Spiritualité en crise
ou
Comment discerner le vrai du faux
Bien des gens commettent l’erreur de croire que la foi est noble en soi. Un chœur anglais bien connu
exalte le mérite de croire : “Je crois en raison de chaque goutte de pluie qui tombe, de la fleur qui pousse”.
Évidemment, personne ne croit réellement en raison de cela, mais n’est pas la question. Ce chant fait
l’éloge de la foi sans tenir compte du contenu de cette foi. En écrivant ce chant, son auteur ne se préoc-
cupait nullement de l’objet de la foi. Or le sentiment qu’exprime ce petit chœur n’est pas du tout biblique. Il
fait écho à l’un des pires mensonges de notre époque : la notion selon laquelle peu importe ce que l’on croit,
pourvu qu’on le croie avec suffisamment de force.
Saviez-vous qu’en réalité, la foi peut être gravement nuisible ? Certains types de foi détournent en fait
du vrai Dieu, remplaçant la vérité par la superstition, le mensonge ou la foi elle-même. Une telle foi conduit
inévitablement à la catastrophe spirituelle. Il s’agit d’une foi hasardeuse.
Cette foi hasardeuse peut dévier vers deux extrêmes. D’un côté de l’éventail, elle a les regards tournés
vers l’intérieur : elle se fie aux sentiments, à des voix intérieures, à l’imagination ou à des sensations subjec-
tives. A L’autre extrémité, elle met son espoir dans une autorité humaine extérieure : les enseignements d’un
chef suprême, la tradition religieuse, des dogmes magistraux ou quelque canon arbitraire.
Dans un contexte non chrétien, le premier type de déviation est illustré de façon éclatante par le mys-
ticisme du Nouvel Âge. Quant à l’autre extrême, l’Islam nous en donne un exemple éclatant. Cependant, ces
deux types de foi hasardeuse se manifestent clairement même parmi les groupes qui se réclament du chris-
tianisme. Le mouvement charismatique, par exemple, tend vers le premier extrême, tandis que le catholi-
cisme romain illustre le second. Parmi les croyances religieuses dites “chrétiennes” se trouvent
d’innombrables notions qui relèvent de l’un ou de l’autre type de foi hasardeuse et qui constituent sou-
vent un mélange de tendances appartenant aux deux extrêmes.
Il convient de noter qu’à chacun de ses extrêmes, la foi hasardeuse recherche la vérité spirituelle en
dehors de l’Écriture et c’est précisément qu’elle devient hasardeuse. Les deux types de foi hasardeuse
ont cet autre point commun : ils sont irrationnels et anti-intellectuels. “Anti-intellectuel” ne veut pas dire
qu’ils soient opposés au snobisme intellectuel. Cela signifie qu’ils rejettent avec un certain mépris
l’intellect, pour encourager une confiance aveugle et dépourvue de sens critique. Les anti-intellectuels oppo-
sent souvent la foi à la raison, comme s’il s’agissait de deux notions antinomiques. Ce type de “foiest en
réalité de la crédulité. C’est une attitude insensée qui n’a rien à voir avec la foi biblique. La foi biblique
n’est jamais irrationnelle.
Dès le départ, il convient d’être très prudent et de faire trois distinctions importantes. Premièrement,
en défendant une attitude rationnelle, je ne dis pas que la raison humaine puisse, même dans le meilleur des
cas, conduire quelqu’un à la vérité salvatrice. Le péché a corrompu et obscurci l’intelligence et le cœur de
chaque être humain, de sorte qu’il est absolument impossible à quiconque de parvenir au salut par le raison-
nement. C’est bien pour cela que Dieu nous a donné une révélation surnaturelle dans sa Parole inspirée, la
Bible. L’Écriture est en effet la révélation de Dieu à notre intention. Elle est vraie parce que Dieu est vrai
(cf. Ro 3.4). Ce n’est pas en raisonnant que nous parvenons à cette vérité. Au contraire, nous commençons
par prendre Dieu au mot par le croire “sur Parole”, en quelque sorte et nous faisons de l’Écriture le
fondement sur lequel s’édifie toute raison.
Deuxièmement, dire que l’on ne peut parvenir à la vérité de l’Écriture par le raisonnement ne signifie
PROJET D’ÉGLISE MAI 1999 ARTICLE 5.A
VERITE OU ERREUR: L’AUTORITE DE LA BIBLE
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pas que l’Écriture elle-même soit irrationnelle. La Bible est parfaitement “raisonnable”, logique avec elle-
même, vraie dans chacune de ses parties, fiable pour servir de fondement à notre logique et à un bon juge-
ment, et digne de confiance pour être le critère faisant autorité en matière de saine doctrine. Comme il s’agit
de la vérité pure, elle est parfaitement rationnelle.
