L`Union européenne, entre puissance et faiblesse De toutes les

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L’Union européenne, entre puissance et faiblesse
De toutes les organisations régionales au monde, l’U.E est la plus aboutie. La dynamique
d'intégration, initiée par le traité de Rome et les différents traités signés ces dernières années
(Maastricht, Amsterdam, Nice) ont permis un renforcement considérable du poids de l’UE
dans le monde.
L’Union fait la force : L’UE élargie à 27 pays en 2007, ce sont 460 millions d’habitants
(7% de la pop mondiale) qui se répartissent sur environ 4 millions de km², c’est un PIB
cumulé supérieur à 18 000 milliards de dollars, soit environ 30 % du RNB mondial. EU =
23%, 3,7× celui du Japon et 4× celui de la Chine…).
La réussite économique, largement facilitée par l’intégration, fait de l’Union Européenne
un pôle important à l’échelle internationale, à côté la puissance des Etats-Unis et de celle du
Japon + l’Asie du SE. Toutefois, à la différence de ses deux principaux concurrents et
partenaires, l’UE connaît de profondes inégalités internes et une construction communautaire
en devenir ; elle peine aussi à défendre ses intérêts dans les négociations internationales
parlant rarement d’une seule voix. Ainsi la puissance de l’UE est à relativiser : la puissance
économique est incontestable mais elle masque un manque d’unité et des disparités
importantes. Le PIB/hab. (2009) permet de révéler cette faiblesse de l’UE :
UE (à 27) = 31900 $/hab.
Etats-Unis = 46000 $/hab.
Japon = 32600 $/hab.
La puissance de l’UE peut-elle être remise en cause par son manque d’unité ?
I- Un espace de puissance mondiale
Quelles sont les manifestations de la puissance économique de l’UE ?
1) Un espace de production majeur de la Triade
a- Une agriculture performante

Des résultats impressionnants
C’est une activité de premier plan malgré un poids relatif réduit. Cette activité reste très
importante en Europe par la place qu’elle occupe dans l’espace, le rôle qu’elle joue au plan
environnemental mais aussi dans la société européenne, avec un très fort lobbying au plan
politique1… même si elle ne contribue qu’à 1,2% du RNB européen et n’occupe que moins de
1
Histoire agraire importante en Europe
1
5% des actifs en 2008. L’UE est le 1er importateur et exportateur de produits agricoles
mondial et en valeur elle possède le 2ème PIB agricole mondial derrière les Etats-Unis2.
Ces résultats sont le reflet d’une agriculture productiviste, c’est-à-dire une agriculture
intensive aux rendements parmi les plus élevés au monde (+ de 4500 kg/ha3), et aux méthodes
de production modernes industrialisées et tertiarisées (forte intégration à l’industrie
agroalimentaire). C’est une agriculture largement autosuffisante pour l’agriculture vivrière,
elle importe surtout des produits exotiques.
Ainsi l’agriculture de l’UE se caractérise par :
 Quelques points forts : céréales, élevage, viticulture, arboriculture fruitière,
cultures florales (Pays-Bas = 60% exportations mondiales)
 Une bonne valorisation par les industries agroalimentaires : Danone, Nestlé,
Lactalis, Pernod-Ricard
 Une forte capacité d’exportation
Pour autant cette activité reste duale :
- Un secteur de grandes exploitations mécanisées et performantes en Europe du Nord
ouest
- Un secteur paysan souvent en difficulté, notamment dans les moyennes montagnes de
l’Europe de l’Ouest, mais aussi à l’Est dans les agricultures qui sortent du système socialiste.

La PAC : instrument de la réussite
Les fondements de la PAC sont :
- Marché unique : La PAC est la plus ancienne et la plus importante des politiques
communes que mènent ensemble les pays européens. Elle a été décidée lors de la signature du
traité de Rome en 1957.
- Préférence communautaire : Acheter les produits de manière privilégiée au partenaire de
l’UE.
- Solidarité financière : FEOGA4
Les objectifs ont été atteints et parfois dépassés :
- Augmenter la productivité et par là même la production agricole ; l’UE, de non
autosuffisante est devenue largement exportatrice.
136 milliards de $ pour l’UE contre 171 milliards de $ pour les EU en 2008
EU = 6700 kg/ha ; Mali = 1100 kg/ha
4
Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole
2
3
2
- Garantir aux consommateurs la sécurité et la régularité d'approvisionnement en denrées
alimentaires à des prix raisonnables
- Stabiliser les marchés agricoles + assurer aux agriculteurs un niveau de vie équitable à
parité avec les autres catégories socioprofessionnelles grâce aux prix garantis.
Mais cette politique a connu une crise et des réformes:
- Multiplication des excédents, des surproductions or l’UE s’était engagée à racheter les
productions si les agriculteurs ne trouvaient pas preneur = coût de + en + élevé au plan
financier avec d’importantes subventions publiques (70% du budget européen il y a 20 ans,
les subventions représentaient 35% du chiffre d’affaires des agriculteurs).
- Effets pervers du productivisme, notamment en matière d’environnement, mais aussi au
plan de la sécurité sanitaire (cf. vache folle)
- Des réformes nécessaires et successives (1992, 1999 et 2003) pour réduire et mieux
répartir les subventions (baisser les prix garantis et subventionner les producteurs suivants le
type de culture)
b- La 1ère industrie mondiale

Puissance et évolution de l’industrie européenne
Même si l’UE est considérée comme un ensemble postindustriel, le secteur secondaire
reste un secteur important : 27% du RNB et de la population active de l’UE, + de 25% de la
production mondiale (8 pays membres parmi les 20 plus grandes puissances, 4 parmi les 10
premières5)
Berceau de la RI, l’Europe conserve de cet héritage des positions fortes dans les industries
qui ont été les moteurs de la croissance jusqu’aux 1970’s. Malgré la crise qui a touché les
industries traditionnelles par la suite, l’industrie continue de jouer un rôle majeur en Europe et
l’on ne peut pas parler de désindustrialisation. Toutefois cela c’est traduit par de profondes
mutations sectorielles et territoriales :
- Les réductions d’emploi sont souvent compensées par des gains de productivité
- De nombreux emplois industriels sont externalisés développant donc en parallèle des
activités de services périproductifs ; en fait le tiers des emplois tertiaires est directement lié à
l’industrie
- Crise des Pays Noirs
- Délocalisation
5
Etats-Unis – Japon – Chine – Allemagne – RU – France – Italie – Corée du Sud – Canada – Mexique
3
- Développement des industries en zone périurbaine

