chapitre 2: LES FONDEMENTS DES ECHANGES

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C. ROBILLARD
CHAPITRE 2
ECONOMIE GENERALE
LES FONDEMENTS DES ECHANGES INTERNATIONAUX
AS2D
Contenus du référentiel
Compétences
- les fondements des échanges - présenter les principales théories du commerce international en
internationaux
distinguant les théories du libre-échange et celles du protectionnisme.
CHAPITRE 2: LES FONDEMENTS DES ECHANGES INTERNATIONAUX
Le libre-échange, chacun s'en réclame mais personne ne le pratique. Dans tous les pays du monde, on
veut exporter sans pour autant subir la pénétration des produits étrangers. Ainsi commençait un sujet
d'économie du BTS proposé aux candidats il y a quelques années. Dans le domaine des échanges
internationaux, on oscille entre libre-échange et protectionnisme.
1. LE LIBRE-ÉCHANGE
Pour Adam Smith, l'échange international présente plusieurs avantages:
- écoulement des surplus de production;
- accentuation de la division du travail;
- élargissement des marchés;
- diversité des produits,
- baisse des prix.
1) La théorie classique de l'échange international
a) La théorie des avantages absolus
La théorie des avantages absolus a été élaborée par Adam Smith. Elle s'énonce comme suit.
Chaque pays a intérêt à se spécialiser dans la production des biens pour lesquels ses coûts de
production sont plus faibles qu'à l'étranger, c'est-à-dire qu'il présente pour cette production un
avantage absolu.
Les pays vont importer les biens pour lesquels leurs coûts de production sont supérieurs à ceux des
concurrents étrangers.
Ce processus de spécialisation va conduire à la division internationale du travail. (DIT)
Cette division du travail conduit à un gain économique pour l'ensemble des pays qui participent à
l'échange.
Cependant, le raisonnement de Smith peut aboutir à une impossibilité de l'échange si un pays présente
un avantage absolu dans la production de tous les biens. Dans ce cas, le pays le moins bien placé serait
amené à importer la totalité des biens sans rien vendre, ce qui aurait pour conséquence de rendre
impossible tout échange. Cette impossibilité va être levée par la contribution de David Ricardo.
b) La théorie des avantages comparatifs
Nous devons cette théorie des avantages comparatifs à David Ricardo qui a pris pour exemple les
productions de vin et de drap réalisées en Angleterre et au Portugal.
Les coûts de production du vin et du drap sont supérieurs en Angleterre par rapport au Portugal. Pour
le vin, ils sont de 120 pour l'Angleterre contre 80 pour le Portugal; pour le drap, ils sont de 100 contre
90.
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coûts de production
 Angleterre
 Portugal
Différence
Vin
120
80
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Drap
100
90
Si l'on appliquait la théorie des avantages absolus, on arriverait à une impossibilité de l'échange
puisque l'Angleterre est défavorisée par rapport au Portugal dans les deux productions.
Si nous prenons la production de vin, l'écart entre les deux pays est de 120 - 80 = 40.
Avec la production de drap, l'écart entre les deux pays est de 100 - 90 = 10.
Comparativement, l'avantage dans le vin pour le Portugal est plus élevé que pour ,le drap, le
désavantage dans le drap est le plus faible pour l'Angleterre. On dira que le Portugal possède un
avantage comparatif dans le vin et que l'Angleterre en possède un dans le drap.
Un pays va posséder un avantage comparatif par rapport à un autre dans la production où l'écart de
coût est le plus élevé, l'autre possède un avantage comparatif dans la production du bien où l'écart de
coût est le plus faible.
Dans une situation autarcique où il n'existe pas d'échange, les coûts de production totaux sont de 120 +
80 + 100 + 90 = 390.
Si l'on applique la théorie des avantages comparatifs et que le Portugal se spécialise dans la production
du vin et l'Angleterre dans celle du drap, nous obtenons des coûts totaux, pour une même production,
de (80 x 2) + (100 x 2) = 360. L'échange est efficace puisqu'il permet de produire à moindre coût.