Troisièmement, ce n’est pas parce qu’on s’oppose à une attitude irrationnelle que l’on préconise le ra-
tionalisme. Le rationalisme est une philosophie qui nie la révélation divine. Le rationalisme rejette le
surnaturel, il est antibiblique et souvent cynique à l’égard de toute religion. Les rationalistes font de la rai-
son humaine à la fois la source et le test définitif de toute vérité. En un mot, ils mettent la raison humaine à
la place de l’Écriture. Les chrétiens ont toujours rejeté le rationalisme en le considérant, à juste titre, comme
un ennemi de la foi chrétienne.
Or voici se situe le problème : bien que nous devions rejeter le rationalisme, il ne faut surtout pas
répudier une attitude rationnelle, à savoir l’utilisation à bon escient d’une raison sanctifiée, d’une logique
saine, d’une pensée claire et du bon sens. Ceux qui rejettent le rationnel font de toute vérité un non-sens. Ils
laissent de côté toutes les facultés mentales essentielles à la compréhension. Ils dépeignent la foi comme un
plongeon à l’aveuglette dans le noir, comme quelque chose qui court-circuite l’intellect. Une telle “foi” est
soit uniquement basée sur les sentiments, soit transformée en simple acte de la volonté. Dans un cas comme
dans l’autre, il s’agit d’une foi hasardeuse.
La foi authentique ne peut absolument pas court-circuiter l’intelligence. Elle ne peut être irrationnelle.
En effet, après tout, la foi est affaire de vérité. Or la vérité est un ensemble de données objectives destinées à
être connues, étudiées, considérées et comprises. Et toutes ces activités font appel à l’intellect.
Cela signifie que le véritable christianisme ne peut pas être anti-intellectuel. L’ensemble des vérités
sur lequel est basée notre foi comporte, certes, des profondeurs qui sont mystérieuses insondables pour
l’esprit qui est seulement humain, ou impénétrables mais la vérité n’est jamais irrationnelle. La diffé-
rence est de la plus haute importance. Dieu ne peut pas mentir (cf. Tt 1.2). Par conséquent, ce que Dieu dit
est vrai et l’antithèse est forcément fausse. La vérité ne peut se contredire elle-même. La vérité a du sens;
le non-sens ne peut être vrai.
En outre, il faut que la doctrine sur laquelle nous basons notre foi soit saine, autrement dit il faut
qu’elle soit biblique (cf. 1 Tm 4.6; 2 Tm 4.2-3; Tt 1.9; 2.1). “Si quelqu’un enseigne de fausses doctrines, et
ne s’attache pas aux saines paroles de notre Seigneur Jésus-Christ et à la doctrine qui est selon la piété, il est
enflé d’orgueil, il ne sait rien [...]” (1 Tm 6.3-4). Une doctrine saine et biblique est donc à la base de toute
vraie sagesse et foi authentique. L’attitude qui consiste à dédaigner la doctrine tout en donnant la primauté
aux sentiments ou à une confiance aveugle ne peut légitimement être appelée de la foi, même si elle se pré-
sente sous les traits du christianisme. Il s’agit en réalité d’une forme irrationnelle d’incrédulité.
Dieu nous tient pour responsables de ce que nous croyons aussi bien que de la manière dont nous
considérons la vérité qu’il a révélée. Toute l’Écriture atteste le fait que Dieu veut que nous connaissions et
comprenions la vérité. Il veut que nous soyons sages. Sa volonté est que nous nous servions de notre intelli-
gence. Nous sommes censés réfléchir, méditer faire preuve de discernement. Considérez, par ex. ces ver-
sets bien connus. Notez l’usage répété de mots tels que vérité, connaissance, discernement, sagesse et com-
préhension :
“Tu veux que la vérité soit au fond du cœur : fais donc pénétrer la sagesse au-dedans de moi !”
(Ps 51.8).
“La crainte de l’Éternel est le commencement de la sagesse; tous ceux qui l’observent ont une
raison saine” (Ps 111.10).
“Enseigne-moi le bon sens et l’intelligence ! Car je crois à tes commandements” (Ps 119.66).
“Si tu rends ton oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton cœur à l’intelligence; oui, si tu
appelles la sagesse, et si tu élèves ta voix vers l’intelligence, si tu la cherches comme l’argent,
si tu la poursuis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte de l’Éternel, et tu trouveras la
connaissance de Dieu. Car l’Éternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance et
l’intelligence” (Pv 2.2-6).
