“Voici le commencement de la sagesse : Acquiers la sagesse, et avec tout ce que tu possèdes
acquiers l’intelligence” (Pv 4.7).
“C’est pour cela que nous aussi, depuis le jour où nous en avons été informés, nous ne cessons
de prier Dieu pour vous; nous demandons que vous soyez remplis de la connaissance de sa vo-
lonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle” (Cl 1.9).
“[En Christ] sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance” (Cl 2.3).
“Toute Écriture est inspirée de Dieu, et utile pour enseigner, pour convaincre, pour corriger,
pour instruire dans la justice” (2 Tm 3.16).
Ce n’est pas parce que nous sommes chrétiens que nous devons craindre de faire usage de nos facultés
de raisonnement. Il ne nous est pas demandé de nous méfier d’une logique saine. Nous de devons pas non
plus — surtout pas ! — abandonner la raison.
Lorsque Martin Luther fut convoqué à la diète de Worms en 1521 et qu’on lui demanda d’abjurer son
enseignement, il répondit : “A moins qu’on ne me convainque par des textes de l’Écriture ou par d’évidentes
raisons [...], je suis lié par les textes scripturaires que j’ai cités et ma conscience est captive des paroles de
Dieu, je ne puis ni ne veux me rétracter en rien, car il n’est ni sûr ni honnête de parler contre sa conscience.
Je ne puis autrement, me voici, que Dieu me soit en aide”.
La formulation bien connue de Luther, “L’Écriture et d’évidentes raisons”, est la seule base sur la-
quelle nous puissions fonder correctement le véritable discernement spirituel. Le discernement est la faculté
de comprendre, d’interpréter et de mettre en pratique la vérité d’une manière habile. Le discernement est un
acte cognitif. Par conséquent, quiconque rejette avec mépris la bonne doctrine ou une raison saine ne peut
être véritablement doué de discernement.
Le discernement spirituel authentique doit commencer par l’Écriture — la vérité révélée. Si la raison
humaine n’est pas solidement fondée dans la révélation divine, elle dégénère toujours et sombre alors dans
le scepticisme (la négation de toute possibilité de certitude), le rationalisme (théorie selon laquelle la raison
constitue une source de la vérité), le laïcisme (conception de la vie excluant délibérément Dieu) ou une
quantité d’autres philosophies opposées au christianisme. Lorsque l’Écriture condamne la sagesse humaine
(cf. 1 Co 3.19), elle dénonce non pas la raison en tant que telle, mais l’idéologie humaniste détachée de la
vérité divinement révélée de la Parole de Dieu. Autrement dit, la raison séparée de la Parole de Dieu conduit
inévitablement à des idées mal fondées, alors que la raison soumise à la Parole de Dieu est au cœur du dis-
cernement spirituel qui fait preuve de sagesse.
La Confession de foi de Westminster reconnaît clairement que la formule alliant l’Écriture et une rai-
son saine constitue la base du discernement. Voici ce que déclare cette Confession: “Tout le conseil de Dieu
[...] se trouve soit expressément consigné dans l’Écriture, ou bien, par voie de conséquence logique et inévi-
table, peut être déduit à partir de l’Écriture”. En d’autres termes, il convient d’appliquer à l’Écriture une lo-
gique saine et prudente afin de parvenir à une compréhension totale et mûre de la vérité spirituelle que Dieu
a révélée. Cela ne revient nullement à nier que l’Écriture soit pleinement suffisante. La formule ne prône pas
l’Écriture plus la philosophie, mais l’Écriture interprétée au moyen d’un raisonnement prudent, sensé, sé-
rieux et dirigé par l’Esprit. Voilà l’essence du discernement.
Pour résumer, l’anti-intellectualisme est incompatible avec la véritable sagesse spirituelle. Quiconque
considère que la foi consiste à renoncer à la raison ne peut être véritablement doué de discernement.
L’attitude irrationnelle est aux antipodes du discernement. Lorsque Paul demandait dans ses prières que
l’amour des Philippiens “augmente de plus en plus en connaissance et en pleine intelligence” (Pp 1.9), il af-
firmait la nature rationnelle de la foi véritable. Il voulait également indiquer que la connaissance et le dis-
cernement vont nécessairement de pair avec une croissance spirituelle authentique.
La foi biblique est donc rationnelle. Elle peut faire l’objet d’un raisonnement. Elle est intelligente.
Elle est parfaitement cohérente. Quant à la vérité spirituelle, elle est censée être considérée de façon ration-
nelle, examinée avec logique, étudiée, analysée et utilisée comme étant le seul fondement fiable permettant
de juger avec sagesse. Ce processus est précisément ce que l’Écriture appelle le discernement.
Le présent ouvrage est un plaidoyer en faveur du discernement. Son propos est de rappeler que la véri-