
Il semble que l'isolement de BMR dans une institution soit un marqueur du taux des infections
nosocomiales en général. La diminution de leur incidence au sein d'une unité pourrait ainsi
être un indicateur simple de la qualité des soins prodigués aux patients.
Morbidité et mortalité
Du fait d'une virulence équivalente à celle des souches sauvages, les BMR sont responsables
d'infections graves. Toutefois, les problèmes thérapeutiques posés par les BMR créent un
biais évident lorsqu'on veut comparer les infections dues aux deux types de bactéries. En
outre, le terrain sur lequel surviennent les infections à BMR est souvent plus débilité que celui
sur lequel surviennent les infections à souches sauvages, ce qui induit un nouveau biais
majeur dans l'étude de la mortalité et même de la morbidité [6] . Quelques études ont tenté de
comparer la mortalité due à des septicémies à S aureus résistant ou non à la méticilline, en
ajustant les résultats sur les scores de gravité [7] [8] [9] [10] . Il apparaît alors que le
risque de décès n'est pas significativement différent dans les deux groupes. En revanche, une
étude cas-témoins a mis en évidence une surmortalité au cours des pneumopathies à Ps
aeruginosa ou Acinetobacter , comparées aux pneumopathies à autres germes,
indépendamment de la gravité des patients à l'admission [11] .
Au total, il est clair que les infections à BMR sont responsables d'une mortalité et d'une
morbidité au moins équivalente à celles des infections à bactéries sauvages. On peut penser
intuitivement, bien que les études actuelles ne soient pas formelles, qu'elles induisent une
surmortalité du fait, d'une part des problèmes thérapeutiques engendrés (et donc du retard
thérapeutique dans certains cas), et d'autre part du terrain sur lequel elles surviennent en
réanimation.
Coût
Les infections à BMR provoquent un surcoût médical [12] . Celui-ci est lié à l'augmentation
des durées de séjour, à l'augmentation considérable de la charge de soins, au prix des
antibiotiques nécessaires pour traiter ces infections. De plus, les surcoûts sociaux
(prolongation d'arrêt de travail, invalidité...) ne sont jamais pris en compte.
Rôle des prescriptions antibiotiques empiriques
La connaissance dans une unité de cas d'infections à BMR conduit les cliniciens à des
prescriptions empiriques d'antibiotiques « de réserve », actifs sur ces BMR, pour la majorité
des patients, dans le but de donner toutes ses chances au patient, en évitant tout retard
thérapeutique. Cette pratique est illustrée par l'enquête sur la consommation des antibiotiques
effectuée dans le cadre d'« Hôpital Propre II [14] » : globalement, moins de 20 % des
antibiotiques de réserve (vancomycine, téicoplanine, imipénème, ceftazidime) dispensés dans
les services sont utilisés pour traiter les infections à BMR ; ces chiffres atteignent cependant
30 % en réanimation en raison de la prévalence des patients porteurs de BMR dans ces unités.
Le reste des prescriptions s'adresse à des patients non porteurs de BMR, pour lesquels un
traitement empirique a été instauré dans l'hypothèse d'une infection à BMR !
Cette pratique, compréhensible du point de vue du clinicien qui souhaite traiter au mieux ses
patients, induit une surconsommation des quelques antibiotiques encore actifs sur les BMR et
pourrait à terme favoriser l'émergence de nouvelles souches qui, elles, seraient résistantes à
l'ensemble des antibiotiques. La diminution des infections à BMR dans une unité devrait