Une large gamme de productions
- Les secteurs à faible contenu technique sont en repli comme le textile et l’habillement, la
chaussure, le jouet, le mobilier, en difficulté face à l’ouverture des frontières à la Chine et
l’Inde en 2005
Des secteurs très dynamiques aussi :
- La sidérurgie : 20 % de l’acier (Arcelor Mittal, ThyssenKrupp…)
- L'automobile : 26% de la production mondiale en 2008 (Volkswagen6 2e, Daimler7 5e,
Renault-Nissan 6e) des sociétés européennes ont même pu racheter de grands fabricants
étrangers : Renault et Nissan, Daimler Chrysler et Mitsubishi. De plus, les firmes européennes
produisent les voitures les plus prestigieuses au monde (comme Rolls-Royce8, Bentley,
Ferrari…)
- La chimie, pharmacie (BASF, Bayer, Sanofi-Aventis… premier rang mondial avec des
productions très diversifiées)
- Energie : industrie pétrolière (Total, BP, Shell), nucléaire (AREVA)
- Des activités nouvelles de pointe comme l’aéronautique, l’aérospatiale avec EADS
(European Aeraunotic Defense and Space compagny): l’Europe a d’ailleurs réussi de grands
paris scientifiques comme Ariane Espace (+ de 50 % des satellites ont été lancés par Ariane.)
ou Airbus (n° 1 de la construction aéronautique mondiale depuis 2003). Dans le cadre des
NTIC elle occupe la première place mondiale dans la téléphonie mobile (Nokia est le premier
fabricant mondial et la norme GSM est la plus répandue)
- Luxe et Cosmétique : l’Oréal + LVMH (Louis Vuitton Moêt Hennessy) = leader mondial
de l’industrie du luxe

Une faiblesse dans le secteur des hautes technologies
Toutefois l’UE ne soutient pas la comparaison avec le Japon et les EU en matière
d’informatique, d’électronique, de manière générale dans les NTIC (multimédia, commerce
électronique, logiciels, microélectronique, composants, serveurs…). Lorsque l’on connaît
l’importance des NTIC dans le cadre de la 3ème RI et de la mondialisation on mesure l’enjeu
de cette faiblesse européenne.
6
Audi, Seat, Skoda, Porsche, Bentley
Mercedes, Smart
8
Appartient à BMW
7
4
Chaque année, le Forum économique mondial publie le « Networked Readiness Index »,
un indice défini en fonction de la place, l'usage et le bénéfice que peut tirer un pays des
Technologies de l'Information et des Communications.
Le classement montre bien la faiblesse (relative) de l’UE en
matière de NTIC. 3 pays membres font partis des 10 premiers
mais parmi ces Etats on relève l’absence de grande puissance de
l’UE. Les NTIC semble surtout profiter aux pays du N de
l’Europe. L’Asie orientale (Singapour 1e, HK, Corée du Sud et
Taïwan entre la 8e et la 15e place, Japon 21e) et les EU sont
mieux placés.
Le RU arrive 13e, l’Allemagne 14e et la France 18e ce qui est peu
par rapport à la 5e place des EU.
Ce point noir s’explique par la Faiblesse de l’investissement dans la RD et le fait qu’il n’y
ait pas de politique industrielle commune dans l’Union, pas de concertation entre les pays de
l’Union, ce qui équivaut à une dispersion des forces9.
Conséquence = une compétitivité insuffisante face aux rivaux américains et asiatiques
c- Un dynamisme conquérant dans le secteur des services
L’Union occupe la première place dans les échanges internationaux de services (25%),
devant les États-Unis (22%.).

Le secteur tertiaire occupe en moyenne 7 salariés sur 10 en Europe et produit plus
de 70 % du RNB

Une balance des services globalement excédentaire avec quelques points forts :
transports, (Air France-KLM), la Grande distribution (Carrefour) opérateurs de
télécommunications, (Deutsche Telecom, Vodafone…), banques (HSBC) et
assurances (AXA, Generali).
7 pays européens sont dans les 10 premiers exportateurs de services dans le monde : RU,
Allemagne et France (membres du G8) arrivent en 2ème, 3ème, 4ème position derrière les EU et
devant le Japon.
L’UE est également la première puissance touristique du monde : elle est la 1ère zone
d’accueil10 (53% des touristes en 2008) et la 1ère zone de départ (en 2002, plus de 57% des
touristes partaient d’Europe). Cette primauté s’explique par une capacité et une qualité
9
Voir II-2
France n.1 avec 75 millions de touristes
10
5
d’accueil importante, un patrimoine mondialement connu et un ensemble d’activités très
diversifiées.
Cette situation du secteur tertiaire caractérise une économie postindustrielle : les
échanges, les communications, la sphère des loisirs connaissent un essor continu dans des
sociétés à haut niveau de vie, où la consommation et la recherche du temps libre sont
devenues des valeurs centrales. En parallèle, l’UE est un des pôles de la mondialisation. De
fait les activités juridiques, de conseil, de placements financiers, d’assurance, de gestion y
sont très denses.
2) La première puissance commerciale mondiale
Cette 1ère place est renforcée par le fait que l’UE parle d’une seule voix dans toutes les
négociations internationales ou à l’OMC par l’intermédiaire du commissaire européen chargé
du commerce (accord entre Parlement, Commission et Etats).
a- L’importance des échanges
Première puissance commerciale mondiale, l'Union européenne (UE) représente 20 % du
volume total des importations et exportations mondiales. Si l’on inclut les flux intraeuropéens, l’UE concentrerait 39% des échanges mondiaux de marchandises et 43,5% des
échanges mondiaux de services.
L’UE est 1er exportateur et 1e importateur (hors flux intraUE). C'est en 2008 que l'UE devient la première puissance
importatrice de la planète. Elle est au cœur des échanges
mondiaux en étant:

