Voyage en Syrie Octobre 2008
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notre ère, de secouer le joug romain ; elle y parvient de façon éphémère, avant d’être
vaincue par Aurélien, en 272.
Après la division de l’Empire romain en 395 apr. J.-C., la Syrie est intégrée à l’Empire
byzantin. Elle connaît une période de prospérité économique et de stabilité politique,
troublée par les querelles christologiques qui déchirent alors l’Église d’Antioche,
devenant le centre d’hérésies comme le nestorianisme et le monophysisme. Les
Perses, à partir de 611, tentent de mettre à profit les troubles religieux pour rétablir
leur domination sur la région. Les Byzantins les chassent définitivement en 623, pour
faire face à une nouvelle menace, celle de l’islam conquérant.
1.3.8. L’islamisation
Des tribus arabes venues du sud de l’Arabie se sont établies dès le IVe siècle avant
notre ère en Syrie. Mais les Arabes, qui, au VIIe siècle apr. J.-C., se tournent vers la
Syrie, sont porteurs d’une foi nouvelle et animés d’un esprit de conquête. En 636, la
bataille du Yarmuk (en Jordanie actuelle) scelle la destinée de la Syrie. Elle devient
musulmane et arabe. En 661, le nouveau calife Mu’awiya Ier s’opposant à Ali, gendre et
cousin du Prophète, fonde la dynastie des Omeyyades à Damas, dont il fait sa capitale.
La ville connaît une ère de prospérité et de développement qui fait d’elle l’une des
plus belles et des plus importantes cités du monde musulman. La Syrie est le cœur
d’un empire musulman en expansion. En 750, cependant, le califat passe aux mains
d’une nouvelle dynastie, celle des Abbassides. En transférant leur capitale à Bagdad,
ils font naître entre les deux villes une rivalité qui s’est perpétuée jusqu’à nos jours.
Aux Xe et XIe siècles, la Syrie, éclipsée par l’Irak — nouveau centre du pouvoir arabe —,
est partiellement sous l’occupation des Tulunides et des Fatimides, souverains
musulmans d’Égypte (voir califat), puis des Turcs seldjoukides au nord.
1.3.9. Les francs
Le désordre qui règne dans le pays, divisé entre des dynasties arabes et turques
rivales, favorise l’établissement des croisés, qui, après la prise d’Antioche (1098) et de
Jérusalem (1099), occupent le littoral et le nord de l’actuelle Syrie (voir croisades). Ce
territoire est rattaché pour une partie au royaume latin de Jérusalem et pour une
autre à la principauté d’Antioche. Les croisés, qui ne réussissent jamais à s’implanter
dans les montagnes, aux mains des sectes musulmanes, ni dans la plaine de l’Oronte,
édifient, sur les contreforts du djebel Ansariya, une série de châteaux forts, tournés
vers la mer, parmi lesquels le crac des Chevaliers, le château du Marqab et le château
de Saône, véritables villes fortifiées.
En 1173, Saladin, fondateur du sultanat ayyubide, mène la lutte des musulmans contre
les croisés et unifie l’intérieur de la Syrie. Ayant repris Jérusalem en 1187, il meurt à
Damas en 1193, sans avoir pu chasser les croisés de leurs places fortes sur le littoral.
Affaibli par la guerre opposant croisés et musulmans, le pays subit au XIIIe siècle
l’invasion destructrice des Mongols. Les Mamelouks, dynastie d’esclaves qui s’est
imposée en Égypte, stoppent leur avance, expulsent définitivement les croisés en 1291
et dominent la Syrie jusqu’en 1516. En 1401, le pays subit pourtant une nouvelle fois le
passage des Mongols, conduits par Tamerlan.
1.3.10. Les ottomans
Envahie par les troupes de Sélim Ier en 1516, la Syrie devient ottomane pendant
quatre siècles. Constituée des provinces de Damas, d’Alep, de Beyrouth et de la ville
de Jérusalem, la Syrie ottomane est gérée au nom du sultan par des gouverneurs
nommés pour un an. C’est durant cette période que le pays redevient un carrefour
commercial important et développe des relations avec le monde occidental. Ainsi, un
consul français est envoyé à Alep dès le XVIe siècle et des ordres religieux catholiques
sont autorisés à s’implanter à partir du XVIIe siècle.
L’affaiblissement graduel de la puissance ottomane attise les ambitions territoriales :
en 1799, Napoléon Ier, qui a pris pied en Égypte, est vaincu devant Saint-Jean d’Acre ;
puis, en 1831, les troupes du vice-roi d’Égypte Méhémet Ali réussissent à s’imposer.
Durant leurs dix années de présence, les khédives entreprennent de moderniser le
pays, avant d’être contraints de se retirer par les puissances occidentales. Située sur la
voie commerciale majeure de l’Orient vers la Méditerranée, jusqu’à l’ouverture du
canal de Suez en 1869, la Syrie devient l’un des enjeux de la question d’Orient.
En 1860, des massacres intercommunautaires au Liban et dans le sud de la Syrie
provoquent l’intervention de Napoléon III en faveur des chrétiens. La domination
ottomane, cependant, est de plus en plus contestée par les Arabes. C’est en Syrie que
sont nés les premiers mouvements nationalistes arabes. Ralliés à Hussein ibn Ali,
cheikh de La Mecque, leurs membres combattent durant la Première Guerre mondiale
aux côtés des Britanniques contre l’Empire ottoman, allié de l’Allemagne.
Les Britanniques ont gagné l’appui des Arabes en leur promettant, en contrepartie de
leur soutien, l’indépendance en cas de victoire sur l’Empire ottoman. Cet accord,
prévoyant la création d’un grand État arabe, est formalisé, en janvier 1916 par un
échange de lettres entre le gouvernement britannique et Hussein. Cependant, au mois
de mai de la même année, la Grande-Bretagne et la France concluent des accords
secrets, les accords Sykes-Picot, par lesquels elles se partagent les terres arabes sous
domination ottomane : la Syrie et le Liban actuels reviennent à la France, l’Irak et la
Palestine sont attribuées au Royaume-Uni.