proposition_kant_2016

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C Roche - Université catholique de Lille
Une relecture kantienne de l’économie politique classique
« Aussi loin que porte l’usage des jugements a
priori aussi porte le domaine de la philosophie »
Kant - prolégomènes
Ce travail est une relecture d’inspiration kantienne de la genèse de l’économie politique
classique, dont nous voulons montrer que l’histoire des idées a occulté un aspect essentiel. Se
référer à Kant signifie que nous voulons interroger la dimension ontologique de cette pensée
classique, c’est-à-dire la manière dont elle s’est constituée comme mode de connaissance
spécifique et à prétention scientifique de l’économie.
Or à la comprendre en ce sens on est conduit à questionner les conditions a priori qui
l’ont autorisée à se constituer ainsi : ces conditions étant d’ordre logique et politique
(précisément d’ordre institutionnel). Et nous opposerons cette approche à la méthode acritique des économistes, lesquels se sont limités à tracer le contenu positif des théories
classiques, se montrant incapables d’en montrer le caractère problématique
En référence à Schumpeter et Marx, nous mènerons ce débat en deux temps
Le marché en tant qu’objet de connaissance
Nous expliciterons d’abord, mais en termes économiques, cette notion de connaissance
possible qui est au cœur de la philosophie critique.
Pour Kant la valeur d’objectivité d’une connaissance s’explique par l’existence de
conditions a priori, lesquelles recouvrent la possibilité de connaître la réalité par l’expérience.
L’« objet de connaissance » se distingue donc du réel, dit « chose en soi », mais sera déterminé
par les contraintes de sa représentation et de sa quantification, contraintes qui définissent
pour Kant les règles d’un savoir à prétention scientifique.
Or s’il est une discipline qui relève de cette qualification c’est bien la connaissance
économique tant son rapport au réel dépend de la mesure monétaire. Et l’on regrettera que
l’histoire des idées l’ait ignoré : car derrière cette discussion c’est non seulement le sens, mais
la valeur même de la théorie économique qui se voit revisitée.
La théorie économique : un mode de connaissance institué
Partant notre propos sera de comprendre la pensée classique comme un effort pour
penser la réalité comme objet connaissable et préalable sur le plan logique à l’élaboration de
ses propres théories.
Et nous soulignerons deux points
 Cette notion d’objet de connaissance donne le sens originel de ce qu’on appelle le
marché, qui désigne in fine l’hypothèse d’homogénéité et d’interdépendance des transactions
dans un pays (alors qu’auparavant on pensait « les marchés » de façon éclatée)
 Cette définition dépend de deux conditions : la mesurabilité physique des biens que
Malthus et Ricardo ont pointée, mais aussi l’existence d’une institution financière efficiente
(implicite chez Ricardo, explicite chez Locke). En ce sens le savoir économique est institué
La conséquence sera évidemment que la validité de toute théorie économique dépend
de l’effectivité pratique de ces conditions. Et ce sera notre conclusion. Car tel a été le cas sur
une longue période, ce qui explique les succès de la science économique. Mais tel l’est de
moins en moins aujourd’hui : autant du fait de la dérive financière que de la montée d’une
économie de la connaissance par essence immesurable.
Là réside pour nous l’origine de la crise de la pensée économique
500 mots ( hors signature et citation en exergue)
Bibliographie spécifique :
Heidegger M – Kant et le problème de la métaphysique – 1981 - Gallimard
Kant I – Critique de la raison pure – Garnier Flammarion – 1982
- Prolégomènes à toute métaphysique future qui voudra se présenter comme
science – in Œuvres 2 – Gallimard – 1985
Locke J - several papers relating to money, interest and trade,– London Churchill -- 1696;
- Some considerations upon lowering the interest of money and raising the value of
money , further considerations on the value of money
Malthus T – Essai sur le principe de population – INED – 1980 – Trad Vilquin
Marx K – Critique de l’économie politique - In Marx - Oeuvres Economie - Tome premier Traduction M. Rubel et L. Evrard -Paris - la Pléiade NRF 1977 - 1538 pages
Marx K – Théories sur la plus value – Editions sociales – Paris – 1976
Mill J.S – Principes d’économie politique – 1894 – Trad. Roquet – gallica
Newton I - Principia mathematica - Traduction Marie-Françoise Biarnais - Paris - Collection
Epistémé Christian Bourgois - 1985 - 296 pages
Nonaka – Takeuchi – La connaissance créatrice : la dynamique de l’entreprise apprenante –
De Boeck – 1997
Pomian - Roche - L’évolution du management dans l’économie de la connaissance – Roche
Pomian – Economie & Humanismes Avr 2003 ( Repris dans « problèmes économiques »)
Popper K – La connaissance objective – 2009 – Flammarion
Ricardo D - Des principes de l'économie politique et de l'impôt - Traduction P. Constancio et
A. Fonteyraud - Champs Flammarion - 1977 - 376 pages
Schumpeter Joseph A - Histoire de l'analyse économique - Tome premier : l'âge des
fondateurs - traduction sous la direction de J. C. CASANOVA - Paris - NRF Gallimard - 1983
Smith A - Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations - Paris - NRF
Idées Gallimard 1976
Walras L - Eléments d'économie politique pure - Paris -PICHAUD et DURAND éditeurs 1952 - 486 pages
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