Histoire burdy - Le site de la conf2 de l`IEP de Grenoble _ 2003

Cours de burdi
intro
Introduction générale au cours
« Questions d’Orient, questions d’Occident »
I/ Question d’Orient et Moyen-Orient :
1-1/ Du titre au cours : « Question d’Orient »
(citation d’Arnold Toynbee sur le polycopié)
Années 1920 : les empires ont disparu, y compris l’empire ottoman alors que la « question
d’orient » a dominé la diplomatie occidentale au XIXe.
Cela montre la place de l’empire ottoman en Europe à l’époque : la question d’Orient est aussi
une question occidentale car c’est un empire eurasiatique.
Début XXe : fin des guerres balkaniques : l’empire ottoman n’a plus qu’un petit bout de
territoire en Europe.
Dans la diplomatie du XIXe siècle, l’empire ottoman fait partie du « concert européen ».
Les relations entre l’Orient et l’Occident remontent aux croisades : un affrontement entre
l’Occident chrétien et l’Orient musulman, dont on retrouve de nombreuses références encore
aujourd’hui.
On peut donc voir qu’il y a une grande proximité entre l’Orient et l’Occident mais des
rapports antagoniques dans le temps.
1-2/ De quel Orient s’agit t’il ? Proche-Orient et Moyen-Orient
1-2-1/ Une terminologie multiple et parfois floue :
« Orient » : Napoléon Bonaparte en Egypte à la tête de « l’armée d’Orient ».
Pendant la Première Guerre Mondiale, « Armée d’Orient » a combattu dans les Balkans.
« Levant » : jusqu’en 1980, existence d’un bureau « d’Afrique du Nord - Levant » au
ministère des affaires étrangères.
« Echelles du Levant » : escales en Méditerranée orientale.
« Proche-Orient » : Etats riverains de la Méditerranée orientale : Liban, Egypte, Israël-
Palestine, Syrie… Mais ce terme est utilisé seulement en France.
« Machrek » : Moyen-Orient arabe (comme Maghreb pour l’Afrique du Nord)
1-2-2/ Histoire d’un concept géopolitique :
« Moyen-Orient » : terme inventé par A.Mahan (USA) en 1890, mais le mot sera popularisé
par une série d’articles du Times en 1903.
Les deux guerres mondiales vont élargir la notion de Moyen-Orient : Le Caire fut le pivot des
forces britanniques, puis américano-britanniques pour l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.
Le « Middle-East Institute » fut crée aux Etats-Unis après la seconde guerre mondiale, de
même qu’une revue spécialisée.
Néanmoins, le « Moyen-Orient » est un terme géopolitique récent et connoté : c’est toujours
une région floue, à géométrie variable (voir doc.1 Quelques avatars de l’expression « Moyen-
Orient » sur le polycopié avec les cartes)
1-3/ De la modernité ; un concept discuté :
La « modernité universelle » est en réalité celle de l’Occident, posée comme référence, à
laquelle on confronte le parcours d’autres pays.
Il faut donc éviter de faire des comparaisons faciles et d’avoir une vision binaire, il faut
montrer les avancées, les régressions, les contradictions, en bref, la complexité du réel.
II/ L’islam : éléments d’histoire et de définition :
Islam : civilisation musulmane
islam : religion seulement
islamique ≈ musulman ≠ islamiste
2-1/ Les grandes étapes de l’histoire de l’islam
2-1-1/ Les origines de l’islam
►L’islam, principe religieux et organisation du pouvoir politique dans la péninsule
arabique au VIIe siècle.
Le Coran est le livre saint des musulmans. Il pose des principes et pratiques religieuses dans
ses 5 piliers :
- la profession de foi
- les 5 prières quotidiennes et la grande prière du vendredi
- l’aumône légale pour les pauvres et les nécessiteux
- le pèlerinage (hadj) à La Mecque (ce qui confère du pouvoir à l’Arabie Saoudite,
gardienne des lieux saints)
- le jeûne du ramadan
Le djihad existe sous deux formes :
- le grand : combat spirituel intérieur du croyant
- le petit : détournement idéologique, « guerre sainte »
Mahomet a voulu rassembler l’Oumma (la communauté des croyants), ce qui va entraîner une
expansion territoriale phénoménale : Afrique du Nord, Espagne, Perse…
Mais c’est un échec du rassemblement de l’Oumma car plusieurs royaumes se forment assez
vite.
