HPE2 – Cours – r.foudi – suite et fin du cours (chapitre 1 bis) : D. Hume –Page 1 sur 6 - 2012/13
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Les paragraphes 1 et 2 ont été présentés à la séance du 05 Mars 2013.
3- Réinterprétation
Le rapport de Hume à Vanderlint est présenté de manière critique et vère par F. Engels :
Hume plagie Vanderlint, et plus précisément : « Il suit pas à pas (…) le livre de Jacob
Vanderlint ‘’MALT’’ » ».
Cette influence est sensible dans les trois théories :
a) Le « fonds de travail disponible » (FTD)
b) La théorie quantitative de la monnaie (TQM)
c) La Théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes (TEABC)
Nous supposons dans l’exposé, « implicite » (ou évident) le rapport aux thèses de Vanderlint
traitées au chapitre précédent.
a) « Of commerce » : la conciliation des intérêts du Prince et ceux des sujets
La citation principale : «La grandeur d’un Etat et le bonheur de ses sujets, si indépendants
l’un de l’autre sous certains aspects, sont habituellement considérés comme inséparables
en ce qui concerne le commerce… »
Par là, Hume veut résoudre et démontrer la solution au vieux problème mercantiliste :
comment concilier les intérêts du Prince et ceux de ses sujets. L’originalité de sa
démonstration est de recourir à la population active totale, décomposée suivant les sphères
d’activité. Sa méthode consiste à raisonner sans, puis avec « commerce extérieur », c’est-à-
dire « en statique » puis « en dynamique ».
Si comme Hume l’on admet que : « Toute chose en ce monde s’acquiert par le travail ; et
nos passions sont les seules sources du travail », alors on peut situer la solution recherchée
dans la création d’un « fonds de travail disponible ».
Le schéma représentatif de ces deux raisonnements (statique et dynamique) est donné ci-
dessous :
RAPPEL DU PLAN SUIVI EN COURS pour l’étude du chapitre 1 bis : Hume
1- Hume et son œuvre
2- La transition humienne en économie politique
3- Réinterprétation
4- Distanciation
1- Les fondements : naturalisme et corps productif
2- L’artifice
3- Le désordre
4-L’harmonie
5- Le scepticisme
Conclusion générale
NB - Rappel : Cet exposé synthétise la partie correspondante du chapitre du cours publié
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En « dynamique » ou
AVEC COMMERCE
EXTERIEUR,
La conciliation des
intérêts est rendue
possible par l’existence
d’un « fonds de travail
disponible
»
La démonstration forme un
circuit fermé, partant de la
dynamisation de l’activité par
le commerce extérieur (bas
du schéma).
Elle concrétise la parabole
de Vanderlint, d’un monde
prospère constitué par
l’échange, comme un
« grand corps de
marchands ».
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Le fonds de travail disponible est donc : le surplus de main d’œuvre au-delà de la main
d’œuvre cessaire à la production des subsistances). C’est la distribution de ce surplus entre
activités oeuvrant au bien être des particuliers (manufactures de luxe), et celles destinées au
service du Prince (ou public), qui permet la conciliation des intérêts.
D’où l’observation générale de Hume : « (…) Commerce et industrie ne sont réellement rien
d’autre qu’un stock de travail (…) ».
b) « Of Money » : la théorie quantitative de la monnaie (TQM)
Les fonctions de la monnaie
- D’une part, avec Hume, la confusion de la richesse avec le stock de métaux précieux
est définitivement révolue. Sa conception de la monnaie signe en est la cause. Contre
les tenants de la thèse de la « monnaie marchandise », Hume définit la monnaie
comme une « convention », c’est-à-dire « ce par quoi on commerce » et non ce « pour
quoi on commerce ». La monnaie signe (ou convention) a ainsi deux fonctions : -
mesure de la valeur, et intermédiaire des échanges. Elle est donc neutre.
Une citation (absente du doc cours) qui l’illustre le mieux est la suivante :
« Là où le numéraire est en très grande abondance, comme une très grande quantité de celui-
ci est cessaire pour représenter une aussi grande quantité de biens, il ne peut avoir aucun
effet, ni en bien ni en mal, si l’on considère la nation en elle-même, pas plus que cela n’en
aurait d’opérer une modification sur un livre de comptes si, au lieu de la méthode arabe de
notation, qui ne demande qu’un petit nombre de caractères, on faisait usage de la méthode
romaine qui en demande beaucoup ».
Mais n’étudiant pas la valeur, Hume ne considère pas la troisième fonction, celle de « réserve
de valeur » (l’épargne sous toutes ses formes).
Aussi adopte t’il une conception subjective de la valeur des biens, déterminée par « les
sentiments et les passions de chaque personne ».
La TQM et le « paradoxe de Hume »
- D’autre part, l’auteur enrichit (théoriquement) la TQM par l’adjonction de variables :
l’inflation (p) est composée en (pb) et (pw), croissance des prix des biens et du
travail. Cette décomposition lui permet de décrire les « effets bénéfiques de
l’inflation. « Of money » contient un célèbre passage l’auteur décrit (en termes de
périodes) l’effet bénéfique d’un afflux d’or aux mains de négociants, qui est
progressivement diffusé par la dépense dans l’économie, de classes en classes. La
croissance générale des prix des biens et du travail, qui en est le terme et l’extinction,
a néanmoins permis de dynamiser l’économie (emploi, revenus, dépense, épargne
etc..) dans ce que Hume appelle « la période intermédiaire ». Ce phénomène connu en
économie sous l’appellation « le paradoxe de Hume », est l’équivalent du « money
flush » de Vanderlint.
