I. Quelques données historiques
.
1739-1741 : réception remarquable, mais sans lendemain, du Treatise of Human Nature,
dans trois journaux publiés en Hollande et principalement animés par des émigrés français
appartenant à l’Eglise Réformée.
1741-1752 : si l’on met de côté l’échange de Hume avec Montesquieu, entre la première
réception du Treatise et la parution des Political Discourses, aucune recension d’importance (à
ma connaissance !) n’est donnée des ouvrages de Hume parus entre temps. Les Essays Moral
and Political sont ignorés (L. Bongie a montré que la censure royale avait refusé une traduction
des Essays présentée par le libraire Lambert en 1751). Le premier texte de Hume traduit
apparaît en 1751 dans un petit journal qui ne vécut pas longtemps, Le petit réservoir : il s’agit
de l’essai « Of Polygamy and Divorce ». Quant aux Philosophical Essays, ils sont annoncés
dans les ‘nouvelles littéraires’ de la Bibliothèque raisonnée, qui vit encore, mais avec un très
bref commentaire, il est vrai intéressant pour la suite de notre propos : « Est-ce badinage ou
enthousiasme ? Peut-être l’un et l’autre ; et quiconque examine de près un déiste, découvre qu’il
a commencé ou du moins qu’il finira par être fanatique »
.
En 1752 : le même journal donne un bref résumé de l’Enquiry concerning the Principles of
Morals ((Bibliothèque raisonnée, XLVII, 1752, 229-32).
Toutefois, à partir de 1751, le Journal Britannique, nouvellement créé, qui s’est donné pour
mission d’informer les lecteurs français sur toutes les publications nouvelles qui paraissent en
Angleterre, annonce très rapidement la parution des Political Discourses et de l’Enquiry
concerning the principles of Morals
. Le journal fait référence à la réputation de scepticisme
déjà établie de notre philosophe, lequel se montrerait plus positif dans ses essais sur l’économie.
Des extraits sont donnés, dans des numéros suivants.
En 1754, dès son premier numéro, le Journal étranger, annonce la seconde (la troisième ?)
édition des Political Discourses.
En 1754 apparaissent, presque simultanément, deux traductions des Political Discourses,
l’une par Eleazar de Mauvillon dont Hume n’a pas de connaissance immédiate, et l’autre par
l’abbé Le Blanc qui lui en envoie une copie. Une correspondance s’ensuit entre les deux
hommes. Ce sont ces traductions qui vont faire la célébrité de Hume en France, avant que cette
célébrité ne prenne une dimension exceptionnelle avec la traduction de L’histoire d’Angleterre.
Ces données historiques sont extraites d’une étude assez longue que j’ai faite, ‘Hume’s reception in
France’, à paraître dans un collectif consacré à la réception de Hume en Europe, sous la direction de Peter
Jones. Je me borne ici aux informations utiles à mon propos.
Bibliothèque raisonnée, XL, 1748, 474.
Journal britannique, VII, 1752, 225-31.