Ricardo démontre que, même dans le cas où un pays est moins efficace dans toutes les productions que
ses concurrents, son insertion dans le commerce mondial sera rentable pour lui comme pour les autres
pays. La spécialisation internationale va constituer un gain pour toutes les nations participantes.
2) La théorie suédoise de l'échange international
a) Le modèle HOS
H, 0 et S correspondent respectivement aux initiales de Heckscher, Ohlin et Samuelson, qui ont
élaboré cette théorie connue sous le nom de « théorie ou modèle HOS».
Pour produire, il faut posséder les deux facteurs de production que sont le travail et le capital.
La dotation factorielle d'un pays correspond à l'abondance relative des facteurs de production.
Un pays sera plus ou moins doté en capital ou en travail, ce qui signifie que l'intensité factorielle en
capital ou en travail sera plus ou moins élevée.
La production d'un bien va nécessiter des quantités relatives de chaque facteur de production.
L'intensité factorielle en capital, par exemple, représente l'intensité en capital par rapport au travail.
Les nations ont des dotations factorielles différentes. Certaines sont fortement dotées en travail,
d'autres le sont en capital. Le modèle d'Heckscher et Ohlin énonce que, selon sa dotation factorielle,
une nation va se spécialiser dans une production qui requiert le facteur qu'elle possède en abondance.
Si un produit nécessite une intensité factorielle forte en capital, par exemple, c'est la nation qui a une
dotation factorielle élevée en capital qui va assurer sa production.
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Le modèle initial de Heckscher et Ohlin sera complété par les travaux de Stopler, Samuelson et
Rybczinski avec l'introduction de la mobilité des facteurs de production, la prise en compte de biens
non échangés internationalement...
b) Le paradoxe de Leontief
Au moment de l'étude menée par Leontief, fin des années 1940, les États-Unis constituent une nation
qui a une dotation factorielle où le facteur abondant est le capital. D'après la théorie HOS, les
exportations des États-Unis devraient être composées de biens où l'intensité en capital est élevée et les
importations de biens à forte intensité en travail.
Or, les travaux de Leontief montrent des résultats inverses. Il s'agit du paradoxe de Leontief.
L'explication est que le facteur travail n'est pas homogène et qu'il faut intégrer la productivité.
La pénurie américaine n'est plus que relative car elle est compensée par la qualité de la main d'œuvre
américaine.
3) Les nouvelles théories de l’échange international
Selon la théorie classique et néoclassique du commerce international, les pays sont hétérogènes et
procèdent à des échanges interbranches. Or, on observe, avec le développement du commerce
international, que des pays proches procèdent à des échanges intrabranches.
Les pays économiquement proches procèdent à des échanges intrabranches, c'est-à-dire qu'ils font des
échanges croisés de produits similaires (automobiles contre automobiles). Ce phénomène s'observe
tout particulièrement dans le commerce intrarégional comme, par exemple, à l'intérieur de l'Union
européenne.
Les principales causes de l'échange intrabranche constituent les conclusions de ce qu'il est convenu
d'appeler « la nouvelle économie internationale » :
- les échanges se font sur des produits similaires entre pays semblables. En fait, les produits
rendent les mêmes services mais sont différents. Les biens ne sont pas homogènes;
- la spécialisation internationale s'explique par la nécessité pour les entreprises de réaliser des
économies d'échelle. Une firme doit limiter le nombre de modèles fabriqués;
- la concurrence est imparfaite alors que l'hypothèse de la théorie des avantages comparatifs est
que la concurrence est pure et parfaite.