Dar-ul-islam : terre où l’islam est majoritaire.
►Le problème de la succession du Prophète : les quatre premiers califes (rachidoun) : Abu
Bakr, Omar, Othman, Ali (assassiné et plus de successeurs)
660-670 : scission dans l’islam car certains n’ont pas voulu reconnaître les successeurs
désignés : - chiisme (de Shi’a, la séparation) : ancien donc légitimité historique
- sunnisme : musulmans « orthodoxes ».
2-1-2/ L’empire arabo-musulman, de l’expansion aux divisions (VIIe-XIIIe) :
L’empire est tout d’abord polycentrique : le sultanat est vite transféré d’Arabie à
Damas pendant la dynastie des Ommeyades (VIIe-VIIIe).
Ensuite, le sultanat est transféré à Bagdad lors de la dynastie des Abassides ; c’est l’« âge
d’or » de l’empire arabo-musulman. Il a en effet alors un rôle de médiateur culturel entre :
- L’Antiquité et le Moyen-Âge occidental, par la copie et la traduction de textes de
l’Antiquité puis leur transmission à l’Occident.
- La Chine et l’Occident avec l’arrivée d’inventions chinoises comme la poudre, le
papier…
1258 : les Mongols renversent les Abassides, c’est la fin de l’empire arabo-musulman :
l’islam est géré par les Mongols, les Turcs…
Les Turcs s’emparent du titre de calife en conquérant l’Egypte, puis la transfèrent à Istanbul.
Titre de Sultan-Calife : titre politique et religieux.
1924 : suppression du califat, mais plusieurs tentatives de rétablissement depuis.
Ainsi, plusieurs villes se disputent le titre de « capitale du monde arabe » : Le Caire, Damas,
Bagdad, l’Arabie Saoudite.
2-2/ Eléments de diversité géographique et religieuse :
2-2-1/ L’islam contemporain est majoritairement asiatique :
1 milliard 200 millions musulmans dans le monde :
- Indonésie : 175 millions
- Pakistan : 150 millions
- Bengladesh : 110 millions
- Inde : 110 millions
- Chine : 35-150 millions
Trois poids-lourds au Moyen-Orient, dont deux non-arabes : l’Iran, la Turquie et l’Egypte,
avec environ 70 millions d’habitants chacun.
Présence également d’importantes minorités hors de la dar-ul-islam, notamment en Europe.
La première vague d’immigration a eu lieu pendant la Première Guerre Mondiale, puis il y a
eu différentes phases.
Les trois pays européens il y a les minorités musulmanes les plus importantes sont la
France, l’Angleterre et l’Allemagne, mais leurs immigrations furent différentes.
- En France, elle vient principalement du Maghreb et d’Afrique, ce qui est lié à
l’histoire coloniale.
- En Angleterre, elle est liée également au passé colonial, mais l’immigration vient
plutôt cette fois du Pakistan, du Bengladesh…
- En Allemagne, elle vient principalement de Turquie ; un accord de mobilité de la main
d’œuvre a été signé entre l’Allemagne et la Turquie en 1961.
Il existe également d’importants communautés musulmanes en Amérique du Nord, mais aussi
en Amérique du Sud (appelés « los Turcos »).
Il y a parallèlement des minorités non-musulmanes en terre d’islam :
- des catholiques latins, orientaux et uniates (rattachés à Rome)
- des orthodoxes grecs et byzantins
- des chrétiens d’Orient autocéphales
- des juifs
2-2-2/ Une majorité sunnite, une minorité chiite importante :
L’islam dit orthodoxe est majoritairement sunnite (90%). Il respecte la Sunna (c’est à dire la
chari’a et les Hadîts). Il y a des oulémas (docteurs de la Loi), mais il existe 4 écoles juridiques
fondamentales :
- malékite : Maghreb, Afrique…
- hanéfite : Turquie, Chine…
- chafiiste : Egypte, Indonésie, Malaisie…
- hanbalite : Arabie Saoudite (très fondamentaliste)
Il existe donc une grande diversité d’interprétations de la loi, plus libérales ou plus
fondamentalistes selon les régions.
