KLOC Nastasia UPJV
Amiens
N°20.30.22.85 année universitaire 2005-
2006
TD Développement psychique et émotionnel du jeune enfant
SYNTHESE
Δ Pour comprendre la théorie sur la pensée de Bion, il faut se placer dans une interaction entre 2
protagonistes ; la mère
et l’enfant, l’attitude maternante et la construction psychique du bébé.
Le bébé, dès les premiers jours de sa vie, ne possède pas d’appareil psychique assez élaboré
pour traiter les émotions et les sensations. Ainsi, lorsqu’il a faim, le bébé ne sait pas qu’il a « faim »,
le bébé ressent seulement cette déchirance insupportable en lui. A l’inverse, lorsqu’il est rassasié, le
bébé ressent seulement ce sentiment de bien-être.
Bion appelle ces émotions et sensations des « vivances émotionnelles » et elles n’ont pas de mots
ni de représentation pour un bébé qui ne possède évidemment pas encore le langage. Ces vécus
étranges et extrêmes qui traversent le bébé c’est ce que Bion appelle « les éléments β ».
L’appareil psychique du bébé n’étant pas inné, il va se constituer progressivement en s’appuyant
sur celui de la mère. Elle a alors un double travail ; elle doit faire taire le besoin du bébé et
recevoir l’état de détresse dans lequel se trouve le bébé, elle accepte de porter le poids de ses
perturbations, et c’est capacité d’empathie (ou identification projective) qu’elle va recevoir les états
de son bébé.
Par exemple, le bébé qui lors du moment du bain semble être terrifié, va être soutenu
physiquement et rassuré par la voix de sa mère. En faisant ceci, la mère donne les premiers
constituants de l’appareil psychique de son bébé.
Elle récupère par empathie le vécu innommable de son enfant, lui donne un signifiant (mon bébé a
peur) et le rend à son enfant en lui donnant un nom (« c’est de la peur… »), dans un contexte rassurant
(« …mais c’est pas si terrible, je suis là, ça va aller »).
La mère sait répondre parfaitement aux besoins de son bébé qui pleure ; elle va mêler ses
commentaires aux pleurs (par leur rythme, leur sonorité) et ainsi elle forme une enveloppe sonore
comme l’enveloppe physique du petit corps protégé par ses mains. Le bébé alors parvient à organiser
ses cris incohérents en les calquant sur ceux de sa mère. Athanassiou parle à juste titre « d’embryon
de mélodie au sein du chaos ».
En narrant ce qu’elle et son bébé sont entrain de vivre en ce moment, elle donne sens aux vécus
étranges et innommables qui deviennent des vécus délimités par un nom, une forme.
C’est grâce à la « capacité de rêverie » de la mère (arriver à ressentir les vécus de l’autre et
leur donner une forme et dont le fonctionnement est qualifié d’alpha) que de transforment les
éléments β en éléments α. Si la mère suffisamment bonne de Winnicott exerce son identification
projective, l’enfant vase sentir sécurisé face à ses vécus corporels et émotionnels.
Δ Ce que Bion appelle l’opération « contenant-contenu » c’est l’identification projective mutuelle de
l’enfant qui projette les éléments β (= le contenu) sur l’objet (= la mère = le contenant) et de la mère
qui introjecte par la fonction α les éléments α à l’enfant. Ce sont ces efforts conjoints de la mère et
de l’enfant pour surmonter des situations nouvelles, angoissantes pour le bébé.
Au sens mère-environnement de Winnicott c’est-à-dire parent qui s’occupe de l’enfant.