4) Les effets négatifs du libre-échange
La théorie de Ricardo et le libre-échange en général peuvent faire l'objet d'un certain nombre de
critiques:
- les spécialisations ne se valent pas toutes. Certaines sont porteuses de dynamiques de croissance et
sont génératrices de qualifications et de savoir-faire dans d'autres activités. Mais d'autres ne le sont
pas;
- la théorie ricardienne se situe dans un cadre concurrentiel, la concurrence pure et parfaite, qui
n'existe pas, Certains pays et firmes peuvent imposer leurs choix. Il existe entre nations des conditions
inégales de concurrence car les États interviennent par des subventions, des normes..,
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- le déplacement d'activités vers d'autres pays entraîne du chômage. La mobilité réelle du facteur
travail ne correspond pas à ce qui est énoncé dans le modèle de la concurrence pure et parfaite. Les
suppressions d'emplois du fait de la concurrence internationale ne compensent pas ceux qui seraient
créés du fait de l'ouverture économique;
- dans les avantages du libre-échange, on ne prend en compte que les dimensions .économiques. Le
critère d'appréciation est purement quantitatif, seule la croissance économique compte.
Cette vision restrictive ne rend pas compte des réalités sociale, environnementale, culturelle…
Autres effets négatifs du libre-échange:
- la concurrence est inégale si l'on prend en compte l'aspect salarial, les différences de coûts salariaux
entraînent des délocalisations d'industries et des transferts d'emplois;
- les marchés domestiques sont « envahis» par des fournisseurs étrangers, ce qui peut mettre en péril le
développement futur de pays;
- pour un pays donné, il n'est pas certain que les gains l'emportent sur les pertes, essentiellement en
termes d'emplois, avec aussi la destruction à terme des systèmes sociaux, l’externalisation d'une partie
importante de la production du fait des firmes multinationales.
II. LE PROTECTIONNISME
1) Le protectionnisme éducatif
F. List a prôné le protectionniste éducatif, qui a pour objectif de protéger les industries naissantes. Les
premiers producteurs d'une jeune nation ont des coûts plus élevés, ils ne bénéficient pas d'économies
d'échelle. S'ils n'étaient pas protégés, ils subiraient la concurrence des nations aux industries arrivées à
maturité et disparaîtraient.
Avec le protectionnisme éducatif, il ne s'agit pas de remettre en cause le bien-fondé du libre échange,
cette protection ne peut être que transitoire dans l'attente d'une égalisation des conditions
internationales de concurrence. Mais la tentation peut être grande de transformer une mesure
transitoire en mesure permanente.
2) Définition du protectionnisme
Le protectionnisme se caractérise par la mise en place, par un pays, d'obstacles au développement des
échanges extérieurs.
Le protectionnisme ne doit pas être confondu avec l'autarcie, qui correspond à l'absence totale
d'échanges d'une nation avec l'extérieur. Avec le protectionnisme subsistent des échanges.
3) Les pratiques protectionnistes
Les pratiques protectionnistes apparaissent sous forme de barrières tarifaires et non tarifaires.
Les barrières tarifaires comprennent les droits de douane qui sont constitués d'un impôt prélevé sur un
bien lors de son passage à la frontière, le prix se trouve augmenté de ces droits au détriment des
consommateurs.
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Les barrières non tarifaires sont des restrictions quantitatives non tarifaires comme:
-les barrières non tarifaires techniques ou réglementaires;
- le contingentement qui correspond à un plafonnement du volume d'importations d'un ou de plusieurs
produits;
- la protection paratarifaire qui consiste à accorder des subventions et des crédits à l'exportation aux
entreprises nationales.
On peut ajouter également le protectionnisme monétaire quand une monnaie est durablement sousévaluée et les accords régionaux comme l'Union européenne ou l'ALENA (accord de libre échange
nord-américain entre le Canada, les États-Unis et le Mexique). Ces accords régionaux assurent le libreéchange entre pays signataires mais constituent une forme de protectionnisme vis-à-vis des pays tiers.
On peut classer les mesures protectionnistes en deux catégories: celles qui relèvent d'un
protectionnisme défensif et celles qui sont plus offensives.
