LA PÉDAGOGIE DRAMATIQUE

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DEFINITION ET OBJECTIFS : LA PEDAGOGIE DRAMATIQUE

La pédagogie dramatique est une méthode qui permet d’acquérir des connaissances non
seulement sur le monde qui nous entoure mais aussi sur nous-même.

La pédagogie dramatique allie le théâtre à l’éducation. C’est un apprentissage basé sur
des expériences personnelles.

Les jeux dramatiques et les jeux de situation contribuent à l’épanouissement de notre
personnalité et au développement de notre empathie.

Pour apprendre aux élèves à s’exprimer, la pédagogie dramatique utilise un autre
langage: le jeu. Le jeu aide aussi bien l’élève complexé à se libérer de ses peurs que
l’élève perturbateurà se maîtriser. C’est une excellente méthode qui améliore le
comportement des élèves avec ou sans difficulté.

Tout le monde participe activement aux activités dramatiques. Cependant, on ne force
jamais quelqu’un à jouer. Même l’élève qui a l’air de s’enfermer observe les autres.

L’essentiel de ces jeux, c’est de déclencher la réflexion sur les questions qui se posent
lors des activités. Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse.

Chaque activité dramatique se structure autour d’un problème donné, elle se déroule
selon des règles, son objectif est bien déterminé.

La pédagogie dramatique ne s’adresse pas seulement aux enfants mais aussi aux adultes.
Elle peut les aider à se préparer psychiquement pour les situations de vie changeantes.

Grâce aux jeux qui évoquent la vie quotidienne, l’élève apprend à réagir à une situation
nouvelle, et avec le temps, à donner une nouvelle réponse à une situation ancienne.

Dans la pédagogie dramatique, l’accent est mis sur l’apprentissage et le jeu. (La création
d’un spectacle n’est pas une priorité.)
LES TROIS APPROCHES DE LA PÉDAGOGIE DRAMATIQUE
Quant à l’application de la pédagogie dramatique, il faut distinguer trois sortes
d’activités dans notre école:
1. le cours de drame figurant au programme scolaire
2. l’atelier de théâtre de l’après-midi
3. les cours de drame à part: les activités dramatiques qui se structurent autour d’un
problème quelconque (TIE-Theatre in Education)
Même si toutes les trois cherchent à établir les bases de la réflexion de pédagogie
dramatique et de l’éducation théâtrale, elles le font d’une manière différente.
1. Le cours de drame figurant au programme scolaire (45 minutes par semaine avec la
moitié d’une classe) ne permet pas d’analyser le fonctionnement et la coopération de toute
une classe. La tâche du professeur ici, c’est plutôt de promouvoir la créativité des élèves,
dissiper les tensions scolaires et faire oublier les soucis de tous les jours à l’aide de jeux
dramatiques divers. Par le jeu, on introduit la joie et le rire à l’école. Le professeur
encourage les élèves à prendre confiance en soi et cherche à exploiter les effets bénéfiques
des jeux de concentration. Contrairement à l’enseignement frontal, ce cours est toujours
interactif, il est caractérisé par des activités en petits groupes et des jeux de situation. À
travers les scènes courtes qui représentent les situations de la vie quotidienne, et surtout à
travers les personnages qu’ils endossent, le processus de réflexion et de compréhension se
déclenche dans les élèves. En leur permettant de s’essayer dans un milieu sécurisant,
l’improvisation les invite à construire des réponses appropriées à l’imprévu. Ces cours qui
ont lieu une fois par semaine pendant toute une année suffisent pour que les élèves
prennent connaissance du monde de la pédagogie dramatique et du théâtre.
2. Celui qui aimerait s’occuper plus profondément du théâtre en dehors des cours, peut
se joindre à l’atelier de théâtre de l’école. La différence essentielle entre les cours et
l’atelier, est que ce ne sont pas seulement les élèves d’une seule classe que l’atelier englobe,
mais parmi les élèves de l’école, n’importe qui peut faire partie de cette troupe. Comme les
membres ne se connaissent pas forcément, il faut que le professeur consacre plus
d’attention à la constitution du groupe au début. À partir des individus indépendants, il doit
forger un véritable groupe. La preuve et l’aboutissement de ce travail bien mené est le
produit commun, le spectacle qu’on crée chaque année avec les membres de l’atelier. Ces
activités théâtrales pendant lesquelles les élèves apprennent les bases du jeu dramatique et
les différentes techniques d’improvisation développent leur imagination créatrice et leurs
capacités d’expression. À travers une meilleure connaissance de soi, ils arrivent à découvrir,
mieux connaître et respecter l’autre: ils se forment dans et pour le groupe.
3. Les cours de drame qui se structurent autour d’un problème donné s’accordent
parfaitement aux méthodes mentionnés ci-dessus. En fusionnant les cours ou à l’atelier
théâtre, les élèves ont la possibilité de discuter d’un problème et révéler les causes cachées.
LE RÔLE DU PROFESSEUR DE DRAME
Le cours de drame est risqué aussi bien du point de vue du professeur que de celui de
l’élève. Pour le réaliser, il est indispensable d’être patient, concentré et prudent. Au cours du
cours, le professeur coordonne les événements de l’intérieur, il y participe activement.
Comme le cours de drame n’a pas de forme fixe, le professeur doit affronter de nombreuses
difficultés et résoudre beaucoup de problèmes:

Il doit maîtriser le cours: Il ne peut ni empêcher les élèves d’exprimer leurs pensées ni
faire que le cours s’éloigne de son objectif bien précis.

