Voilà cinq ans que les premiers signaux d'alerte ont été lancés et, aujourd'hui, nous y arrivons pour de bon : le
pays est au bord de la faillite. Pour mieux s'en rendre compte, il suffit d'établir cette comparaison: en juin 2011,
l'euro s'échangeait à 1,98 dinar et le dollar à 1,52 dinar. Cinq ans plus tard, l'euro s'échange à 2,433 dinars le
dollar à 2,141 dinars, soit les niveaux les plus bas de la monnaie nationale depuis qu'elle a été créée, à la fin
des années 1950. La chute brutale du dinar traduit la situation catastrophique de l'économie tunisienne, qui
offre une mine patibulaire.
Cette chute dramatique de la monnaie nationale et le creusement du déficit commercial (le pays importe plus
ce que il n'exporte) ne manqueront pas d'avoir des répercussions négatives sur le taux d'inflation et le pouvoir
d'achat du citoyen. Mais comment diable avions-nous pu en arriver à ce stade?!
Selon les experts en la matière, c'est la baisse de la productivité qui est le principal responsable de cette
situation. C'est là un secret de polichinelle, le Tunisien est paresseux : il travaille peu et consomme beaucoup.
Or, consommer sans produire génère systématiquement une faille dans le système et par conséquent un
bouleversement dans les équilibres macroéconomiques.
La séance unique estivale : archaïque et scandaleuse
Il est, également, des périodes, où le défaut majeur du Tunisien apparaît dans toute sa splendeur : le mois de
ramadan et la saison estivale (juin, juillet et août). Lors de cette période, les différents rouages de l'économie
nationale tournent à un ralenti scandaleux. Et le gouvernement semble ne disposer d'aucune matière pour les
huiler afin de booster la productivité générale.
Néanmoins, en l'absence d'une conscience collective et citoyenne chez le Tunisien, le gouvernement n'est pas
exempt de la responsabilité à travers la mise en place d'un système de travail au mieux archaïque et contre-
productif. Il s'agit de la séance unique estivale qui, théoriquement, dure en moyenne entre 5 et 6 heures, mais
qui, en pratique, se réduit à un horaire de 4 heures.
C'est l'ensemble du secteur public qui tourne sur la base de ce régime sans omettre une frange du secteur privé.
Or, depuis que le mois de ramadan coïncide avec l'horaire d'été, la rupture du jeûne est fixée aux alentours de
19h30, ce qui aurait pu accroître significativement la marge de la productivité. Rien n'y fait : le Tunisien est
fainéant et le gouvernement l'y encourage davantage.
A ce stade, il serait légitime de s'interroger si le gouvernement craint une réaction négative en décidant une
révision du système de la séance unique en dépit de ses fâcheuses répercussions. Car ce système trouve grâce
chez le Tunisien et aurait même un caractère sacré. Oui, ne touche pas à ma sieste ! Et pourtant ! La Tunisie
connaît une léthargie des plus insupportables et aux conséquences désastreuses. Pour combler le gap de
productivité et le manque de recettes, la dette extérieure peut, évidemment, continuer sur sa courbe haussière!
Et il n'existe pas de potion magique ou de solution miracle pour aider le pays à sortir la tête de l'eau !
La solution est pourtant évidente : appliquer des mesures urgentes et audacieuses sans accorder ouïe aux
protestations déplacées et aux revendications égoïstes. Parmi ces mesures, la révision de la séance unique, qui
est une nécessité de premier ordre. Car ce système, décidé voilà une bonne centaine d'années, ne trouve plus
justification aujourd'hui, avec le développement des appareils de climatisation.
Le Tunisien doit aussi prendre conscience du caractère douloureusement grave de la situation économique de
son pays, désormais, au bord de la faillite, sans exagération aucune, et rompre avec ses mauvaises habitudes,
notamment celle qui consiste à exiger de travailler moins et de gagner plus.
Quant au gouvernement, actuel ou futur, il doit jouer son rôle de locomotive et réorienter le gouvernail vers la
bonne direction, celle de la bonne gouvernance qui réduit les gaspillages, augmente la productivité et met les
intérêts supérieurs du pays au-dessus de ceux des corporations, des lobbies et des partis.