le premier partenaire commercial des États-Unis

le premier partenaire commercial de la Chine et de l’Inde

le premier partenaire commercial de la Russie

le premier partenaire commercial des pays composant le
Mercosur

le premier partenaire commercial de la Corée du Sud

le premier partenaire commercial des pays composant
l'OPEP
Dans tous les cas de figure, l’UE est le pôle principal du commerce mondial mais sa
puissance est à relativiser selon que l’on prenne en compte les flux intra-européens ou pas.
Sans les prendre en compte, l’UE et les EU ont une puissance commerciale équivalente.
6
Les échanges intracommunautaires sont donc d’une intensité exceptionnelle (60% du
commerce de l'Union au total). Ils témoignent d’une véritable imbrication des économies
européennes très interdépendantes les unes des autres et d’une relative indépendance à l’égard
de l’extérieur. Ils sont le symbole de la réussite économique de la construction européenne
mais ils sont révélateurs également du poids relatif de l’UE à l’échelle mondiale (Voir II-2)
b- La nature des échanges
Les échanges réalisés par l’UE sont caractéristiques par leur nature d’un pôle de la
Triade :

Les secteurs déficitaires (importations
>
exportations) sont ceux qui concernent
les produits bruts ou peu élaborés donc à faible valeur ajoutée = produits agricoles,
miniers, hydrocarbures, textiles.

Les secteurs excédentaires (exportations > importations) sont ceux qui concernent
les produits à haute valeur ajoutée et les services, symbole d’une économie
tertiarisée où les hautes technologies sont importantes.
c- Les principaux partenaires commerciaux
Naturellement dans le cadre d’une mondialisation asymétrique dont elle est un des centres,
l’UE commerce essentiellement avec les deux autres grands pôles de la Triade. Les EU sont
les principaux partenaires vers lesquels les exportations sont massives et le solde commercial
excédentaire. Il existe une certaine dépendance commerciale à l’égard des Etats-Unis,
principal client malgré le fait qu’ils usent de mesures de rétorsion commerciales pour obtenir
gain de cause dans les conflits de toutes natures qui les opposent à l'Union.
Le commerce avec l’Asie (surtout Japon et Chine) vient en 2ème position et est déficitaire.
L’Afrique, le Moyen Orient et l’Amérique latine, globalement moins développés, occupent
une place secondaire. A noter toutefois la place relativement importante de l’Afrique : c’est
l’expression d’un lien historique né de la colonisation qui donne à l’Europe une place
particulière en Afrique, renforcée par le statut commercial spécifique que tiennent les pays
d’Afrique (46 pays) des accords ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique11).
11
Accords de Lomé en 1975, conférence de Cotonou en 2000 = Elle met en place principalement des
préférences tarifaires donnant accès à ces pays au marché européen ainsi que des fonds spéciaux destinés à
garantir la stabilité des prix à l'achat pour les produits agricoles et miniers
7
L’UE passe également des accords d’association avec des partenaires privilégiés : Pays
méditerranéens (partenariats décidés lors de la conférence de Barcelone en 1995, projet
d’Union de la Méditerranée lancée par Sarkozy en 2008)
3) La puissance financière
a- Des entreprises aux dimensions internationales
L’UE est possède de nombreuses FTN/FMN, souvent parmi les plus dynamiques au
monde :

44 entreprises parmi les 100 plus importantes FTN du monde (27 pour les EU),
161 parmi les 500 plus importantes.

Les FTN européenne réalisent 32,6% du chiffre d’affaires des 500 plus grandes
entreprises mondiales en 200812

9 entreprises européennes sont parmi les 20 plus puissantes FTN en 2010 (10 en
2008), la 2ème est européenne également (Shell).
Par le biais de fusion, de concentration, de puissants groupes ont pu se développer. Il
existe même des entreprises véritablement européenne : EADS (Airbus), Arcelor (Sidérurgie),
Aventis (Chimie, pharmacie), Thalès (électronique, satellites).
Une présence dans le monde entier du fait des délocalisations d’unités de production vers
des pays à coûts salariaux faibles ou sur des marchés à conquérir (en particulier ce qui
concerne les puissantes entreprises européennes de l’automobile).
b- Des activités financières de premier plan
12
Etats-Unis = 28% ; Japon = 13,6% ; Chine = 7,4%
8
L’UE est le siège des quelques plus grandes banques mondiales (HSBC, Royal Bank of
Scotland, BNP Paribas, Crédit agricole, Deutsche Bank...). Elle occupe une place
prépondérante :

dans la cotation des sociétés (NYSE-Euronext13 = première bourse mondiale =
symbole de la domination de la Triade = interconnexion des bourses de ces pays).

dans la cotation de matières premières (LSE = première place de cotation : café
robusta, cuivre, plomb, zinc, aluminium...).

dans la création et la vente de produits financiers sophistiqués (produits dérivés...).
Société générale est le leader mondial des produits dérivés sur actions.

