Mead, psychosociologue montrera aussi à travers l’étude du processus d’intégration au
groupe, que l’individu est amené progressivement non seulement à intérioriser les idées et les
attitudes du groupe auquel il aspire appartenir, mais également l’image le concernant que les
membres du groupe ont de lui.
Rogers (1951) remarque aussi que c’est dans l’interaction avec autrui que le sujet développe
un sentiment de valorisation ou de dévalorisation de sa personne. Il signale que les parents
sont, à l’évidence, parmi les personnes les plus significatives de l’environnement du sujet et
ont, à ce titre, une influence considérable sur le développement de son sentiment d’identité
personnelle.
Les parents, leur attention, leur considération envers l’enfant contribuent au sentiment de
valeur personnelle. Des recherches sur la période de l’adolescence le confirment : le soutien
parental, l’affection, l’approbation sont liés positivement à l’estime de soi que se porte
l’adolescent. Le désintérêt de la part des parents est significativement associé à une faible
estime de soi de l’adolescent plus que ne l’est le conflit ouvert entre eux. D’autres études se
sont attachées à cerner l’influence des styles éducatifs sur le développement de l’estime de soi
(Kellerhals et al. 1992).
Les recherches d’Harter (1989) mettent en évidence le lien positif entre le soutien des pairs et
l’estime de soi des adolescents. L’adolescent accorde une grande importance à l’avis de ses
camarades et il éprouve une grande souffrance quand il perçoit un jugement négatif de leur
part, un rejet ou une exclusion du groupe. Ces évènements prennent pour lui une acuité toute
particulière car l’adolescent, en quête d’identité, recherche intensément chez autrui la
confirmation de sa valeur. Ces moments sont qualifiés assez souvent de « difficiles,
angoissants, déprimants » (Bariaud, Oliveri, 1989).
2-2 L’adéquation à des aspirations ou à des idéaux
Les réussites et les échecs vécus dans des domaines jugés importants pour la réalisation de soi
interviennent dans la formation du sentiment de valeur personnelle.
James en 1890 suggérait d’appréhender l’estime de soi au travers du quotient des « réussites »
sur « les aspirations » : si les réussites se situent à un niveau égal ou supérieur aux aspirations,
alors l’estime de soi est élevée ; si les aspirations excèdent largement les réussites, l’estime de
soi est faible.
Harter (1986) opérationnalise le modèle de James en traduisant « réussites » par
« compétences perçues » et « aspirations » par « importance accordée aux domaines en
question ». Ses études auprès d’enfants et d’adolescents montrent que le degré de
concordance entre les deux est effectivement lié au sentiment de valeur de soi : ne pas se
sentir à la hauteur dans un secteur qu’on valorise va de pair avec une faible estime de soi
globale et inversement. La formule de James peut également s’écrire en termes de distance
entre « soi perçu » et « soi idéal ». Les recherches pourraient alors étudier l’écart que
l’adolescent mesure d’ailleurs, entre ce qu’il se croit capable de faire et ce qu’il vise comme
réussites et plus encore entre ce qu’il pense être et ce qu’il voudrait être en tant que personne.
2-3 Les expériences de réussites et d’échecs et la comparaison sociale
Les travaux de Festinger (1954) ont contribué à comprendre le fait que chacun compare ses
performances et ses opinions à celles de son entourage immédiat.
Le processus de comparaison sociale participe à la détermination des évaluations de soi, du
moins du sentiment de compétences et de qualités spécifiques qui interviennent pour une part
dans l’estime de soi. Ce n’est que vers 7 ou 8 ans que l’individu devient capable de comparer
ses caractéristiques personnelles à celles des autres, afin d’en identifier les similarités et les
différences. Certaines de ces comparaisons sont imposées et donnent de soi une image peu
flatteuse. Ce sont les classements scolaires qui étiquettent certains enfants en échec dès