C. Conséquences de la création monétaire et politique
monétaire
Les économistes s'opposent sur la question de l'impact de la monnaie sur les flux réels,
autrement dit sur le volume de la production, de la consommation, de l'emploi.
1. L’analyse libérale
Doc. 15 poly la vision des quantitativistes
52 L’approche présentée dans ce texte est dite « quantitativiste » car elle attribue un rôle clé à
la quantité de monnaie en circulation dans l’explication de l’inflation.
53 Émission de monnaie nouvelle hausse de la demande > Offre = hausse des prix
54 Dans l’optique quantitativiste, la quantité de monnaie en circulation n’a pas d’impact sur
l’économie « réelle ». Elle ne permet pas, selon eux, de relancer la croissance économique.
C’est en ce sens qu’elle est « neutre ». Cette conception conduit à une vision dichotomique du
fonctionnement de l’économie : d’un côté l’économie « réelle », de l’autre les phénomènes
monétaires.
Doc. 16 poly la conception monétaire
55 « L’émission de monnaie sous forme de crédit » relance, à court terme, l’activité
économique. Un crédit plus aisé favorise la demande (consommation, investissement). En
réponse à cette demande supplémentaire, « les chefs d’entreprise accroissent donc leur
production ».
56 Le dynamisme de l’activité économique est propice à un relèvement des prix. Dans un
contexte de demande soutenue, certaines d’écouler leur production, les entreprises
augmenteront plus facilement leurs prix.
57 Crédit hausse de la demande hausse de la production + hausse des prix baisse du
pouvoir d’achat des salariés car l’augmentation des salaires < hausse de l’inflation hausse
des coûts de production les entreprises arrêtent d’embaucher. L’expansion cesse.
58 Dans la conception monétariste, toute politique de relance par le crédit est, au final,
inflationniste. Anticipant cet effet, et conscientes que la relance économique n’est que de
courte durée, les entreprises relèveront désormais leurs prix afin de faire face au
renchérissement anticipé de leurs coûts de production. Ainsi, l’anticipation sur les
conséquences d’une relance via le crédit contribuera à annihiler, à court terme, l’effet positif
de la relance sur l’économie réelle, entraînant immédiatement une accélération de la hausse
des prix. Cette conception conduit finalement à rejeter toute politique de relance et donc, en
cohérence avec la vision libérale, à remettre en cause l’interventionnisme économique.
59 Comme les quantitativistes, les monétaristes pensent que la monnaie est neutre. L’effet
positif sur l’économie « réelle » est temporaire. Si les anticipations des agents économiques
sont correctes, une politique fondée sur un crédit bon marché ne fera qu’accélérer l’inflation.
1. Expliquez l'expression « la monnaie est un voile ».
La monnaie est un voile car elle ne fait que recouvrir les variables économiques sans changer
leur nature. Elle ne détermine donc en rien ces variables et ne fait que les exprimer dans une
unité particulière. La monnaie trouve son origine en dehors des variables économiques soit
dans des phénomènes naturels, soit dans la décision de BC de créer de la monnaie.
2. La monnaie peut-elle être demandée pour elle-même ?
Non, car elle ne sert que de « lubrifiant » qui permet de faciliter les échanges. Il n’y a donc
pas de véritable différence avec le troc. La monnaie n’a pas d’intérêt en elle-même.
3. Selon cette théorie, la variation de la quantité de monnaie détermine-t-elle le niveau
de l'emploi, ceux de la production, de l'investissement, des exportations, des
importations, de la consommation?
Elle ne détermine dans la théorie classique aucune de ces variables. Les variations de quantité
de monnaie n’influence que le niveau général des prix.
Théorie quantitative de la monnaie et inflation
1. Qu'est-ce que le pouvoir d'achat de la monnaie ?
Le pouvoir d'achat de la monnaie est la quantité de biens et services qu'une unité monétaire
permet de se procurer.
2. Quel est, selon les économistes libéraux, le risque attaché à la création monétaire ?
Q2. Selon les économistes libéraux, la création monétaire risque de déboucher sur de
l'inflation et donc une perte de pouvoir d'achat de la monnaie.
Remarque. L'hyperinflation est une inflation extrêmement forte (plusieurs dizaines,
centaines, voire milliers pour cent par an).
En période d'hyperinflation, il ne faut pas garder de monnaie puisqu'elle perd immédiatement
sa valeur. Il est profitable de la dépenser.
Théorie quantitative de la monnaie (J Bodin, 16ème : inflation liée à quantité monnaie : or
d’Amérique du sud)
Equation quantitativiste selon I. Fisher : TQM : MV = PT
Où m : masse monétaire, v : vitesse de circulation de la monnaie (nombre de fois qu’une unité
monétaire change de mains pendant une période donnée), p : niveau général des prix, T :
volume des transactions
Pour une vitesse de circulation donnée et pour un certain montant des transactions,
l'augmentation de M ne peut que provoquer une hausse de P.
