pure, de faire de telles hypothèses. Suivant les premiers marginalistes (Walras notamment), Pareto construit ainsi
un ensemble de relations entre les différents domaines de l’économie politique. L’économie pure, très abstraite,
est complétée par l’économie appliquée puis par la sociologie, de telle manière que par complexifications
progressives on obtienne une explication satisfaisante du phénomène concret.
2) La théorie des approximations successives.
Cette méthode trouve sans aucun doute son origine dans la formation d’ingénieur de Pareto. Il est, dit-il
impossible d’étudier le phénomène concret dans toutes ses dimensions car celles-ci sont en nombre infini. En
conséquence la démarche scientifique réclame que soit sélectionnée une ou plusieurs de ces dimensions pour
permettre une analyse du phénomène abstrait. C’est le cas lorsqu’on suppose des corps parfaitement lisses et des
mouvements sans friction en mécanique. C’est aussi le cas lorsqu’on fait abstraction de l’individu concret, de la
pluralité de ses motifs d’action, de ses passions…pour ne plus parler que de l’homo oeconomicus. Sous cette
hypothèse, l’économie pure étudie justement les propriétés des relations d’interdépendance qui se créent entre un
grand nombre d’agent économiques qui agissent sur des marchés concurrentiels ou non.
Il faut procéder dans une seconde étape à une complexification progressive de cette première
approximation qu’est l’économie pure. En supposant que tout en restant mû par des considérations économique
l’homo oeconomicus à des passions. Cette seconde approximation correspond à l’économie appliquée.
L’économie appliquée s’appuie sur les résultats de l’économie pure, mais elle produit des résultats qui peuvent
être sensiblement différents et cela parce qu’elle suppose d’autres formes d’action au sien des relations
d’interdépendance entre les agents (ex : le lobbying = groupement d’intérêts comme 2 entreprises qui font
pression sur les politiques) et la corruption (= forme d’actions différentes du modèle décrit par l’époque).
Pareto fait finalement intervenir une troisième approximation : la sociologie. Cette dernière, de manière
générale, est chargée de synthétiser les apports des différents savoirs spéciaux pour s’approcher au plus près du
phénomène concret en faisant intervenir les différentes dimensions de la vie sociale (politique, religieuse,
militaire, culturelle, symbolique…)
En définitive, Pareto introduit l’idée que l’association de la théorie économique et de la théorie
sociologique est un ingrédient indispensable pour redonner à son époque la nouvelle théorie économique qu’il
défend par sa place et son plein effort de connaissance.
II) Actions logiques et non logiques : la reconnaissance des déterminants multiples
de l’action individuelle.
Avec Walras, puis avec Pareto, l’idée selon laquelle la théorie économique s’occupe des comportements
intéressés et rationnels s’est imposée. Les goûts étant considérés comme des données exogènes stables, la théorie
économique modélise les comportements d’agents cherchant à obtenir le plus grand bien-être possible en cédant
une partie des biens dont ils disposent pour en acquérir d’autres, jusqu’au moment où aucune transaction
librement consentie n’améliore plus la situation d’une paire quelconque d’agents. Cette action rationnelle
instrumentale dont on doit souligner qu’elle est en définitive plus normative (= elle décrit ce que ferait l’agent si
il était parfaitement rationnel) que descriptive, devient la pierre angulaire de la théorie économique moderne à la
fin du XIXe siècle. Sa force tient au fait qu’elle repose sur une seule forme d’action qui offre l’avantage d’être
facilement compréhensible et d’être susceptible d’une formalisation mathématique sous la forme d’un
programme de maximisation de variables (ex : quantités consommées sous contrainte de respecter le budget).
Face à ce type de schéma explicatif, les sociologues économistes, s’efforcent tous de montrer que cette vision
des choses est critiquable et qu’on ne peut l’accepter qu’à condition d’y ajouter d’autres formes de l’action.
Pareto joue de ce point de vue un rôle majeur dans la mesure où son apport personnel se situe à la fois dans
l’analyse de ce comportement maximisateur au sein de la théorie économique et dans celui de sa critique au sein
de la théorie de sociologie économique.
Donc d’un coté il formalise dans son économie pure le comportement économique en terme de théorie
du choix rationnel. Dans ce domaine, la part sociale ou non rationnelle de l’individu est concentrée dans ses
goûts, représentés par des courbes d’indifférence hiérarchisées, selon des indices, mais par rapport auxquels
l’économie pure n’a rien a dire. A partir de là, la théorie de l’équilibre général donne des résultats en terme
d’équilibre et d’optimalité basés sur les choix rationnels d’individus qui sont considérés comme indépendants les
uns des autres.
Mais d’un autre coté, Pareto refuse d’étendre cette théorie du choix rationnel au-delà de phénomènes
limités, essentiellement les phénomènes économiques. Et il rejette donc par anticipation l’option qui caractérise