HÉRITAGE ET PROPHÉTIE
150 ans de grâce et de service
à l’Évangile
Lettre Circulaire du
P. Aquilino Bocos Merino, C.M.F.
Supérieur Général
Rome 1998
LES SIGLES LES PLUS UTILISÉS
1F - Décret sur la Formation (Chapitre Général, 1967)
AC - Annales Congregationis
AG CMF - Archives Générales Clarétaines
Aut - Saint Antoine-Marie Claret, Autobiographie
CC - Constitutions CMF
ColCC - Collection des circulaires des PP Généraux, Madrid, 1941
CPR - Le Clarétain dans le processus du renouveau congrégationnel (Chapitre Général, 1985)
DC - Déclaration sur le charisme (Chapitre Général, 1967)
EA - J. M. Viñas - J. Bermejo, San Antonio María Claret. Escritos autobiográficos, BAC, Madrid, 1991
EC - J.M. Gil, Epistolario Claretiano (I-II, Madrid, 1970; III, Madrid, 1987)
EsC - José Xifré, El espíritu de la Congregación, Madrid, 1949, 3 ed
EMP - En mission prophétique (Chapitre Général, 1997)
MCH - La mission du clarétain aujourd’hui (Chapitre Général, 1979)
MR - Instruction «Mutuae relationes» (1978)
Mss Claret - Manuscritos autógrafos, AG CMF
NPVM - Notre projet de vie missionnaire (Commentaire aux Constitutions, 1989-1991)
PE - Déclaration sur le patrimoine spirituel (Chapitre Général, 1967)
PGF - Plan Général de Formation. Rome, 1994
RM - Redemptoris missio, 1990
SP - Serviteurs de la Parole (Chapitre Général, 1991)
VC - Vita Consecrata, 1995
À tous les Missionnaires Clarétains
Chers Missionnaires,
Que Dieu le Père, le Fils et l’Esprit Saint, qui anime, renouvelle et perfectionne toute chose, vous remplisse
de joie et d’espérance dans le service du Royaume.
Le 16 juillet 1999 s’approche, date jubilaire de notre Congrégation. Cela marquera les 150 ans de la
fondation de cette petite première communauté de Missionnaires Fils du Cœur Immaculé de Marie dans le
séminaire de Vic (Barcelone, Espagne). Que ce jour où le Seigneur a agi, «soit notre joie et notre allégresse»1.
En regardant l’avenir, nous nous rappelerons et commémorerons avec joie le début et le cheminement de la
«grande œuvre». Nous ferons nôtre tout ce qu’il y a eu de grâce et de service à l’Évangile, de miséricorde divine
et de fidélité humaine à travers les générations. Nous rendons grâce pour les faits de vie qui sont aujourd’hui des
signes d’espoir pour demain. C’est pour cette raison que, en annonçant officiellement cette célébration, je vous
invite à chanter avec le psalmiste: «Rendez grâces au Seigneur parce qu’il est bon, éternelle est sa
miséricorde»2.
Ces fêtes jubilaires sont appelées à devenir une célébration de la vie missionnaire et un stimulus pour
grandir en elle. Avec ce double but, ayant comme toile de fond l’expérience des six dernières années et les
orientations du dernier Chapitre Général, je veux, avec cette lettre circulaire, faire parvenir à tous les
Missionnaires de la Congrégation une invitation fraternelle à vivre dans la joie cet événement et quelques
réflexions qui nous aideront à répondre aux défis les plus marquants dans notre vie missionnaire. Je consacrerai
la première partie à héritage charismatique: les origines et les dates marquantes de notre histoire. Dans la
deuxième partie, sous le titre «Faire de notre héritage une prophétie», je parlerai de la dimension prophétique
dans notre vie missionnaire qui demande une attention spéciale: cheminer ensemble, fidélité, réconciliation avec
l’étude et le défi des vocations.
I
«J’ADORE MON HÉRITAGE»
Seigneur, mon partage et ma coupe,
C’est toi qui garantis mon sort:
La part qui me revient fait mes délices,
J’ai même le plus bel héritage.
(Ps 16,5-6)
1. Sans aucun mérite de notre part, par pure grâce, nous sommes Fils du Cœur Immaculé de Marie,
missionnaires clarétains. Nous aurions pu être une autre chose. Nous admettons qu’il y a beaucoup de possibilités
et de formes de vivre et de servir l’Évangile. Mais nous continuons à vivre dans cette Congrégation parce que
nous avons eu l’expérience que pour nous rien ne peut se comparer au don reçu. À partir d’une expérience
comparable à celle du psalmiste, nous affirmons: «Tu es mon bien». Nous sommes heureux d’avoir Dieu comme
le trésor de notre vie, de suivre Jésus-Christ selon le style de Claret dans cette famille religieuse. Oui, nous avons
eu un beau lot. Nous sommes heureux de notre sort. Nous n’hésitons pas à dire: «J’adore mon héritage».
