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Après avoir précisé qu’il y a une identité en ce qui concerne la structure des comparaisons
idiomatiques dans les langues étudiées, nous essayons de mettre en évidence les particularités qui
existent dans chacune d’entre elles.
En italien, de très nombreuses expressions idiomatiques comportent un terme comparant
exprimé sur le plan morphosyntaxique par un groupe nominal simple formé d’un prédéterminant (le
plus souvent l’article indéfini) et d’un nominal centre : essere magro come un acciuga / come un
chiodo, essere cieco come una talpa, essere muto come una tomba / come un pesce, essere brutto
come una scimmia, essere diritto come un fuso / come un palo, essere noioso come una pulce,
essere sano come un pesce, essere solo come un cane, essere sporco come un verro, essere freddo
come un masso, essere gonfio come una rana, essere grasso come un tordo, essere lento come una
lumaca / come una tartaruga, essere nudo come un verme, essere sordo come una campana, essere
timido come un coniglio / come una lepre, etc.
Moins nombreuses sont ces comparaisons idiomatiques où le groupe nominal qui constitue
le terme comparant est formé d’un article défini (en tant que prédéterminant) et d’un nominal
centre. Dans ces cas précis, le comparant est individualisé et l’article défini en assure la notoriété :
essere duro come il macigno, essere lungo come la quaresima, essere brutto come la fame / come il
pecato, essere chiaro come l’ambra / come il sole, essere buono come il pane, essere veloce come il
lampo, etc.
Plus rarement encore on retrouve des expressions où le groupe nominal est complexe, soit
avec un déterminant adjectival (essere bianco come un pano lavato, essere brutto come il pecato
mortale), soit avec une expansion prépositionnelle (essere chiaro come la luce del sol, essere
diretto come il campanile de Pisa).
À ces expressions, on ajoute également celles où le comparant est un nom propre autodéfini
qui renvoie à une personne à laquelle la tradition a assigné le rôle de symbole d’une certaine
qualité : essere vecchio come Matusalemme.
En conclusion, on peut dire que le moule idiomatique analysé se divise à son tour en quatre
sous-catégories, en fonction de la structure morphosyntaxique du terme comparant. Nous verrons si
les autres langues romanes se limitent à ces types ou bien si elles y ajoutent d’autres.
Les mêmes structures de l’expression idiomatique précisées pour l’italien se retrouvent au
niveau de l’espagnol. Les différences consistent dans le choix du terme comparant ; celui-ci est
rendu par un groupe nominal qui peut se réécrire des manières suivantes :
GN→ Pd + N (le prédéterminant est l’article indéfini) : ser feo como un cuco, ser
gordo como un barril / como una cuba / como un tonel, ser delgado como un listón /
como una lezna, ser tonto como un cerrojo, ser mudo como una piedra / como una
tumba, ser fuerte como un dique, ser blanco como un papel, ser sordo como una
tapia, etc.
GN→ Pd + N (le prédéterminant est l’article défini) : ser rapido como il viento, ser
viejo como el mundo, ser negro como el ébano, etc.
GN→ Pd + N + expansion prépositionnelle : ser duro como las chinas de rio, ser
claro como la luz del sol, etc.
Ce type de structure est en concurrence avec un autre type d’expression idiomatique ; il
s’agit d’une variante qui du point de vue grammatical est un comparatif de supériorité, mais qui du
point de vue sémantique traduit l’idée d’intensité forte. La particule comparative est que, héritière
du latin quid.
más feo que una carracuca ‘très laid’
más alto que un mayo ‘très grand’
más ligero que el viento ‘très rapide’
Il y a des cas où pour exprimer la même intensité forte, le locuteur a le choix entre la
structure avec como et celle avec más…que :
ser más bueno que el pan / ser bueno como el pan