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“Voici le commencement de la sagesse : Acquiers la sagesse, et avec tout ce que tu possèdes
acquiers l’intelligence” (Pv 4.7).
“C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour nous en avons été informés, nous ne cessons
de prier Dieu pour vous; nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa vo-
lonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle” (Cl 1.9).
“[En Christ] sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance” (Cl 2.3).
“Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger,
pour instruire dans la justice” (2 Tm 3.16).
Ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que nous devons craindre de faire usage de nos facultés
de raisonnement. Il ne nous est pas demandé de nous méfier d’une logique saine. Nous de devons pas non
plus surtout pas ! abandonner la raison.
Lorsque Martin Luther fut convoqué à la diète de Worms en 1521 et qu’on lui demanda d’abjurer son
enseignement, il répondit : “A moins qu’on ne me convainque par des textes de l’Écriture ou par d’évidentes
raisons [...], je suis lié par les textes scripturaires que j’ai cités et ma conscience est captive des paroles de
Dieu, je ne puis ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr ni honnête de parler contre sa conscience.
Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en aide”.
La formulation bien connue de Luther, “L’Écriture et d’évidentes raisons”, est la seule base sur la-
quelle nous puissions fonder correctement le véritable discernement spirituel. Le discernement est la faculté
de comprendre, d’interpréter et de mettre en pratique la vérité d’une manière habile. Le discernement est un
acte cognitif. Par conséquent, quiconque rejette avec mépris la bonne doctrine ou une raison saine ne peut
être véritablement doué de discernement.
Le discernement spirituel authentique doit commencer par l’Écriture la vérité révélée. Si la raison
humaine n’est pas solidement fondée dans la révélation divine, elle dégénère toujours et sombre alors dans
le scepticisme (la négation de toute possibilité de certitude), le rationalisme (théorie selon laquelle la raison
constitue une source de la vérité), le laïcisme (conception de la vie excluant délibérément Dieu) ou une
quantité d’autres philosophies opposées au christianisme. Lorsque l’Écriture condamne la sagesse humaine
(cf. 1 Co 3.19), elle dénonce non pas la raison en tant que telle, mais l’idéologie humaniste détachée de la
vérité divinement révélée de la Parole de Dieu. Autrement dit, la raison séparée de la Parole de Dieu conduit
inévitablement à des idées mal fondées, alors que la raison soumise à la Parole de Dieu est au cœur du dis-
cernement spirituel qui fait preuve de sagesse.
La Confession de foi de Westminster reconnaît clairement que la formule alliant l’Écriture et une rai-
son saine constitue la base du discernement. Voici ce que déclare cette Confession: “Tout le conseil de Dieu
[...] se trouve soit expressément consigné dans l’Écriture, ou bien, par voie de conséquence logique et inévi-
table, peut être déduit à partir de l’Écriture”. En d’autres termes, il convient d’appliquer à l’Écriture une lo-
gique saine et prudente afin de parvenir à une compréhension totale et mûre de la vérité spirituelle que Dieu
a révélée. Cela ne revient nullement à nier que l’Écriture soit pleinement suffisante. La formule ne prône pas
l’Écriture plus la philosophie, mais l’Écriture interprétée au moyen d’un raisonnement prudent, sensé, sé-
rieux et dirigé par l’Esprit. Voilà l’essence du discernement.
Pour résumer, l’anti-intellectualisme est incompatible avec la véritable sagesse spirituelle. Quiconque
considère que la foi consiste à renoncer à la raison ne peut être véritablement doué de discernement.
L’attitude irrationnelle est aux antipodes du discernement. Lorsque Paul demandait dans ses prières que
l’amour des Philippiens “augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence (Pp 1.9), il af-
firmait la nature rationnelle de la foi véritable. Il voulait également indiquer que la connaissance et le dis-
cernement vont nécessairement de pair avec une croissance spirituelle authentique.
La foi biblique est donc rationnelle. Elle peut faire l’objet d’un raisonnement. Elle est intelligente.
Elle est parfaitement cohérente. Quant à la vérité spirituelle, elle est censée être considérée de façon ration-
nelle, examinée avec logique, étudiée, analysée et utilisée comme étant le seul fondement fiable permettant
de juger avec sagesse. Ce processus est précisément ce que l’Écriture appelle le discernement.
Le présent ouvrage est un plaidoyer en faveur du discernement. Son propos est de rappeler que la véri-
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divine est un bien précieux qu’il faut traiter avec soin et non diluer dans des croyances fantaisistes ni
enfermer dans des traditions humaines. Quand une Église perd la volonté de discerner entre la saine doctrine
et l’erreur, entre le bien et le mal, entre la vérité et les mensonges, cette Église court à sa ruine.