- Protectionnisme défensif: droits de douane, barrières non tarifaires, techniques ou réglementaires,
contingentement.
- Protectionnisme offensif: protectionnisme monétaire, protection paratarifaire, accord régional.
4) Les effets négatifs du protectionnisme
Le protectionnisme présente plusieurs effets négatifs pour l'économie nationale et les consommateurs
nationaux, et constitue une menace pour la paix internationale:
- il empêche l'exploitation des avantages comparatifs et les gains de la spécialisation internationale;
- une moindre concurrence entraîne un faible dynamisme de l'économie, la constitution de rentes de
situation, des prix plus élevés, un choix de produits limité, des ententes entre producteurs nationaux;
- une innovation moindre à cause d'un progrès technique qui pénètre plus lentement et plus
difficilement;
- des échanges internationaux faibles encouragent les replis sur soi, les nationalismes, facteurs de
tensions.
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Documentation supplémentaire
Théories économiques :
Economie internationale
Loi des avantages absolus
Selon Adam Smith, chaque pays est plus efficace que les autres dans la production d'un bien au
moins. Le pays en se spécialisant dans la production d'un bien ce qui signifie l'abandon de la
production des autres biens, approfondit la division du travail et ainsi la liberté des échanges va
accroître le bien-être de l'ensemble des pays. C'est l'avantage absolu dans la production d'un bien qui
détermine la spécialisation de chaque pays.
(Smith)
Loi des avantages comparatifs
Selon Ricardo, ce n'est pas l'avantage absolu qui compte mais l'avantage relatif. Autrement dit un
pays, qui est moins efficace que les autres pays dans la production de tous les biens qui peuvent être
échangés, sera relativement moins inefficace dans la production d'au moins un bien. En exploitant cet
avantage comparatif, c'est-à-dire en se spécialisant dans la production de ce bien, le libre-échange se
révélera préférable à l'autarcie. L'analyse ricardienne ne précise pas quel sera le niveau exact des prix
et des quantités échangées entre pays. C'est S. Mill qui déterminera l'équilibre de l'échange
international en faisant deux hypothèses : fonctions de demande par pays identiques et constance de la
part du revenu réel consacrée à chaque bien. D'autres hypothèses fondent le modèle : concurrence pure
et parfaite, existence d'un seul facteur primaire par pays, coûts de production fixes (totalement
indépendants de l'échelle de production et des effets externes).
(Ricardo, Mill)
Paradoxe de Leontief
Partant du fait que les États-Unis étaient en principe mieux dotés en capital que le reste du monde,
Leontief (prix Nobel 1973) calcule à l'aide de la matrice input-output les contenus en travail et en
capital des exportations et importations américaines pour l'année 1947. Or, les résultats obtenus
montrent l'inverse de ce qui était attendu : les États-Unis exportent des biens qui nécessitent beaucoup
de travail et importent des biens relativement capitalistiques. Plusieurs explications ont été avancées :
présence de coûts de transport et de droits de douane ; caractères des fonctions de production ;
présence d'un troisième facteur de production : les ressources naturelles ; sous-estimation du capital
américain ; effets de la demande ; très forte productivité des travailleurs. Les spécialistes du commerce
international ont amplement discuté et contesté ce paradoxe, les critiques portant sur trois points : la
méthode relative aux fonctions de production, la non prise en compte du protectionnisme américain,
l'absence d'un troisième facteur de production, à savoir les ressources naturelles qui à côté du travail et
du capital sont susceptible de modifier considérablement les résultats initiaux en fonction de leur
substituabilité ou de leur complémentarité respectives.
(Leontief)
Théorie du cycle de vie du produit
Selon Vernon, les innovations sont à l'origine du cycle de vie d'un produit. Elles se produisent dans
des pays à stock de capital physique et humain élevé. Le coût élevé de l'innovation est amorti car ces
biens nouveaux peuvent s'écouler sur un marché suffisamment grand et solvable. Une fois maîtrisé le
marché domestique le produit est exporté. Au fur et à mesure que l'innovation est connue, la
concurrence se durcit et le coût des facteurs de production redevient prédominant. La production est
alors transférée vers des pays à bas salaires.
