L’Union européenne, entre puissance et faiblesse De toutes les organisations régionales au monde, l’U.E est la plus aboutie. La dynamique d'intégration, initiée par le traité de Rome et les différents traités signés ces dernières années (Maastricht, Amsterdam, Nice) ont permis un renforcement considérable du poids de l’UE dans le monde. L’Union fait la force : L’UE élargie à 27 pays en 2007, ce sont 460 millions d’habitants (7% de la pop mondiale) qui se répartissent sur environ 4 millions de km², c’est un PIB cumulé supérieur à 18 000 milliards de dollars, soit environ 30 % du RNB mondial. EU = 23%, 3,7× celui du Japon et 4× celui de la Chine…). La réussite économique, largement facilitée par l’intégration, fait de l’Union Européenne un pôle important à l’échelle internationale, à côté la puissance des Etats-Unis et de celle du Japon + l’Asie du SE. Toutefois, à la différence de ses deux principaux concurrents et partenaires, l’UE connaît de profondes inégalités internes et une construction communautaire en devenir ; elle peine aussi à défendre ses intérêts dans les négociations internationales parlant rarement d’une seule voix. Ainsi la puissance de l’UE est à relativiser : la puissance économique est incontestable mais elle masque un manque d’unité et des disparités importantes. Le PIB/hab. (2009) permet de révéler cette faiblesse de l’UE : UE (à 27) = 31900 $/hab. Etats-Unis = 46000 $/hab. Japon = 32600 $/hab. La puissance de l’UE peut-elle être remise en cause par son manque d’unité ? I- Un espace de puissance mondiale Quelles sont les manifestations de la puissance économique de l’UE ? 1) Un espace de production majeur de la Triade a- Une agriculture performante Des résultats impressionnants C’est une activité de premier plan malgré un poids relatif réduit. Cette activité reste très importante en Europe par la place qu’elle occupe dans l’espace, le rôle qu’elle joue au plan environnemental mais aussi dans la société européenne, avec un très fort lobbying au plan politique1… même si elle ne contribue qu’à 1,2% du RNB européen et n’occupe que moins de 1 Histoire agraire importante en Europe 1 5% des actifs en 2008. L’UE est le 1er importateur et exportateur de produits agricoles mondial et en valeur elle possède le 2ème PIB agricole mondial derrière les Etats-Unis2. Ces résultats sont le reflet d’une agriculture productiviste, c’est-à-dire une agriculture intensive aux rendements parmi les plus élevés au monde (+ de 4500 kg/ha3), et aux méthodes de production modernes industrialisées et tertiarisées (forte intégration à l’industrie agroalimentaire). C’est une agriculture largement autosuffisante pour l’agriculture vivrière, elle importe surtout des produits exotiques. Ainsi l’agriculture de l’UE se caractérise par : Quelques points forts : céréales, élevage, viticulture, arboriculture fruitière, cultures florales (Pays-Bas = 60% exportations mondiales) Une bonne valorisation par les industries agroalimentaires : Danone, Nestlé, Lactalis, Pernod-Ricard Une forte capacité d’exportation Pour autant cette activité reste duale : - Un secteur de grandes exploitations mécanisées et performantes en Europe du Nord ouest - Un secteur paysan souvent en difficulté, notamment dans les moyennes montagnes de l’Europe de l’Ouest, mais aussi à l’Est dans les agricultures qui sortent du système socialiste. La PAC : instrument de la réussite Les fondements de la PAC sont : - Marché unique : La PAC est la plus ancienne et la plus importante des politiques communes que mènent ensemble les pays européens. Elle a été décidée lors de la signature du traité de Rome en 1957. - Préférence communautaire : Acheter les produits de manière privilégiée au partenaire de l’UE. - Solidarité financière : FEOGA4 Les objectifs ont été atteints et parfois dépassés : - Augmenter la productivité et par là même la production agricole ; l’UE, de non autosuffisante est devenue largement exportatrice. 136 milliards de $ pour l’UE contre 171 milliards de $ pour les EU en 2008 EU = 6700 kg/ha ; Mali = 1100 kg/ha 4 Fonds Européen d’Orientation et de Garantie Agricole 2 3 2 - Garantir aux consommateurs la sécurité et la régularité d'approvisionnement en denrées alimentaires à des prix raisonnables - Stabiliser les marchés agricoles + assurer aux agriculteurs un niveau de vie équitable à parité avec les autres catégories socioprofessionnelles grâce aux prix garantis. Mais cette politique a connu une crise et des réformes: - Multiplication des excédents, des surproductions or l’UE s’était engagée à racheter les productions si les agriculteurs ne trouvaient pas preneur = coût de + en + élevé au plan financier avec d’importantes subventions publiques (70% du budget européen il y a 20 ans, les subventions représentaient 35% du chiffre d’affaires des agriculteurs). - Effets pervers du productivisme, notamment en matière d’environnement, mais aussi au plan de la sécurité sanitaire (cf. vache folle) - Des réformes nécessaires et successives (1992, 1999 et 2003) pour réduire et mieux répartir les subventions (baisser les prix garantis et subventionner les producteurs suivants le type de culture) b- La 1ère industrie mondiale Puissance et évolution de l’industrie européenne Même si l’UE est considérée comme un ensemble postindustriel, le secteur secondaire reste un secteur important : 27% du RNB et de la population active de l’UE, + de 25% de la production mondiale (8 pays membres parmi les 20 plus grandes puissances, 4 parmi les 10 premières5) Berceau de la RI, l’Europe conserve de cet héritage des positions fortes dans les industries qui ont été les moteurs de la croissance jusqu’aux 1970’s. Malgré la crise qui a touché les industries traditionnelles par la suite, l’industrie continue de jouer un rôle majeur en Europe et l’on ne peut pas parler de désindustrialisation. Toutefois cela c’est traduit par de profondes mutations sectorielles et territoriales : - Les réductions d’emploi sont souvent compensées par des gains de productivité - De nombreux emplois industriels sont externalisés développant donc en parallèle des activités de services périproductifs ; en