Histoire de la littérature chinoise classique chapitre 1
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l’autre latente. Il existe une forte relation entre les deux qui fonctionne au gré de certaines
règles précises, notamment celle des 5 éléments : wu xing. On trouve ainsi des réflexions qui
vont attirer l’attention sur des phénomènes apparemment étrangers. Va être intégré au sein de
cette pensée cosmologique des éléments relevant de la magie de la croyance, du religieux. Il y
a un très grand intérêt pour tout ce qui est étranger, invisible très tôt : des faits inexplicables
reçoivent une explication, ce sont des présages. Le monde est traversé de qi (souffles) qui sont
justes ou maléfiques. Il y a un désir d’écrire, de classer et de mettre dans de grands ouvrages
tous ces exemples racontés dans un but quasi-scientifique. Il y a aussi une valeur littéraire qui
se profile : débuts de la littérature gratuite. Les premiers exemples de récits mythiques,
cosmologiques, datent de la fin des royaumes combattants : Lü Buwei (d’origine marchande)
écrit le lü ming chun qiu qui est un exemple célèbre de cette tradition cosmologique.
2. Cultures périphériques – la poésie de Chu ; Qu Yuan
Va se faire jour une expression plus libre, plus lyrique, plus expressive du « moi ». Il y a une
ligne de séparation importante entre la Chine du nord et celle du sud. La Chine du nord est la
Chine officielle : poésies sèches, pas très explicites. C’est dans le nord que s’est développée
l’idéologie confucéenne (ordre, famille, société…). La Chine du sud est de tradition taoïste
(royaume de Chu = actuel Hubei et Hunan). C’est un royaume relativement barbare, marginal
à l’origine, très forestier qui contenait un ensemble de croyances religieuses très riches.
Derrière le taoïsme se profile l’union avec la nature, parfois sexuelle avec les déesses. C’est là
que naît Qu Yuan (340-278 av JC). C’est un des héros nationaux. Il est à l’origine un ministre
malheureux car le roi ne l’écoute pas lui, mais des flatteurs et des courtiers vils qui obligent
Qu Yuan à quitter la cour. Il s’exprime donc dans un long poème narratif où il parle de son
malheur et se jette dans une rivière.
Aujourd’hui, au 5e jour de la 5e lune, c’est la fête du Yang suprême : des courses de bateaux
avec des têtes de dragons sont organisées. Des gâteaux de riz et de viandes sont jetés dans la
rivière pour que les dragons ne mangent pas le corps du juste.
Il invente le thème dominant de la poésie en Chine du sud : la plainte. Souvent, le parallèle
avec la femme délaissée est fait lorsqu’on est un homme malheureux. Son poème s’appelle Li
Sao (malheur de la séparation). C’est un poème narratif où Qu Yuan se met en scène : voyage
dans un monde de divinités taoïstes où il y a des fleurs partout, des visions célestes. Il cherche
l’union parfaite avec une divinité (hiérogamie = s’unir par le mariage avec une déesse). Il rate
cette union et revient sans cesse sur le chant politique. Il se retrouve égaré au milieu de son
rêve d’immortalité. Il est désespéré.
Le Li Sao est inclus dans un ouvrage plus vaste : le Chu Ci, Les élégies de Chu. Ces poésies
sont à valeur cosmologique, en particulier les Tian wen qui sont des poésies lyriques,
angoissées à valeur religieuse. Une autre série de poème sont les Jiu ge ( les neufs chants) qui
sont des poèmes chamanistiques qui interrogent les dieux et les ancêtres. Cette poésie de Chu
va compter énormément dans la naissance de la poésie individuelle.
3. Une petite place pour le merveilleux – Aux marges de l’histoire
Dans les écritures de la Chine ancienne, l’histoire officielle compte beaucoup mais il y a
quand même des textes marginaux qui voient le jour dont il nous reste quelques éléments : ce
sont des histoires non officielles où se mélangent le réel et le mythe.
Le Mu Tian Zi Zhuan date du 4e siècle BC. Mu est le premier roi des Zhou en 1000 av JC, et
le texte raconte son voyage d’inspection. Il finit loin vers l’ouest et rencontre la Reine-Mère
d’occident qui vit au milieu des monts KunLun. Il tombe amoureux d’une fille noble qui