Parmi les causes de l'infra-humanité" en Afrique, il nomme la " léthargie " et "
l'esprit de clocher ". Ce sont les pesanteurs et les obstacles du progrès. Selon lui, " la
'léthargie des africains vis-à-vis de " nouvelles technologies", au nom de leur vénérable et
invulnérable tradition, doit être combattue et abattue"
. Car pour lui, " l'homme africain
doit se doter d'un arsenal technique approprié pour se préserver de l'infra-humanité". Pour
le moment, il étale "sa faiblesse et son incompétence"
.
Kangudi propose comme solution, le recours à une " synergie inventive comme
condition d'effectuation de progrès " et " à une métabolisation des technologies étrangères ".
La métabolisation des technologies doit se comprendre comme " un processus qui consiste a
la fois en une anabolisation des technologies étrangères dans ce qu'elles ont de positif, de
néguentropique, de bénéfique, et en leur catabolisation dans ce qu'elles comportent
d'entropique "
Pour Kangudi, ce qui fait le plus de défaut en Afrique, c'est la " synergie
inventive", c'est-à-dire la mise en commun d'efforts et de force pour une intelligence
collectivement organisée et organisatrice avec pouvoir de décision et de capacité créatrice
"
. L'homme africain est ainsi responsable de l'invention et de la construction collectives de
la technologie en vue du progrès- Pour ce, envers lui-même, il doit " accepter une mise en
question de sa conduite naïve et quémandeuse ou, plus positivement, à se considérer comme
sujet ou acteur de sa propre histoire" et " contribuer efficacement à la solution des problèmes
éthiques que soulève la technologie, et à la création d'un organe de coordination pour les
aborder "
. La volonté d’assumer le progrès de la technologie moderne en Africaine est donc
suffisamment rendue dans ce texte.
1.4. Akenda Kapumba : pour une réappropriation de la technologie occidentale
Akenda, traitant de la culture africaine et la science opte pour une approche
phénoménologique. Il montre que la science est en réalité une culture qui s'apprend à
l'Université. A partir des universitaires, elle s'étend dans la vie de la cité. Les citoyens
l'intériorisent et acquièrent ainsi des réflexes scientifiques dans leur vie privée et
professionnelle.
Pour Akenda, le système universitaire africain ne semble pas susciter des
réflexes scientifiques auprès de jeunes générations ni orienter l'ensemble de la société. C'est
pourquoi la société africaine est en crise. C'est une crise d'orientation théorique et
pratique. Une crise de raison et d'identité. Elle se manifeste comme une " incapacité de
s'adapter aux nouvelles formes d'être - au - monde ", de trouver des solutions adéquates aux
problèmes existentiels
.
Elle se vit aussi sous la forme de " précarité de l'organisation sociopolitique".
Selon lui, il ne faut pas toujours rechercher les causes de la crise africaine dans la rencontre
de l'Afrique avec l'Occident européen. Les causes de la crise se retrouvent " dans la
mentalité et l'imaginaire africain qui sont parfois des obstacles au déploiement de la
raison ", dans " l'acte même de connaître "
. Il est clair pour Akenda, l'émergence de la
culture scientifique sur la terre africaine dépend de la rupture épistémologique avec notre
Kangudi Kabwatila Stany, La synergie inventive comme condition d’effectuation du progrès technique en
Afrique, in Revue philosophique de Kinshasa, vol. XIII, n°23-24,1999, p.59
Kangudi Kabwatila Stany, op.cit., p.63
Kangudi Kabwatila Stany, op.cit., ibidem
Kangudi Kabwatila Stany, op.cit., p.65
Kangudi Kabwatila Stany, op.cit., p.69
Akenda Kapumba, La société africaine dans le sillage de la culture scientifique. Sur le rapport entre université,
culture et science, in Revue philosophique de Kinshasa, vol. XIII, n°23-24,1999, p.28
Akenda Kapumba, op.cit., p.28