PACTE

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PACTE
Nicolas Hulot, célèbre personnalité qui tutoie l’extrême, propose son pacte écologique à qui veut le
signer, surtout d’ailleurs à des candidats à l’élection présidentielle.
Et dans la presse d’aujourd’hui, on rapporte également les propos de juges qui étayent la
condamnation qu’ils ont prononcée sur le fait que les personnes mises en cause avaient à l’évidence
établi un « pacte de corruption ».
Deux fois le même jour le mot « pacte », dans deux contextes totalement différents ! Cela vaut la
peine de l’expliquer.
Le premier emploi qu’on a signalé me paraît assez moderne. « Pacte » y a simplement le sens
d’engagement. Un engagement particulier, qu’on signe à l’avance, et qui a valeur de promesse. Et le
mot semble plus ou moins confondu avec « charte », autre mot ancien, et à la mode, dont le sens est
assez voisin.
Le mot « pacte » recouvre en général l’idée d’une alliance entre deux personnes ou deux institutions.
Le mot a probablement été redynamisé par le PACS, ce contrat d’union civile qui lie deux personnes
qui ne veulent pas ou ne peuvent pas se marier (en particulier si ce sont des personnes de même
sexe), mais qui veulent néanmoins conclure un lien officiel.
Ce sigle, qui condense l’expression Pacte Civil de Solidarité, ressemble en effet au mot « pacte »,
ainsi bien sûr qu’au mot « pax », qui en latin signifie paix, et dont la signification est assez
transparente en français.
Le mot « pacte » s’est employé très officiellement pour désigner des accords internationaux, de toute
nature, le Pacte Atlantique, le Pacte Germano-soviétique au début de la Deuxième Guerre mondiale
qui était un accord de non agression entre l’Allemagne nazie et l’URSS.
Mais ce mot de « pacte » a eu souvent (et a encore parfois) une odeur un peu sulfureuse. Souvent, il
s’agit d’un accord secret, qui lie les deux parties, sans que personne ne le sache. Il s’agit donc d’un
genre d’accord destiné à ce qu’on trompe son monde.
D’autre part, ce mot de « pacte » a un assez sévère passé satanique. Les pactes avec le diable ne
manquent pas dans toute la littérature populaire : accords passés avec le diable, tractation, ou même
le plus souvent transaction.
Il s’agit de vendre son âme au diable, donc d’hypothéquer son avenir, de faire bon marché de ce que
Dieu vous a donné à la naissance (tout cela dans une logique religieuse bien sûr), puisqu’on le paiera
plus tard : on vend à l’avance son âme au diable, qui pendant le temps qui vous reste à vivre, vous
donne tous les avantages de la vanité, et de la vanité du provisoire, de l’éphémère, alors qu’on lui a
vendu de l’immortel !
On gagne donc richesse ou beauté, mais a priori, on est toujours perdant à signer un pacte avec le
diable. Et pourtant, les légendes populaires fourmillent de ces exemples où c’est le diable qui finit par
être le dindon de la farce, où celui qui a feint de vendre son âme est plus malin que le malin, et finit par
la récupérer.
Denier indice que ce mot de « pacte » a souvent mauvaise presse, le verbe « pactiser » qui en dérive :
on sait que pactiser signifie composer, transiger, accepter de renier ses principes pour traiter avec
l’ennemi.
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