l'intermédiaire d'un interprétant, qui est un changement de l'interprète causé par le signifiant,
qui le met au courant de l'objet. Uexküll (35) a développé sa théorie de la signification
indépendamment à partir de Peirce. Dans cette théorie il a proposé que chaque organisme
vivant développe sa propre interprétation subjective de son environnement, appelé
Umwelt (modèle du monde). Chaque composant de l'Umwelt a une signification spécifique
pour un organisme (par exemple, nourriture, ennemi, abri, etc...) et est associé à une ou
plusieurs fonctions qui soutiennent la survie et la reproduction de l'organisme. Uexküll était le
premier à noter la nature circulaire des fonctions biologiques (cercles fonctionnels). Un
organisme perçoit et modifie des objets externes aussi bien que des parties de son
corps.
Pattee (23) pense que la signification émerge dans l'évolution des systèmes
auto-référés (sémantiquement fermés). Il écrit : «l'auto-référence, qui a un potentiel
évolutionnaire ouvert, est une fermeture autonome entre la dynamique (lois physiques) des
aspects matériels et les contraintes ( règles syntaxiques) des aspects symboliques d'un
organisme physique». Selon Pattee, la fermeture sémantique exige des modèles
complémentaires des aspects matériels et symboliques de l'organisme. Un symbole est
une structure matérielle, dont la fonction ne peut pas être dérivée des lois physiques,
mais qui est choisie pour sa contribution à la survie d'un individu.
Des idées semblables ont été développées par Maturana et Varela (20), qui ont
estimé que l'autopoïèse était une caractéristique fondamentale de la vie et de l'esprit.
Rosen (27,28) a également souligné la nature fermée de l'organisation biologique. Il pense
que les organismes sont qualitativement différents des machines, parce que dans les
machines, chaque fonction est régulée par une autre fonction (ce qui mène à une infinie
régression des fonctions). Mais dans les organismes, toutes les fonctions sont
réciproquement clôturées. Chaque partie ou fonction absente peut être réparée ou produite
par d'autres parties. Des mécanismes peuvent être agencés entre les parties, mais les
organismes peuvent reconstituer et réagencer les parties elles-mêmes. Ainsi, des
organismes ne peuvent-ils pas être construits à partir de leurs parties.
Kampis(17) a considéré la vie comme une semi-fermeture ; la fermeture est
imparfaite en raison de la liberté interne dans les organismes. Il a souligné la nature créatrice
de la vie, qui ne peut pas être décrite par des modèles déterministes. Les organismes
vivants peuvent inventer de nouvelles fonctions, tandis que les modèles déterministes ont
toutes les possibilités incorporées dès le départ; ainsi, ces modèles déterministes ne
peuvent-ils montrer aucune propriété émergente. Kampis (17) a employé des modèles de
«systèmes composants» qui sont faits de nombreuses petites particules de diverses sortes.
Mais Kauffman (18) a pensé que l'on pouvait observer le comportement émergent
même dans les modèles déterministes si le nombre de possibilités est très grand. Il a
modelé l’auto-organisation à l'aide des réseaux booléens et des automates cellulaires.
Il y a un consensus sur l'importance de la nature symbolique (sémiotique) de la
vie et de son organisation auto-référentielle (fermeture). Mais il n'y a aucun accord sur la
signification des termes «symbole», «signe», «auto-référence», «auto-reproduction»,
«autonomie», «fermeture», «action», «liberté», et d'autres. Cairn-Smith (3) a considéré que
n'importe quel système capable d’auto-maintenance ou d'auto-reproduction (par exemple,
cristallisation, autocatalyse) était un signe ou un «gène». Des signes peuvent être isolés ou
agrégés. La syntaxe n'est pas présente dans les signes isolés, mais peut apparaître dans les
systèmes de signes multiples. Rocha (25) pense que la syntaxe est la caratéristique
essentielle des signes, qui est nécessaire pour une évolution ouverte. A la suite de Von
Neumann (37), il a vu l'évolution d'une manière darwinienne traditionnelle en tant que
changements syntaxiques aléatoires suivis de la sélection naturelle. Ce mécanisme
d'évolution exige la présence d'un code qui représente un organisme. Joslyn (15) a présumé