fait le tiers des emplois tertiaires est directement lié à l’industrie - Crise des Pays Noirs - Délocalisation 5 Etats-Unis – Japon – Chine – Allemagne – RU – France – Italie – Corée du Sud – Canada – Mexique 3 - Développement des industries en zone périurbaine Une large gamme de productions - Les secteurs à faible contenu technique sont en repli comme le textile et l’habillement, la chaussure, le jouet, le mobilier, en difficulté face à l’ouverture des frontières à la Chine et l’Inde en 2005 Des secteurs très dynamiques aussi : - La sidérurgie : 20 % de l’acier (Arcelor Mittal, ThyssenKrupp…) - L'automobile : 26% de la production mondiale en 2008 (Volkswagen6 2e, Daimler7 5e, Renault-Nissan 6e) des sociétés européennes ont même pu racheter de grands fabricants étrangers : Renault et Nissan, Daimler Chrysler et Mitsubishi. De plus, les firmes européennes produisent les voitures les plus prestigieuses au monde (comme Rolls-Royce8, Bentley, Ferrari…) - La chimie, pharmacie (BASF, Bayer, Sanofi-Aventis… premier rang mondial avec des productions très diversifiées) - Energie : industrie pétrolière (Total, BP, Shell), nucléaire (AREVA) - Des activités nouvelles de pointe comme l’aéronautique, l’aérospatiale avec EADS (European Aeraunotic Defense and Space compagny): l’Europe a d’ailleurs réussi de grands paris scientifiques comme Ariane Espace (+ de 50 % des satellites ont été lancés par Ariane.) ou Airbus (n° 1 de la construction aéronautique mondiale depuis 2003). Dans le cadre des NTIC elle occupe la première place mondiale dans la téléphonie mobile (Nokia est le premier fabricant mondial et la norme GSM est la plus répandue) - Luxe et Cosmétique : l’Oréal + LVMH (Louis Vuitton Moêt Hennessy) = leader mondial de l’industrie du luxe Une faiblesse dans le secteur des hautes technologies Toutefois l’UE ne soutient pas la comparaison avec le Japon et les EU en matière d’informatique, d’électronique, de manière générale dans les NTIC (multimédia, commerce électronique, logiciels, microélectronique, composants, serveurs…). Lorsque l’on connaît l’importance des NTIC dans le cadre de la 3ème RI et de la mondialisation on mesure l’enjeu de cette faiblesse européenne. 6 Audi, Seat, Skoda, Porsche, Bentley Mercedes, Smart 8 Appartient à BMW 7 4 Chaque année, le Forum économique mondial publie le « Networked Readiness Index », un indice défini en fonction de la place, l'usage et le bénéfice que peut tirer un pays des Technologies de l'Information et des Communications. Le classement montre bien la faiblesse (relative) de l’UE en matière de NTIC. 3 pays membres font partis des 10 premiers mais parmi ces Etats on relève l’absence de grande puissance de l’UE. Les NTIC semble surtout profiter aux pays du N de l’Europe. L’Asie orientale (Singapour 1e, HK, Corée du Sud et Taïwan entre la 8e et la 15e place, Japon 21e) et les EU sont mieux placés. Le RU arrive 13e, l’Allemagne 14e et la France 18e ce qui est peu par rapport à la 5e place des EU. Ce point noir s’explique par la Faiblesse de l’investissement dans la RD et le fait qu’il n’y ait pas de politique industrielle commune dans l’Union, pas de concertation entre les pays de l’Union, ce qui équivaut à une dispersion des forces9. Conséquence = une compétitivité insuffisante face aux rivaux américains et asiatiques c- Un dynamisme conquérant dans le secteur des services L’Union occupe la première place dans les échanges internationaux de services (25%), devant les États-Unis (22%.). Le secteur tertiaire occupe en moyenne 7 salariés sur 10 en Europe et produit plus de 70 % du RNB Une balance des services globalement excédentaire avec quelques points forts : transports, (Air France-KLM), la Grande distribution (Carrefour) opérateurs de télécommunications, (Deutsche Telecom, Vodafone…), banques (HSBC) et assurances (AXA, Generali). 7 pays européens sont dans les 10 premiers exportateurs de services dans le monde : RU, Allemagne et France (membres du G8) arrivent en 2ème, 3ème, 4ème position derrière les EU et devant le Japon. L’UE est également la première puissance touristique du monde : elle est la 1ère zone d’accueil10 (53% des touristes en 2008) et la 1ère zone de départ (en 2002, plus de 57% des touristes partaient d’Europe). Cette primauté s’explique par une capacité et une qualité 9 Voir II-2 France n.1 avec 75 millions de touristes 10 5 d’accueil importante, un patrimoine mondialement connu et un ensemble d’activités très diversifiées. Cette situation du secteur tertiaire caractérise une économie postindustrielle : les échanges, les communications, la sphère des loisirs connaissent un essor continu dans des sociétés à haut niveau de vie, où la consommation et la recherche du temps libre sont devenues des valeurs centrales. En parallèle, l’UE est un des pôles de la mondialisation. De fait les activités juridiques, de conseil, de placements financiers, d’assurance, de gestion y sont très denses. 2) La première puissance commerciale mondiale Cette 1ère place est renforcée par le fait que l’UE parle d’une seule voix dans toutes les négociations internationales ou à l’OMC par l’intermédiaire du commissaire européen chargé du commerce (accord entre Parlement, Commission et Etats). a- L’importance des échanges Première puissance commerciale mondiale, l'Union européenne (UE) représente 20 % du volume total des importations et exportations mondiales. Si l’on inclut les flux intraeuropéens, l’UE concentrerait 39% des échanges mondiaux de marchandises et 43,5% des échanges mondiaux de services. L’UE est 1er exportateur et 1e importateur (hors flux intraUE). C'est en 2008 que l'UE devient la première puissance importatrice de la planète. Elle est au cœur des échanges mondiaux en étant: le premier partenaire commercial des États-Unis le premier partenaire commercial de la Chine et de l’Inde le premier partenaire commercial de la Russie le premier partenaire commercial des pays composant le Mercosur le premier partenaire commercial de la Corée du Sud le premier partenaire commercial des pays composant l'OPEP Dans tous les cas de figure, l’UE est le pôle principal du commerce mondial mais sa puissance est à relativiser selon que l’on prenne en compte les flux intra-européens ou pas. Sans les prendre en compte, l’UE et les EU ont une puissance commerciale équivalente. 