dans la gestion de fortune (paradis fiscaux luxembourgeois, monégasque,
londonien...).
En 2007, pour la première fois depuis 1914, la capitalisation boursière des places
européennes (15 720 milliards $) a dépassé celles des États-Unis (15 640 milliards $)
c- Les investissements de l’UE
IDE reçus
IDE investis
En milliards de $
Union
européenne
(19 pays membres de
l’OCDE)
19972006
2007
4324,6
1er pays de l’UE
*****
Part de l’UE
Etats-Unis
Japon
Total OCDE
63%
1637,2
53,4
6836,3
En milliards de $
2008
19972006
2007
2008
1021
526
5325,4
1371
934
Luxembourg
186
64,4%
276
23
1583
France
97
51,5%
320
24
1021
RU
276
67,7%
399
74
2024
France
200
57,2%
332
128
1631
*****
65,9%
1580,4
330,9
8078,1
L’importance des IDE européens témoigne de la puissance, de la compétitivité et de la forte implication
des entreprises européennes dans la mondialisation. L’UE est la 1ère zone émettrice et la 1ère zone d’accueil.
En 2000, elle représentait 50% du stock d’IDE mondial. Au sein des pays de l’OCDE, l’UE représente les 2/3
du stock d’IDE.
Les IDE européens sont en forte augmentation vers l’Asie orientale et les IDE étrangers viennent
majoritairement des EU et du Japon. Malgré tout on remarque que la plupart des IDE sont
intracommunautaires.
13
Né en 2007 de la fusion le New York Stock Exchange et le groupe Euronext. Le groupe Euronext a existé
entre 2000 et 2007 : il était une grande bourse de valeurs en Europe, place de marché issue de la fusion des
Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Porto et du LIFFE (London International Financial Futures
and Options Exchange)
9
La répartition géographique des IDE tend à renforcer les inégalités spatiales (Voir III)
 Polarisation des IDE sur les métropoles : Londres, Paris et dans la mégalopole
Pourquoi dans les métropoles ? :
 Proximité des principaux marchés de consommation à haut niveau de vie
 Utilisation d’une main d’œuvre industrielle qualifiée + accès à un potentiel de
recherche.
 Proximité des nœuds de communication.
Les investissements européens sont également importants dans le cadre de l’aide au
développement car elle fournit plus de 50% de celle-ci14.
En 2007, les principaux donneurs en volume étaient les États-Unis (21,7 milliards de $),
suivis de l'Allemagne (12,3), la France (9,9), le Royaume-Uni (9,9) et le Japon (7,7). Seuls 5
pays ont dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB préconisé par les Nations Unies pour l’APD15 :
le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède. Ceux sont également les
pays de l’UE qui en général augmentent le plus le niveau de leur aide d’une année sur
l’autre (l’Italie a augmenté son aide de 48,5% entre 2006 et 2007).
d- La réussite de l’Euro
L’euro est un symbole évident de la réussite commune de l’Union, le signe concret
d’appartenance à une communauté (même si le RU, le Danemark et la Suède se sont refusés à
faire partie de la zone euro préférant garder leur monnaie nationale). L’euro est un facteur
d’harmonisation des économies et un créateur de puissance économique. L’euro évite toute
fluctuation des changes entre partenaires européens ce qui facilite les échanges. L’euro offre
une meilleure transparence des prix, favorise la concurrence mais aussi les voyages. L’euro
favorise l’interdépendance des Etats qui doivent mener des politiques économiques
convergentes (L’Allemagne et la France donnent cependant le mauvais exemple avec
l’irrespect de certains critères de convergence comme le seuil de déficit budgétaire fixé à 3%
du PIB et régulièrement dépassé).
La création de l’euro est une réussite et la monnaie européenne est en train de devenir une
monnaie de réserve16 mais le dollar reste dominant dans les échanges internationaux.
Actuellement le taux de change de l’Euro par rapport au $ pénalise les exportations
14
http://www.oecd.org/dataoecd/47/23/41724396.pdf
Aide Publique au Développement = l'ensemble des aides financières, prévues au budget de l'Etat, et transférés
les pays en voie de développement
16
C’est une devise utilisée par les banques centrales pour constituer des réserves de change.
15
10
européennes (même si cela diminue le coût de certaines importations comme les
hydrocarbures dont le cours est fixé en $)
II- Facteurs et limites de la puissance de l’Union européenne
La 1ère place de l’UE dans la plupart des domaines doit être soumise à une critique
détaillée. Ainsi il est possible de distinguer des éléments qui permettront d’expliquer sa place
et qui lui permettront de la conserver. Malgré tout plusieurs points doivent précisés afin de
relativiser cette puissance.
1) Les atouts de l’Union européenne
a- Un héritage commercial et industriel
L’Europe a connu Une ouverture précoce au monde et une tradition de négoce
international :

A partir du 11ème siècle les échanges sont de plus en plus centrés sur le continent
européen : l'économie d'échanges s'est développée en Europe dès le Moyen Âge
avec la tradition du négoce (développement des échanges entre la Flandre et
l’Italie du Nord, commerce des villes hanséatiques notamment Brême et
Hambourg, rôle de Londres, Amsterdam un peu plus tard…). L’Europe était d’ores
et déjà ouverte sur l’Orient par l’intermédiaire de la Méditerranée.

Les Grandes découvertes et la colonisation ont ensuite élargi ses horizons au
monde entier entre le XVIème siècle et le XIXème siècle.

La création récente d’un grand marché unique dans l’UE a généré une
modernisation des structures et constitué un facteur de dynamisme

Aujourd'hui, les pays européens sont les plus ouverts du monde : une grande partie
de leur économie repose sur le commerce international.
Initiatrice de la révolution agricole et industrielle, forte d'une longue domination de
l'économie et des échanges mondiaux, l'Europe occidentale a su accumuler savoir-faire et
capacités techniques et financières. Jusqu’à la 1ère GM, l’Europe domine unilatéralement le
monde. Jusqu’à la 2ème GM, il reste le centre mondial même si le centre de gravité c’est
rapproché des EU.
Au prix d'un effort constant, parfois douloureux socialement (chômage), de modernisation
de ses structures économiques (ex : le secteur des charbonnages, sidérurgie…), le vieux
continent a pu maintenir ses positions face à de nouveaux concurrents.
11
b- Une population nombreuse, riche et qualifiée
Le troisième foyer de peuplement à la surface du globe avec 490 millions d'habitants en
2009 ; l'Union européenne à 27 est ainsi le plus peuplé des pôles de la Triade. Elle possède un
pouvoir d'achat élevé malgré d'importantes inégalités (PIB/hab. = 33700 $ en 200817), et
forme ainsi un des marchés de consommation les plus importants et attractifs de la planète.
La population active possède un haut niveau de qualification de grâce à des systèmes
éducatifs performants. L’Europe est riche de lieux de culture et d’enseignement réputés telles
que les anciennes universités (La Sorbonne, Oxford, Cambridge…). Cela permet aux
entreprises de disposer d'une main d’œuvre productive dotée d'un savoir-faire peu partagé et
d'une forte capacité d'adaptation.
L’élargissement à 27 accroît le potentiel démographique et de consommation de l'Union,
en permettant à de nouvelles populations d'accéder à terme à une élévation de leur niveau de
vie.
c- Des réseaux de transport performants
Dans le cadre d’une mondialisation portée par les transports maritimes, l’UE possède trois
façades maritimes dont une d’importance mondiale :