L’apôtre Jean établit une distinction très nette entre le christianisme et l’esprit de l’antichrist et il
maintint le cap avec zèle : “Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n’a point
Dieu; celui qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. Si quelqu’un vient à vous et n’apporte pas
cette doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas : Salut ! car celui qui lui dit : Salut !
participe à ses mauvaises œuvres” (2 Jn 1.9-11). C’est en ces termes que Jean donna l’ordre à ceux qui se
trouvaient sous sa responsabilité spirituelle de faire preuve de vigilance et de discernement et de n’avoir
aucune part avec un enseignement erroné niant Christ, ni avec ses propagateurs.
Quel contraste avec les chrétiens d’aujourd’hui qui se tranquillisent en se disant qu’il est rarement
possible d’affirmer que quelque chose est tout noir ou tout blanc. Les points de doctrine, les questions mo-
rales et les principes chrétiens sont tous présentés dans des teintes de gris. Nul n’est censé établir des dis-
tinctions qui fassent autorité ni énoncer le moindre absolu. Chacun est encouragé à faire ce qui est bon à ses
yeux autrement dit, exactement ce que Dieu interdit (cf. Dt 12.8; Jg 17.6; 21.25).
L’Église ne pourra manifester sa puissance dans la société tant que nous n’aurons pas retrouvé un
amour passionné pour la vérité ainsi que son corollaire, la haine de l’erreur. Les vrais chrétiens ne peuvent
faire preuve de complaisance ou d’indifférence à l’égard des influences anti-chrétiennes qui s’exercent au
milieu d’eux, et s’attendre à jouir de la bénédiction de Dieu. “C’est l’heure de vous réveiller enfin du som-
meil, car maintenant le salut est plus près de nous que lorsque nous avons cru. La nuit est avancée, le jour
approche. Dépouillons-nous donc des œuvres des ténèbres, et revêtons les armes de la lumière” (Ro 13.11-
12).
Mon fils, si tu reçois mes paroles, et si tu gardes avec toi mes préceptes, si tu rends ton
oreille attentive à la sagesse, et si tu inclines ton cœur à l’intelligence; oui, si tu appelles la sa-
gesse, et si tu élèves ta voix vers l’intelligence, si tu la cherches comme l’argent, si tu la pour-
suis comme un trésor, alors tu comprendras la crainte de l’Éternel, et tu trouveras la connais-
sance de Dieu. Car l’Éternel donne la sagesse; de sa bouche sortent la connaissance et
l’intelligence” (Pv 2.1-6).
La guerre déclarée à la raison
Si le vrai discernement a subi un revers terrible au cours des dernières décennies, c’est parce que la
raison elle-même a été attaquée au sein de l’Église. Comme Francis Schaeffer l’avait annoncé il y a une tren-
taine d’années dans “Dieu, illusion ou réalité ?” tout en mettant en garde contre ce danger l’Église est
en train de se conformer à l’irrationalité de la philosophie du monde. Par conséquent, une foi hasardeuse a
envahi la communauté évangélique. Nombreux sont ceux qui renoncent à la doctrine au profit de
l’expérience personnelle. D’autres disent vouloir délaisser certaines distinctions essentielles établies par
l’Écriture afin de parvenir à une unité externe entre tous les chrétiens professants. Le christianisme authen-
tique marqué par une foi biblique intelligente semble perdre du terrain même parmi les évangéliques les plus
conservateurs.
1. L’abandon de la vérité objective
L’Église visible contemporaine est devenue d’une tolérance surprenante à l’égard d’enseignements
aberrants et d’idées saugrenues et d’une intolérance effrayante à l’égard de la saine doctrine . Le concept
évangélique bien connu de la “vérité” est devenu presque totalement subjectif. La vérité est considérée
comme une notion variable, toujours relative et jamais absolue. Laisser entendre que l’on puisse recourir à
quelque critère objectif pour distinguer entre la vérité et l’erreur revient à être complètement en décalage
avec l’esprit de notre époque. Dans certains milieux, l’Écriture elle-même a été écartée et n’est plus un cri-
tère fiable pour tester la vérité. Après tout, il y a tant de manières différentes d’interpréter la Bible ! Qui peut
dire quelle interprétation est la bonne ? Et nombreux sont ceux qui croient qu’il existe une vérité au-delà de
la Bible.
