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génétiques. Cette obligation juridique est exécutoire erga omnes et l'objet juridique protégé est la
ressource en soi.
15. À cet égard, la divulgation de la source et/ou de l'origine permettrait – en premier lieu –
d'identifier les cas dans lesquels une ressource originaire du Pérou est utilisée hors de sa juridiction et
ainsi de vérifier si l'accès à la ressource biologique et/ou au savoir traditionnel qui a servi de source
pour mettre au point le procédé ou le produit à breveter était légal ou illégal. Étant donné qu'il
n'existe à l'heure actuelle aucune prescription imposant de divulguer l'origine des ressources utilisées
dans les brevets, chaque État doit utiliser les moyens dont il dispose pour pouvoir se conformer aux
obligations juridiques découlant de la CDB, ce qui occasionne des dépenses considérables et a rendu
nécessaire la création d'institutions chargées du suivi des obligations. Dans le cas du Pérou, comme
on l'a indiqué précédemment, cette tâche incombe en partie à la Commission nationale contre le
piratage biologique.
16. Un deuxième élément a trait au respect des critères de brevetabilité (nouveauté, activité
inventive et application industrielle), lorsque les inventions sont fondées sur des savoirs traditionnels
ou des ressources génétiques – au-delà du point de savoir s'ils ont été obtenus de manière régulière ou
irrégulière.
17. Il y a donc là un deuxième niveau d'analyse, qui a trait à la possibilité pour un État comme le
Pérou – une fois vérifiée l'origine de la ressource – d'examiner le respect des critères de brevetabilité,
en l'espèce ceux concernant la nouveauté et l'activité inventive en particulier. L'objet de cette analyse
est de déterminer si une invention satisfait ou non à ces critères, ou d'établir si – comme cela s'est
produit dans divers cas, entre autres celui de la maca – le produit ou le procédé breveté figure déjà
dans l'état de la technique. C'est là que la vérification de l'existence d'un savoir traditionnel associé à
la ressource génétique devient particulièrement pertinente.
18. Ainsi, la prescription relative à la divulgation permettrait non seulement de connaître l'origine
physique – ce qui correspond au premier niveau de respect des obligations découlant pour l'État
péruvien des dispositions de la CDB – mais aussi, à un deuxième niveau, de satisfaire à l'obligation de
prendre en considération et, par conséquent, de respecter les savoirs traditionnels associés, dont il est
entendu qu'ils constituent l'état de la technique et que, bien souvent, un examinateur ne peut pas
connaître.
19. Bien que le Pérou souscrive aux affirmations des États-unis en ce qui concerne l'utilité des
bases de données et des systèmes d'information publics
, ceux-ci ne présenteraient aucun intérêt s'il
n'était pas possible de vérifier la provenance ou l'origine de la ressource utilisée dans l'invention.
20. En outre, un troisième niveau d'analyse doit permettre à un État de vérifier – dans le cas où
une demande ou un brevet a trait à une ressource d'origine péruvienne qui satisfait aux critères de
brevetabilité – qu'une autre des obligations imposées par la CDB a également été respectée:
l'obtention du consentement préalable en connaissance de cause du titulaire du brevet et une
répartition juste et équitable des bénéfices, conformément aux normes nationales en vigueur en la
matière. Là encore, pour pouvoir effectuer cette analyse, il est nécessaire de connaître l'origine de la
ressource; c'est pourquoi il est impératif de disposer d'une règle contraignante de caractère universel
qui, de l'avis du Pérou et de plusieurs autres délégations, doit être une prescription imposée dans le
cadre du système des brevets: la divulgation de la source et/ou de l'origine des ressources génétiques.
En fait, le Pérou a reconnu cette possibilité dans le Mémorandum d'accord négocié avec les
États-Unis dans le cadre de l'accord de libre-échange entre les deux pays. En outre, l'Institut national pour la
défense de la concurrence et la propriété intellectuelle installe actuellement un portail sur les savoirs
traditionnels des populations indigènes, auquel on peut avoir accès gratuitement
(www.indecopi.gob.pe/portalctpi).