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De plus, elle simplifie les transactions en servant de commune
mesure des valeurs. Il est infiniment plus simple d'évaluer un produit par
rapport à un étalon unique que de fixer les relations d'échange de ce produit
avec toutes les autres marchandises.
Enfin, pour être acceptée, la monnaie doit pouvoir servir d'instrument
de conservation des valeurs ou, si l'on préfère, d'instrument d'épargne. Il ne
faut pas qu'entre le moment où la vente est opérée et celui où le remploi du
prix est effectué, la perte de pouvoir d'achat soit trop importante. Sans doute
l'expérience montre-t-elle que l'utilisation de la monnaie est compatible avec
une forte dépréciation de son pouvoir d'achat ; mais cette détérioration de la
valeur de la monnaie entraîne une préférence pour les biens réels qui n'est
pas favorable au développement économique : au-delà de certains seuils,
variables selon les pays, les vendeurs acceptent avec de plus en plus de
réticence de recevoir de la monnaie en paiement, surtout lorsqu'ils n'en ont
pas l'emploi immédiat ; on tend ainsi pratiquement à revenir au troc.
On peut considérer la monnaie comme un bien demandé par tous qui
répond au besoin général d'échange des produits ; mais elle est un bien d'une
nature un peu particulière dans la mesure où, au contraire des autres biens,
son utilité est universelle et non pas spécifique.
On dit souvent aussi que la monnaie est une créance : elle permet
d'acheter toutes les marchandises et sa détention constitue donc un droit sur
la production de biens et de services. Mais l'analogie ne doit pas être poussée
trop loin ; la monnaie présente en effet des caractéristiques qui ne permettent
pas de l'identifier à un engagement conclu entre particuliers. À la différence
des créances, elle doit être acceptée par tous — on dit qu'elle a pouvoir
libératoire — dans le pays où elle a été émise et sa liquidité est parfaite car
elle est immédiatement utilisable.
B - LE FONDEMENT DE LA VALEUR DE LA MONNAIE
Les premières monnaies, constituées par des produits faisant l'objet
de larges courants d'échange, tiraient leur valeur de leur emploi sous forme
de marchandises ; il en a été notamment ainsi pour le bétail ; c'est pourquoi
l'on disait autrefois d'un témoin qui se taisait, qu'il avait un bœuf sur la
langue pour indiquer qu'il avait été payé. La nécessité d'obtenir à la fois une
grande valeur sous un
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