réalité supérieur. Pendant l’Antiquité et le Moyen Age, l’utilisation du langage ne pose
donc pas de problème : jusqu’à la fin du Moyen Age, on considère qu’il y a une
signification universelle à l’œuvre dans le monde
. Cette signification est liée à la
croyance en un ordre des choses ; un système préétabli transforme les ressemblances
en analogies, les similitudes en symboles : magie et divination traduisent le langage du
monde, et le christianisme n’a apporté qu’un nouveau code à cette très archaïque
pensée du sacré. Le mot joue et mime le monde autant qu’il le signifie. A la fonction
expressive se rattache la fonction magique.
§2. 15- 16-17èmes siècles.
A la fin du Moyen Age, la nature cesse d’être le champ du divin. Dieu s’en retire,
l’homme l’investit. Avec l’avènement des Temps Modernes, la communication
devient
une valeur occidentale car elle véhicule l’idée du progrès, de la diffusion de
l’information, de la disparition des barrières entre les hommes. Cette valeur qui
circulait dans une société jusque là fermée, va lentement investir tout l’espace public.
Il est possible de montrer les différentes étapes de la constitution du champ de la
communication autour d’un espace spécifique :
La correspondance des Humanistes
L’imprimerie et la formidable diffusion du savoir qu’elle génère.
L’Encyclopédie fondée sur l’idée que l’échange des connaissances
génère une "l’accélération" de la circulation et ensuite de la
constitution du savoir et de ses effets sur la société.
Avec les Temps Modernes s’opère une mutation radicale dans la compréhension du
langage : le langage du monde cesse de se faire entendre
. Les philosophes modernes
insistent sur le fait que seul l’homme a un langage : la parole se retire de la nature et se
concentre dans l’être humain, lui conférant une place privilégiée dans l’univers.
« Si vraiment, dans la Création, tout nous parle de Dieu et si, par la création, Dieu nous parle, alors tout
devrait être langage et signe » (Extrait d’une adaptation, faite par Xavier de Langlais, de Perceval (un
épisode des Romans du roi Arthur, 12ème siècle).
Pour la pensée médiévale Dieu nous parle à travers sa Création qui est le monde qu’Il nous donne à
déchiffrer.
"Communiquer" et "communication" apparaissent dans la langue française dans la seconde moitié du
14ème siècle.
Le sens de base : "participer à", est très proche du latin "communicare" qui signifie "mettre en relation,
en commun".
Cette mise ne commun comprend même apparemment l’union des corps !
Au 16ème," communiquer » et "communication" sont donc fort proches de "communier" et "communion".
Un "communier" (substantif) est un propriétaire en commun.
Jusqu’au 16ème , le sens général est donc : "partager à deux ou à plusieurs".
Mais, fin 16ème, un sens nouveau apparaît : "communiquer" commence à signifier aussi "transmettre", une
maladie, par exemple. A la fin du 16ème , on trouve des expressions comme : « l’aimant communique sa
vertu au fer ». Au 18ème, apparaissent en science, les tubes "communicants".
Ensuite les usages signifiant globalement « partager » passent au second plan pour des usages centrés
sur "transmettre", c’est ce sens de transmission qui prédomine dans les acceptions françaises actuelles.
Mais le sens ancien existe toujours comme, par exemple dans l’expression : "des chambres
communicantes".
« Le silence éternel de ces espaces infinis m’effraie ». Pascal.