Expliquez le rôle des banques commerciales dans le recyclage de l’épargne, ainsi que les
notions d’intermédiation et de désintermédiation.
Introduction : Le recyclage de l’épargne fait intervenir les « intermédiaires financiers », c'est-à-dire le
rapprochement entre agents à capacités de financement et ceux en besoin de financement.
Il assure ainsi la circulation et la création monétaire.
I/ L’importance de l’épargne dans l’économie
A / Définition et rôle de l’épargne
Définition épargne: Partie du revenu qui n’est pas consommée. On distingue l’épargne nette et l’épargne brute
(remboursement des emprunts respectivement déduits et non déduits). On mesure l’épargne des ménages, des
entreprises ou de la nation entière, soit en valeur absolue, soit en " taux d’épargne " (pourcentage du revenu qui
lui est consacré).
Le rôle de l’épargne dans l’économie est complexe et incontournable. En effet, plus le revenu est épargné, moins
il est consommé, par conséquent les entreprises sont moins envieuses d’investir.
Parallèlement à cela, dans la dynamique du processus « production-revenu-dépenses », l’épargne permet aux
entreprises, au-delà de l’autofinancement de financer leur production.
Les intermédiaires financiers interviennent à deux niveaux : d’une part en favorisant le recyclage de l’épargne et
d’autre part en anticipant l’épargne future par la création monétaire.
1) Un peu d’histoire
Dès la fin du XIXème siècle, les grands chantiers à travers le monde étaient financés par des appels à l’épargne
publique sous forme d’actions et d’obligations.
Deux grands modèles cohabitaient ;
- d’un coté le modèle américain qui imposait un cloisonnement de la banque commerciale (dépôts et
prêts) et le métier de la banque d’investissement, banque spécialisée dans le rapprochement direct,
limité aux actions et obligations de l’Etat.
- De l’autre le modèle européen (banque universelle) qui permettait en principe toute forme
d’intermédiation bancaire. Ce modèle se réduisait en pratique à des participations bancaires dans les
entreprises (métier de banque d’investissement : la banque de financement et d'investissement apporte
des services sophistiqués à des grandes entreprises dans une logique d'un sur mesure partiel ou total.
Elle offre entre autres des services liés à l'accès aux marchés actions / obligataire/taux (émission,
transaction, couverture..), aux conseil en fusions et acquisitions, à l'accès aux financements bancaires
plus ou moins complexes…) et à l’intermédiation plus traditionnelle (dépôts, prêts, moyens de
paiement).
2) La crise
Ce système s’est écroulé dans les années 80-90 sous l’influence combinée d’une cascade de facteurs :
durcissement des politiques monétaires après les dérapages inflationnistes des années 70 ; faillites retentissantes
des banques commerciales américaines (crise de l’immobilier aux USA).
Les banques d’investissement avaient éprotégées des faillites par leur interdiction règlementaire d’intervenir
dans les métiers de la banque commercial: déréglementation …
B/ Des banques de détail réactives
1) Nouvelle banque de détail
Après cette crise, les banques de détail se sont ouvertes à cette nouvelle forme d’intermédiation, en
élargissant leur champs d’activité aux activités para bancaires (gestion de fortune et d’assurance, d’où
l’apparition du concept banque assurance), en rationalisant leurs activités traditionnelles, voire en étant présentes
sur tous les métiers. De fait ; l’explosion de la bulle boursière « Internet » a redoré le blason commercial
traditionnel, notamment dans le domaine de la banque de détail.
La multiplication des intervenants et des supports d’intermédiation financière brouille le mécanisme
d’intermédiation financière, en provoquent un décloisonnement des métiers et fonctions, elle a incontestablement
accru la fluidité de l’épargne.
Les banques, a travers les mutations des dernières décennies, génèrent de plus en plus de profits à travers leurs
commissions qu’à travers leur marge d’intermédiation en augmentant leurs activités de hors bilan.