6 Les échanges intracommunautaires sont donc d’une intensité exceptionnelle (60% du commerce de l'Union au total). Ils témoignent d’une véritable imbrication des économies européennes très interdépendantes les unes des autres et d’une relative indépendance à l’égard de l’extérieur. Ils sont le symbole de la réussite économique de la construction européenne mais ils sont révélateurs également du poids relatif de l’UE à l’échelle mondiale (Voir II-2) b- La nature des échanges Les échanges réalisés par l’UE sont caractéristiques par leur nature d’un pôle de la Triade : Les secteurs déficitaires (importations > exportations) sont ceux qui concernent les produits bruts ou peu élaborés donc à faible valeur ajoutée = produits agricoles, miniers, hydrocarbures, textiles. Les secteurs excédentaires (exportations > importations) sont ceux qui concernent les produits à haute valeur ajoutée et les services, symbole d’une économie tertiarisée où les hautes technologies sont importantes. c- Les principaux partenaires commerciaux Naturellement dans le cadre d’une mondialisation asymétrique dont elle est un des centres, l’UE commerce essentiellement avec les deux autres grands pôles de la Triade. Les EU sont les principaux partenaires vers lesquels les exportations sont massives et le solde commercial excédentaire. Il existe une certaine dépendance commerciale à l’égard des Etats-Unis, principal client malgré le fait qu’ils usent de mesures de rétorsion commerciales pour obtenir gain de cause dans les conflits de toutes natures qui les opposent à l'Union. Le commerce avec l’Asie (surtout Japon et Chine) vient en 2ème position et est déficitaire. L’Afrique, le Moyen Orient et l’Amérique latine, globalement moins développés, occupent une place secondaire. A noter toutefois la place relativement importante de l’Afrique : c’est l’expression d’un lien historique né de la colonisation qui donne à l’Europe une place particulière en Afrique, renforcée par le statut commercial spécifique que tiennent les pays d’Afrique (46 pays) des accords ACP (Afrique-Caraïbes-Pacifique11). 11 Accords de Lomé en 1975, conférence de Cotonou en 2000 = Elle met en place principalement des préférences tarifaires donnant accès à ces pays au marché européen ainsi que des fonds spéciaux destinés à garantir la stabilité des prix à l'achat pour les produits agricoles et miniers 7 L’UE passe également des accords d’association avec des partenaires privilégiés : Pays méditerranéens (partenariats décidés lors de la conférence de Barcelone en 1995, projet d’Union de la Méditerranée lancée par Sarkozy en 2008) 3) La puissance financière a- Des entreprises aux dimensions internationales L’UE est possède de nombreuses FTN/FMN, souvent parmi les plus dynamiques au monde : 44 entreprises parmi les 100 plus importantes FTN du monde (27 pour les EU), 161 parmi les 500 plus importantes. Les FTN européenne réalisent 32,6% du chiffre d’affaires des 500 plus grandes entreprises mondiales en 200812 9 entreprises européennes sont parmi les 20 plus puissantes FTN en 2010 (10 en 2008), la 2ème est européenne également (Shell). Par le biais de fusion, de concentration, de puissants groupes ont pu se développer. Il existe même des entreprises véritablement européenne : EADS (Airbus), Arcelor (Sidérurgie), Aventis (Chimie, pharmacie), Thalès (électronique, satellites). Une présence dans le monde entier du fait des délocalisations d’unités de production vers des pays à coûts salariaux faibles ou sur des marchés à conquérir (en particulier ce qui concerne les puissantes entreprises européennes de l’automobile). b- Des activités financières de premier plan 12 Etats-Unis = 28% ; Japon = 13,6% ; Chine = 7,4% 8 L’UE est le siège des quelques plus grandes banques mondiales (HSBC, Royal Bank of Scotland, BNP Paribas, Crédit agricole, Deutsche Bank...). Elle occupe une place prépondérante : dans la cotation des sociétés (NYSE-Euronext13 = première bourse mondiale = symbole de la domination de la Triade = interconnexion des bourses de ces pays). dans la cotation de matières premières (LSE = première place de cotation : café robusta, cuivre, plomb, zinc, aluminium...). dans la création et la vente de produits financiers sophistiqués (produits dérivés...). Société générale est le leader mondial des produits dérivés sur actions. dans la gestion de fortune (paradis fiscaux luxembourgeois, monégasque, londonien...). En 2007, pour la première fois depuis 1914, la capitalisation boursière des places européennes (15 720 milliards $) a dépassé celles des États-Unis (15 640 milliards $) c- Les investissements de l’UE IDE reçus IDE investis En milliards de $ Union européenne (19 pays membres de l’OCDE) 19972006 2007 4324,6 1er pays de l’UE ***** Part de l’UE Etats-Unis Japon Total OCDE 63% 1637,2 53,4 6836,3 En milliards de $ 2008 19972006 2007 2008 1021 526 5325,4 1371 934 Luxembourg 186 64,4% 276 23 1583 France 97 51,5% 320 24 1021 RU 276 67,7% 399 74 2024 France 200 57,2% 332 128 1631 ***** 65,9% 1580,4 330,9 8078,1 L’importance des IDE européens témoigne de la puissance, de la compétitivité et de la forte implication des entreprises européennes dans la mondialisation. L’UE est la 1ère zone émettrice et la 1ère zone d’accueil. En 2000, elle représentait 50% du stock d’IDE mondial. Au sein des pays de l’OCDE, l’UE représente les 2/3 du stock d’IDE. Les IDE européens sont en forte augmentation vers l’Asie orientale et les IDE étrangers viennent majoritairement des EU et du Japon. Malgré tout on remarque que la plupart des IDE sont intracommunautaires. 