Le Northern Range (du Havre à Hambourg)
« Du Havre à Hambourg, sur plus d’un millier de kilomètres de côtes, le littoral de la mer du Nord et de la Manche présente une
des plus formidables concentrations d’équipements portuaires au monde. La quinzaine de ports qui composent ce Range nordeuropéen ont vu passer en 1997 quelque 850 millions de tonnes de marchandises, soit 44% du trafic de l’ensemble des ports
européens et sensiblement autant que l’ensemble des ports nord-américains réunis. Ici se trouve l’un des lieux majeurs de la
mondialisation…, l’interface principale entre l’économie européenne, un des trois pôles de production de richesses dans le monde,
et ses partenaires, clients ou fournisseurs de matières premières et de produits manufacturés. »
Philippe SUBRA, « Les ports du Range nord européen, entre concurrence, mondialisation et luttes environnementales »,
Hérodote, n°93, 1999, p.106-107
Les ports de Rotterdam, Hambourg et Anvers font partie des 20 premiers mondiaux

Les ports de la Méditerranée : lien entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe ; quelques
ports de rang mondial (Marseille 36ème pour le tonnage, Gioia Tauro 28ème pour les
conteneurs en 2007)

Les ports du littoral britannique de la Mer du Nord : exploitation des
hydrocarbures
Elle a une forte densité de réseaux de transport modernes et rapides ce qui est un facteur
essentiel de développement et d'attractivité = mise en relation des grandes régions urbaines de
17
EU = 46900 ; Japon = 34000
12
l'ouest de l'Union, puis desserte des régions plus périphériques et enfin bientôt les nouveaux
pays membres.
Très forte accessibilité l'espace communautaire, profitable aussi bien aux entreprises
européennes qu'à leurs partenaires étrangers. De grands travaux mettent en relation toutes les
parties de l’UE : Tunnel sous la Manche, le pont sur l’Oresünd, Tunnel du Saint Gothard
Si l'essentiel du trafic interne reste terrestre (route, voies ferrées), les grands ports
(Rotterdam) et aéroports internationaux (Francfort, Londres, Paris…) sont autant d'interfaces
performantes avec le reste du monde et figurent parmi les plus fréquentés du monde :

Londres18, Paris, Francfort sont respectivement les 3e, 5e et 9e aéroports mondiaux
en nombre de passagers en 2008
d- Des métropoles de rang mondial19
On considère généralement que l’UE possède 2 villes-monde (villes alpha ou villes
globale), Londres et Paris. Elles se caractérisent par :
-
Reconnaissance internationale de la ville. Un exemple de cette reconnaissance est le
nom, tel qu'il est reconnu en tant que tel et non confondu avec un autre terme.
-
Être au centre d'une conurbation et avoir une aire urbaine vaste et peuplée.
-
Avoir plusieurs sièges sociaux d'entreprises mondiales, être un lieu important de
négoce, ou bien être le siège d'organismes internationaux.
-
-
Avoir une interconnexion facile entre la ville et le reste du monde :

Aéroports que relient la plupart des grandes lignes aériennes internationales.

Nœud d'autres moyens terrestres de transport (routier et ferroviaire).

Infrastructures avancées en termes de télécommunications.
Influence et participation aux événements internationaux d'importance mondiale, par
exemple les grandes réunions sportives (comme les Jeux olympiques), politiques et
sociales.
-
Animation culturelle propre, avec des festivals de cinéma, de musique, des galeries
d'art, des manifestations répertoriées sur les calendriers internationaux, etc.
18
19
-
Atmosphère et population cosmopolites.
-
Proposition de services rares.
Heathrow = 67 millions de passagers/an
Voir les différents classements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_mondiale
13
D’autres métropoles européennes ont une importance mondiale mais à une échelle
moindre (souvent liée à une activité spécifique): Francfort (finance), Bruxelles (capitale
politique européenne), Amsterdam, Barcelone, Milan, Madrid…
d- Des politiques communautaires volontaristes
Marché commun (1958) puis UE + PAC + accords de Schengen + l’Euro….= Mise en
place de mesures qui ont favorisé le développement de l’UE20.
2) Les limites de la puissance européenne
a- Les faiblesses intrinsèques à la communauté européenne21
Le poids politique faible de l’UE dans le monde constitue un handicap face aux
grandes puissances du XXIème siècle, les Etats-Unis et la Chine face aux enjeux décisifs
de ce siècle, notamment en matière de libéralisation des échanges mais aussi et surtout en
matière de politique extérieure, de sécurité et de paix (cf. division de l’UE sur la question
de la guerre d’Irak en 2003).
L’UE est toujours dépendante au niveau militaire
Les EU ont par deux fois libéré l’Europe et restauré la démocratie au cours des conflits fratricides du XXème siècle, puis
assuré sa défense dans la guerre froide face à l’URSS, notamment par le biais de l’OTAN. Echec de la CED du fait du refus
de la France de ratifier le traité en 1954 (peur de réarmer Allemagne). Une dépendance liée au morcellement politique de
l’Europe à sa difficulté à développer un processus d’unification politique, et à sa difficulté à définir une politique étrangère et
de défense commune (PESC) :
 Les nouveaux pays de l’UE se sont empressés d’adhérer à l’OTAN, la Pologne, les Etats baltes = symbole faiblesse UE
Les intérêts voire les égoïsmes nationaux prévalent encore largement sur la logique
communautaire dans de multiples domaines. Par exemple le budget communautaire est
trop faible pour être vraiment efficace : 1.27 % du PIB commun seulement ; les marges de
manœuvre en sont réduites d’autant.
Ainsi l’avenir de l’UE se pose toujours dans les mêmes termes :

Devenir une vaste zone de libre-échange, comme le souhaitent le RU et les pays
scandinaves, une zone extensible à souhait où l’identité européenne se dilue
totalement, en abandonnant par là même toute prétention à devenir une puissance
politique capable de faire entendre sa voie sur la scène internationale
20
21
Voir cours sur l’Europe en histoire
Voir cours sur l’Europe en histoire
14