Cette position quantitativiste est aujourd'hui défendue sous une forme renouvelée par les
monétaristes, notamment Milton Friedman. Ceux-ci dénient en effet toute efficacité réelle à
une politique monétaire qui voudrait favoriser l'activité économique (et donc l'emploi) en
augmentant la quantité de monnaie en circulation: pour eux, la monnaie est exogène et son
émission doit être réglée de façon à éviter l'inflation.
Synthèse : Selon les classiques, une variation de la quantité de monnaie en circulation
modifiera sans doute le niveau des prix, mais n'aura pas de conséquence sur le niveau de
production réalisée (donc sur le niveau d'emploi): la monnaie est donc neutre, elle n'est qu'un
«voile» qui permet les échanges (fonctions d'unité de mesure et de moyen de paiement) mais
qui n'intervient pas sur le contenu même des échanges. On parle alors de dichotomie
(coupure) entre les sphères réelle et monétaire.
Selon l’approche quantitativiste de la monnaie reprise par les économistes néoclassiques et
monétaristes, toute création monétaire ne peut que provoquer une augmentation du niveau
général des prix.
Toute politique monétaire visant à favoriser l’activité économique ne peut donc déboucher
que sur l’inflation. Cette position est aujourd’hui celle de la BCE qui vise à lutter contre
l’inflation.
2. L’analyse keynésienne
DOC 17 poly l’approche de John Meynard Keynes
60 La demande de monnaie émane des ménages et des entreprises. L’offre de monnaie émane
du système bancaire.
61 Les taux d’intérêt augmentent lorsque la demande de monnaie est supérieure à l’offre de
monnaie. Ils ont au contraire tendance à baisser si l’offre de monnaie est supérieure à la
demande de monnaie.
62 Offre de monnaie + demande de monnaie détermination des taux d’intérêt volume
des investissements dans l’économie croissance économique et niveau de l’emploi
63 Pour Keynes, la baisse des taux d’intérêt est un moyen pour relancer la croissance
économique. La baisse du coût du crédit favorise en effet l’investissement. L’investissement
est, avec la consommation, une des composantes de la « demande effective » et donc un
débouché pour la production. autorités monétaires ont les moyens d’agir sur le niveau des
taux d’intérêt et, via l’investissement, sur la croissance économique. Le taux d’intérêt
(phénomène monétaire) a un impact sur la croissance économique et donc sur l’économie «
réelle ». Il n’y a plus, chez Keynes, « dichotomie » (séparation) entre les phénomènes
monétaires et les phénomènes réels.
64 En agissant sur l’offre de monnaie, les autorités monétaires ont les moyens d’agir sur le
niveau des taux d’intérêt et, via l’investissement, sur la croissance économique. Le taux
d’intérêt (phénomène monétaire) a un impact sur la croissance économique et donc sur
l’économie « réelle ». Il n’y a plus, chez Keynes, « dichotomie » (séparation) entre les
phénomènes monétaires et les phénomènes réels.
La monnaie endogène
L'approche keynésienne
S'opposant aux classiques, Keynes' estime que la monnaie peut être demandée pour elle-même, du fait
de sa caractéristique intrinsèque : la liquidité. [...]
Pourquoi un consommateur détiendrait-il de la monnaie ? Pour trois raisons, affirme Keynes1 dans sa
Théorie générale: la transaction, la précaution, la spéculation.
En premier lieu, les dépenses d'un agent se font rarement immédiatement après l'encaissement de son
revenu. Sachant qu'il devra faire face à un certain niveau de dépenses futures [...], l'agent souhaite
détenir un volume correspondant de monnaie pour y faire face: c'est le motif de transaction. Il dépend
du revenu et de la propension à consommer de chacun.
Malgré tout, les agents ne peuvent être certains du niveau exact des dépenses qu'ils devront assumer
dans l'avenir, car ils évoluent dans un monde d'incertitude. Par sûreté, ils vont donc garder un certain
volume d'argent liquide pour faire face à des dépenses inopinées [...]. C'est ce que Keynes appelle le
motif de précaution, motif qui dépend lui aussi du revenu.
Enfin, troisième motif, la spéculation. [...] A l'inverse des cas précédents, ce n'est plus le revenu qui
joue un rôle dans l'arbitrage de l'agent, entre la consommation et l'épargne, mais le taux d'intérêt. [...]
Si le prix des actifs financiers est très élevé et que le taux d'intérêt est faible, les agents économiques
auront tendance à vendre leurs actifs et à différer leurs achats en attendant la baisse des prix. On
détiendra alors une grande quantité de monnaie dans l'attente d'un moment plus favorable pour l'achat
des actifs. En revanche si le prix des actifs financiers est très faible et que le taux d'intérêt est élevé, on
aura tendance à acheter des actifs et à différer les ventes en attendant un prix plus favorable. Les
encaisses monétaires seront alors réduites au maximum, au profit des actifs financiers. "
Il existe donc une préférence pour la liquidité, par rapport aux actifs rapportant un intérêt. Cette
demande varie de façon inverse au taux d'intérêt. En deçà d'un certain taux d'intérêt cependant, les
agents préféreront conserver toute leur monnaie sous forme d'encaisses oisives.