2) Différents supports d’épargnes
A côté de la thésaurisation (monnaie conservée par-devers soi) et les comptes à vue non rémunérés,
l’épargnant dispose d’une grande diversité de produits financiers pour "placer" son encaisse, c’est-à-dire la
mettre à disposition d’autrui moyennant rémunération : d’autrui moyennant rémunération :
- les titres mobiliers "traditionnels" que sont les actions, les obligations, les titres participatifs, les certificats
d’investissement ;
- les parts des organismes de placement collectif en valeurs mobilières (O.P.C.V.M.), c’est-à-dire les sociétés
d’investissement à capital variable (Sicav) et fonds communs de placement (F.C.P.)
- les bons à terme des banques (somme placée pendant une période donnée moyennant taux d’intérêt) ;
- les divers types de comptes d’épargne tenus par les établissements de crédit offrent des avantages variés
(facilités d’emprunt ultérieur, exonération fiscale des rémunérations...)
- les plans d’épargne contractuelle comportent des engagements précis de la part du néficiaire (fonds bloqués
sur une période donnée, versements réguliers...) ; on connaît par exemple les plans d’épargne-logement (P.E.L.)
destinés à financer un investissement immobilier et les plans d’épargne populaire (P.E.P.) ainsi que les
asuurances-vie qui permettent de préparer un revenu additionnel futur.
II/ Notions d’intermédiation et de désintermédiation
A/ Quelques raisons.
1/Définition
- La notion d'intermédiation bancaire s'oppose à celle de "l'offre directe de capitaux" qui a lieu, soit sur le marché
des fonds propres (marchés des actions), soit sur le marché de l'emprunt (marchés monétaire et obligataire).
L'offre directe de capitaux est la mise à disposition directe de capitaux (apports d'associés, prêts directs, titres
de créances...). Il s'agit du concept de désintermédiation.
- A l'inverse, l'intermédiation bancaire est une mise à disposition de capitaux par banque interposée.
2/ Raisons du développement de l’intermédiation bancaire
- Le besoin ressenti, tant par le prêteur que par l'emprunteur, est de ne traiter qu'avec un seul interlocuteur.
- Un interlocuteur professionnel prendra à sa charge les risques, et assurera la régularité et la bonne fin des
opérations dont il prend la responsabilité (les risques sont supportés par les seuls épargnants lorsqu'il
s'agit d'une opération désintermédiée sur les marchés financiers).
- Raisons historiques :
du fait du phénomène de l'intermédiation bancaire, les établissements de crédit ont toujours créé de la
monnaie (multiplicateur du crédit) à partir des dépôts bancaires ;
du fait du phénomène de la transformation, les établissements de crédit financent les besoins macro-
économiques à long terme par des dépôts à court et moyen terme.
B/ L’intégration des systèmes financiers
1/ L’intermédiation bancaire et l’intermédiation financière
L’éclatement des frontières entre marchés, participants et instruments rend de plus en plus caduque
la distinction fondamentale entre intermédiation bancaire et intermédiation financière (on parle
d'intermédiation financière lorsque le monde financier sert d'écran entre demandeurs et pourvoyeurs de
capitaux, c'est-à-dire lorsque les intermédiaires financiers achètent les titres émis par les entreprises et, pour
se financer, émettent eux-mêmes des titres placés auprès des épargnants ou collectent des fonds sous forme
de dépôts ou de livrets).
La banque est devenue le principal intervenant sur le marché des capitaux. Aussi, les nouvelles normes
comptables et prudentielles ainsi que l’innovation financière tendent à privilégier l’essor des instruments
négociables au détriment des prêts taditionnels.
. 2/Une nouvelle donne pour les banques
Dans ce schéma, on peut s’interroger sur ce qui reste des spécificités bancaires traditionnelles.
Les banques conservent tout de même une situation de monopole dans trois domaines :
- le relais de la politique
- leur rôle de clé de voûte au sommet de la pyramide des paiements
- le privilège du réseau qu leur permet une couverture large en termes de couverture géographique et sectorielle.
Conclusion : La loi du marché qui s’est imposé au sein du système financier de plus en plus globalisé, n’a-t-elle
pas réduit la transparence te la maîtrise de l’intermédiation financière ?
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