désert de Gobi et le Yunnan sont un paradis pour les chercheurs
de dinosaures, a-t-elle livré, dans un site jusqu'alors inexploré
(Ukhaa Tolgod, la colline brune), quantité de squelettes et de
crânes minuscules de petits mammifères datant d'environ
80 millions d'années.
De ces trouvailles, qui portent le bestiaire mammalien de l'ère
secondaire à 150 espèces, que ressort-il ? Contrairement à ce
que l'on crut longtemps, on s'aperçoit que ces ancêtres primitifs
étaient déjà très diversifiés. Tout comme les mammifères
actuels, ils avaient développé de multiples mécanismes
d'adaptation à leur environnement, dont certains firent leurs
preuves durant des dizaines de millions d'années.
Pour de nombreux spécialistes, il est donc faux de prétendre
que les mammifères ne se seraient pas développés sans la
disparition des dinosaures, qui régnaient en maîtres sur la Terre
jusqu'au début de l'ère tertiaire. Les bêtes à poils, de fait, étaient
déjà très présentes du temps des "terribles lézards".
Ce qui est vrai, en revanche, c'est que ces espèces primitives
n'ont laissé pratiquement aucun descendant direct. Il fallut
attendre que soit dépassée la "crise du crétacé-tertiaire" (– 65
millions d'années), et la grande extinction d'espèces qui la
caractérisa (dont les dinosaures ne sont que les victimes les
plus connues), pour que la famille mammalienne se développe
et se diversifie dans toute sa splendeur ; et pour que se révèlent
véritablement les mammifères modernes, restés quasi
inexistants jusque-là, et qui vont désormais augmenter
considérablement de taille, de genres et de niches écologiques.
Ces mammifères forment deux groupes, deux branches sœurs
qui se sont édifiées à partir d'un tronc ancestral commun : les
marsupiaux (aujourd'hui cantonnés à l'Australie, tels le
kangourou et le koala), et les placentaires, c'est-à-dire tous les
autres. Quand et où se sont édifiées ces deux branches
maîtresses de l'arbre mammalien ? Les avis, sur ce thème,
divergent encore fortement. Mais ce qui est sûr, c'est que
marsupiaux et placentaires présentent des points communs qui
n'appartiennent qu'à eux.
Ainsi, la molaire "tribosphénique", qui permet la mastication des
aliments et que l'on ne retrouve pas chez les mammifères
primitifs. Un signe distinctif qui commence à apparaître il y a
environ 100 millions d'années, et auquel les paléontologues –
qui, décidément, en reviennent toujours aux dents – attachent la
plus grande importance.
Comment cette évolution essentielle de la dentition s'est-elle
produite ? Comment les molaires, seulement capables de