Les années 30 correspondent également à l’affirmation des nationalismes. C’est à ce moment là d’ailleurs que les
revendications d’abord modestes (participation des élites à la gestion des territoires) deviennent clairement
indépendantistes. Il distingue un nationalisme d’inspiration religieuse présent au Maghreb et en Indonésie, d’un second
courant libéral lié à la modernisation économique et à la promotion d’une bourgeoisie indigène. Le troisième courant est
d’inspiration communiste comme au Vietnam.
Au sujet des facteurs la décolonisation, Bernard Droz démontre qu’il est possible de la classer en opposant les causes
exogènes et endogènes. Les facteurs endogènes sont liés aux relations de plus en plus conflictuelles entre
colonisateurs et colonisés. On observe au sortir de la première guerre mondiale la généralisation d’un réflexe répressif. (Les
emprisonnements de Gandhi). Cette politique fait apparaître la contradiction entre l’idéal démocratique mis en avant par les
métropoles et la violence des persécutions contre l’opposition. Parfois des concessions sont faites : exemple, les trois India Act
(1909, 1919, 1935).
Les facteurs exogènes sont liés à un environnement de moins en moins favorable à la perpétuation du colonialisme. L’auteur
note l’impact du second conflit mondial : perte de prestige liée à la capitulation (40 pour la France, 42 pour les britanniques
à Singapour), arrivée de puissances étrangères qui s’appliquent à saper les bases de la domination de l’ancienne
métropole (Japon en Asie e, EU en Afrique du Nord), charte de l’Atlantique, mise en place de l’ONU, l’affirmation de
l’URSS et des EU (cf crise de Suez)
Au sujet des indépendances, il distingue classiquement trois phases dans le processus de décolonisation. La première est
essentiellement asiatique, la seconde africaine. La troisième phase concerne les dernières colonies africaines
dominées notamment par le Portugal et l’Afrique du Sud. Au sujet de la décolonisation africaine, l’un des intérêts de
l’ouvrage de Bernard Droz réside dans la proposition d’une chronologie plus spécifique des évènements. De 1957 à 1960,
les indépendances concernent l’Afrique occidentale, plus riche et plus « évoluée » que le reste du continent. De 1960 à 1965,
on assiste à des décolonisations plus hésitantes des possessions britanniques d’Afrique occidentale, orientale, et centrale. A
partir de 1965, tardent à venir les indépendances des colonies portugaises et sud africaine. L’auteur parle d’ailleurs de
« bastions blancs ».
A sujet de modalités de la décolonisation, Bernard Droz remet en cause « l’opposition classique entre une décolonisation
britannique qui serait assumée, négociée et pacifique et une décolonisation français plus conflictuelle et crispée ». Il
rappelle les épreuves de force britannique en Malaisie et au Kenya. Il note, cependant, qu’avec deux guerres coloniales de huit
ans chacune, « la décolonisation française a une spécificité ». Pour compléter l’approche, l’auteur fait une comparaison
remarquable entre les indépendances des Indes néerlandaises et celle de l’Indochine, en effet l’indépendance de l’Indonésie
donne lieu à deux « opérations de police » en juillet 47 et décembre 48. En réalité, on peut parler de guerres.
Au sujet du bilan de la décolonisation, BD botte en touche en évoquant « l’impossibilité de la tâche ». Il note simplement le
maintien de « confettis d’empires ». Il remarque ensuite que « l’un des héritages majeurs de la décolonisation réside dans la
distinction de deux espaces différenciés, le Nord développé, celui des anciennes puissances impériales, et un Sud
politiquement émancipé mais économiquement dépendant ». Pour finir, Il constate que la décolonisation a favorisé la
balkanisation du monde. Elle est suivie également d’une multiplication des conflits postcoloniaux (Biafra, Cachemire
Sahara espagnol).
Dans les études de documents, l’auteur propose quelques grilles d’analyse intéressantes. Au sujet de la société
coloniale, il démontre qu’elle est doublement hiérarchisée et cloisonnée. Il note les liens entre colonisation et
évangélisation. Les églises ont par ailleurs joué un rôle majeur dans la formation des élites locales. Il montre également
l’originalité des luttes pour l’indépendance indienne. La non-violence de Gandhi est démontrée à travers l’exemple de la
marche du sel. Il fait également apparaître l’habileté de la résolution Quit India qui profite de l’affaiblissement britannique