de un et trois ans, elles peuvent s'introduire une graine de haricot, un petit jouet dans le vagin, par
curiosité, comme elles le feraient dans d'autres orifices ( www.umich.edu ). Entre l'âge de deux ans et demi
et cinq ans, la plupart des enfants touchent, manipulent ou frottent leurs organes génitaux
occasionnellement avec l'intention de se donner du plaisir. Beaucoup aussi les agrippent quand ils se
sentent anxieux. Environ 10 à 15 % des enfants connaissent déjà les gestes classiques de la masturbation.
A partir de six ans, le caractère ostensible de la masturbation-plaisir diminue vite. Tout au plus certains
enfants jouent-ils occasionnellement avec leur sexe à travers leurs habits, en igno- rant ou en oubliant que
des témoins peuvent comprendre ce qu'ils font. Rappel à l'ordre rapide par leurs parents, voire par les
frères et soeurs aînés, honteux de leur « sales manières devant tout le monde ». En revanche, les
manipulations et vérifications sexuelles dictées surtout par l'angoisse, elles peuvent rester relativement
publiques jusqu'à environ huit ans.
A l'adolescence ( vers treize-quatorze ans ) quasi tous les garçons se masturbent, une minorité
occasionnellement, une majorité entre trois fois par semaine et quotidiennement, voire plus pour une
petite minorité ( autour de 5 % ). Entre 50 et 60 % des filles le font également. ( A supposer que ces
chiffres, souvent issus de questionnaires présentés à des étudiants d'école supérieure ou à des jeunes
adultes, soient vraiment fiables.)
Quand on est deux
Pour les plus délurés des préados, les activités sexuelles imitent de plus en plus celles des aînés, puis, pour
quelques-uns, s'y conforment totalement (1) . Toutefois, il existe un hiatus important entre leur capacité
de performance physique - qui peut être très « au point » - et leur maturité affective et relationnelle : elle
reste celle d'enfants de onze-douze ans qui mesurent mal les conséquences possibles de leurs actions.
Hélas, ils n'osent guère parler aux adultes de leurs « exploits » ni de leurs éventuelles préoccupations à ce
propos et ils constituent donc un groupe à haut risque ( pas de précaution contraceptive, MST, grossesses
très précoces dramatiques !). Exemple de cette progression : jeunes voisins, fille et garçon de douze ans,
attirés sexuellement; parents peu présents; des rencontres assez régulières à domicile qui sont l'occasion
de passer par les étapes suivantes de sexualisation : baiser et étreintes du corps, baiser profond et petting (
c'est-à-dire caresses érotiques à travers les vêtements ), masturbation, « doigtage », sexe oral et
pénétration vaginale.
Précision importante
A l'heure actuelle, une discussion s'imposerait au sujet du sexe oral. Les médias et le discours
sexuel au quotidien l'ont beaucoup banalisé, du moins dans sa polarité « pénis dans une bouche ».
Donc, de loin en loin, des enfants, même petits ( six-sept ans ), intelligents, curieux et bien
documentés, peuvent tenter l'expérience, sans en comprendre la dimension érotique : ça n'a rien
d'une fellation! A huit-neuf ans, ils peuvent se lancer des défis à ce sujet. C'est seulement à la
préadolescence que quelques-uns l'intègrent à leur répertoire érotique homo- ou hétérosexué et
que l'on peut parler de vraie fellation. Pour celle raison, je préfère réserver l'expression « (
relations ) activités sexuelles complètes » ou « ( relations ) activités sexuelles adult- like » pour
désigner celles, non solitaires, où il y a pénétration ( orale, anale, vaginale ) avec l'intention de faire
comme les grands pour en tirer le même bénéfice érotique qu'ils en retirent. Inversement, toute
introduction d'un pénis ( ou d'un autre objet ) dans un orifice ad hoc du partenaire lors d'un jeu
sexuel ne peut pas être assimilée ipso facto à une activité sexuelle complète, au sens de ma
définition, même si son apparence peut choquer.
Le vocabulaire et le discours sexuels
Dès sept-huit ans, une partie des échanges en cour de récréation porte sur les connaissances sexuelles.
Quelqu'un rapporte une blague glanée on ne sait où, de celles qui circulent dans le vent des rumeurs
enfantines, aussi souvent scatologique ou sadique que sexuelle; tout le monde dans le groupe ne comprend
pas, mais tout le monde rit d'un air entendu. Au fur et à mesure de l'avancement en âge, le vocabulaire
quotidien s'émaille d'interjections osées par lesquelles l'enfant affine son appartenance au monde des
grands : « Putain, c'est vrai quoi; faites pas chier! » Lâchées pour un oui ou pour un non entre pairs, elles
se hasardent même parfois en présence de l'adulte témoin ou dans sa direction lorsque l'enfant est très
énervé ou fâché. Les blagues salaces se multiplient, de plus en plus crues. Bien des échanges sont centrés