(Vernon)
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Théorie de la concurrence imparfaite et politique commerciale stratégique
La concurrence imparfaite se caractérise par l'existence de barrières à l'entrée, des rendements
croissants ou de surprofits liés à des positions de monopole. Les économies d'échelle donnent un
avantage déterminant aux entreprises qui atteignent les premières la taille optimale. Cette dernière
permet de différencier les gammes et d'amortir les dépenses de recherche et de développement. De
même, les entreprises peuvent pratiquer des prix bas et laminer les profits des autres firmes. Dès lors,
les pays dont les firmes ne seraient pas compétitives seront obligés d'importer des biens et vont
prendre un retard technologique. C'est pourquoi les entreprises et les nations sont incitées à tout faire
pour faire perdurer cet avantage ou à le conquérir. La politique commerciale stratégique consiste donc
à chercher à éliminer son concurrent afin de récupérer ses débouchés et renforcer son pouvoir de
monopole. Un autre exemple de protection est lié aux externalités d'apprentissage. L'ouverture
internationale peut amener un pays à se spécialiser dans un secteur dont la productivité est supérieure à
celle observée ailleurs. Toutefois, cette efficacité peut être de court terme et ne pas tenir compte de
l'efficacité dynamique, c'est-à-dire incluant les externalités d'apprentissage gage d'une croissance
élevée à long terme. Une fois entré dans cette spécialisation, le pays connaîtra une faible croissance.
Pour abandonner ces mauvais secteurs et permettre la reconversion vers le ou les bons secteurs, le pays
devra se mettre à l'abri de la concurrence et recourir à une politique de subventions. Cette justification
de la protection fait l'objet de diverses critiques : comment distinguer les bons et mauvais secteurs ; si
la demande dépend de la qualité et non du prix, la protection peut se révéler moins efficace ; enfin, si
tous les pays choisissent le même secteur, le commerce s'effondre.
(Krugman)
Théorie de la demande de Linder
Une des critiques adressées aux modèles ricardien ou d'Ohlin-Heckscher est de sous-estimer le rôle
de la demande. Selon Linder, l'échange des biens manufacturés par opposition aux produits primaires
ne peut être expliqué par les seules dotations relatives naturelles. Le volume du commerce entre deux
pays dépend des préférences des consommateurs. La similitude des fonctions de demande des pays qui
échangent détermine la part dans le revenu national du volume des biens manufacturés échangés. Plus
le revenu par tête des pays est proche, plus l'intensité du commerce entre les deux pays sera élevée.
Les hypothèses du modèle sont les suivantes : les individus touchant le même revenu possèdent la
même structure de demande quel que soit le pays auquel ils appartiennent ; la répartition des revenus
est la même dans les deux pays ; le pays fabrique un produit manufacturé que parce qu'une demande
domestique préexiste à une demande extérieure. Empiriquement, certaines études montrent que des
pays proches du point de vue du revenu par tête tendent à davantage commercer. Toutefois d'autres
variables pourraient expliquer un tel résultat. Il peut s'agir de la proximité des pays (la distance semble
être une variable pertinente et significative pour expliquer le commerce bilatéral) ou bien encore de
l'appartenance des pays à une même association de libre-échange.
(Linder)
Théorie de l'échange inégal
Dans le commerce international, selon cette théorie, l'exportation de produits manufacturés et
l'exportation de produits primaires ne se font pas à un prix tel que les quantités de travail incorporées
dans les biens échangés soient égales. Au contraire, les termes de l'échange sont tels que la quantité de
travail que renferment les exportations des pays dominés est inférieure à celle que renferment les
exportations des pays capitalistes.
