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Les pages qui suivent sont un résumé du cours
destiné à faciliter, à l’aide des notes prises au cours,
la préparation de l’examen.
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Le travail de la publicité consiste purement
et simplement à communiquer à un public défini
une information et une certaine disposition
d’esprit qui stimulent l’action.
R.H. COLLEY.
INTRODUCTION.
1. Définir la communication.
« Communication : ce terme a grand nombre d’acceptions. »
Diderot, Encyclopédie, 1753.
« Nulle part ni pour personne n’existe la communication. Ce terme recouvre trop de
pratiques, nécessairement disparates, indéfiniment ouvertes et non démontrables. »
D. Bougnoux.
« La communication limpide et transparente est un mythe. Les messages sont souvent
ambivalents, le récepteur sélectionne les données et les véritables enjeux sont souvent
cachés : c’est ce que nous apprennent les recherches sur la communication depuis bientôt
un demi-siècle. »
J-P. Dortier.
2. De la difficulté à penser la communication.
La notion de communication recouvre une multiplicité de sens et se situe en marge des
savoirs. De plus, nous sommes actuellement au cœur d’une formidable prolifération
des technologies de la communication et d’une multiplication des pratiques. Ce qui a
pour conséquences :
d’ajouter dans le débat sur la communication de nouveaux
"intervenants".
de faire de la communication une figure emblématique du débat
théorique des sociétés de la fin du IIIe millénaire.
La communication désigne un domaine pluridisciplinaire qui concerne trois grands
secteurs :
1. Les neurosciences la frontière entre le psychologie, la psychanalyse et
la médecine).
2. Les sciences cognitives qui ont pour objet de décrire les principales
dispositions et capacités de l’esprit humain.
3. Les sciences sociales.
Il concerne donc différentes disciplines : la philosophie, l’histoire, la géographie, la
psychologie, la sociologie, l’ethnologie, l’économie, les sciences politiques, la
biologie, la linguistique…
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Pour des raisons que nous examinerons plus loin, la communication n’est devenue
objet de questionnement que très tardivement. Au départ on s’intéresse uniquement
aux problèmes que pose le langage humain, c’est à dire que l’on résume la
communication à l’une de ses expressions, à l’un de ses médias, considéré comme
résumant à lui seul toute la communication.
§1. L’Antiquité et le Moyen Age : la communication, connexion au
logos ou au divin.
Cette interrogation sur le langage est née avec la philosophie. Dans l’Antiquité
grecque, émerge un nouveau mode d’élucidation du el, non plus basé sur le mythe,
mais sur une flexion qui se veut autonome. Il s’agit, pour l’être humain, de
comprendre le monde et le rapport au monde à l’aide de sa seule intelligence.
La philosophie est basée sur l’idée que le langage est porteur de vérité. Les premiers
philosophes (les pré-socratiques) ont donc produit des schémas explicatifs du réel…
qui bien vite vont se démarquer et même se contredire ! Les sophistes tireront les
conséquences logiques de cette pluralité de discours et se présenteront comme des
professeurs capables d’enseigner la défense de n’importe quelle cause et de faire
triompher n’importe quel point de vue.
La philosophie a donc été ainsi confrontée à une première difficulté de
"fonctionnement interne". Il s’agit de déterminer comment on peut à travers le langage
et la confrontation de points de vue différents faire surgir de la vérité ou, autrement dit,
comment les mots sont reliés aux réalités. Nous sommes ainsi en présence non pas de
l’ébauche d’une première théorie de la communication mais d’une réflexion sur la
validité du langage au sein, relevons-le au passage, d’un nouvel espace politique
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. La
pensée de Socrate et le travail de ses héritiers Platon et Aristote vont donner une
réponse au problème et donner une orientation décisive à la philosophie occidentale.
La méthode socratique repose sur l’idée que la vérité surgit de la confrontation de
thèses dont l’une est nécessairement vraie et l’autre nécessairement fausse. Le
langage pour produire de la vérité va s’appuyer désormais sur la logique binaire issue
de la démarche rationnelle de l’esprit humain au détriment de l’imaginaire.
Toutefois, la réflexion des philosophes de l‘Antiquité et du Moyen Age n’a pour but
que de préciser dans quelles conditions la production de vérité est possible. Même si
le langage est parfois trompeur, il demeure toujours porteur de vérité : celle-ci est
garantie par le divin. Le sens du monde ici-bas est toujours fondé par un niveau de
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Les liens entre la naissance de la philosophie et celle de la mocratie sont souvent mis en exergue. Il
est remarquable que la réflexion sur la communication par le langage naisse en me temps qu’un
nouvel espace de communication : la démocratie grecque.
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réalité supérieur. Pendant l’Antiquité et le Moyen Age, l’utilisation du langage ne pose
donc pas de problème : jusqu’à la fin du Moyen Age, on considère qu’il y a une
signification universelle à l’œuvre dans le monde
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. Cette signification est liée à la
croyance en un ordre des choses ; un système préétabli transforme les ressemblances
en analogies, les similitudes en symboles : magie et divination traduisent le langage du
monde, et le christianisme n’a apporté qu’un nouveau code à cette très archaïque
pensée du sacré. Le mot joue et mime le monde autant qu’il le signifie. A la fonction
expressive se rattache la fonction magique.
