suivante : souligner les dimensions structurales de ce processus de remplacement à travers l’analyse des relations et
des liens se créant entre la naissance et la mort ainsi que le réseau de liens de parenté constitué entre les individus.
The duality of persons and groups (Ronald L. Breiger)
R. Breiger montre ici les principaux moyens par lesquels les réseaux intègrent les clivages engendrés par les systèmes
sociaux. Il s’agit ici pour lui de donner consistance et matérialité à une métaphore, traditionnelle, de la littérature
sociologique : les individus se rencontrent, vont à la rencontre les uns des autres et tendent à constituer des groupes,
lesquels se révèlent être des collectivités fondées sur des intérêts partagés, des affinités de personnes, des statuts
institués de membres qui concourent avec régularité aux activités collectives. Simultanément, on considère que la
structuration particulière des affiliations d’un individu définit les points de référence de ce dernier ainsi qu’elle
détermine son individualité, sa personnalité.
Dès lors, le présente discussion va chercher à traduire la précédente métaphore en une gamme de techniques qui
doivent in fine faciliter et garantir l’analyse empirique de l’interpénétration des réseaux de personnes ou de groupes.
Sont appelés groupes les collectivités ou associations sociales dont les listes d’adhésion sont valables et rendues
publiques - publications, reconstruction à partir d’observations de terrain et entretiens, etc.
Il se réfère notamment, en l’actualisant, à l’analyse de Simmel, et ce à travers la référence au concept de dualisme
développé par D. Levine dans « The structure of Simmel’s Social Thought » (in K. Wolff, Essays on Sociology,
Philosophy and Aesthetics by Georg Simmel, 1959). Ce concept est, selon Levine, un principe clé permettant de
mettre en exergue la pensée sociale de Simmel : le dualisme de Simmel pose que « la subsistance de chacun des
aspects de la vie humaine dépend de la coexistence d’éléments diamétralement opposés ». De même, le principe du
dualisme pose que la « sociation met l’individu dans une position duale … selon laquelle celui-ci est à la fois un lien
dans la structure de la sociation et une entité organique autonome ». Fort de cette définition du dualisme, l’auteur de
la présente contribution va définir le dualisme à partir des équations suivantes :
1. P = A (AT)
2. G = (AT)A
Soient deux ensembles, un premier ensemble composé d’individus et un second, composé de groupes, tels que la
valeur du lien entre deux individus est déterminée par le nombre de groupes auxquels chacun de ces individus
appartient et que celle du lien entre deux groupes est déterminée inversement par le nombre de personnes qui
appartiennent simultanément à ces 2 groupes (on peut prendre comme exemples d’individus des collégiens/écoliers et
comme exemples de groupes les cliques auxquels ceux-ci appartiennent). On peut dès lors construire une matrice P
des liens interpersonnels et une matrice G des relations inter-groupes. Chacune de ces matrices ne sont de fait pas
comparables, dans la mesure où elles représentent différents niveaux de structures (personnes et groupes) et où elles
ne sont pas de même dimension. Ce qui ne les empêche pas d’être en relation l’une avec l’autre : il est possible de
penser, en référence à Simmel, la relation pouvant exister entre deux groupes sous la forme d’ensemble de personnes
qui forment l’intersection des appartenances à différents groupes. De même, il est possible de penser chaque lien
d’appartenance entre deux personnes sous la forme d’ensemble de groupes qui forment l’intersection des diverses
affiliations personnelles. On a dès lors une matrice A définie dont les colonnes et les lignes (j et i) dépendent de
l’existence d’une appartenance de l’individu i au groupe j.
Je vous retransmets les trois exemples de matrices fournis par l’auteur :
P= A B C D E F G= 1 2 3 4 5 A= 1 2 3 4 5
A 0 0 0 1 0 0 1 0 1 0 0 0 A 0 0 0 0 1
B 0 0 1 0 0 0 2 1 0 1 1 1 B 1 0 0 0 0
C 0 1 0 1 0 0 3 0 1 0 2 1 C 1 1 0 0 0
D 1 0 1 0 1 2 4 0 1 2 0 1 D 0 1 1 1 1
E 0 0 0 1 0 1 5 0 1 1 1 0 E 0 0 1 0 0
F 0 0 0 2 1 0 F 0 0 1 1 0
La mise en exergue de réseaux d’appartenance apparaît d’autant plus pertinente selon l’auteur qu’elle présente des
avantages nets vis-à-vis de l’analyse sociométrique traditionnelle - analyse des réseaux de relations sociales-, même
si les deux reconnaissent le fait qu’il existe deux types essentiels de relations sociales : les appartenances et les
relations sociales (cf. analyse de Nadel, 1957, qui pose l’existence de « rôles d’appartenance » et de « rôles
relationnels »). Ces avantages tiennent au fait que l’analyse des liens d’appartenance permet de mettre en lumière
symétrie, réflexivité et qu’elle permet de montrer la complexité et les interactions entre relations sociales et relations
d’appartenance.