(Arghiri Emmanuel)
Théorie de l'économie politique de la protection
L'hypothèse centrale de cette théorie est que les mesures prises dans le cadre de la politique
commerciale (protectionnisme ou bien de libéralisation) sont avant tout des mesures de redistribution
ou de transfert prises par des décideurs politiques. Certains groupes vont chercher à bénéficier de ces
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transferts ou de ces rentes. Ainsi, ces mesures créent des activités "profitables" bien que non
productives au sens direct de ce terme. Dans ce modèle d'économie politique, l'homme politique a
pour objectif son élection et il cherche des ressources. Il pourra obtenir le soutien d'un ou plusieurs
lobbies en fonction notamment de sa position en matière de politique commerciale. Les lobbies se
décideront à soutenir un candidat en fonction de trois paramètres : probabilité que le candidat soit élu,
retombées du programme électoral du candidat élu, le coût en argent et en temps que la campagne
électorale représente pour chaque groupe de pression. Le candidat arbitre entre sa position en matière
de politique commerciale et sa probabilité d'être élu. Il ne doit pas apparaître trop inféodé aux groupes
de pression sous peine de perdre des voix. Quant aux lobbies, leur pouvoir se révèle inégal. Certains
aux intérêts concentrés se mobiliseront plus facilement, le partage de bénéfices élevés compensant le
coût de mobilisation pour convaincre le candidat. En revanche, les consommateurs dont le bénéfice
par consommateur est moins élevé se mobiliseront moins facilement. L'incertitude peut également
jouer sur les capacités de mobilisation des groupes. L'ouverture des économies génère une incertitude
sur la répartition des coûts et des bénéfices favorisant le statu quo.
(Magee, Block, Young)
Théorème de l'égalisation des prix de facteurs
Selon ce théorème, le libre-échange réduit le revenu relatif du type de travail (qualifié ou non qualifié)
qui est relativement rare dans un pays.
(Stolper et Samuelson)
Théorie de l'intégration régionale
Les accords commerciaux régionaux sont à l'origine de deux effets : une création de trafic et un
détournement de trafic. Le premier effet correspond au fait que les consommateurs de chaque État
membre achètent de plus grandes quantités aux producteurs des autres États membres. Il en résulte des
gains d'efficacité à la condition que ces producteurs soient plus efficaces que les offreurs du reste du
monde. Le deuxième effet correspond au fait que si les consommateurs peuvent acheter aux autres
producteurs des États membres c'est en raison de différences de coûts créés artificiellement. Selon le
théoricien Viner, c'est le deuxième effet qui l'emportera, aboutissant à une baisse du bien-être.
(Viner)
Théorie marxiste de l'échange international
L'échange international est voulu et organisé par les nations. Il permet l'importation de biens
nécessaires à l'entretien de la force de travail et d'exporter des biens manufacturés en surplus. Le
commerce extérieur permet la création de plus-value dans les pays capitalistes au sens où l'importation
permet l'entretien de la force de travail des pays capitalistes à un prix inférieur à celui qui existait
avant l'échange. Les importations permettent également d'abaisser la valeur du capital constant utilisé.
Le commerce permet également la réalisation de la plus-value. D'une part, les débouchés extérieurs
permettent d'écouler la production capitaliste. D'autre part, l'échange est inégal entre nations
dominantes et nations dominées. L'exportation de produits manufacturés et l'exportation de produits
primaires ne se font pas à un prix tel que les quantités de travail incorporées dans les biens échangés
sont égales. Au contraire, les termes de l'échange sont tels que la quantité de travail que renferment les
exportations des pays dominés est inférieure à celle que renferment les exportations des pays
capitalistes.
