L'Arménie dans l'UEE ; bilan de la première année
En 2013, l'Arménie a refusé d'intégrer la zone de libre-échange de l'Union Européenne qui
lui aurait permis de commercer avec un bloc de 28 nations à des conditions favorables. Au
lieu de cela, elle a choisi de rejoindre l'Union Economique Eurasiatique (UEE) et
d'approfondir ses relations commerciales avec ses anciens alliés soviétiques, la Russie, la
Belarus (Biélorussie) et le Kazakhstan.
Lors de la signature du traité d'adhésion à l'UEE en Octobre 2014, les autorités et les milieux
économiques étaient bien optimistes sur les perspectives d'avenir de cette alliance ; ils
espéraient que l'amélioration des termes de l'échange permettrait l'augmentation des échanges
avec les autres membres de l'Union et l'amélioration sensible de l'économie arménienne.
Malheureusement force est de constater que cette adhésion, au 1er janvier 2015, n'a pas eu
jusqu'à présent les effets escomptés. Parmi les nombreuses raisons qui expliquent cette
régression certaines sont structurelles et d'autres conjoncturelles.
Les raisons structurelles
Il y a un an déjà nous nous interrogions sur l'opportunité d'une telle adhésion vu les profondes
divergences d'intérêts des pays partenaires et les dysfonctionnements au sein de l'Union.
Les relations commerciales entre les membres fondateurs sont toujours tendues en raison de
désaccords relatifs à l'application des sanctions occidentales contre la Russie.
La situation aux frontières de l'Union est toujours chaotique en attendant la mise en place des
nouvelles procédures douanières.
D'autre part, l'absence de frontières communes de l'Arménie avec les autres membres de
l'Union est à l'origine de bien de difficultés.
La route à travers le col de Verin Lars sur la frontière entre la Géorgie et la Russie est le seul
itinéraire terrestre que les camions et autres véhicules arméniens peuvent emprunter pour se
rendre en Russie et les autres pays de l'UEE.
Mais ce col est souvent fermé soit en raison des conditions atmosphériques (neige et
éboulements en hiver), soit pour des raisons géopolitiques. Les responsables avaient occulté
cet aspect des choses lors des négociations préparatoires à l'adhésion.
Les raisons conjoncturelles
Elles concernent la situation économique de la Russie, la baisse du pouvoir d'achat en
Arménie, ainsi que la baisse des transferts extérieurs et l'émigration.
Ces facteurs ont entraîné des difficultés majeures pour l'économie arménienne selon un
enchaînement classique.
- La baisse des prix du pétrole et du gaz, ainsi que les sanctions occidentales ont entrainé le
recul du pouvoir d'achat en Russie et la dépréciation du rouble.
- La faiblesse de la monnaie russe a rendu les produits arméniens plus coûteux en Russie ; les
exportations arméniennes en ont beaucoup souffert.
- En sens inverse les investissements et les importations en provenance de Russie auraient du
augmenter puisque moins chers ; mais ils ont régressé en raison de la baisse du pouvoir
d'achat et du recul de la demande intérieure en Arménie même.
Cette situation en Arménie s'explique par la baisse des transferts en provenance de Russie et
l'émigration. Ce dernier phénomène est systématiquement minimisé par le pouvoir.