cette production volontaire d’idées mais la manière dont l’opération est réalisée
passe notre compréhension. 2. Le commandement de l’esprit sur ses idées est
limité : on a plus de pouvoir sur les idées que sur les sentiments ; or nous en
ignorons la raison ultime. La nature de l’autorité en question nous échappe donc.
3. Le troisième argument est neuf : le commandement de l’esprit sur ses idées
varie selon les circonstances, or on n’en peut rendre raison sinon par
l’expérience. Si nous n’avons pas conscience des raisons des variations de la
force, c’est que nous n’avons pas conscience intime de la force elle-même.
d) la volonté de Dieu ne donne pas non plus l’idée de force.
C’est la théorie de l’occasionalisme de Malebranche qui se trouve examinée.
Selon Malebranche, tout le pouvoir actif vient de Dieu et les rencontres des
corps ou encore notre propre volonté, que nous appelons causes, ne sont
qu’autant d’occasions pour Dieu de produire la totalité des effets. Ainsi, c’est
une volonté particulière de Dieu qui crée en moi telle sensation à l’occasion du
mouvement de mon organe sous l’effet de l’application d’un objet extérieur.
Ainsi encore, Dieu supplée à la volonté humaine – proprement inefficace – pour
mouvoir notre bras. Ainsi enfin, il n’y a de vision qu’en Dieu : c’est Lui qui
nous rend présente toutes les idées que nous croyons susciter volontairement
dans notre esprit. Il y a donc un seul moteur dans l’univers et un grand nombre
de causes occasionnelles. Descartes n’avait fait que suggérer que Dieu serait la
force qui meut les corps.
Selon Hume, la doctrine de Malebranche est le résultat d’un certain
dogmatisme philosophique. Certes, certains philosophes comme Malebranche
ont ce privilège sur le « vulgaire », sur la généralité des hommes, qu’ils ont saisi
que l’énergie de la cause nous est toujours inconnue, qu’on ait affaire à des
événements habituels ou à des événements insolites. L’expérience ne donne à
voir qu’une CONJONCTION fréquente d’objets, sans que l’esprit puisse jamais
saisir la nature de leur CONNEXION, du moins quand on recherche cette
connexion dans les objets. Cette découverte devrait selon Hume suffire à
contenter le philosophe. Or Malebranche ne s’est pas contenté de cet aveu
d’ignorance – aveu sceptique – mais il a préféré assigné à tous les effets une
cause unique : Dieu. Ce faisant, les occasionalistes (Mbche, Cordemoy (Six
discours sur la distinction et l’union du corps et de l’âme), Louis de La Forge :
Traité de l’esprit de l’homme) généralisent à tous les événements,
extraordinaires ou ordinaires, l’explication à laquelle le vulgaire n’a recours
qu’en cas de prodige : le recours à un deus ex machina, à un principe invisible
responsable des événements dont on ignore la cause. C’est là pour Hume le
principe de la religion populaire : l’ignorance et la peur font supposer l’existence
d’une puissance invisible et intelligente. Avant Hume, Leibniz avait déjà taxé le
Dieu des cartésiens occasionalistes de deus ex machina. Selon Hume, en
dérobant à la nature toute espèce de pouvoir, les occasionalistes, loin de
magnifier les attributs divins, les diminuent paradoxalement. En effet, il eût été
plus digne du Créateur de régler une fois pour toutes la fabrique du monde en