(Marx)
Théorie HOS (néo-classique) du commerce international (Heckscher, Ohlin et Samuelson)
Elle cherche à expliquer l'échange international par l'abondance ou la rareté relative des divers facteurs
de production dont sont dotés les pays. Soit deux pays A et B : A dispose en abondance de capital et
de travail mais a très peu de terre ; pour B, c'est l'inverse, il dispose de beaucoup de terre mais de peu
de travail et de capital. La rente dans le pays B est plus faible par rapport au salaire et à l'intérêt, il a
donc intérêt à produire des biens nécessitant beaucoup de terre. Inversement, dans le pays A, où le
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salaire et l'intérêt sont relativement faibles par rapport à la rente, son avantage résidera dans des
produits qui nécessitent beaucoup de travail et de capital et peu de terre. Chaque pays a donc tendance,
premièrement, à se spécialiser dans les biens nécessitant des facteurs de production qu'il possède en
abondance relativement aux autres pays, deuxièmement, à exporter des biens qui renferment beaucoup
de facteurs qu'il possède en abondance et, troisièmement, à importer des biens qui nécessitent
beaucoup de facteurs qui lui manquent.
(Heckscher, Ohlin, Samuelson)
Théorie de la protection dans le cadre des industries naissantes
En protégeant l'industrie dans le premier temps de son développement, le pays permet à cette activité
d'engranger des économies d'échelle et de bénéficier de gains d'apprentissage. Il en résulte une baisse
du coût moyen par rapport à celui des producteurs du reste du monde. Une fois que le coût moyen est
égal ou inférieur à celui du reste du monde et donc que l'avantage comparatif du pays est établi, la
raison d'être de la protection disparaît. Les coûts de la protection, notamment pour les consommateurs,
doivent être à terme compensés par les recettes, une fois l'avantage comparatif établi.
(List, Perroux, de Bernis)
Théorie de la protection douanière
La théorie du commerce international distingue deux cas en fonction de la taille du pays qui applique
la protection douanière. Le premier cas concerne les petits pays. Un petit pays est un pays qui
n'influence pas les prix internationaux. En concurrence pure et parfaite, un droit de douane imposé par
un petit pays augmentera le prix domestique sans modifier le prix international. Les gains de
l'instauration du droit de douane seront insuffisants pour compenser les pertes de bien-être des
consommateurs ainsi que les distorsions causées par ces mêmes droits de douane. Dans le cas d'un
petit pays, le libre-échange est donc supérieur à toute forme de protection. Concernant les grands pays
qui ont donc le pouvoir d'influencer les prix internationaux, l'instauration d'un droit de douane
entraînera une baisse de la demande domestique qui elle-même entraînera une baisse du prix
international. Le prix à l'importation baissera et le pays connaîtra une amélioration des termes de
l'échange. Dans le cas d'un grand pays, établir un droit de douane peut augmenter le bien-être.
Toutefois, le pays qui l'instaure risque des représailles.
Source : http://www.ladocumentationfrancaise.fr/revues-collections/problemeseconomiques/theories/economieint.shtml
Raymond Vernon (1913-1999) est un économiste américain, connu pour sa théorie du cycle de vie du
produit et pour son application au commerce international. Dans cette théorie développée en 1966,
Vernon étudie la nature des innovations aux Etats-Unis et les stratégies des firmes tout au long de la
durée de vie économique du produit. Jusque dans les années 70, les Etats-Unis sont le pays où les
coûts salariaux sont les plus élevés, mais où le revenu par tête est le plus important. L’insertion d’un
produit dans le commerce international a lieu en quatre étapes. Naissance : le produit nouveau est
d’abord vendu aux Etats-Unis à un prix élevé. Croissance : le prix de vente du produit baisse avec le
début de la standardisation, tandis que le produit est vendu à l’étranger à des clients aux revenus
élevés. Maturité : avec l’apparition de concurrents étrangers, les firmes américaines sont obligées
d’aller produire à l’étranger. Déclin : la production du bien est arrêtée sur le territoire américain, en
raison du déclin de la demande, mais la demande résiduelle est finalement satisfaite par des
importations en provenance des filiales à l’étranger. Cadre d’analyse : commerce interbranche (entre
différents pays).
Source : http://fr.wikipedia.org/wiki/Raymond_Vernon
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