13 Né en 2007 de la fusion le New York Stock Exchange et le groupe Euronext. Le groupe Euronext a existé entre 2000 et 2007 : il était une grande bourse de valeurs en Europe, place de marché issue de la fusion des Bourses de Paris, Amsterdam, Bruxelles, Lisbonne et Porto et du LIFFE (London International Financial Futures and Options Exchange) 9 La répartition géographique des IDE tend à renforcer les inégalités spatiales (Voir III) Polarisation des IDE sur les métropoles : Londres, Paris et dans la mégalopole Pourquoi dans les métropoles ? : Proximité des principaux marchés de consommation à haut niveau de vie Utilisation d’une main d’œuvre industrielle qualifiée + accès à un potentiel de recherche. Proximité des nœuds de communication. Les investissements européens sont également importants dans le cadre de l’aide au développement car elle fournit plus de 50% de celle-ci14. En 2007, les principaux donneurs en volume étaient les États-Unis (21,7 milliards de $), suivis de l'Allemagne (12,3), la France (9,9), le Royaume-Uni (9,9) et le Japon (7,7). Seuls 5 pays ont dépassé l’objectif de 0.7 % du RNB préconisé par les Nations Unies pour l’APD15 : le Danemark, le Luxembourg, la Norvège, les Pays-Bas et la Suède. Ceux sont également les pays de l’UE qui en général augmentent le plus le niveau de leur aide d’une année sur l’autre (l’Italie a augmenté son aide de 48,5% entre 2006 et 2007). d- La réussite de l’Euro L’euro est un symbole évident de la réussite commune de l’Union, le signe concret d’appartenance à une communauté (même si le RU, le Danemark et la Suède se sont refusés à faire partie de la zone euro préférant garder leur monnaie nationale). L’euro est un facteur d’harmonisation des économies et un créateur de puissance économique. L’euro évite toute fluctuation des changes entre partenaires européens ce qui facilite les échanges. L’euro offre une meilleure transparence des prix, favorise la concurrence mais aussi les voyages. L’euro favorise l’interdépendance des Etats qui doivent mener des politiques économiques convergentes (L’Allemagne et la France donnent cependant le mauvais exemple avec l’irrespect de certains critères de convergence comme le seuil de déficit budgétaire fixé à 3% du PIB et régulièrement dépassé). La création de l’euro est une réussite et la monnaie européenne est en train de devenir une monnaie de réserve16 mais le dollar reste dominant dans les échanges internationaux. Actuellement le taux de change de l’Euro par rapport au $ pénalise les exportations 14 http://www.oecd.org/dataoecd/47/23/41724396.pdf Aide Publique au Développement = l'ensemble des aides financières, prévues au budget de l'Etat, et transférés les pays en voie de développement 16 C’est une devise utilisée par les banques centrales pour constituer des réserves de change. 15 10 européennes (même si cela diminue le coût de certaines importations comme les hydrocarbures dont le cours est fixé en $) II- Facteurs et limites de la puissance de l’Union européenne La 1ère place de l’UE dans la plupart des domaines doit être soumise à une critique détaillée. Ainsi il est possible de distinguer des éléments qui permettront d’expliquer sa place et qui lui permettront de la conserver. Malgré tout plusieurs points doivent précisés afin de relativiser cette puissance. 1) Les atouts de l’Union européenne a- Un héritage commercial et industriel L’Europe a connu Une ouverture précoce au monde et une tradition de négoce international : A partir du 11ème siècle les échanges sont de plus en plus centrés sur le continent européen : l'économie d'échanges s'est développée en Europe dès le Moyen Âge avec la tradition du négoce (développement des échanges entre la Flandre et l’Italie du Nord, commerce des villes hanséatiques notamment Brême et Hambourg, rôle de Londres, Amsterdam un peu plus tard…). L’Europe était d’ores et déjà ouverte sur l’Orient par l’intermédiaire de la Méditerranée. Les Grandes découvertes et la colonisation ont ensuite élargi ses horizons au monde entier entre le XVIème siècle et le XIXème siècle. La création récente d’un grand marché unique dans l’UE a généré une modernisation des structures et constitué un facteur de dynamisme Aujourd'hui, les pays européens sont les plus ouverts du monde : une grande partie de leur économie repose sur le commerce international. Initiatrice de la révolution agricole et industrielle, forte d'une longue domination de l'économie et des échanges mondiaux, l'Europe occidentale a su accumuler savoir-faire et capacités techniques et financières. Jusqu’à la 1ère GM, l’Europe domine unilatéralement le monde. Jusqu’à la 2ème GM, il reste le centre mondial même si le centre de gravité c’est rapproché des EU. Au prix d'un effort constant, parfois douloureux socialement (chômage), de modernisation de ses structures économiques (ex : le secteur des charbonnages, sidérurgie…), le vieux continent a pu maintenir ses positions face à de nouveaux concurrents. 11 b- Une population nombreuse, riche et qualifiée Le troisième foyer de peuplement à la surface du globe avec 490 millions d'habitants en 2009 ; l'Union européenne à 27 est ainsi le plus peuplé des pôles de la Triade. Elle possède un pouvoir d'achat élevé malgré d'importantes inégalités (PIB/hab. = 33700 $ en 200817), et forme ainsi un des marchés de consommation les plus importants et attractifs de la planète. La population active possède un haut niveau de qualification de grâce à des systèmes éducatifs performants. L’Europe est riche de lieux de culture et d’enseignement réputés telles que les anciennes universités (La Sorbonne, Oxford, Cambridge…). Cela permet aux entreprises de disposer d'une main d’œuvre productive dotée d'un savoir-faire peu partagé et d'une forte capacité d'adaptation. L’élargissement à 27 accroît le potentiel démographique et de consommation de l'Union, en permettant à de nouvelles populations d'accéder à terme à une élévation de leur niveau de vie. c- Des réseaux de transport performants Dans le cadre d’une mondialisation portée par les transports maritimes, l’UE possède trois façades maritimes dont une d’importance mondiale : Le Northern Range (du Havre à Hambourg) « Du Havre à Hambourg, sur plus d’un millier de kilomètres de côtes, le littoral de la mer du Nord et de la Manche présente une des plus formidables concentrations d’équipements portuaires au monde. La quinzaine de ports qui composent ce Range nordeuropéen ont vu passer en 1997 quelque 850 millions de tonnes de