Au début du XVIe apparaît une nouvelle théorie de l’état dont l’un des précurseurs
est Machiavel (1469-1527). Selon lui, les états naissent dans la violence et doivent
souvent se maintenir grâce à elle. Ainsi l’efficacité politique contredit l’enseignement
de la morale et de l’église au nom d’intérêts supérieurs.
« Le prince chargé de conduire l’état est souvent contraint de le conduire contre
l’humanité, contre la charité et la morale » (Machiavel)
Dans la conception de Machiavel, le rôle du prince est d’établir, de garantir et
d’étendre la prospérité de la cité. En d’autres termes, à partir du XVIe la conception
dominante de l’état est celle d’un état autonome.
Les fondements du mercantilisme sont d’abord politiques. L’autonomie de l’état ne
peut être garantie que si l’état lui-même est autonome. Pour cela, il faut qu’il soit fort,
mais un état fort est avant tout un état riche, en particulier parce qu’il doit avoir les
moyens de lever une armée, laquelle doit garantir l’autonomie de l’état.
Cependant, l’erreur des mercantilistes est de lier richesse et or. L’activité des
marchands doit créer le stock d’or. La doctrine mercantiliste s’inscrit donc dans
l’étude des moyens d’enrichissement de l’état pour garantir son autonomie.
B. La doctrine mercantiliste
La monnaie est au centre de la doctrine mercantiliste. Il s’agit pour
l’essentiel de s’enrichir en faisant des échanges extérieurs avec les marchands. Le
mot d’ordre est donc la balance excédentaire : une exportation supérieure permet
une entrée de stock d’or.
Les auteurs mercantilistes espagnols et portugais visent à déterminer les facteurs
d’accumulation et de conservation des métaux précieux dans le royaume. Par
conséquent ils prônent l’interdiction d’exporter de l’or et de l’argent, l’obligation de
régler en marchandises les achats à l’étranger et l’obligation de rapatrier les gains en
or et argent à l’intérieur du pays.
[ ] Elle est constituée de métal précieux marqué d’une empreinte informant le poids
d’or ou d’argent.
Cependant, la tentation est grande pour le Roi, qui a le monopôle de l’émission de la
monnaie, d’augmenter l’émission de la monnaie en la dévaluant (moins d’or dans
chaque pièce).
Mais les mercantilistes s’opposent à ces manipulations et soutiennent en général que
valeur marchande et valeur légale doivent coïncider. L’une des principales raison
avancées est la loi de Gresham (1519-1579) : « La mauvaise monnaie chasse la
bonne ».
Exemple : il existe 2 émetteurs de monnaie dans un pays. L’un dévalue sa monnaie,
il va donc y avoir plus de monnaie dévaluée, et c’est cette dernière qui s’imposera au
détriment de l’autre, qui chassée, va être thésaurisée (stockée, épargnée en
espèces). Ce fonctionnement peut conduire à une pénurie de métaux précieux.
Ainsi, même si une monnaie dépréciée permet au prince d’accroître ses revenus, à la
première occasion, la mauvaise monnaie retournera dans ses caisses : Les
manipulations monétaires ne font soulager que temporairement la richesse
publique.
La monnaie est la richesse car elle est le pouvoir d’achat. Le pouvoir d’achat est la
quantité de services ou de biens équivalent à la quantité de monnaie. L’inflation
(accroissement des instruments de paiement hausse des prix et dépréciation de la