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TMS, le nouveau mal du siècle
Arnaud de Broca, secrétaire général de la Fédération nationale des accidentés du travail et handicapés (Fnath)
TMS, trois lettres pour désigner les troubles musculo-squelettiques. Trois lettres pour mettre un nom sur le
cauchemar de milliers de travailleurs, qui voient chaque année leur destin basculer. Au bout de dizaines
d’années de travail, dans des conditions souvent pénibles, ces travailleurs se retrouvent dans l’impossibilité de
bouger leur poignet, leur coude ou leur épaule. Difficile, dans ces conditions, de se maintenir dans leur emploi,
d’autant plus qu’ils sont rapidement poussés vers la porte de sortie, peu importe alors le nombre d’années
passées dans leur entreprise. Si certaines professions – notamment dans l’agroalimentaire – sont
particulièrement concernées, aucune n’est épargnée.
Ces trois lettres plongent les travailleurs dans des souffrances extrêmement importantes, qui les empêchent,
certes de travailler, mais aussi de vivre au quotidien : impossible en effet de porter ses enfants ou ses petitsenfants, difficile de réaliser les actions de la vie quotidienne. Bref, la vie bascule. Chaque année,
120 000 personnes sont licenciées pour inaptitude. Parmi elles, nombreuses sont celles qui souffrent d’un
TMS. Pour beaucoup de professions, un tel licenciement revient à leur signer leur interdiction de travailler. En
effet, comment imaginer, dans le contexte économique actuel, quand on connaît la réalité de l’emploi des
seniors, que ces personnes, souvent peu diplômées, pourront retrouver un emploi ? Pourtant, dans la plupart
des cas, elles ne recevront pour toute indemnisation qu’un capital d’un montant avoisinant les 4 000 euros. Ce
n’est pas cher payé pour avoir donné sa santé pour son travail.
Face à ce nouveau mal du siècle, il y a quelques mois, le gouvernement avait décidé d’agir, mais d’une
curieuse manière : il avait en effet décidé de rendre plus compliquée la reconnaissance de l’origine
professionnelle d’un tel trouble. Alors, rien d’étonnant si l’on constate dans les prochains mois un
ralentissement de l’augmentation des TMS. Il vaut parfois mieux casser le thermomètre
que regarder la
réalité en face.
Mais ce n’est pas le seul scandale. Les TMS sont particulièrement sous-déclarés, car les salariés ne font pas
toujours le lien entre les conditions de travail subies pendant des dizaines d’années et leurs troubles. De plus,
leur médecin traitant, seul à même de rédiger le certificat médical initial de pathologie professionnelle, ne
maîtrise pas toujours cette réglementation. Dans ces conditions, qui paie les frais ? Les travailleurs dans leur
chair. Le contribuable dans son porte-monnaie, puisque les TMS vont peser encore davantage sur la branche
maladie et non pas sur la branche accidents du travail–maladies professionnelles. Mais pas les employeurs,
pourtant à l’origine de cette épidémie des temps modernes.
Chaque jour, la Fnath reçoit dans ses permanences des personnes souffrant de ces TMS. Nous agissons pour
que ces troubles soient mieux indemnisés, notamment en prenant en compte la fixation du taux d’incapacité
l’incidence professionnelle d’un tel trouble. Notre accompagnement vise aussi dans de nombreux cas à faire
reconnaître la faute inexcusable de l’employeur : car les TMS ne constituent pas une fatalité ! Prévenir ces
risques est possible. Il appartient aux employeurs de respecter leur obligation de sécurité de résultat et de
préserver la santé de leurs salariés ! Il est indéniable que la prévention de ces troubles fait des progrès, mais, à
en croire le nombre de personnes qui viennent demander conseil à notre association pour être mieux
indemnisées, ces troubles ont de beaux jours devant eux, si l’on ne donne pas un coup d’accélérateur à la
prévention.
Hendaye le 06 juillet 2012
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