- Toutefois, comme Vanderlint il demeure un critique de la monnaie de crédit.
_c) La Théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes (TEABC)
Elargissant le principe quantitativiste à l’échelle internationale, comme Vanderlint, Hume en
vient à la description la manière de Cantillon), du mécanisme d’alternance des phases de
croissance (ou de prospérité) et de pauvreté des économies, considérées dans leurs relations
mutuelles. Il reformule ainsi la théorie de l’équilibre automatique de la balance des comptes,
mais sans considérer explicitement le problème du change.
Par conséquent, s’agissant de l’appauvrissement éventuel de l’un des pays, Hume l’impute à
la « la mendicité et à la paresse ». C’est que pour lui, l’emploi et l’ardeur au travail
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constituent la véritable richesse d’un pays, et dépendent des « passions humaines » (voir plus
haut).
Conclusion
A cette synthèse des essais économiques de Hume, il conviendrait d’ajouter sa juste
conception (avant Smith) de l’intérêt comme part du profit (ou théorie réelle de l’intérêt). Sur
cette question, Hume réexpose la thèse de J. Massie (1750).
4- distanciation
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On comprend mieux le discours de Hume, si on le rattache à l’école philosophique à laquelle
il appartient : l’école écossaise dite du « sens moral » (Lors Shaftesbury, Sir F. Hutcheson,
T. Reid, et l’évêque J. Butler), suivant laquelle les idées de bien et de mal appartiennent à la
nature humaine, dotée d’un sens moral. Hume se distancie de cette école (Hutcheson en
particulier), et ce faisant de la définition de l’économie par Vanderlint.
Pour Hume, la société est un artifice. Elle est une production de la nature, sous ses deux
propriétés de nature restrictive et nature frugale (voir le schéma « anthropologie économique
plus haut). On sait que pour d’autres auteurs, la nature est unique : soit « prodigue » (chez
Rousseau, ou Vanderlint), soit à l’opposé « monstrueuse » (comme chez Diderot).
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L’artifice se conçoit parce que dit Hume : « l’homme est le plus grand ennemi de l’homme »
(Hobbes), mais la crainte de maux plus grands encore, l’incite à la préservation de la
société ».
Elle est une machine artificielle, régie par l’imagination, laquelle est seule à mettre la machine
mentale en mouvement, puisque l’empirisme de Hume exclut l’intervention de la Providence
(Dieu). Le rejet de toute métaphysique religieuse est radical chez Hume.
3- Le désordre
Elle est donc un désordre dans lequel dominent les passions, exprimée par l’individualisme
possessif (ou la « passion acquisitive » comme passion « compensatrice »). Une citation
résume cet individualisme: « Rien ne peut être plus réel ou ne peut nous intéresser
d’avantage que nos propres sentiments de plaisir et de déplaisir et s’ils sont favorables à la
vertu et défavorables au vice, rien d’autre n’est requis pour régler notre conduite » (Traité :
Section I, P.64).
La morale de Hume est pour cela dite hédoniste (calcul égoïste des plaisirs et des peines) et
utilitariste (voir glossaire –doc cours 3).
En conséquence, tout schéma de type volontariste, celui du Droit Naturel notamment, est
ainsi exclu. Ce qui prévaut est « l’habitus » ou « habitude », génératrice d’artifices.
L’expression « Ni Dieu, ni Contrat » (que l’on rencontre dans le Document de cours N°3)
résume donc bien ces deux refus, et le scepticisme de Hume
4- L’harmonie
Toutefois, le phénomène de « sympathie » (qui est aussi un concept source de toutes les
distinctions morales) exerce une fonction essentielle. Synonyme de : « attraction »,
« convergence », il devient celui de « finalité dans le désordre ». Ce qui revient
économiquement à postuler « une harmonie involontaire des intérêts », donc la vertu du
libre jeu des lois du marché.
Cette interprétation ira de Hume à Smith (sous une forme atténuée : « l’harmonie naturelle
des intérêts ») jusqu’à Hayek (sous la forme extrême : « l’ordre spontané »).
5- Le scepticisme
Le « corps productif », c’est-à-dire l’économique est ici la seule justification de la
société, car il est condition de la survie de l’espèce. Et l’économie politique est cet art
visant le plus grand plaisir pour le plus grand nombre. Hume parvient ainsi à
introduire dans les sujets moraux la méthode expérimentale (mécanique) de Newton.
En conséquence, la société est dégagée de toute intervention de la Providence, donc
de l’ainsi nommé « fatras metaphysico-religieux » » (D-P.114). Son « problème » est
la régulation des passions, en vue d’assurer son auto-suffisance.
A la métaphysique de l’ordre, Hume substitue donc l’histoire naturelle et constate le
désordre, dont seuls les artifices (nécessairement individualistes) permettent
l’atténuation.
Son scepticisme débouche sur une position « a-théorique » relativement à la gestion
de l’Economique. Il le conduit naturellement à prôner la modération. Il écrit :
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