marchandises, soit 44% du trafic de l’ensemble des ports européens et sensiblement autant que l’ensemble des ports nord-américains réunis. Ici se trouve l’un des lieux majeurs de la mondialisation…, l’interface principale entre l’économie européenne, un des trois pôles de production de richesses dans le monde, et ses partenaires, clients ou fournisseurs de matières premières et de produits manufacturés. » Philippe SUBRA, « Les ports du Range nord européen, entre concurrence, mondialisation et luttes environnementales », Hérodote, n°93, 1999, p.106-107 Les ports de Rotterdam, Hambourg et Anvers font partie des 20 premiers mondiaux Les ports de la Méditerranée : lien entre l’Afrique, l’Asie et l’Europe ; quelques ports de rang mondial (Marseille 36ème pour le tonnage, Gioia Tauro 28ème pour les conteneurs en 2007) Les ports du littoral britannique de la Mer du Nord : exploitation des hydrocarbures Elle a une forte densité de réseaux de transport modernes et rapides ce qui est un facteur essentiel de développement et d'attractivité = mise en relation des grandes régions urbaines de 17 EU = 46900 ; Japon = 34000 12 l'ouest de l'Union, puis desserte des régions plus périphériques et enfin bientôt les nouveaux pays membres. Très forte accessibilité l'espace communautaire, profitable aussi bien aux entreprises européennes qu'à leurs partenaires étrangers. De grands travaux mettent en relation toutes les parties de l’UE : Tunnel sous la Manche, le pont sur l’Oresünd, Tunnel du Saint Gothard Si l'essentiel du trafic interne reste terrestre (route, voies ferrées), les grands ports (Rotterdam) et aéroports internationaux (Francfort, Londres, Paris…) sont autant d'interfaces performantes avec le reste du monde et figurent parmi les plus fréquentés du monde : Londres18, Paris, Francfort sont respectivement les 3e, 5e et 9e aéroports mondiaux en nombre de passagers en 2008 d- Des métropoles de rang mondial19 On considère généralement que l’UE possède 2 villes-monde (villes alpha ou villes globale), Londres et Paris. Elles se caractérisent par : - Reconnaissance internationale de la ville. Un exemple de cette reconnaissance est le nom, tel qu'il est reconnu en tant que tel et non confondu avec un autre terme. - Être au centre d'une conurbation et avoir une aire urbaine vaste et peuplée. - Avoir plusieurs sièges sociaux d'entreprises mondiales, être un lieu important de négoce, ou bien être le siège d'organismes internationaux. - - Avoir une interconnexion facile entre la ville et le reste du monde : Aéroports que relient la plupart des grandes lignes aériennes internationales. Nœud d'autres moyens terrestres de transport (routier et ferroviaire). Infrastructures avancées en termes de télécommunications. Influence et participation aux événements internationaux d'importance mondiale, par exemple les grandes réunions sportives (comme les Jeux olympiques), politiques et sociales. - Animation culturelle propre, avec des festivals de cinéma, de musique, des galeries d'art, des manifestations répertoriées sur les calendriers internationaux, etc. 18 19 - Atmosphère et population cosmopolites. - Proposition de services rares. Heathrow = 67 millions de passagers/an Voir les différents classements : http://fr.wikipedia.org/wiki/Ville_mondiale 13 D’autres métropoles européennes ont une importance mondiale mais à une échelle moindre (souvent liée à une activité spécifique): Francfort (finance), Bruxelles (capitale politique européenne), Amsterdam, Barcelone, Milan, Madrid… d- Des politiques communautaires volontaristes Marché commun (1958) puis UE + PAC + accords de Schengen + l’Euro….= Mise en place de mesures qui ont favorisé le développement de l’UE20. 2) Les limites de la puissance européenne a- Les faiblesses intrinsèques à la communauté européenne21 Le poids politique faible de l’UE dans le monde constitue un handicap face aux grandes puissances du XXIème siècle, les Etats-Unis et la Chine face aux enjeux décisifs de ce siècle, notamment en matière de libéralisation des échanges mais aussi et surtout en matière de politique extérieure, de sécurité et de paix (cf. division de l’UE sur la question de la guerre d’Irak en 2003). L’UE est toujours dépendante au niveau militaire Les EU ont par deux fois libéré l’Europe et restauré la démocratie au cours des conflits fratricides du XXème siècle, puis assuré sa défense dans la guerre froide face à l’URSS, notamment par le biais de l’OTAN. Echec de la CED du fait du refus de la France de ratifier le traité en 1954 (peur de réarmer Allemagne). Une dépendance liée au morcellement politique de l’Europe à sa difficulté à développer un processus d’unification politique, et à sa difficulté à définir une politique étrangère et de défense commune (PESC) : Les nouveaux pays de l’UE se sont empressés d’adhérer à l’OTAN, la Pologne, les Etats baltes = symbole faiblesse UE Les intérêts voire les égoïsmes nationaux prévalent encore largement sur la logique communautaire dans de multiples domaines. Par exemple le budget communautaire est trop faible pour être vraiment efficace : 1.27 % du PIB commun seulement ; les marges de manœuvre en sont réduites d’autant. Ainsi l’avenir de l’UE se pose toujours dans les mêmes termes : Devenir une vaste zone de libre-échange, comme le souhaitent le RU et les pays scandinaves, une zone extensible à souhait où l’identité européenne se dilue totalement, en abandonnant par là même toute prétention à devenir une puissance politique capable de faire entendre sa voie sur la scène internationale 20 21 Voir cours sur l’Europe en histoire Voir cours sur l’Europe en histoire 14 Se doter d’une structure fédérale démocratique qui multiplie les politiques communes et qui soit en mesure de défendre le modèle européen pour faire de l’Europe : une Europe-puissance face au concept restrictif de l’Europe-marché. b- Une capacité d’innovation faiblement valorisée L’Europe, berceau des deux premières révolutions industrielles, a longtemps été une terre d'innovation mais elle a bien du mal aujourd'hui à consentir l'effort de recherche nécessaire pour faire face à la suprématie américaine, notamment