Il faut formuler les règles fondamentales et les faire respecter tout au long du cours. Il
faut que ces règles soient bien communiquées au début du cours, puisqu’elles donnent
la base sur laquelle les élèves s’appuient.

Il est nécessaire de déterminer le temps et l’espace du jeu pour que les élèves ne le
confondent pas avec la réalité. Le cours de drame n’a pas de limites minutées. Pour les
élèves, ce n’est pas toujours évident quand le cours prend fin. Le professeur doit donc
nettement marquer le début et la fin du jeu dramatique tout en assurant un climat de
libre expression.

Le cours de drame ne vise pas à être clos, il n’existe donc pas une solution unique et sans
appel. Chaque élève peut réagir différemment à la même situation. La tâche du
professeur, ce n’est pas de décider quelle est la meilleure solution, mais de donner la
possibilité à chacun de partager ses idées avec les autres.

Ce n’est pas d’une façon arbitraire que certaines règles du cours de drame naissent, mais
d’un accord commun. Elles peuvent être changées n’importe quand. C’est au professeur
de gérer les changements éventuels et d’éviter les situations chaotiques.

La spontanéité et la continuité sont les facteurs fondamentaux du cours de drame. Il faut
que le professeur de drame soit souple. Il doit faire attention que rien n’entrave la
continuité pour empêcher que les élèves ne décrochent de leur rôle assumé dans le jeu.
Le professeur doit maintenir les élèves dans le monde imaginaire qu’ils ont constitué
ensemble jusqu’à la fin de l’étape réflexive.

Le prof doit aussi concentrer toute son attention à ce qu’après avoir regardé une scène, il
ne peut pas demander aux élèves de la rejouer. Ce serait même irréalisable, car le jeu
dramatique spontané issu d’improvisations ne peut pas être reproduit. Ainsi à tout
moment du cours, le professeur doit être à un haut niveau de concentration. Il doit être
capable d’évoquer des événements qui se sont passés parfois des heures auparavant.

Avec le jeu dramatique, les élèves trouvent la liberté de s'exprimer tout en respectant
l’autre et ses différences. Pendant que les élèves travaillent en groupes, le professeur
doit vérifier le progrès des groupes, les aider dans leur travail et encourager les élèves
inhibés qui ont du mal à imposer leur volonté. Il doit donc être capable de maintenir
l’équilibre à l’intérieur des groupes. S’il en est besoin, un deuxième professeur de drame
peut être impliqué dans le travail.

