les fêtes et la société de consommation…

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LES FÊTES ET LA SOCIÉTÉ DE CONSOMMATION…
Est-ce que les gens qui font la queue dans les grands magasins de France, de Navarre, de
Suisse, d’Allemagne et d’ailleurs, ont encore conscience de ce que représentent Noël, le jour
de l’an, hanoukka et autres solennités originellement religieuses ? Ont-ils une idée du rôle de
simple adjuvant que doivent jouer les cadeaux, les sapins, les oripeaux de toutes sortes ? On a
bien souvent l’impression que le commerce et la consommation ont définitivement supplanté
le sens de ces célébrations. Que l’on me comprenne bien : il n’est pas question de faire l’éloge
de la pénurie, de la pauvreté et de la faim. Mais tout de même, l’esprit commerçant, le goût du
luxe et l’âpreté au gain ont remplacé la signification spirituelle des fêtes. C’est avoir qui a
totalement remplacé être… En définitive, on n’est, on n’existe que si l’on a, que si l’on
consomme.
Si l’on faisait une analyse comparée entre cette période des fêtes et d’autres moments de
l’année, on relèverait que jamais, par ailleurs, nous ne sommes autant inondés par la publicité
vantant les mérités incomparables du manger et du boire… Jamais un mot pour nous aider à
dépasser un horizon, à mieux affronter les aléas de l’existence, à mieux assumer notre rôle
dans la soécité et la vie en général…
Comme certains lisent à toute vitesse, sans s’imprégner suffisamment du sens de ce qui est
écrit, je répète que je comprends bien la volonté de prendre du plaisir en famille ou avec des
amis, à savourer des mets délicats, des boissons de qualité et à porter des vêtements de fête.
Ce que je veux dire, c’est que l’emballage, la garniture, ne doivent pas nous faire oublier le
sens des fêtes…
Sait-on, par exemple, que la tradition du sapin a été introduite par les tribus germaniques
christianisées et que la verdeur de cet arbre, comme d’ailleurs l’abondance des lumières et des
feux de bois, sont censées marquer le renouveau de la nature, le triomphe de la clarté sur
l’obscurité et la pénombre d’un hiver qui n’en finit pas ? Ce n’est pas par hasard que Noël et
Hanoukka, fêtes des lumières (voyez l’antique tradition de la ville de Lyon), sont situées en
décembre, à un moment où on aspire à avoir un peu plus de lumière du jour et de clarté…
Il y a donc quelque chose d’indécent dans ces longues files de clients dans les magasins où
faire la fête revient à acheter toujours plus et à offrir des cadeaux.C’est une véritable
résurgence du paganisme. En fait, on mange tous les jours et pour ceux qui peuvent se le
permettre, on consomme des mets raffinés toutes les fois qu’on en a l’envie, si nos moyens le
permettent et que nos goûts nous inclinent vers de telles pratiques…
On a souvent parlé de perte de valeurs, de désacralisation, d’envahissement par les
colifichets de la société de consommation etc… Pourtant, il suffirait d’une toute petite touche
pour recadrer les choses, si l’on disait, par exemple, qu’il faut se nourrir pour vivre mais que
l’on ne vit pas que pour manger, que les actions fondamentales de la vie sont celles qui se
situent dans la durée, dans les idées, que la vraie liberté réside dans l’affranchissement des
êtres des conditions matérielles de l’existence (sans que celles ci ne soient déplorables)…
Bref, on aimerait que les sociétés occidentales renouent avec un minimum de spiritualité,
celle-là même qui leur a permis de dépasser toutes les autres, de se lancer à la conquête du
monde, de découvrir de nouveaux continents, de nouveaux médicaments, de nouvelles
techniques.
La joie, le bien-être, l’harmonie intérieure n’ont pas besoin de ces béquilles que sont ces
signes extérieurs de bonheur…
Maurice-Ruben Hayoun
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