La vérité Pour avoir d'autres corrigés, ou des cours de philosophie (sur le notions philosophiques enseignées en classe de terminale comme l'art, l'autrui, l'état…) rendez vous sur SOS Philo à l'adresse suivante : http://www.sosphilo.fr.st La vérité 1. Vérité, réalité et jugement Lorsque saint Thomas définit la vérité comme “adéquation de la chose et de l’esprit”, il en propose une conception que paraît confirmer l’expérience quotidienne. Lorsque je dis “Il pleut”, on estime que je dis vrai si, au moment où je parle, la pluie tombe effectivement : il y a donc accord entre l’expérience et le langage. Dans ce cas, la vérité qualifie ma proposition, ou mon jugement, et non la pluie. L’“adéquation” attendue concerne non “la chose” en elle-même, mais ce que je peux en dire. La chose n’est pas vraie ou fausse : elle est ou n’est pas, et le fait que je puisse en parler faussement ne modifie pas sa présence. Si je dis “Il ne pleut pas” au moment même où la pluie tombe, celle-ci ne s’interrompt pas, et c’est bien mon jugement qui est faux, tandis que la pluie continue à être. Dans la mesure où la vérité est une valeur, elle ne peut en effet appartenir aux choses, puisque celles-ci n’acquièrent de valeur qu’en raison du projet qu’une conscience forme à leur égard. La vérité appartient donc au langage, c’est-à-dire à la façon dont l’esprit rend compte de son rapport aux choses. 2. Vérité formelle, vérité matérielle En logique classique, le principe de non-contradiction m’interdit de formuler simultanément et à propos du même objet une affirmation et sa négation. Je ne peux rationnellement dire “Il pleut et il ne pleut pas” – du moins relativement à ce dont m’informe ma perception quant au milieu proche. Je n’ai donc une chance de dire vrai qu’en respectant certaines règles. Ces règles sont celles de la logique, et elles sont bien les seules à considérer dans les discours qui n’évoquent pas d’objets – par exemple en mathématiques –. La vérité est alors qualifiée de formelle, puisqu’elle ne s’intéresse qu’à la forme du discours, à sa cohérence interne. En partant d’un certain nombre de propositions premières, je devrai respecter les règles de la déduction pour élaborer toutes les propositions ultérieurement possibles. La rigueur qui caractérise cette vérité formelle a durablement fasciné la philosophie : Descartes en déduit que l’évidence est le critère même du vrai, mais l’évidence, outre qu’elle risque d’être subjective, ne caractérise pas nécessairement les axiomes, et dans les cas où une démonstration est très longue, elle n’est pas davantage présente. Lorsque le langage évoque les choses du monde, il faut garantir que les termes ou symboles utilisés sont adaptés à ce que je saisis du monde. Cette vérité matérielle ou empirique suppose La vérité qu’à chaque élément de l’expérience correspond un symbole — dont la définition doit être stricte et complète : aux exigences de forme s’ajoutent celles concernant le “contenu” du langage. C’est le cas dans toutes les sciences, étant admis depuis Kant que leur discours vise, non les choses en elles-mêmes, mais bien ce qui nous en apparaît (les phénomènes). 3. Des vérités non scientifiques En affirmant que notre connaissance est déterminée par la structure de notre esprit, Kant prend soin d’indiquer qu’au-delà reste ouvert le domaine de la pensée. C’est donc cette dernière qui, dépassant l’expérience, doit élaborer la métaphysique, puisqu’elle n’est constituée que d’idées pures. Comment, dès lors, prétendre accéder à des vérités métaphysiques ? Ne risque-t-on pas, en l’absence de tout garde-fou, de dire n’importe quoi (par exemple, en prétendant démontrer l’existence de Dieu) ? Pour y échapper, faut-il renoncer à la métaphysique ? Que la science soit le seul discours qui puisse nous fournir des vérités, c’est ce qu’affirmait l’idéologie scientiste – dont les chercheurs contemporains se gardent bien. On peut admettre en effet qu’une place soit réservée pour d’autres vérités que les vérités scientifiques : vérités morales, religieuses, ou métaphysiques. Elles ne peuvent être de simples opinions, injustifiables et susceptibles de refuser toute contradiction. Les vérités de cet ordre sont respectables si elles visent une certaine cohérence, ou sont en accord avec des conduites. Lorsque Kant postule l’existence de Dieu, de l’immortalité de l’âme et de la liberté, c’est précisément pour confirmer la cohérence globale de la morale et du monde, c’est-à-dire en introduisant certaines exigences de la vérité formelle dans une métaphysique privée des critères empiriques de la vérité. Qu’il s’agisse donc des vérités auxquelles la science nous donne accès ou de celles dont le domaine est extra-scientifique, c’est toujours vers des propositions valorisées positivement que l’esprit se dirige. La recherche des vérités concerne la dignité de la pensée, et c’est en ce sens qu’elle peut constituer un devoir. A ce dernier comme à n’importe quel autre, il est possible de désobéir (c’est ce que fait Nietzsche en choisissant la vie, s’il le faut, contre la vérité) – mais ce doit être alors en toute conscience de choisir une valeur autre, et non par le fait de l’ignorance pure et simple. Pour avoir d'autres corrigés, ou des cours de philosophie (sur le notions philosophiques enseignées en classe de terminale comme l'art, l'autrui, l'état…) rendez vous sur SOS Philo à l'adresse suivante : http://www.sosphilo.fr.st