Se doter d’une structure fédérale démocratique qui multiplie les politiques
communes et qui soit en mesure de défendre le modèle européen pour faire de
l’Europe : une Europe-puissance face au concept restrictif de l’Europe-marché.
b- Une capacité d’innovation faiblement valorisée
L’Europe, berceau des deux premières révolutions industrielles, a longtemps été une
terre d'innovation mais elle a bien du mal aujourd'hui à consentir l'effort de recherche
nécessaire pour faire face à la suprématie américaine, notamment en matière de haute
technologie.
Enseignement supérieur, recherche scientifique et technologique mal dotés = Fuite des
cerveaux du fait de la modestie des crédits et du niveau trop faible des rémunérations. Ce
déficit provient également d’une insuffisante association des secteurs public et privé.
Une orientation trop privilégiée cependant sur les secteurs « traditionnels » de
l'industrie, au détriment des NTIC et des biotechnologies qui sont au cœur de la révolution
industrielle en cours.
Cette faiblesse est surtout le fait des pays méditerranéens et des nouveaux États
membres. Elle est moins marquée ailleurs, notamment en Scandinavie très bien
positionnée dans le domaine des TIC (Nokia, entreprise finlandaise).
En 2007, l’UE vient de se doter d’un Conseil européen de recherche (European Research Council, ERC)
qui a été doté de 7,5 milliards d’euros et qui a pour unique objectif de sélectionner les projets très innovants.
En 2007, l'UE a dépensé 230 milliards € dans la RD (1,85% du PIB) contre 270 milliards € (2,1% du PIB) pour
les USA et 118 milliards pour le Japon (2,6%)
Entre 1996 et 2006, l’UE a publié 2 571 961 articles scientifiques (publications d’avancées
scientifiques dans les journaux ou revues dont la notoriété internationale est reconnue dans les 21 disciplines
majeures des sciences) soit 88% de la quantité américaine, 3,25 fois plus que le Japon et 6 fois plus que la
Chine.
En ce qui concerne les publications de haute qualité (publications les plus citées dans la communauté
scientifique mondiale), l’UE a publié, sur la même période, 29 309 articles soit 54% du résultat américain, 5
fois plus que le Japon et 13 fois plus que la Chine
c- Des défis sociodémographiques qui hypothèquent l’avenir
 Le vieillissement démographique, rapide et préoccupant
Faible fécondité, inférieure depuis 30 ans au seuil de renouvellement, et faible
natalité : 9.5 à 10‰ /an en moyenne. Espérance de vie élevée et croissante, assez forte
mortalité liée à une structure par âge vieillie. Accroissement naturel réduit de + 0.5 ‰ /an
: l’un des plus bas du monde
15
Conséquences = Affaiblissement démographique : la part de la population européenne
par rapport à la population mondiale ne cesse de diminuer (25% en 1900, 11% en 2007).
Cette situation engendre des déficits croissants en matière sociale : Augmentation des
dépenses de santé, financement problématique des retraites, affaiblissement des capacités
d'innovation et de la consommation.
Ceci peut entrainer :
La réduction
de l'attractivité et du dynamisme de l'Union, concurrencée par les
marchés émergents d'Asie.
L’immigration est la première source de croissance démographique mais elle pose
aussi des problèmes sur le plan de l’intégration avec une montée des communautarismes.
Elle apparaît cependant comme une solution éventuelle à une future pénurie de main
d’œuvre.
 Le chômage : un fléau et une faiblesse structurelle.
Il est installé depuis les années 1970 et persiste même lors des embellies économiques,
et reflète les difficultés structurelles d'adaptation de l'économie et de la population active
aux mutations rendues nécessaires par l'acuité d'une concurrence devenue mondiale :
insuffisante mobilité et coût élevé de la main d’œuvre du fait du haut niveau des salaires.
Il est inégalement réparti, avec des niveaux élevés de chômage dans certains nouveaux
pays membres (Pologne, Slovaquie)
 Le modèle européen en question ?
Le modèle social européen
Le modèle social européen est une association entre le libéralisme économique et
l’intervention de l'État dans les domaines économique et social, avec un attachement aux
services publics et au dialogue social. D’importantes avancées sociales ont pu être
réalisées du temps de la croissance économique forte et du partage des fruits de cette
croissance. Cela c’est traduit par la mise en place de l’Etat-Providence durant les 30
glorieuses.
Ainsi des systèmes de protection sociale sans équivalent dans le monde ont pu être mis
en oeuvre : retraites, sécurité sociale, politique de la famille (Allocations familiales),
réglementation du travail (35 heures, RTT...) indemnisation du chômage, création de
revenus minimaux (SMIC)
16
Cependant suite au ralentissement de la croissance économique depuis le milieu des
70’s, il y a eu une remise en cause par la vague libérale venue des États-Unis. Amorce
dans le RU de Mme Thatcher à partir de 1979 avec des reculs massifs = réduction du rôle
de l’Etat (privatisation, réduction du nombre de fonctionnaires). Espagne, Portugal et
Italie ont suivi, Allemagne et France ont davantage résisté (mais leurs déficits publics
sont devenus colossaux).
Ce modèle est toujours remis en cause par l’incapacité à générer une croissance forte
en Europe : la croissance est en fait bloquée et la charge de la protection sociale devient
de plus en plus lourde…
D’importantes inégalités sociales
En valeur relative, l’UE est un espace de richesse développé. Dans l’absolu les écarts
sont importants entre les Etats et à l’intérieur des Etats :

L’Europe sociale est à plusieurs vitesses avec de grosses différences selon les
pays notamment, entre les pays d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe centrale
et orientale. L’harmonisation des politiques sociales n’est pas cependant pas à
l’ordre du jour.

A l’intérieur d’un même pays, des sociétés à deux vitesses se développent où
l’exclusion est devenue importante : en 2007, 13,4% des Français vivaient avec
moins de 60% du revenu moyen.
d- Une réalité complexe derrière des chiffres avantageux
L’UE est souvent présentée comme un bloc uni dont la puissance économique et
commerciale est indéniable (Voir I). Toutefois l’unité relève parfois de l’addition statistique
plus que de la réalité : la puissance européenne est d’abord…européenne. Toutes les
statistiques sont l’addition de capacités ou de performances nationales.

Les 2/3 du commerce européen sont réalisés à l’intérieur de l’UE, ainsi
l’importance mondiale de l’UE est à relativiser. Les pays de l’UE se
développement en grande partie grâce à l’UE22…ce qui est un signe de réussite
mais également une limite au niveau du rayonnement mondial.