en matière de haute technologie. Enseignement supérieur, recherche scientifique et technologique mal dotés = Fuite des cerveaux du fait de la modestie des crédits et du niveau trop faible des rémunérations. Ce déficit provient également d’une insuffisante association des secteurs public et privé. Une orientation trop privilégiée cependant sur les secteurs « traditionnels » de l'industrie, au détriment des NTIC et des biotechnologies qui sont au cœur de la révolution industrielle en cours. Cette faiblesse est surtout le fait des pays méditerranéens et des nouveaux États membres. Elle est moins marquée ailleurs, notamment en Scandinavie très bien positionnée dans le domaine des TIC (Nokia, entreprise finlandaise). En 2007, l’UE vient de se doter d’un Conseil européen de recherche (European Research Council, ERC) qui a été doté de 7,5 milliards d’euros et qui a pour unique objectif de sélectionner les projets très innovants. En 2007, l'UE a dépensé 230 milliards € dans la RD (1,85% du PIB) contre 270 milliards € (2,1% du PIB) pour les USA et 118 milliards pour le Japon (2,6%) Entre 1996 et 2006, l’UE a publié 2 571 961 articles scientifiques (publications d’avancées scientifiques dans les journaux ou revues dont la notoriété internationale est reconnue dans les 21 disciplines majeures des sciences) soit 88% de la quantité américaine, 3,25 fois plus que le Japon et 6 fois plus que la Chine. En ce qui concerne les publications de haute qualité (publications les plus citées dans la communauté scientifique mondiale), l’UE a publié, sur la même période, 29 309 articles soit 54% du résultat américain, 5 fois plus que le Japon et 13 fois plus que la Chine c- Des défis sociodémographiques qui hypothèquent l’avenir Le vieillissement démographique, rapide et préoccupant Faible fécondité, inférieure depuis 30 ans au seuil de renouvellement, et faible natalité : 9.5 à 10‰ /an en moyenne. Espérance de vie élevée et croissante, assez forte mortalité liée à une structure par âge vieillie. Accroissement naturel réduit de + 0.5 ‰ /an : l’un des plus bas du monde 15 Conséquences = Affaiblissement démographique : la part de la population européenne par rapport à la population mondiale ne cesse de diminuer (25% en 1900, 11% en 2007). Cette situation engendre des déficits croissants en matière sociale : Augmentation des dépenses de santé, financement problématique des retraites, affaiblissement des capacités d'innovation et de la consommation. Ceci peut entrainer : La réduction de l'attractivité et du dynamisme de l'Union, concurrencée par les marchés émergents d'Asie. L’immigration est la première source de croissance démographique mais elle pose aussi des problèmes sur le plan de l’intégration avec une montée des communautarismes. Elle apparaît cependant comme une solution éventuelle à une future pénurie de main d’œuvre. Le chômage : un fléau et une faiblesse structurelle. Il est installé depuis les années 1970 et persiste même lors des embellies économiques, et reflète les difficultés structurelles d'adaptation de l'économie et de la population active aux mutations rendues nécessaires par l'acuité d'une concurrence devenue mondiale : insuffisante mobilité et coût élevé de la main d’œuvre du fait du haut niveau des salaires. Il est inégalement réparti, avec des niveaux élevés de chômage dans certains nouveaux pays membres (Pologne, Slovaquie) Le modèle européen en question ? Le modèle social européen Le modèle social européen est une association entre le libéralisme économique et l’intervention de l'État dans les domaines économique et social, avec un attachement aux services publics et au dialogue social. D’importantes avancées sociales ont pu être réalisées du temps de la croissance économique forte et du partage des fruits de cette croissance. Cela c’est traduit par la mise en place de l’Etat-Providence durant les 30 glorieuses. Ainsi des systèmes de protection sociale sans équivalent dans le monde ont pu être mis en oeuvre : retraites, sécurité sociale, politique de la famille (Allocations familiales), réglementation du travail (35 heures, RTT...) indemnisation du chômage, création de revenus minimaux (SMIC) 16 Cependant suite au ralentissement de la croissance économique depuis le milieu des 70’s, il y a eu une remise en cause par la vague libérale venue des États-Unis. Amorce dans le RU de Mme Thatcher à partir de 1979 avec des reculs massifs = réduction du rôle de l’Etat (privatisation, réduction du nombre de fonctionnaires). Espagne, Portugal et Italie ont suivi, Allemagne et France ont davantage résisté (mais leurs déficits publics sont devenus colossaux). Ce modèle est toujours remis en cause par l’incapacité à générer une croissance forte en Europe : la croissance est en fait bloquée et la charge de la protection sociale devient de plus en plus lourde… D’importantes inégalités sociales En valeur relative, l’UE est un espace de richesse développé. Dans l’absolu les écarts sont importants entre les Etats et à l’intérieur des Etats : L’Europe sociale est à plusieurs vitesses avec de grosses différences selon les pays notamment, entre les pays d’Europe de l’Ouest et ceux d’Europe centrale et orientale. L’harmonisation des politiques sociales n’est pas cependant pas à l’ordre du jour. A l’intérieur d’un même pays, des sociétés à deux vitesses se développent où l’exclusion est devenue importante : en 2007, 13,4% des Français vivaient avec moins de 60% du revenu moyen. d- Une réalité complexe derrière des chiffres avantageux L’UE est souvent présentée comme un bloc uni dont la puissance économique et commerciale est indéniable (Voir I). Toutefois l’unité relève parfois de l’addition statistique plus que de la réalité : la puissance européenne est d’abord…européenne. Toutes les statistiques sont l’addition de capacités ou de performances nationales. Les 2/3 du commerce européen sont réalisés à l’intérieur de l’UE, ainsi l’importance mondiale de l’UE est à relativiser. Les pays de l’UE se développement en grande partie grâce à l’UE22…ce qui est un signe de réussite mais également une limite au niveau du rayonnement mondial. Dans