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INTRODUCTION GENERALE
1. CHOIX, OBJET ET INTERET DU SUJET
Après nous être rendu compte, dans nos lectures sur Kant, de la notion de
philosophie transcendantale dans ses œuvres critiques et de ses implications dans les
différents courants actuels, par rapport au sujet et à l’objet, dans la théorie de la
connaissance, le droit, la morale et, aujourd’hui, la physique quantique ; nous l’avons
choisi comme notre sujet de recherche, étant donné le caractère imposé par cette
pensée qui est en grande partie indépassable dans l’évolution de la pensée
philosophique. C’est en fait cette notion de la philosophie transcendantale ou critique
que nous allons essayer de comprendre, faisant une relecture des œuvres principales de
Kant. Ce travail s’inscrit dans l’une des branches de la philosophie : la métaphysique.
Il s’agit bien sûr de la métaphysique faisant couple avec la théorie de la connaissance,
et donc l’épistémologie. Par ailleurs, pour actualiser ce sujet, certaines notions de
morale kantienne s’avèrent importantes. L’intérêt que nous portons à ce sujet est celui
de tenter de donner aux lecteurs en philosophie, la possibilité d’avoir une position
chaque fois qu’ils entendront parler de Kant comme fossoyeur de la métaphysique ou
comme philosophe d’un criticisme abstrait et sans importance concrète ; et d’essayer
de comprendre pourquoi Kant fait toujours parler de lui.
Ce n'est pas au premier chef dans la perspective de la reconstitution historique
que le criticisme de Kant se trouve ici examiné : bien davantage s'agit-il d'en apprécier,
sans complaisance ni dédain, la fécondité pour nos réflexions et discussions d'aujourd'
hui. Après tant de bouleversements intellectuels, politiques, sociaux, esthétiques ou
culturels qui nous en séparent, comment peut-il se faire que l'œuvre de Kant demeure
présente, de façon si accentuée et à vrai dire unique, dans des courants aussi divers de
la philosophie contemporaine ? L'approche ici défendue, à travers une confrontation
avec les objections parfois sévères issues de ces courants (éthique de la discussion,
théorie de la justice, etc.), souligne l'originali et la fécondité d'une pensée qui a su
mettre au point une profonde mise en cause de la raison métaphysique sans détruire la
rationalité comme telle. En vue de mesurer l'ampleur des transformations criticistes de
la raison, ce travail conduit le lecteur dans un libre dialogue avec l'œuvre de Kant, des
interrogations les plus radicales sur la finitude humaine jusqu'aux questions les plus
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concrètes et les plus présentes sur le droit et les renouvellements contemporains du
cosmopolitisme.
La philosophie de Kant (le criticisme) est non seulement incontournable, elle est
aussi, pour l’essentiel, toujours actuelle, notamment dans le domaine de
l’épistémologie. Cette actualité lui est particulièrement reconnue par ceux qui tentent
de comprendre philosophiquement les propositions, les expériences, les énoncés ou le
formalisme mathématique qui est au fondement de la physique théorique et de la
mécanique quantique. B. d’Espagnat nous donne la preuve à travers ses ouvrages à
caractère épistémologique, toute la mesure de l’actualité du criticisme kantien. Cette
actualité de la pensée kantienne ne saurait laisser indifférent quiconque brûle d’envie
de la connaître en elle-même. Voilà qui justifie entre autres raisons (relatives à la
morale, au droit, etc.), notre décision d’étudier Kant, et qui nous a motivé à réaliser le
présent travail.
2. PROBLEMATIQUE
Emmanuel Kant s’est dit réveillé de son sommeil dogmatique par la critique de
Hume sur le principe de causalité. Il construit son système qui trouve son apogée avec
les trois ouvrages critiques (La Critique de la raison pure, La Critique de la raison
pratique, Critique de la faculté de juger). Il s’agit pour Kant de voir la raison
s’étudiant, se comprenant et se mettant en question elle-même. Il développe une
théorie de la connaissance mettant l’accent sur les cadres a priori que possède
l’homme ou qui sont en dehors de lui, comme fondement de toute connaissance. Ceux-
donnent aux intuitions ou au divers de la perception la forme d’une connaissance
organisée. Kant recherche le fondement de la science non dans l’expérience, mais dans
le sujet pensant. Il ne s’agit plus ici de l’empirique, mais du transcendantal, de la
forme qui organise la matière ou de l’entendement qui donne forme à la sensibilité.
