les activités religieuses des activités politiques est le résultat de
longues discussions plutôt que d’une quelconque pression. La meilleure décision est de séparer
l’activité religieuse de l’action politique. Nous sommes un parti politique avec une autorité
islamique.
Nous mettons en œuvre nos programmes en répartissant nos ressources militantes dans plusieurs
secteurs d’intervention, sans mélanger la politique avec la prédication et les activités religieuses.
Nous avons demandé à des représentants de mouvements islamistes, dont le Hamas représenté
par le responsable de ses relations internationales Osama Hamdan, d’assister à notre conférence
qui s’est déroulée du 20 au 22 mai. Le travail politique devrait avoir un peu d’espace pour
évoluer à l’écart des approches idéologiques étroites. Bien que le Hamas ait sa particularité, il
peut bénéficier de l’expérience ».
Nous ne pouvons pas étudier les répercussions de la décision d’Ennahda sans rappeler le fait que
plusieurs responsables du Hamas ont été impressionnés par le caractère de son chef, Rachid
Ghannouchi. Certains le considèrent comme plus progressiste que ses collègues dirigeants
d’autres partis islamistes, puisqu’il place l’intérêt national avant l’intérêt partisan. En juillet
2013, Ennahda est sorti du gouvernement en Tunisie pour épargner au pays un conflit semblable
à celui vécu dans d’autres pays arabes comme l’Égypte et la Libye.
Pourtant, Ghannouchi est allé très loin dans son discours le 20 mai, quand il a ouvertement
appelé à éloigner la religion des batailles politiques et à conserver les mosquées à l’écart des
rivalités politiques et des intérêts partisans afin qu’elles unissent les gens au lieu de les séparer.
Yahia Mousa du Hamas - président du Comité de surveillance et des droits de l’homme du
Conseil législatif dans la bande de Gaza, responsable du Parti national Islamique et du Salut que
le Hamas a établi en 1996 et qui a été dissous suite à l’Intifada Al-Aqsa en 2000 - a déclaré à AlMonitor : « La voie choisie par Ennahda est adaptée à la situation de la Tunisie. Même si cette
décision a été prise sous la pression étrangère, cela ne l’invalide pas pour autant. L’école de
pensée dans le Maghreb entre les partis islamistes en Libye, la Tunisie, l’Algérie et le Maroc, est
plus développée que celle qui prévaut plus à l’Est en Syrie, au Liban, en Jordanie, en Palestine et
en Égypte. Les intellectuels au Maghreb sont plus en contact avec l’Occident puisqu’ils y ont
souvent vécu pendant des années. La situation palestinienne nécessite une direction générale
pour le Parti islamiste, et sous cette direction, les autres domaines sont inclus - qu’ils soient
économiques, politiques, militaires, sociaux ou religieux. Chaque domaine aura ses propres
méthodes. »
Sari Orabi, un expert palestinien des partis islamistes, a déclaré à Al-Monitor : « Les islamistes
de Palestine, en particulier le Hamas qui a suivi les évolutions d’Ennahda, s’est arrêté au slogan
de séparer le religieux du politique plutôt que d’analyser son sens profond, quel que soit leur
appui ou leur opposition à cette décision. »
« Les contre-révolutions ont pris les islamistes par surprise et les ont plongés dans des dilemmes
intellectuels et politiques. Lorsque les membres du Hamas discutent de l’effet direct de la
décision d’Ennahda, ils devraient se concentrer sur la confrontation avec Israël et la libération
des territoires palestiniens plutôt que sur la question de favoriser un État laïque ou islamiste. Cela
peut être discuté plus tard, après la libération. »
Les discussions sur la décision d’Ennahda ne se limitent pas aux cercles du Hamas et il ne
semble pas qu’elles soient sur le point de cesser. Ennahda a jeté un pavé dans la mare parmi les
cadres et les partisans du Hamas qui ont été éduqués sur le principe que la religion est le
principal point de référence pour la politique.
Toutefois, cette perspective aura limité les choix du Hamas, parfois en raison de la jurisprudence
de la charia qui peut-être n’englobe pas la situation politique dans tous ses aspects.
Source: Info-Palestine
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