
détenir un volume correspondant de monnaie pour y faire face: c'est le motif de transaction. Il dépend
du revenu et de la propension à consommer de chacun.
Malgré tout, les agents ne peuvent être certains du niveau exact des dépenses qu'ils devront assumer
dans l'avenir, car ils évoluent dans un monde d'incertitude. Par sûreté, ils vont donc garder un certain
volume d'argent liquide pour faire face à des dépenses inopinées [...]. C'est ce que Keynes appelle le
motif de précaution, motif qui dépend lui aussi du revenu.
Enfin, troisième motif, la spéculation. [...] A l'inverse des cas précédents, ce n'est plus le revenu qui
joue un rôle dans l'arbitrage de l'agent, entre la consommation et l'épargne, mais le taux d'intérêt. [...]
Si le prix des actifs financiers est très élevé et que le taux d'intérêt est faible, les agents économiques
auront tendance à vendre leurs actifs et à différer leurs achats en attendant la baisse des prix. On
détiendra alors une grande quantité de monnaie dans l'attente d'un moment plus favorable pour l'achat
des actifs. En revanche si le prix des actifs financiers est très faible et que le taux d'intérêt est élevé, on
aura tendance à acheter des actifs et à différer les ventes en attendant un prix plus favorable. Les
encaisses monétaires seront alors réduites au maximum, au profit des actifs financiers. "
Il existe donc une préférence pour la liquidité, par rapport aux actifs rapportant un intérêt. Cette
demande varie de façon inverse au taux d'intérêt. En deçà d'un certain taux d'intérêt cependant, les
agents préféreront conserver toute leur monnaie sous forme d'encaisses oisives.
G. Le Solleu, Pas d'économie sans monnaie, Hatier, 1993.
1. J. M. Keynes (1883-1946) : économiste anglais, auteur notamment de la Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie (1936).
1. Recherchez la définition des « encaisses oisives » et de la « propension à
consommer».
= montants de monnaie détenus sans rapporter aucun intérêt
propension à consommer = part du revenu consacré à la consommation = C / R
2. La monnaie peut-elle être désirée pour elle-même ? Oui dans 3 cas :
- transaction : pour faire face à des dépenses (ménages ou entreprises) alors que le
revenu n’a pas encore été perçu
- précaution : pour faire face à des dépenses inattendues qui dépasseront peut-être le
revenu
- spéculation : en prévision de placements financiers futurs dont on espère qu’ils seront
plus rentables
La monnaie n’est donc pas un simple voile, elle peut être désirée pour elle-même et joue un
rôle dans le processus économique.
Les risques d’une création monétaire trop faible
l’analyse keynésienne de la création monétaire
C'est un des apports les plus importants de Keynes que d'avoir montré que la monnaie et sa
disponibilité jouaient en fait un rôle actif, central, dans le développement économique. L'excès de
monnaie et l'inflation qu'elle entraîne ne sont pas les seuls dysfonctionnements possibles. Dans un
monde où la quantité de monnaie mise en circulation dépend désormais d'une multitude d'acteurs, la
trop grande parcimonie dans la création monétaire peut entraîner la récession et causer la déflation.
C'est la responsabilité de l'État d'éviter non seulement qu'il y ait trop de monnaie en circulation, mais
également qu'il y en ait trop peu.
Mais comment faire ? En théorie, les choses sont simples: il suffit de faire en sorte que la masse
monétaire, l'argent dont les acteurs économiques peuvent disposer rapidement pour leurs transactions,
s'accroisse en permanence de la quantité juste suffisante pour que l'activité économique se développe
de façon équilibrée, sans inflation.
Mais, de la théorie à la pratique, les problèmes sont nombreux. D'abord parce que la création
monétaire est un processus entièrement décentralisé, qui dépend essentiellement de r attitude des