le même ordre d’idée, le poids des FTN européenne est à relativiser. Sur les 44 FTN du Top 100 nombreuses sont celles qui ne tirent en fait leurs bénéfices que grâce aux échanges intra-européens. De plus, si dans le Top 10 l’UE est capable de 22 L’Allemagne réalise 60% de sa balance commerciale avec l’UE en 2008 17 placer 3 entreprises, il ne faut pas perdre de vue que celles-ci travaillent avant elles dans leurs intérêts et rarement dans le but d’accentuer le poids de la construction européenne. De fait les associer à la réussite de l’UE peut être critiquable. Le sous-sol européen n’est plus très exploité ou ne recèle pas de grandes richesses. Ainsi il y a une certaine dépendance énergétique surtout vis-à-vis des ressources pétrolières : 50 % de l’énergie consommée dans l’UE provient de pays extérieurs à l’Union, et cette proportion va croissante. Une grande partie de cette énergie est fournie par la Russie, dont les conflits avec les pays de transit ont perturbé les approvisionnements en gaz ces dernières années. En outre L'Europe importe en provenance du Golfe Persique, autre région instable, 45% de ses importations pétrolières. III- L’organisation de l’espace européen Ainsi l’UE ne forme pas un espace homogène, au contraire elle est marquée par l’existence de plusieurs centres (puissance polycentrique) et par des contrastes importants. Voir tableau « L’organisation de l’espace de l’UE » 1) Les espaces de commandement majeurs Ils se situent essentiellement dans la Mégalopole européenne (région la plus riche, la plus peuplée, la plus urbanisée et la plus dynamique de l’Union, du SE de la Grande Bretagne au Nord de l’Italie en passant par l’Europe Rhénane et en incluant la Suisse= La dorsale européenne). Un nouveau terme existe pour identifier ces espaces23 : le Pentagone européen (région entre Londres-Paris-Milan-Munich-Hambourg/Berlin) = sur ces quelque 20 % de la surface communautaire, vivent environ 40 % des habitants de l’Union européenne, qui contribuent à hauteur d’environ 50 % au PIB communautaire total a- Les régions motrices de l’UE L'Europe rhénane, cœur de l'aire de puissance européenne Il s’agit de l’espace qui s’organise le long du Rhin : Suisse, Alsace, SO de l’Allemagne, Rhur, Flandres). Cette région transnationale est le noyau le plus dense de la mégalopole européenne, formant le cœur industriel et urbain de l’UE. Elle est également un carrefour Certains font partie des périphéries intégrées mais ce concept permet d’intégrer Paris, la Bavière et Berlin avec la mégalopole 23 18 d’échanges majeur avec à proximité des régions dynamiques : le bassin de Londres, l'Italie du Nord, la Bavière, le Nord-Pas-de-Calais. L’axe rhénan est pleinement intégré dans les échanges mondiaux car le N de cet espace fait partie du Northern Range, une des plus puissantes façades maritimes. L’axe rhénan est également une région au pouvoir décisionnel important : les grandes capitales de l’UE s’y trouvent (Strasbourg, Francfort, Bruxelles). Le Sud de la Mégalopole : L’Italie du N L’Italie fait partie du G8 et est classée 7ème au niveau du PIB mondial en 2008. Cette puissance est essentiellement concentrée dans le N. Cet espace est dominant dans son pays mais également au sein de l’Europe : + de 50% de la richesse italienne, plus faible taux de chômage, plus haut PIB/hab., forte attractivité. La Lombardie et sa capitale Milan (+ de 3 millions d’habitants) forme le cœur de cette région : carrefour de communications (gare de Farini = 1ère gare européenne de marchandises), 2/3 des sièges sociaux d’entreprises, grandes banques (Banca Commerciale) et sièges des télévisions, capitale de la mode (D&G). Des villes puissantes aux alentours : Turin (usines Fiat), Venise (capitale touristique), Gênes (grand port méditerranéen, 8ème européen) Grande région agricole de la plaine du Pô b- Deux métropoles mondiales et régions capitales : Londres et Paris Londres et Paris sont des métropoles de rang mondial car elles concentrent les pouvoirs économiques, politiques et culturels. Elles polarisent un espace de plusieurs centaines de kilomètres autour d’elles dynamisant les régions périphériques : Autour de Londres se trouve de nombreux technopoles, de nombreux centres universitaires et un littoral touristique. Par leur poids démographique elles sont incontournables dans l’UE : Aire urbaine de Paris = 11,7 millions ; aire urbaine de Londres = 13,9 millions24 24 Belgique = 10,4 millions, Portugal = 10,7 millions, Danemark = 5,5 millions (2009) 19 Aucune autre ville en Europe ne dépasse les 5 millions d’habitants, donc un poids écrasant au niveau national mais aussi au niveau européen. La puissance économique est également sans équivalent : le PIB de Londres ou de Paris est supérieur à celui de toute l’Afrique subsaharienne. Cette primauté provient d’une capitalisation boursière importante, de la présence de nombreux sièges sociaux (la Défense = 1er quartier d’affaires en Europe). L’attractivité de ces deux villes est également forte : elles sont des capitales touristiques (29 millions à Paris, 15 millions à Londres), des capitales de la mode, des villes reconnues pour leur qualité de vie (Paris est la 1ère ville mondiale pour le nombre de congrès, Londres 8ème). De plus elles disposent d’une très forte densité de réseaux de transport modernes et de gigantesques aéroports internationaux (Heathrow 3e et CDG 5e en 2008 pour le nombre de passagers) qui leur assurent une accessibilité optimale, sans éviter malgré tout d'importants problèmes de saturation. 