§2. 15- 16-17èmes siècles.
A la fin du Moyen Age, la nature cesse d’être le champ du divin. Dieu s’en retire,
l’homme l’investit. Avec l’avènement des Temps Modernes, la communication
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devient
une valeur occidentale car elle véhicule l’idée du progrès, de la diffusion de
l’information, de la disparition des barrières entre les hommes. Cette valeur qui
circulait dans une société jusque là fermée, va lentement investir tout l’espace public.
Il est possible de montrer les différentes étapes de la constitution du champ de la
communication autour d’un espace spécifique :
La correspondance des Humanistes
L’imprimerie et la formidable diffusion du savoir qu’elle génère.
L’Encyclopédie fondée sur l’idée que l’échange des connaissances
génère une "l’accélération" de la circulation et ensuite de la
constitution du savoir et de ses effets sur la société.
Avec les Temps Modernes s’opère une mutation radicale dans la compréhension du
langage : le langage du monde cesse de se faire entendre
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. Les philosophes modernes
insistent sur le fait que seul l’homme a un langage : la parole se retire de la nature et se
concentre dans l’être humain, lui conférant une place privilégiée dans l’univers.
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« Si vraiment, dans la Création, tout nous parle de Dieu et si, par la création, Dieu nous parle, alors tout
devrait être langage et signe » (Extrait d’une adaptation, faite par Xavier de Langlais, de Perceval (un
épisode des Romans du roi Arthur, 12ème siècle).
Pour la pensée médiévale Dieu nous parle à travers sa Création qui est le monde qu’Il nous donne à
déchiffrer.
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"Communiquer" et "communication" apparaissent dans la langue française dans la seconde moitié du
14ème siècle.
Le sens de base : "participer à", est très proche du latin "communicare" qui signifie "mettre en relation,
en commun".
Cette mise ne commun comprend même apparemment l’union des corps !
Au 16ème," communiquer » et "communication" sont donc fort proches de "communier" et "communion".
Un "communier" (substantif) est un propriétaire en commun.
Jusqu’au 16ème , le sens général est donc : "partager à deux ou à plusieurs".
Mais, fin 16ème, un sens nouveau apparaît : "communiquer" commence à signifier aussi "transmettre", une
maladie, par exemple. A la fin du 16ème , on trouve des expressions comme : « l’aimant communique sa
vertu au fer ». Au 18ème, apparaissent en science, les tubes "communicants".
Ensuite les usages signifiant globalement « partager » passent au second plan pour des usages centrés
sur "transmettre", c’est ce sens de transmission qui prédomine dans les acceptions françaises actuelles.
Mais le sens ancien existe toujours comme, par exemple dans l’expression : "des chambres
communicantes".
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« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Pascal.
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L’ancienne relation est inversée : le monde ne s’adresse plus aux humains dans une
langue mystérieuse, c’est l’homme, seul, qui lui confère des signes, en lui imposant
son travail et les formes de sa conscience, en le transformant et en le parlant.
Dès lors la connaissance du sujet pensant devient préoccupante. On voit apparaître au
siècle des Lumières des sciences nouvelles, « humaines » : psychologie,
anthropologie, sexologie…
§3. 18ème siècle : La découverte des échanges et des flux.
A. L’école anglaise : La division du travail. (voir texte 1)
« Les plus grandes améliorations dans la
puissance productive du travail, et la plus grande
partie de l’habileté, de l’adresse, de l’intelligence
avec lesquelles il est dirigé ou appliqué, sont
dues, à ce qu’il semble, à la division du travail. »
A. Smith, Richesse des nations.
La révolution industrielle qui débute en Grande-Bretagne au 18ème siècle va
développer une réflexion sur la communication à partir de la généralisation du
déplacement des biens et des personnes. Le théoricien de cette révolution naissante
est A. Smith (1723-1790). Sa description de la « division du travail » représente un
premier pas théorique, une première formulation scientifique d’une civilisation
industrielle d’échanges en gestation. La communication contribue à l'organisation du
travail collectif au sein de la fabrique et dans la structuration des espaces économi-
ques. Ce concept de la division du travail sera repris par tous les théoriciens du 19ème
siècle.
Dans la société nouvelle dont le commerce et l’industrie doivent se développer
"naturellement", sans entrave, la division du travail et les moyens de communication
(voies fluviales, maritimes et terrestres) favorisent la croissance. Au 18ème siècle,
l'Angleterre a déjà fait sa "révolution de la circulation". Celle-ci commence à s'intégrer
naturellement au nouveau paysage de la révolution industrielle en cours.
B. L’école française.
Si en Angleterre, c’est la révolution industrielle qui suscite les premières théories sur
le déplacement des biens, en France, c’est plutôt à la même époque, la quête de
l'unification de l’espace commercial intérieur. Dans ce royaume foncièrement agricole,
héritier de structures du Moyen Age, le discours sur les vertus des systèmes de
communication est fondé par la volonté de trouver des solutions à un état de carence.
Pendant tout le 18ème siècle en France, on assistera à un écart entre les idées et la
réalité.
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