G. Le Solleu, Pas d'économie sans monnaie, Hatier, 1993.
1. J. M. Keynes (1883-1946) : économiste anglais, auteur notamment de la Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie (1936).
1. Recherchez la définition des « encaisses oisives » et de la « propension à
consommer».
= montants de monnaie détenus sans rapporter aucun intérêt
propension à consommer = part du revenu consacré à la consommation = C / R
2. La monnaie peut-elle être désirée pour elle-même ? Oui dans 3 cas :
- transaction : pour faire face à des dépenses (ménages ou entreprises) alors que le
revenu n’a pas encore été perçu
- précaution : pour faire face à des dépenses inattendues qui dépasseront peut-être le
revenu
- spéculation : en prévision de placements financiers futurs dont on espère qu’ils seront
plus rentables
La monnaie n’est donc pas un simple voile, elle peut être désirée pour elle-même et joue un
rôle dans le processus économique.
Les risques d’une création monétaire trop faible
l’analyse keynésienne de la création monétaire
C'est un des apports les plus importants de Keynes que d'avoir montré que la monnaie et sa
disponibilité jouaient en fait un rôle actif, central, dans le développement économique. L'excès de
monnaie et l'inflation qu'elle entraîne ne sont pas les seuls dysfonctionnements possibles. Dans un
monde la quantité de monnaie mise en circulation dépend désormais d'une multitude d'acteurs, la
trop grande parcimonie dans la création monétaire peut entraîner la récession et causer la déflation.
C'est la responsabilité de l'État d'éviter non seulement qu'il y ait trop de monnaie en circulation, mais
également qu'il y en ait trop peu.
Mais comment faire ? En théorie, les choses sont simples: il suffit de faire en sorte que la masse
monétaire, l'argent dont les acteurs économiques peuvent disposer rapidement pour leurs transactions,
s'accroisse en permanence de la quantité juste suffisante pour que l'activité économique se développe
de façon équilibrée, sans inflation.
Mais, de la théorie à la pratique, les problèmes sont nombreux. D'abord parce que la création
monétaire est un processus entièrement décentralisé, qui dépend essentiellement de r attitude des
banques commerciales face à leurs clients privés et des acteurs sur les marchés financiers. Un
processus difficile à piloter, précisément pour les banques centrales.
G. Duval, « Le crépuscule des agrégats monétaires », Alternatives économiques, 152, octobre 1997.
1. Quel est le risque redouté par les keynésiens ?
Les keynésiens redoutent, au contraire, qu'une création monétaire insuffisante freine la
croissance économique.
2. Comment la monnaie influence-t-elle le niveau de l'emploi, ceux de la production, de
l'investissement, des exportations, des importations, de la consommation?
Dans cette conception la monnaie trouve son origine au cœur des relations économiques.
Puisque la monnaie résulte d’une monétisation de créance, les activités économiques qui
donnent naissances aux créances et aux dettes sont donc à la source de la création monétaire.
A l’origine du circuit économique se situe la décision d’une banque de satisfaire la demande
de crédit d’une entreprise. Le « pari bancaire » consiste à évaluer la solvabilité des
demandeurs de crédits afin de maximiser le profit bancaire.
Lorsque la banque accorde le crédit, le circuit économique peut s’enclencher : l’entreprise
produit en achetant des moyens de productions aux autres entreprises et en distribuant des
revenus aux ménages. Ces revenus permettront d’assurer les débouchés à l’entreprise qui
pourra ainsi rembourser sa dette auprès de la banque et faire un profit. Quant au ménage, il
pourra confier son épargne à la banque : les crédits font donc les dépôts.
L’ensemble du processus économique résulte donc de la création monétaire : la monnaie fait
partie du processus économique et influence la production et la consommation, donc l’emploi
et la croissance.
3. Quel est l'objectif de la politique monétaire ?
L'objectif de la politique monétaire est de fournir aux agents économiques les liquidités dont
ils ont besoin sans, pour autant, relancer l'inflation.
Synthèse : Pour les keynésiens, la monnaie est créée à l'occasion d'opérations économiques
réelles (investissement, production, consommation) : la monnaie étant endogène, il est
possible d'orienter l'activité économique vers la croissance et l'emploi en rendant plus facile
l'accès à la monnaie (création de monnaie scripturale grâce à une baisse des taux d'intérêt qui
rendra, toutes choses égales par ailleurs, plus attractifs les crédits bancaires).
Ainsi, l'orientation de la politique monétaire est donc fortement tributaire des convictions
monétaires théoriques de ceux qui en sont chargés.
3. La politique monétaire
Les 2 logiques de la politique monétaire
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