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l’existence d’une autorité de créer des normes et de les interpréter. Hobbes veut montrer
qu’aucun homme n’a de droit naturel à dominer autrui (même le plus fort peut être tué par le
plus faible pendant la nuit. Or si on peut tuer quelqu’un, on est son égal). Donc le système de
Hobbes est égalitaire. Hobbes critique ainsi la monarchie absolue. Dans l’état de nature, les
hommes s’entretuent --> nécessite de l’Etat qui déconnecte droit et morale.
Mais on ne peut nier que les sociétés démocratiques sont animées par la croyance en l’égalité.
On voit aujourd’hui se développer l’éthique de façon autonome (développement de comités
éthiques ...). Et le droit doit avoir pour objet de répondre aux exigences éthiques de la société.
On voit bien par exemple qu’aux Etats-Unis, on peut condamner à mort des malades mentaux
ou des mineurs, ce qui correspond à une autre morale qu’en France.
Comment comprendre la vie publique française et européenne à travers le droit ?
PASCAL JEAN, PROFESSEUR DES DES UNIVERSITÉS, SC PO BORDEAUX
Vie publique = vie politique, parlementaire, judiciaire.
Question 1 : Comment appréhender la vie publique, et comment à travers le droit, on arrive à
contester des idées reçues, idées véhiculées par les medias.
Question 2 : Comment on peut appréhender une question juridique à travers les libertés en
général. L’objectif d’un Etat est en effet la liberté.
Exemples tirés de l’actualité :
Exemple 1 : le 4 mai 2012, le Conseil constitutionnel (CCel) abroge le délit de
harcèlement sexuel. Beaucoup ne comprennent pas la décision : on devrait protéger les
victimes ! L’opinion critique le juge constitutionnel. Or cette abrogation repose sur le
principe de légalité. La loi doit être claire. L’abrogation de la loi critique le législateur
qui n’a pas fait son travail. Le conseil constitutionnel protège ici la liberté. Donc le fait
que le délit de harcèlement moral ait été dépénalisé n’est pas de la faute du juge, mais
du législateur.
Exemple 2: la négation de la censure d’admettre le génocide arménien. Là aussi :
scandale. Mais là aussi, le fond du problème, c’est qu’on a affaire à une loi
mémorielle. Le principe de la liberté d’expression justifie la censure de cette loi. Le
problème est qu’une loi mémorielle n’est pas normative, donc n’a pas lieu d’être.
Exemple 3 : depuis les élections présidentielles, certains hommes politiques invoquent
l’idée qu’il faudrait dégager une majorité au parlement, et éviter les blocages
institutionnels. Il leur est souvent rétorqué que l’exécutif peut user du 49-3 pour
débloquer une situation et sortir de la paralysie. Mais ce qu’il faut savoir, c’est qu’en
2008, il y a eu une modification de la constitution qui a modifié le 49-3, et cet article
devient utilisable uniquement pour un texte par cession, contrairement à avant où le
49-3 pouvait être utilisé (et a été utilisé : par Rocard ...) un grand nombre de fois.
Donc le fait de dire qu’aujourd’hui que l’absence de majorité parlementaire ne
poserait pas pb car avant, on s’en sortait quand même, est un raisonnement faux, car
entre temps, la règle a changé.
Donc la connaissance minimale du droit, des règles du jeu, permet de comprendre le
fonctionnement de la vie publique.