Dans le même ordre d’idée, le poids des FTN européenne est à relativiser. Sur les
44 FTN du Top 100 nombreuses sont celles qui ne tirent en fait leurs bénéfices que
grâce aux échanges intra-européens. De plus, si dans le Top 10 l’UE est capable de
22
L’Allemagne réalise 60% de sa balance commerciale avec l’UE en 2008
17
placer 3 entreprises, il ne faut pas perdre de vue que celles-ci travaillent avant elles
dans leurs intérêts et rarement dans le but d’accentuer le poids de la construction
européenne. De fait les associer à la réussite de l’UE peut être critiquable.

Le sous-sol européen n’est plus très exploité ou ne recèle pas de grandes richesses.
Ainsi il y a une certaine dépendance énergétique surtout vis-à-vis des ressources
pétrolières : 50 % de l’énergie consommée dans l’UE provient de pays extérieurs à
l’Union, et cette proportion va croissante. Une grande partie de cette énergie est
fournie par la Russie, dont les conflits avec les pays de transit ont perturbé les
approvisionnements en gaz ces dernières années. En outre L'Europe importe en
provenance du Golfe Persique, autre région instable, 45% de ses importations
pétrolières.
III- L’organisation de l’espace européen
Ainsi l’UE ne forme pas un espace homogène, au contraire elle est marquée par l’existence de
plusieurs centres (puissance polycentrique) et par des contrastes importants.
Voir tableau « L’organisation de l’espace de l’UE »
1) Les espaces de commandement majeurs
Ils se situent essentiellement dans la Mégalopole européenne (région la plus riche, la plus
peuplée, la plus urbanisée et la plus dynamique de l’Union, du SE de la Grande Bretagne au
Nord de l’Italie en passant par l’Europe Rhénane et en incluant la Suisse= La dorsale
européenne). Un nouveau terme existe pour identifier ces espaces23 : le Pentagone européen
(région entre Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg/Berlin) = sur ces quelque 20 % de la
surface communautaire, vivent environ 40 % des habitants de l’Union européenne, qui
contribuent à hauteur d’environ 50 % au PIB communautaire total
a- Les régions motrices de l’UE
L'Europe rhénane, cœur de l'aire de puissance européenne
Il s’agit de l’espace qui s’organise le long du Rhin : Suisse, Alsace, SO de l’Allemagne,
Rhur, Flandres). Cette région transnationale est le noyau le plus dense de la mégalopole
européenne, formant le cœur industriel et urbain de l’UE. Elle est également un carrefour
Certains font partie des périphéries intégrées mais ce concept permet d’intégrer Paris, la Bavière et Berlin
avec la mégalopole
23
18
d’échanges majeur avec à proximité des régions dynamiques : le bassin de Londres, l'Italie du
Nord, la Bavière, le Nord-Pas-de-Calais. L’axe rhénan est pleinement intégré dans les
échanges mondiaux car le N de cet espace fait partie du Northern Range, une des plus
puissantes façades maritimes.
L’axe rhénan est également une région au pouvoir décisionnel important : les grandes
capitales de l’UE s’y trouvent (Strasbourg, Francfort, Bruxelles).
Le Sud de la Mégalopole : L’Italie du N
L’Italie fait partie du G8 et est classée 7ème au niveau du PIB mondial en 2008. Cette
puissance est essentiellement concentrée dans le N. Cet espace est dominant dans son pays
mais également au sein de l’Europe :
 + de 50% de la richesse italienne, plus faible taux de chômage, plus haut
PIB/hab., forte attractivité.
 La Lombardie et sa capitale Milan (+ de 3 millions d’habitants) forme le cœur
de cette région : carrefour de communications (gare de Farini = 1ère gare
européenne de marchandises), 2/3 des sièges sociaux d’entreprises, grandes
banques (Banca Commerciale) et sièges des télévisions, capitale de la mode
(D&G).
 Des villes puissantes aux alentours : Turin (usines Fiat), Venise (capitale
touristique), Gênes (grand port méditerranéen, 8ème européen)
 Grande région agricole de la plaine du Pô
b- Deux métropoles mondiales et régions capitales : Londres et Paris
Londres et Paris sont des métropoles de rang mondial car elles concentrent les pouvoirs
économiques, politiques et culturels. Elles polarisent un espace de plusieurs centaines de
kilomètres autour d’elles dynamisant les régions périphériques :
 Autour de Londres se trouve de nombreux technopoles, de nombreux centres
universitaires et un littoral touristique.
Par leur poids démographique elles sont incontournables dans l’UE :
 Aire urbaine de Paris = 11,7 millions ; aire urbaine de Londres = 13,9
millions24
24
Belgique = 10,4 millions, Portugal = 10,7 millions, Danemark = 5,5 millions (2009)
19
 Aucune autre ville en Europe ne dépasse les 5 millions d’habitants, donc un
poids écrasant au niveau national mais aussi au niveau européen.
La puissance économique est également sans équivalent : le PIB de Londres ou de Paris
est supérieur à celui de toute l’Afrique subsaharienne. Cette primauté provient d’une
capitalisation boursière importante, de la présence de nombreux sièges sociaux (la Défense =
1er quartier d’affaires en Europe).
L’attractivité de ces deux villes est également forte : elles sont des capitales touristiques
(29 millions à Paris, 15 millions à Londres), des capitales de la mode, des villes reconnues
pour leur qualité de vie (Paris est la 1ère ville mondiale pour le nombre de congrès, Londres
8ème).
De plus elles disposent d’une très forte densité de réseaux de transport modernes et de
gigantesques aéroports internationaux (Heathrow 3e et CDG 5e en 2008 pour le nombre de
passagers) qui leur assurent une accessibilité optimale, sans éviter malgré tout d'importants
problèmes de saturation.
2) Les périphéries intégrées
a- Les régions de puissance de second rang
Ces espaces ont une importance au niveau européen. Elles se caractérisent par :

La présence d’une métropole dynamique (Munich25, Barcelone) qui peut être une
capitale politique (Vienne26, Madrid)

Des espaces riches (pays scandinaves = PIB/hab. parmi les plus élevé au monde,
Danemark 7ème).