2) Les périphéries intégrées a- Les régions de puissance de second rang Ces espaces ont une importance au niveau européen. Elles se caractérisent par : La présence d’une métropole dynamique (Munich25, Barcelone) qui peut être une capitale politique (Vienne26, Madrid) Des espaces riches (pays scandinaves = PIB/hab. parmi les plus élevé au monde, Danemark 7ème). Des espaces attractifs (des zones touristiques importantes = Rome et ses alentours) Des espaces aux industries puissantes (Vallée du Rhône = couloir de la chimie en France) b- Les régions d’intégration récentes Il s’agit de régions de pays intégrés dans les années 80 essentiellement (sauf Irlande). Elles ont connu un certain dynamisme qui leur a permis de s’intégrer aux principaux courants d’échanges européens. Siège de nombreuses grandes entreprises (BMW, Allianz, Siemens), grand centre d’édition (2 ème ville mondiale), reconnue pour sa qualité de vie 26 Siège de l'OSCE, l'OPEP et diverses agences des Nations unies, comme l'Agence internationale de l'énergie atomique ou l'ONUDI (ONU pour le développement industriel) 25 20 L’Irlande : forte croissance jusqu’en 2008 (supérieure à 5%) qui on fait parler d’un « tigre celtique », a bénéficié de nombreux investissements étrangers et d’aides européennes toutefois la crise de 2008 a frappé de plein fouet ce pays remettant en cause son dynamisme (baisse du PIB de 3% en 2008) L’Andalousie : région restait longtemps défavorisée (elle reste encore la 2ème région la moins riche en Espagne), en plein développement27 aujourd’hui grâce à une modernisation agricole lui permettant d’être une grande région exportatrice en Europe et au tourisme (7 millions/an). La région de Lisbonne : polarisation de la capitale portugaise (presque 30% de la population, un PIB/hab. supérieur à la moyenne européenne). Une ville « européenne » car deux agences de l'Union européenne ont leur siège à Lisbonne (l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies et l'Agence européenne pour la sécurité maritime). La région d’Athènes : macrocéphalie importante (+ de 33% de la population), ville prestigieuse c- Les régions industrielles en reconversion Elles correspondent à des foyers de la RI touchés par la crise des industries traditionnelles dans les 70’s. Aujourd’hui ces anciens espaces moteurs ont retrouvé un certain dynamisme en s’orientant vers les hautes technologies (Silicon Glenn entre Glasgow et Edimbourg) ou le tourisme (Musée Guggenheim à Bilbao construit sur d’anciens chantiers navals). d- Les régions agricoles modernes L’agriculture intensive ne concerne pas que la France de l’O et la Champagne mais ces régions ne font pas partie d’un autre espace. Malgré tout, elles sont étroitement liées à l’agrobusiness, symbole de la réussite de la PAC : bassin parisien et bassin de Londres, Bretagne, Danemark (auxquels on peut rajouter l’Andalousie). D’autres espaces peuvent être considérés comme intégrés : 27 Les littoraux méditerranéens (tourisme balnéaire) Les Alpes (carrefour au cœur de l’Europe) Croissance du PIB entre 1995 et 2005 (base 100 en 95) : 154 (Espagne 143, zone Euro 122) 21 3) Les espaces à intégration limitée ou en marge En marge des régions centrales et dominantes, d’autres territoires cumulent les difficultés. Elles représentent à peu près 22 % de la population de l’Union et 70 % des crédits des fonds structurels de l’UE. a- Des espaces en marge de la mondialisation Des régions très diverses Régions septentrionales et arctiques du nord de la Scandinavie, vastes espaces très peu peuplés dans des conditions bioclimatiques extrêmes. Régions méditerranéennes telles que le Mezzogiorno italien, certaines parties de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne (Estrémadure, Galice) Régions de montagne plus ou moins enclavées (Ardennes, Massif central et Vosges en France, montagnes ibériques, Highlands) Des milieux insulaires : îles méditerranéennes ou archipels écossais Des secteurs urbains marginalisés en difficulté voire en dérive Des points communs Ces régions se caractérisent généralement par des difficultés importantes expliquant en partie leur marginalisation dans l’espace européen : des contraintes naturelles fortes (froid, pentes fortes, sécheresse...), une mise en valeur difficile et coûteuse, une histoire marquée par le déclin économique, l’exode rural et le vieillissement. Des compensations cependant Un tourisme diffus avec des résidences secondaires, parfois des stations de ski, des espaces de détente pour les citadins, pour peu qu'elles soient relativement proches des zones urbaines et demeurent accessibles. Une agriculture traditionnelle qui suscite un regain d'intérêt face aux déconvenues de l'agriculture productiviste (AOC, labels). Des aides spécifiques du FEDER dont la durée et les objectifs varient selon la nature des difficultés régionales. b- Les espaces d’Europe de l’Est en transition vers l'économie de marché Les Länder orientaux de l'Allemagne et les PECO membres de l'Union Ils se caractérisent par un système productif avec d'importants retards en termes de structures industrielles et agricoles et de gros écarts de productivité avec les anciens membres de l’UE : 22 Part de l’agriculture encore très important (22% des actifs dans le secteur primaire) Poids de l’industrie encore important aussi (33% des actifs) Services sous-représentés (47% des actifs) Toutefois une intégration progressive à l'économie européenne et mondiale est en cours grâce une transition à l'économie de marché relativement avancée. Cette écolution est permise grâce à l’afflux des capitaux étrangers, les aides de l’UE (FEDER), l’accès sans entraves douanières au marché de consommation communautaire. Les inégalités à l’intérieur de ces régions, à différentes échelles. Certains États, comme la Slovénie, la République tchèque, la Pologne ou la Hongrie, plus ouverts, devancent les États baltes et la Slovaquie. À l'échelle régionale, les régions-capitales (Berlin, Prague, Budapest, Varsovie) et les régions frontalières proches de l'Union à 15 captent les investissements et sont mieux intégrées à l'économie communautaire que les autres, de plus en plus marginalisées. Les secteurs modernisés côtoient les secteurs inadaptés en sursis, dans l’industrie comme dans l’agriculture. La convergence socio-économique entre ces régions orientales de l’Europe et le cœur de l’UE prendra quelques années. c- L’Europe d’outre-mer Açores, Madère, îles atlantiques et caraïbes anglaises, DOM TOM français Des régions périphériques du fait de l’éloignement (Distance Guadeloupe-Bruxelles = + de 6900 km, Malouines-Bruxelles = 12700 km) et du retard de développement (des PIB/hab. inférieur ou égal à 70% de la moyenne européenne). 23