Commençons par les faits. Marjorie Quiterio est une Française de 29 ans qui a décidé de se faire opérer en
Tunisie; une opération de chirurgie esthétique pour éliminer les bourrelets disgracieux du ventre et des fesses.
Une liposuccion comme on en pratique des dizaines quotidiennement dans les cliniques privées tunisiennes.
Opérée le 12 juillet en fin de matinée, Marjorie décède le soir même vers 20h d'une embolie pulmonaire
graisseuse. Un aléa chirurgical connu des praticiens et qui n'arrive que dans un cas sur 10.000. Ce qui
n'empêche pas, pour ôter tout doute possible, de se demander si l'indication chirurgicale* est justifiée et
conforme aux standards internationaux, si la clinique et le chirurgien jouissent d'une bonne réputation, et si la
complication a été détectée à temps?
Le parquet tunisien a rapidement diligenté une information judiciaire dont les premières conclusions n'ont pas
mis en cause l'équipe chirurgicale. Les médecins légistes de l'Institut médico-légal de Lyon ont écarté comme
leurs collègues tunisiens l'hypothèse de l'erreur médicale et ont confirmé l'aléa chirurgical.
A ces conclusions préliminaires concordantes, la polémique devrait être close et la discrétion de mise pour
permettre à la famille de faire son deuil et aux magistrats de poursuivre sereinement leur enquête. Sauf que des
brebis galeuses existent comme indiqué plus haut.
Il y a quelques semaines à peine, les instances régulatrices prévenues par le Conseil de l'ordre des médecins
avaient interdit une publicité diffusée sur une chaîne privée… au bénéfice d'une agence de services médicaux
spécialisée dans la chirurgie esthétique. Une pratique clairement en contradiction avec la déontologie de la
médecine qui n'est pas censée être une profession commerciale comme les autres.
Dans ce contexte de «guerre commerciale» farouche sur le «marché» florissant du tourisme médical tunisien, il
ne faut pas s'étonner que certaines parties – non identifiées pour le moment – exploitent lâchement cette
tragédie en falsifiant les faits et en alimentant la polémique à travers des pages Facebook.
Un patient étranger ne fera pas la différence entre l'excellente réputation d'un chirurgien tunisien de la
mauvaise réputation d'un autre chirurgien tunisien. A défaut de pouvoir rappeler les règles d'éthique de base à
ces gens qui font leurs petites affaires sur les malheurs des gens – une morale ils n'en ont aucune –, peut-être
pourrions-nous les convaincre qu'à force de salir des collègues et des compatriotes, ils ne seront pas épargnés
du naufrage de tout un secteur médical national qui fait vivre des centaines de personnes.
(*) L'indication chirurgicale est la prise de décision d'effectuer une intervention chirurgicale et le choix de la
technique chirurgicale optimale pour ce patient.
Post date: 2016-09-06 13:21:49
Post date GMT: 2016-09-06 12:21:49
Post modified date: 2016-09-09 15:19:31
Post modified date GMT: 2016-09-09 14:19:31
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