Sous le nom d’analytique des concepts, il entend la décomposition jusqu’à lui peu
tentée, de la faculté même de l’entendement, pour examiner la possibilité des concepts
a priori en les cherchant uniquement dans l’entendement, comme dans leur vraie terre
natale, et en analysant l’usage pure de cette faculté en néral. Cette étude de
l’entendement, des principes de toute connaissance et même du fondement de la
morale constituera l’essentiel de la philosophie transcendantale de Kant dans le sens
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nous voulons l’aborder. Il appelle « transcendantale » toute connaissance qui ne
porte point en général sur les objets, mais sur notre manière de les connaitre, en tant
que cela est possible a priori ou sur nos concepts a priori des objets. Un système de
concepts de ce genre, Kant veut le comprendre comme une philosophie
transcendantale. Celle-ci s’occupe des principes de la synthèse a priori. Elle est une
critique a priori puisqu’elle n’a pas pour but d’étendre nos connaissances, mais de les
rectifier et de nous fournir une pierre de touche qui nous permet de reconnaitre la
valeur ou la non-valeur de toutes les connaissances a priori.
Dans sa philosophie transcendantale, Kant a limité la connaissance humaine
aux objets tels que nous les composons, c’est-à-dire aux phénomènes ; les réalités dont
nous n’avons nulle expérience sensible nous restant inconnaissables. Ainsi s’en suit-il
que, par cette doctrine qu’il appelle lui-même idéalisme transcendantal, toute forme de
métaphysique est bannie. Par ce fait, Kant a pu être considéré comme un fossoyeur de
la métaphysique par certains de ses lecteurs. Dans cette pensée transcendantale, Kant
affirme lui-même que le véritable problème de la raison pure se ramène finalement ou
est renfermé dans cette question : comment des jugements synthétiques a priori sont-ils
possibles ? Poser cette question revient aussi, selon Kant, à se demander comment la
science elle-même est possible. Telle est la question qui fonde la problématique de ce
travail. En effet, parlant de la métaphysique, Kant pense que si cette dernière est restée
dans un état précaire d’incertitude et de contradiction, la cause est imputable à ceci
uniquement que cette question, peut-être même la différence des jugements
analytiques et des jugements synthétiques, ne s’est pas présentée plus tôt aux Esprits.
3. HYPOTHESE ET METHODE
Comme nous venons de le dire dans le point précédant, sous le nom
d’analytique des principes, Kant entend la décomposition de la faculté même de
l’entendement, pour examiner la possibilité des concepts a priori en les cherchant
uniquement dans l’entendement et en analysant l’usage pur de cette faculté en général.