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Tout ce relativisme a eu des effets désastreux sur la capacité du chrétien type à discerner entre la véri-
et l’erreur, le vrai et le faux, le bien et le mal. Les enseignements les plus évidents de l’Écriture sont dé-
sormais remis en question parmi ceux qui déclarent croire en la Bible. Par exemple, certains chrétiens n’ont
plus la certitude que l’homosexualité doive être considérée comme un péché. D’autres prétendent que les re-
vendications féministes sont compatibles avec le christianisme biblique. Les télévisions, radios, livres et
magazines “chrétiens” servent un salmigondis d’opinions absurdes allant du simplement fantasque au car-
rément dangereux et le chrétien moyen est hélas bien mal équipé pour faire la part entre les mensonges et
la vérité.
Le seul fait de laisser entendre qu’il est nécessaire de faire le tri entre les mensonges et la vérité est
considéré par beaucoup comme la marque d’une dangereuse intolérance. Il est une notion de plus en plus ré-
pandue selon laquelle tout débat ayant trait à la doctrine est mauvais en soi. Le souci de l’orthodoxie est ju-
incompatible avec l’unité chrétienne. La doctrine elle-même est cataloguée comme objet de division et
ceux qui lui donnent de l’importance sont dénoncés sous prétexte qu’ils manqueraient d’amour fraternel.
Nul n’a le droit de critiquer les croyances d’autrui, peu importe à quel point ces croyances peuvent sembler
contraires à l’enseignement biblique.
Un article paru récemment dans le magazine chrétien américain Christianity Today illustre cette ten-
dance. Sous le titre “La chasse à l’hérésie”, cet article brosse le portrait de deux leaders chrétiens bien con-
nus qui avaient été “en butte à de cinglantes attaques à la suite d’écrits controversés”.
L’un d’eux est un auteur à succès et un orateur apprécié dans le monde des conférences universitaires
aux États-Unis. Il a écrit un livre dans lequel il encourage les homosexuels à établir des relations de cohabi-
tation permanente (tout en restant malgré tout célibataires). Selon lui, la communauté évangélique souffre d’
“homophobie”. Il est convaincu qu’une cohabitation permanente entre homosexuels est la seule alternative à
la solitude pour les gens qu’il croit “nés avec une orientation homosexuelle”. L’épouse de cet homme a pu-
blié un article dans un magazine homosexuel, dans lequel elle “préconise avec enthousiasme” les relations
sexuelles monogames entre homosexuels. Cet auteur-orateur indique être “en désaccord très profond” avec
sa femme quant à son approbation des relations homosexuelles, mais sa propre conception semble permettre
aux homosexuels de se livrer à d’autres formes d’intimité physique à l’exception du rapport sexuel propre-
ment dit.
L’autre leader chrétien dont l’article de Christianity Today brosse le portrait est une femme qui, en
compagnie de son mari, est l’orateur-vedette d’une émission chrétienne radiotélévisée bien connue dans tous
les États-Unis. Le ministère de ce couple n’est pas le produit étrange de quelque secte marginale, mais une
institution bien établie et très respectée au sein du monde évangélique.
Cette femme est également présidente d’une des plus grandes organisations d’étudiants évangéliques
du monde. Elle a écrit un livre dans lequel elle rapporte des expériences spirituelles assez singulières. Elle
dédie cet ouvrage à son alter ego masculin une personne imaginaire appelée “Eddie Bishop” , qui en-
tretient une relation amoureuse avec elle dans ses rêves. Cette femme déclare avoir également des visions de
“l’enfant Jésus qui est au-dedans [d’elle]”. Il lui apparaît sous les traits d’un “enfant idiot” baveux, émacié
et nu-pieds, vêtu d’un maillot de corps déchiré et dont “la tête [est] entièrement chauve et penchée d’un cô-
té”. Cette femme a engagé les services d’une religieuse catholique qui lui sert de “directeur spirituelet
l’aide à interpréter ses rêves et ses fantasmes . Dans son livre , elle mélange le mysticisme , la psychologie
jungienne, les expériences hors du corps, les idées féministes, un vécu religieux subjectif et ses fantasmes
romantiques, ce qui aboutit à un amalgame extraordinaire. Sincèrement, ce livre est tellement bizarre que sa
lecture dérange.
Mais ce qui est remarquable à propos de cet article de Christianity Today, c’est qu’il n’a pas été écrit
pour révéler les idées aberrantes qui sont enseignées par ces deux leaders évangéliques. Loin de là; la raison
qui avait motivé les rédacteurs du magazine était le fait que ces personnes étaient en butte à des attaques à
cause de leurs opinions.
Dans le mouvement évangélique moderne, on a le droit de défendre les doctrines les moins conven-
tionnelles et les moins bibliques tant qu’on accorde le même privilège à tout le monde. De nos jours, il ne
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