Contrairement au théâtre, le jeu dramatique n’aboutit pas à une représentation. Il n’est
pas suivi de spectateurs, d’inconnus qui pourraient néanmoins frustrer les élèves.
On peut donc constater que le professeur de drame doit mobiliser beaucoup
d’énergie pour susciter et maintenir l’intérêt des élèves, leur faire respecter les règles dont
la plus importante est de ne pas nuire aux autres. En plus, il doit avoir comme objectif que
les élèves se mettent vraiment dans la situation donnée et que même après le cours, ils
continuent à réfléchir sur les événements vécus pendant le jeu dramatique.
LE SCÉNARIO D’UN COURS DRAMATIQUE
LA VENGEANCE DE LA BANDE
1. Échauffement
Jeu de garde: Il faut essayer de voler les objets personnels du meneur de jeu.
(d’abord son peluche, puis sa porte-monnaie) Il garde son objet, mais quand il détourne
la tête, on peut s’approcher vers lui. Quand il retourne la tête, tout le monde doit
s’arrêter. Celui qui bouge est exclu du jeu. Petit à petit, les plus habiles peuvent atteindre
l’objet du meneur de jeu.
Le jeu a-t-il pris une bonne direction? (On en discute un peu.)
2. Scènes:
a) Le meneur de jeu commence à jouer le rôle d’un garçon (Jean) qui vole de
l’argent à son père.
« Mon père ne fait pas attention. C’est son sac. Je ne crois pas que j’aie fait ça.
Mais on ne peut plus revenir en arrière.»
b) Après il joue le rôle d’un autre garçon (Pierre) qui demande de l’argent à Jean.
3. Conversation: Le meneur de jeu demande l’opinion des élèves sur ce qu’ils viennent
de voir.
Qui doivent-ils être? Est-ce qu’ils sont sympathiques ou non? D’où peuvent-ils se
connaître? Pourquoi ont-ils dû faire ça?
(A la fin de la conversation, il se révèle que Pierre fait chanter Jean.) Pourquoi?
Comment?
Qu’est-ce que vous demanderiez à John? Vous avez 2 minutes pour rassembler des
questions.
4. «Chaise ardente»: le meneur de jeu joue le rôle de Jean pendant quelques minutes.
Pendant que Jean est assis sur la chaise, vous pouvez lui poser ces questions.
Jean répond aux questions. «Mon père a renvoyé le père de Pierre de son travail, c’est
pourquoi je lui donne de l’argent.»
(On saura aussi que le père de Pierre a volé quelque chose dans l’usine, que c’est la
bande de Pierre qui terrorise Jean.)
5. Conversation: Que pensez-vous? Qu’est-ce qui a amené le père de Pierre à voler?
(C’est pour faire plaisir à son fils qu’il a volé le portable.) Est-ce qu’on peut le
comprendre? Est-ce qu’on peut comprendre le père de Jean qu’il l’a renvoyé?
Scène muette: Jouez la scène quand le père de Pierre est attrapé par ses collègues.
6. Conversation:
Le licenciement du père de Pierre a abouti à quels changements dans la famille?
Comment Pierre a-t-il pu arriver au chantage? Est-ce qu’on peut comprendre Pierre?
Est-ce que leurs profs peuvent s’apercevoir de quelque chose? Est-ce qu’on peut
demander de l’aide aux profs dans une telle situation? Si non, à qui peut-on
s’adresser?
7. Tableau: Le meneur de jeu demande aux élèves de faire un tableau vivant avec les
deux parents et les deux enfants.
Essayez d’exprimer leurs relations.
8. 4 objets: Le meneur de jeu pose par terre quatre objets qui symbolisent les quatre
personnages de l’histoire.
Quel objet symbolise quel personnage? Pourquoi?
Mettez-vous derrière l’objet au personnage duquel vous pouvez vous identifier le plus.
9. Conversation:
On peut parler de la bande de Pierre. Pourquoi peut-on entrer dans une telle bande?
Appartenir à une bande, c’est courageux ou lâche?
Qu’est ce que Jean devrait / pourrait faire pour résoudre son problème?
10. Les dernières phrases: (Ce qu’il faut absolument dire, avant de terminer.)
On ne veut pas, et ne peut pas résoudre un tel problème parce que la situation est
délicate et trop complexe. Mais ce qui est essentiel, c’est qu’on ne naît pas agressif,
on le devient.
Quelques jeux dramatiques
1. Observation: Les joueurs se mettent par deux face à face. Sans expliciter son objectif,
l’animateur demande aux joueurs de se regarder attentivement pendant un certain
temps. Puis les élèves doivent s'asseoir dos à dos. Ils doivent décrire l'habillement de
l'autre d’une façon détaillée.
2. Jeu du miroir: Les joueurs se mettent par deux face à face. L’un peut faire des
expressions du visage ou des mouvements, l’autre doit l’imiter simultanément et le plus
précisément possible. Après un certain temps, ils changent de rôle. Il faut toujours
garder le regard de l’autre.
3. Jeu du chef d’orchestre: L’animateur demande à un joueur de sortir de la salle, les autres
désignent le chef d’orchestre qui va faire des mouvements qu’ils doivent imiter. Quand
le joueur rentre dans la salle, il doit observer les autres en cercle et trouver le chef
d’orchestre. (p.ex.: Le chef d’orchestre peut faire passer un courant électrique en cercle
fermé en serrant la main de son voisin.)
4. Jeu avec les sentiments: Trois joueurs se mettent devant les autres. L’animateur donne
un sentiment, le premier l’exprime d’une façon simple, le deuxième plus intensivement,
le troisième doit l’exagérer le plus spectaculairement possible.
5. Jeu du rituel: Les joueurs doivent représenter une scène de la vie quotidienne (p.ex. le
départ à l’école). Après, ils rejouent l’improvisation en accentuant un détail.
6. Statues: Les joueurs se déplacent librement dans l’espace. Quand l’animateur donne un
signal, ils doivent se figer. (variation: L’animateur dit un mot ou une phrase, les joueurs
créent l’image à laquelle ils l’associent.)
7. Tableau vivant: Le but est de construire ensemble un tableau. Un joueur se met devant
les autres et se fige dans une position. Les autres viennent successivement pour
compléter le tableau. Ce tableau peut être basé sur un mot ou un thème aussi.
8. Le coupable: Les joueurs sont assis les yeux fermés. L’animateur choisit un coupable en
secret. Les autres doivent deviner qui est le coupable. Ils peuvent poser des questions,
discuter de n’importe quoi pendant que tout le monde observe avec attention. Le
coupable tente de se camoufler. Après un certain temps, on peut demander aux joueurs
qui ils soupçonnent et pourquoi. Des solutions intéressantes peuvent naître.
9. Histoires: Chaque joueur raconte trois histoires de sa vie dont l’une n’est qu’une
invention. Les autres doivent deviner quelle histoire est le mensonge.
10. Conte: Les joueurs sont assis en cercle et racontent un conte. Chacun ne peut y ajouter
qu’un seul mot. Le but est de créer une histoire raisonnable et cohérente qu’on pourrait
raconter à n’importe qui.
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