
La 4° strate s’est effondrée. La rationalité de l’état organisateur de la vie économique et
sociale est considérée comme inférieure à la coordination par le marché.
Que reste-t-il des idées correspondant à cette strate ? Par exemple de l’économie mixte ? Cette
couche fondamentale s’est effondrée. Il nous reste à nous interroger sur le « pourquoi ? ». Est-
ce que c’est un phénomène temporaire ? Quel est le rythme de l’histoire ?
L’effondrement du régime soviétique a été un moment crucial de l’effondrement de l’ « Etat
organisateur ». Mais ce n’est pas la cause.
La cause, c’est la transformation de l’ordre productif, l’apparition d’un méta capitalisme
productif : la globalisation, la transnationalisation, la mondialisation.
L’idée que l’Etat est capable d’organiser la vie économique et sociale perd tout son sens, dans
la mesure où la pensée de l’ « Etat organisateur » est intimement liée à la Nation (Etat-nation).
Comment l’Etat peut-il organiser des activités qui se développent hors de l’Etat nation ? On
assiste à une sorte de « dérive des continents » qui correspond à l’émergence et au
développement d’un nouvel ordre productif, un néo-capitalisme libéral, global, financier…
Il faudrait revenir sur les raisons profondes de l’effondrement de cette quatrième strate et
élaborer une pensée du futur.
Si l’on peut dire que la quatrième strate s’est effondrée, c’est plus complexe pour ce qui
concerne la troisième strate. Si l’on prend deux éléments de l’intervention de l’ « Etat
subsidiaire », celle de l’allocation et de la régulation économique, on voit que l’action de
l’Etat a évolué de façon différente dans les deux cas.
En ce qui concerne les externalités positives (santé, éducation, etc.), on assiste à un recul de
l’Etat. Mais, on constate une réelle présence réglementaire de l’Etat, lorsqu’il s’agit des
relations entre les entreprises, de la finance, dès que c’est nécessaire. Il faudrait regarder de
près l’ensemble des systèmes qui se substituent aux services publics ( à la française). Ce n’est
pas la loi du marché qui s’impose partout ou, du moins, l’Etat reste souvent à l’arrière plan, en
instance de surveillance en dernière instance.
Sur le plan de la régulation macroéconomique, aux Etats-Unis d’Amérique, dans les situations
de crise, on voit l’Etat remonter au créneau avec une puissance et une efficacité très
importante dans la régulation. Observons la politique financière, monétaire, de change des
USA lors des cracks précédents. 300 milliards de dollars sont immédiatement injectés dans
l’économie après le 11 septembre 2001 ; avec 500 milliards de déficit contre 236 milliards de
dollars en 2000 : on est passé de +2,5 du Pib à – 5% du PIB, ce qui a une énorme incidence !
On obtient 7,5% de différentiel en deux ans. De plus, on constate une baisse des impôts,
qu’on pourrait appeler « de classe ». Surtout, l’État-infirmier s’est porté s’est porté au secours
des assurances, des compagnies d’aviation, de l’agriculture… la sidérurgie, l’automobile… Il
y a une coopération organisée entre l’Etat, les services techniques des ministères américains,
les grandes entreprises, les universités… Ils ont constitué des institutions visant à
l’innovation, à la recherche, mobilisant des moyens colossaux, dans lesquels l’Etat est
présent.
Qu’en est-il de l’Europe ? En ce qui concerne l’Euroland, on a un ensemble où il n’y a pas de
gouvernement économique ! Pire, il n’y a pas de gouvernement économique global tandis que
l’Europe a mis en place de grandes contraintes sur les gouvernements économiques
nationaux. La banque centrale européenne, du fait des contradictions entre pays, est
condamnée à la non-intervention. On est actuellement dans une situation intermédiaire dans
laquelle il n’y a pas de possibilité d’intervention puissante ni au niveau industriel, ni au
niveau financier, et que ce soit par des politiques nationales ou au niveau européen. Une
impuissance donc qui tient à cette situation « au milieu du gué ». Si l’on prend la politique de
change, il y eu 40% de dévalorisation du dollar par rapport à l’euro et la banque centrale