En effet, ce serait l’œuvre propre d’une philosophie transcendantale. Kant appelle
transcendantale toute connaissance qui ne porte point en général sur les objets, mais
sur notre manière de les connaitre, en tant que cela est possible a priori ou sur nos
concepts a priori des objets. Un système de concepts de ce genre serait une philosophie
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transcendantale. Celle-ci s’occuperait des principes de la synthèse a priori. Elle serait
une critique transcendantale puisqu’elle n’a pas pour but d’étendre nos connaissances,
mais de les rectifier et de nous fournir une pierre de touche qui nous permettrait de
reconnaitre la valeur ou la non valeur de toutes les connaissances a priori. Cette
critique servirait à préparer un organon ou un canon de la raison pure, d’après lequel
pourrait être exposé tant analytiquement que synthétiquement, le système complet de
la philosophie de la raison pure, que ce système consisterait à en étendre ou seulement
à en limiter la connaissance. Ce système n’a pas pour objet la nature des choses, mais
plutôt l’entendement qui juge de la nature des choses, et encore l’entendement
considéré au point de vue de sa connaissance a priori. Selon Kant donc, la philosophie
transcendantale serait l’idée d’une science dont la critique de la raison pure doit
esquisser tout le plan d’une manière architectonique, c’est-à-dire par principes, en
assurant pleinement la perfection et la solidité de toutes les pièces qui composent
l’édifice. Elle serait le système de tous les principes de la raison pure. La philosophie
transcendantale appartiendrait donc à la critique de la raison elle-même. Celle-ci
représente l’idée complète de celle-là, mais non pas la science même. La philosophie
transcendantale contiendrait alors une théorie des éléments de la raison pure et une
théorie de la méthode de cette même raison. La sensibilité et l’entendement
appartiennent à la philosophie transcendantale. En tant qu’elle doit contenir des
représentations a priori, qui constituent les conditions sous lesquelles les objets nous
sont donnés, la sensibilité appartient à la philosophie transcendantale. La théorie
transcendantale de la sensibilité doit former la première partie de la science des
éléments, puisque les conditions sous lesquelles seuls les objets nous sont donnés
précèdent nécessairement celles sous lesquelles ils sont pensés. Kant recherche dans le
sujet les formes a priori qui commencent par constituer l’objet entant que tel, et qui
rendent possibles les jugements synthétiques a priori dont la science est faite.
Quant à la méthode, nous utiliserons la méthode herméneutico-compréhensive.
Il s’agira pour nous d’essayer de dire autrement ce que Kant lui-même a dit.
Cependant, nous fournirons l’effort d’émettre un point de vue critique.
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4. ETAT DE LA QUESTION
Il est vrai que, dans le département de philosophie de l’Université de
Lubumbashi, plusieurs de nos prédécesseurs étudiants ont travaillé sur la philosophie
de Kant, mais ils n’ont pas encore touché d’une manière explicite à cette question
concernant le plan du système complet de la philosophie transcendantale.
La plupart d’entre eux ont parlé de la question du processus de la connaissance
savoir : Okitangongo Lokana, La contribution de la Critique de la raison pure de
Kant à la problématique de la connaissance , 1978-1979; Mpanga Umba Guy, La
connaissance humaine et ses erreurs dans le rapport entre le phénomène et le noumène
chez Kant, 1999-2000 ; Ngandu Dianda, Le pouvoir de la connaissance et les abus de
la raison pure chez Kant, 2001-2002), ce qui parait n’être qu’une partie de la
philosophie transcendantale ; alors que d’autres (Kananga Elvirawa Kumpala, La
nature de la morale selon E. Kant, 1999-2000 ; Kinkonde Makwaba, la modestie et sa
portée épistémologique chez E. Kant ; Banza Kalamba, Le principe kantien de la
dignité humaine et son impact sur la dignité de l’homme, 2002-2003 ; Mwembo
Mulemba, La conception de la morale chez E. Kant, 2005-2006 ; Mulamba Tshikudi
Pierre, La conception de la liberté chez Kant, 2006-2007) par contre ont évoqué les
questions relevant de la morale, notamment : le principe de la dignité humaine, la
valeur du devoir moral, la quiddité de la morale kantienne, la liberté, la modestie et sa
portée épistémologique. Dans le domaine de la métaphysique, quelques travaux ont été
élaborés, qui ont tantôt parlé de la chose en soi chez Kant, tantôt de la relation entre
phénomène et noumène ; ou alors du bannissement de la métaphysique pré-critique, de
l’esthétique critique et la question des Lumières. Nous avons pertorié deux travaux
qui ont traité des notions politiques, à savoir la mocratie et le problème de la paix
(Hombo Iyebel Daclô, Conception de la démocratie chez Kant, 1991-1992 ; Mwepu
Kazadi, Pour un renouvellement de la question de la paix chez E. Kant, 1995-1996)
L’un de tous ces travaux avait une formulation qui devrait normalement inclure
toute la philosophie transcendantale (Kanyinda Ntambo, Grandeur et limite de la
raison humaine chez Emmanuel Kant, 2001-2002), cependant nous nous sommes
rendu compte que la problématique de ce travail était aussi circonscrite dans le sillage
de la théorie de la connaissance, tournant autour des questions suivantes : quelle est la
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