APPEL de médecins contre les franchises sur les soins
Nous sommes médecins, médecins libéraux et hospitaliers, médecins du travail, de la Sécurité sociale et de l’Education
Nationale. Nous avons appris que le gouvernement avait l’intention de mettre en place des franchises sur les soins.
Des franchises sur les soins ? Qu’est-ce que cela voudrait dire pour les patients ?
De « 10 à 25€ » seraient retenus pour chaque catégorie de soins : consultations, hospitalisations, examens, médicaments.
Lors de la première consultation, le patient se verrait retenir 10 à 25€ en plus du forfait de 1€ et du ticket modérateur. Cela
signifie qu’avec une franchise de 25€, cette consultation ne lui serait plus remboursée du tout. Et qu’avec une franchise de
10€, la consultation chez un généraliste (21€) lui serait remboursée 3,70€ seulement.
De plus, si l’état du patient nécessitait un examen de laboratoire et des médicaments, la retenue supplémentaire serait de 20 à
50€, et de 10 à 25€ de plus s’il devait aussi être hospitalisé. Comment feraient ceux qui ne peuvent pas payer ? Et nous,
médecins, nous est-il possible de ne pas prescrire un médicament ou un examen indispensable, au motif que le malade ne peut
pas s’acquitter de ces franchises ?
Combien de malades renonceraient à nous consulter ?
Faudrait-il que soit moins bien soigné celui qui n’a pas d’argent ?
C’est impossible, nous ne serions plus médecins.
Nous ne pourrions plus respecter notre serment de délivrer à chacun, sans distinction, qu’il soit riche ou pauvre, "des soins
consciencieux, dévoués et fondés sur les données acquises de la science" (art.32 du Code de déontologie médicale)
Comment les malades feraient-ils pour se soigner ?
Comment feraient les 7 millions de malades en ALD (100%), atteints de maladies graves, diabétiques, cancéreux,
hypertendus, etc. sont pour la plupart retraités, en arrêt de travail ou en invalidité ? Leur suivi médical ne souffre pas de faille et
leurs soins sont coûteux. Mais leurs revenus sont faibles. C’est leur prise en charge à 100% par la Sécurité sociale qui leur
permet de se soigner. Et maintenant il leur faudrait payer ? Combien devraient rompre leur suivi médical ? N’allons-nous plus
les voir que lors de le survenue de complications…un accident vasculaire cérébral…des métastases ? Pour nous médecins, c’est
inenvisageable.
Et les patients habituellement en bonne santé ? Ils seraient dissuadés de nous consulter dès la survenue d’un premier
symptôme. C’est un fait. Ils attendraient.
Que, faute d’argent, des malades ne soient plus examinés et traités à temps, cela n’est pas acceptable.
Nous sommes d’autant plus inquiets que nous avons l’exemple du forfait hospitalier. Créé en 1982, il était de 20 Francs par jour.
Il est aujourd’hui de 16. Plus de 5 fois plus ! Quel serait, demain, le montant des franchises sur les soins ?
Tous les malades doivent être soignés, à égalité
Notre métier de médecins est de soigner tous les malades. L’égalité d’accès aux soins pour tous, qui existe depuis la Libération
grâce à la Sécurité sociale, doit être préservée. Les progrès de la médecine ne doivent pas être ruinés au nom de soi-disant
impératifs financiers. Nos opinions sont diverses. Il ne s’agit pas ici de politique. Il s’agit des malades et de notre métier de
médecins. « Je ferai tout pour l’utilité des malades, mais si c’est pour leur perte ou une injustice à leur égard, je jure d’y
faire obstacle ». Au nom de ce serment énoncé par Hippocrate il y a 2500 ans, et qui est la règle universelle des
médecins, les soussignés demandent solennellement au gouvernement
de renoncer à son projet de franchises
Premiers signataires : Pr F GUERIN, président de l’AMDDDM, Dr F PARAIRE, secrétaire général du CNDH, DR A BUVRY, PH Explorations fonctionnelles
hôpital J Verdier 93, Dr J BATAILLE, pédiatre, pital R Poincaré 92, Dr F BAVOUX, PH pharmacovigilante hôpital St Vincent de Paul 75, Dr S BELUCCI,
hématologue, hôpital Lariboisière 75 , Pr A BIZIEN, gériatre, hôpital G Clémenceau 91, Dr C BONNE-GUERBER, médecin libéral 91, Dr MT BUGE, pédiatre
libéral 75, Dr AT BUI, médecin libéral 75, Dr JL CHABERNAUD, pédiatre néonatalogiste, hôpital A Béclère 92, Dr E CHARTIER, decin libéral 63, Dr D
CONSTANTINI, gastroentérologue libéral 91, Pr MT COUSIN, anesthésiste, Dr M DEBAT, médecin de la Sécurité sociale, Dr P DEBAT, PH hémobiologiste
94, Dr J DELON, médecin du travail 69, Dr MH DOGUET, psychiatre 76, Dr B DOUARD, médecin généraliste 34, Pr O DULAC, pédiatre, hôpital Necker
Enfants Malades 75, Dr G ETTNER, ophtalmologue libéral 75, Dr JL GAILLARD, anesthésiste, hôpital J Verdier 93, Dr G HANON, psychiatre 75, Dr G
HASSID, médecin généraliste 75, Dr C JEDRECY, urgentiste, Dr B LAJOUX, médecin généraliste 19, Dr M LAJOUX, médecin généraliste 19, Dr JPh
LAPORTE, hématocancérologue, hôpital St Antoine 75, Pr P LE GOFF, rhumatologue, Brest, Dr MP LEMONNIER, hématocancérologue, hôpital St Antoine
75, Dr F LOUIS, médecin des Mines 57, Dr J LUMBROSO, médecin généraliste 75, Dr R MARECHAL, médecin généraliste 38, Dr P RIVIERE, psychiatre 75,
Dr P SADOUL, psychiatre 91, Dr P SALVAING, médecin scolaire, Dr M SARRAZIN, gynécologue médicale 31, Dr C SAUVAGE- LAWTON, médecin libéral
86, Dr C TRIVALLE, gériatre, hôpital P Brousse 94, Dr C VENET, anesthésiste, Grenoble, Pr A YELNIK, hôpital F Widal 75
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