Des espaces attractifs (des zones touristiques importantes = Rome et ses alentours)

Des espaces aux industries puissantes (Vallée du Rhône = couloir de la chimie en
France)
b- Les régions d’intégration récentes
Il s’agit de régions de pays intégrés dans les années 80 essentiellement (sauf Irlande).
Elles ont connu un certain dynamisme qui leur a permis de s’intégrer aux principaux courants
d’échanges européens.
Siège de nombreuses grandes entreprises (BMW, Allianz, Siemens), grand centre d’édition (2 ème ville
mondiale), reconnue pour sa qualité de vie
26
Siège de l'OSCE, l'OPEP et diverses agences des Nations unies, comme l'Agence internationale de l'énergie
atomique ou l'ONUDI (ONU pour le développement industriel)
25
20

L’Irlande : forte croissance jusqu’en 2008 (supérieure à 5%) qui on fait parler d’un
« tigre celtique », a bénéficié de nombreux investissements étrangers et d’aides
européennes toutefois la crise de 2008 a frappé de plein fouet ce pays remettant en
cause son dynamisme (baisse du PIB de 3% en 2008)

L’Andalousie : région restait longtemps défavorisée (elle reste encore la 2ème
région la moins riche en Espagne), en plein développement27 aujourd’hui grâce à
une modernisation agricole lui permettant d’être une grande région exportatrice en
Europe et au tourisme (7 millions/an).

La région de Lisbonne : polarisation de la capitale portugaise (presque 30% de la
population, un PIB/hab. supérieur à la moyenne européenne). Une ville
« européenne » car deux agences de l'Union européenne ont leur siège à
Lisbonne (l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et l'Agence
européenne pour la sécurité maritime).

La région d’Athènes : macrocéphalie importante (+ de 33% de la population), ville
prestigieuse
c- Les régions industrielles en reconversion
Elles correspondent à des foyers de la RI touchés par la crise des industries traditionnelles
dans les 70’s. Aujourd’hui ces anciens espaces moteurs ont retrouvé un certain dynamisme en
s’orientant vers les hautes technologies (Silicon Glenn entre Glasgow et Edimbourg) ou le
tourisme (Musée Guggenheim à Bilbao construit sur d’anciens chantiers navals).
d- Les régions agricoles modernes
L’agriculture intensive ne concerne pas que la France de l’O et la Champagne mais ces
régions ne font pas partie d’un autre espace. Malgré tout, elles sont étroitement liées à
l’agrobusiness, symbole de la réussite de la PAC : bassin parisien et bassin de Londres,
Bretagne, Danemark (auxquels on peut rajouter l’Andalousie).
D’autres espaces peuvent être considérés comme intégrés :
27

Les littoraux méditerranéens (tourisme balnéaire)

Les Alpes (carrefour au cœur de l’Europe)
Croissance du PIB entre 1995 et 2005 (base 100 en 95) : 154 (Espagne 143, zone Euro 122)
21
3) Les espaces à intégration limitée ou en marge
En marge des régions centrales et dominantes, d’autres territoires cumulent les difficultés.
Elles représentent à peu près 22 % de la population de l’Union et 70 % des crédits des fonds
structurels de l’UE.
a- Des espaces en marge de la mondialisation
Des régions très diverses

Régions septentrionales et arctiques du nord de la Scandinavie, vastes espaces très peu
peuplés dans des conditions bioclimatiques extrêmes.

Régions méditerranéennes telles que le Mezzogiorno italien, certaines parties de la Grèce,
du Portugal et de l’Espagne (Estrémadure, Galice)

Régions de montagne plus ou moins enclavées (Ardennes, Massif central et Vosges en
France, montagnes ibériques, Highlands)

Des milieux insulaires : îles méditerranéennes ou archipels écossais

Des secteurs urbains marginalisés en difficulté voire en dérive
Des points communs
Ces régions se caractérisent généralement par des difficultés importantes expliquant en
partie leur marginalisation dans l’espace européen : des contraintes naturelles fortes (froid,
pentes fortes, sécheresse...), une mise en valeur difficile et coûteuse, une histoire marquée par
le déclin économique, l’exode rural et le vieillissement.
Des compensations cependant
Un tourisme diffus avec des résidences secondaires, parfois des stations de ski, des
espaces de détente pour les citadins, pour peu qu'elles soient relativement proches des zones
urbaines et demeurent accessibles.
Une agriculture traditionnelle qui suscite un regain d'intérêt face aux déconvenues de
l'agriculture productiviste (AOC, labels).
Des aides spécifiques du FEDER dont la durée et les objectifs varient selon la nature des
difficultés régionales.
b- Les espaces d’Europe de l’Est en transition vers l'économie de marché
Les Länder orientaux de l'Allemagne et les PECO membres de l'Union
Ils se caractérisent par un système productif avec d'importants retards en termes de
structures industrielles et agricoles et de gros écarts de productivité avec les anciens membres
de l’UE :
22

Part de l’agriculture encore très important (22% des actifs dans le secteur primaire)

Poids de l’industrie encore important aussi (33% des actifs)

Services sous-représentés (47% des actifs)
Toutefois une intégration progressive à l'économie européenne et mondiale est en cours
grâce une transition à l'économie de marché relativement avancée. Cette écolution est permise
grâce à l’afflux des capitaux étrangers, les aides de l’UE (FEDER), l’accès sans entraves
douanières au marché de consommation communautaire.
Les inégalités à l’intérieur de ces régions, à différentes échelles.
Certains États, comme la Slovénie, la République tchèque, la Pologne ou la Hongrie, plus
ouverts, devancent les États baltes et la Slovaquie.
À l'échelle régionale, les régions-capitales (Berlin, Prague, Budapest, Varsovie) et les
régions frontalières proches de l'Union à 15 captent les investissements et sont mieux
intégrées à l'économie communautaire que les autres, de plus en plus marginalisées. Les
secteurs modernisés côtoient les secteurs inadaptés en sursis, dans l’industrie comme dans
l’agriculture.
La convergence socio-économique entre ces régions orientales de l’Europe et le cœur de
l’UE prendra quelques années.
c- L’Europe d’outre-mer
Açores, Madère, îles atlantiques et caraïbes anglaises, DOM TOM français
Des régions périphériques du fait de l’éloignement (Distance Guadeloupe-Bruxelles = +
de 6900 km, Malouines-Bruxelles = 12700 km) et du retard de développement (des PIB/hab.
inférieur ou égal à 70% de la moyenne européenne).
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