MASSART Conférence d’économie de Sophie Harnay
TRISTAN
du vote. De plus, les citoyens n’investissent pas leur temps dans la recherche d’informations
post-électorales sur les élus ou leurs actions, n’en voyant pas l’intérêt étant donné le coût
d’opportunité d’une telle entreprise. Cette ignorance rationnelle et donc volontaire est rare
dans le secteur privé qui est souvent marqué par une asymétrie d’information (involontaire).
La théorie s’intéresse également au comportement des élus et des gouvernants. En
effet elle étudie le comportement des législateurs qui sont tenus d’agir dans l’intérêt du bien
commun, mais ce comportement ne conduit à aucune compensation puisque le législateur ne
récupère pas une partie du budget économisé ou un quelconque bénéfice d’une bonne gestion
des ressources publiques…Il n’y a donc pas d’intérêt direct à agir dans l’intérêt de la
communauté, ce qui n’influence pas les politiques à agir dans ce sens. Les politiques sont en
outre influencés par des groupes de pression (lobbies aux USA par exemple). Tout cela
conduit les agents de la politique économique à se comporter d’une manière qui ne maximise
pas l’intérêt de la communauté mais le leur, c’est-à-dire leur maintien au pouvoir.
Une autre théorie des choix publics a été développée par George Stigler et s’intéresse
au comportement des fonctionnaires : « the theory of capture ». G. Stigler montre que les
fonctionnaires employés par l’Etat ne sont pas motivés par une maximisation de leur revenu
ou profit mais agissent parce qu’ils ont un but fixé, une mission. Ils ont pour cela besoin des
fonds alloués par le Congrès (l’étude de Stigler se base sur la société américaine) et les
personnes ou groupes de personnes qui doivent bénéficier de leur mission sont justement
souvent en mesure d’influencer le Congrès. Dès lors cette dépendance des fonctionnaires
envers les groupes de pression peut leur valoir d’être « capturés » par les groupes d’intérêt
influents (qui sont de natures très diverses).
Toutes ces théories sont autant d’exemple de l’échec des gouvernements selon les
théoriciens des choix publics. Ils proposent alors des moyens de remédier à ces échecs.
Ils suggèrent pour cela l’application du principe de subsidiarité (ce qui pour un Etat
non fédéral revient à la décentralisation).
George Tullock et William Niskanen proposent également de mettre en concurrence
plusieurs services publics pour augmenter les performances et l’efficacité. L’idée est en fait
de rémunérer les services publics selon leurs performances, leurs succès, idée reprise par
Rodney Fort et John Baden qui suggèrent la création d’un « predatory bureau » chargé de
réguler les budgets des différents services selon leur réussite.
Une idée plus controversée par les différents économistes des choix publics est
d’établir une législation limitant les dépenses des services publics.
Mais Buchanan et Tullock analysent aussi le processus des prises de décision
collective. Ainsi ils cherchent à montrer qu’unedécision collective ne suit l’intérêt public que
si elle est prise à l’unanimité, rejetant alors la prise de décision à la majorité.
2. Critiques et évolution
La théorie des choix publics a souvent été critiquée comme une théorie conservatrice
et opposée à toute intervention de l’Etat dans l’économie puisqu’elle met en exergue les
carences de l’Etat et son inefficacité à corriger les imperfections du marché. Ils s’opposent
alors à une vue plus interventionniste, prônée notamment par les kéneysiens. Mais certains
théoriciens des choix publics prônent une intervention du gouvernement et tous ne font pas de
« l’économie idéologique ». Certains se basent sur des modèles objectifs, construisant par
exemple des modèles mathématiques sur les stratégies de votes (qui rappellent un peu la
théorie des jeux). L’Institut de Technologie de Californie a ainsi mis en évidence l’importance
de mettre en place des calendriers pour les élections ou de faire des référendums de manière à
influencer le comportement des politiques et les forcer à prendre en compte toutes les options.
De cette mathématisation de la théorie des choix publics est née la théorie des choix sociaux