Le chiisme (10% du monde musulman) s’oppose sur trois points au sunnisme :
- au plan politique, il y a tout d’abord une grande méfiance envers le pouvoir en place,
surtout s’il est sunnite (exemple : en Irak).
- au plan eschatologique : les chiites croient au jugement dernier, à la résurrection…
Depuis le VIIe siècle, les chiites attendent le retour de « l’imam caché » (équivalent
approximatif du Messie chez les Juifs).
- sur le culte du martyr : le chiisme est de l’assassinat de plusieurs personnes dans la
région de l’Irak au VIIe siècle. Cérémonies de flagellation : achounas
Le croyant chiite peut être amené à se sacrifier ; monde du deuil, le deuil est fondateur du
chiisme : turbans, tchadors noirs…
Cependant, le culte du martyr semble s’être propagé au sunnisme depuis une dizaine
d’années.
Il n’y a qu’un seul Etat chiite au monde, c’est l’Iran ; il s’y est développé tôt : il s’est propagé
à toute la Perse au XIIIe siècle et la dynastie perse l’a proclamé religion officielle au XVIIe
siècle.
Le chiisme se différencie également du sunnisme par le clergé :
- sunnisme : oulémas, mais pas de hiérarchie pyramidale, pas d’autorité supérieure, de
clergé organisé…
- chiisme : clergé hiérarchisé : 600 000 sayyeds, 180 000 mollahs, 1 000 ayatollahs et
une douzaine de « Grands Ayatollahs ».
2-3/ L’islamisme, une idéologie et des pratiques instrumentalisant l’islam :
2-3-1/ Rappels terminologiques :
- intégrisme : en France au XIXe tout d’abord, ce terme qualifiait les luttes d’influence
au sein de l’Eglise catholique : les conservateurs voulaient appliquer « l’intégralité du
texte » et s’opposaient aux réformateurs. C’est un terme à employer avec prudence,
car il ne s’applique qu’à certains groupes.
- fondamentalisme : protestantisme américain : groupes prônant une interprétation
stricte de la Bible, un retour aux sources… Ce terme s’applique à certains groupes
musulmans qui veulent retourner aux sources du Coran, opérer une « réislamisation
par le bas ».
- fanatisme : XVIIIe, ce terme était péjoratif et employé par les philosophes des
Lumières pour dénoncer les excès religieux.
- islamisme : terme apparu il y a 20 ans pour qualifier une idéologie ou un mouvement
politique qui mobilise, instrumentalise l’islam à des fins politiques.
2-3-2/ Rappels chronologiques : des Frères Musulmans égyptiens (1928) aux
Talibans afghans et à al-Qaeda (2001)
Les Frères Musulmans opérèrent en Egypte entre 1928 et 1952 et furent la matrice des
mouvements islamistes contemporains.
1979 : révolution islamique en Iran : seule révolution islamique à avoir pris le pouvoir.
ur de la mosquée de La Mecque envahi pendant trois semaines par une tribu islamiste :
entre 30 et 700 morts.
1981 : assassinat du président Sadate par un groupe islamiste
En Afghanistan, les Soviétiques tentent de maîtriser le pays, les USA aident indirectement les
« Freedom Fighters », ce qui constitue une matrice pour les mouvements islamistes récents.
Al-Qaeda : 3ème vague islamiste, terrorisme déterritorialisé, donc beaucoup plus difficile à
combattre.
Conclusion :
Il y a différents points de vue sur les perspectives de l’islamisme : certains le voient
dans une phase ascendante, d’autres pensent qu’il a échoué à prendre le pouvoir politique : les
attentat-suicides seraient des actes de désespoir, sans but de prise de pouvoir.
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