1. La Congrégation en fête
C’est le temps de célébrer
2. C’est inné en nous de lébrer la fondation de notre Institut. L’Esprit qui sema hier la petite sémence
nous pousse aujourd’hui à rendre grâces parce que la bonté divine s’est fait et continue à se faire protection,
appui et force. N’est-ce pas tout ceci que nous avons experimenté tout au long de ces 150 ans? Par ailleurs, un
sentiment de joie partagée fait naître dans le cœur de chacun la beauté de l’idéal qui nous pousse, l’espoir pour
faire face aux défis et aux difficultés de chaque jour. Nous pourrions faire beaucoup de choses à l’occasion de cet
anniversaire, mais la première et la plus importante sera de le célébrer. Comment empêcher que notre mentalité
programmatrice et productive ne vide pas le sens le plus authentique de la fête? Les pauvres aiment célébrer les
fêtes. Les riches, comme ils ont tout, au lieu de célébrer, ils s’amusent. Leur obsession de posséder et de paraître
ne leur permet pas de jouir. Les pauvres, même s’ils manquent de tout, apprécient ce qu’ils ont et le partagent.
Vous le savez bien, vous qui vivez avec eux et qui partagez leur sort. Puissions-nous le célébrer à leur façon! Qui
sait si ce que nous ne réussissons pas à faire avec nos projets nous l’aurons comme fruit de cette célébration! À
travers la fête, on atteint la communion, on brise les frontières, on oublie les plaintes et l’on multiplie les efforts
pour se réjouir. La gratuité, la tendresse, le bénévolat, le pardon, la confiance, si souvent présents dans la fête
avec force, font fuir tout ce que le travail quotidien apporte d’obscur, de négatif et douloureux. Tout ce qui est
beau est au rendez-vous de la fête. Son éclat nous fait oublier la douleur de ce qui est éphémère, la croix du
travail, la souffrance de la lutte.
Les célébrations dans le passé
3. Célébrer en communauté l’anniversaire de la fondation a toujours été une tradition dans la
Congrégation3. Le Père Fondateur invita M. José Caixal pour commémorer le premier anniversaire de la
rencontre avec les frères. Vingt ans plus tard, il écrivait au Supérieur Général, le P. José Xifré: «Jésus et Marie
ont fondé la sainte Congrégation il y a vingt ans aujourd’hui; et on a continué jusqu’à maintenant où le Seigneur
a permis cette persécution que nous subissons non pas pour l’éteindre mais plutôt pour l’agrandir et la faire
étendre»4. La Congrégation a célébré, d’une manière spéciale, les 50, les 75 et les 100 ans de la fondation5.
Quelque chose d’inconnu a dû arriver au 50e anniversaire à cause de la maladie grave du P. Xifré. Un
témoignage de cet événement fut la publication de la «Historia de la Congregación» du P. Mariano Aguilar6,
la vitalité du jeune Institut est si bien reflétée. En 1924, avec le bref «Inter religiosas familias», Pie XI approuvait
solennellement les Constitutions et la Congrégation. De nouveaux horizons universels s’ouvraient à la
Congrégation. L’année du centenaire (1949), la Congrégation, irriguée abondemment par le sang des martyrs, se
réjouissait de se voir solidement établie dans plusieurs continents. L’année après, on a eu la joie de fêter la
canonisation du Père Fondateur. Comme fruit de la célébration du centenaire et de la canonisation, on a décidé de
s’établir au Japon7.
Comment célébrer aujourd’hui?
4. Ces dernières années, la sensibilité des personnes et des groupes sociaux face aux fêtes jubilaires a
changé beaucoup. On ne privilégie pas aujourd’hui l’ostentation extérieure ni les festivités grandioses qui
souvent servent à nourrir l’autocomplaisance et le prestige social, mais on cherche plutôt à réaffirmer son
identité, le renouveau de la communauté en fête et l’élan missionnaire. C’est une occasion de regarder notre
petite histoire comme dans un miroir pour ainsi retirer des leçons pour continuer à avancer dans l’inspiration
charismatique avec plus de fidélité. On cherche, avant tout, la rencontre avec nos origines; on veut partager ce
que la vie apporte pour faire face, avec un dynamisme nouveau, à ce que nous réserve l’avenir. On fait ressortir
les éléments intégrants de toute commémoration solennelle: une pause dans la vie de tous les jours, la gratuité et
la joie, la priorité de la communauté entière, le mémorial de l’événement qui recrée la communauté dans son
passage à travers le temps, la communion des valeurs auxquelles la communauté croit et sur lesquelles elle
s’appuie. Tous ces éléments devraient être présents, d’une façon ou d’une autre, à la célébration de nos fêtes
jubilaires.
5. Dans la pratique, nous devons prendre ce 150e anniversaire comme une occasion idéale de reconnaître le
don de Dieu et d’en remercier le Seigneur; une occasion de louange et de bénédiction pour demander pardon et
miséricorde; de révision et de régénération de notre propre identité; de développer la solidarité et relancer
l’engagement évangélisateur. C’est ainsi que la Congrégation devra entrer dans cette fête. Nous avons une
occasion de «raviver la joyeuse expérience de notre appartenance à une Communauté héritière d’un style de vie
et d’un ministère apostolique prophétiques par lesquels Dieu continue à visiter son Peuple»8. De ce point de
vue, l’exhortation post synodale «Vita Consecrata» acquiert tout son sens: «Vous n’avez pas seulement à vous
rappeler et à raconter une histoire glorieuse, mais vous avez à construire une grande histoire! Regardez vers
l’avenir où L’Esprit vous envoie pour faire encore avec vous de grandes choses»9.
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