Claude .
Auguste Tibère - Caligula - Claude ron
Un intermède burlesque dans une inexorable progression tragique, tel apparaît le règne de Claude
chez les historiens antiques.
Pour eux, Claude est comme coincé entre deux fous furieux :Caligula et ron.
Il présente la figure grotesque d'un cocu ridicule et gâteux, à la fois idiot congénital et savant
pédant, gaffeur, indécis, goinfre, ivrogne, peureux, vicieux et cruel…
Pourtant, malgré les défauts personnels d'un souverain absolument pas fait pour gouverner
l'Empire, le règne de Claude fut pour Rome une période de stabilité, de prospérité,
d'accroissement territorial, de paix intérieure et de grands travaux ; le calme avant la tempête !...
Claude essaye de survivre, et c’est pas du « joué d’avance ».
Claude nait à Lyon (en Gaule) le 1er août de l'an 10 av. J.-C.
Son père était le beau-fils d'Auguste et sa mère était la fille d’ Antoine, le vaincu d'Actium.
La nature ne l’a pas avantagé … boiteux, bégayeur et à l'esprit confus.
Il devint rapidement le "vilain petit canard" de la famille impériale romaine, celui dont ses parents
avaient honte, qu'on préférait cacher aux yeux du public.
On en arrive à la conclusion que si son esprit est aussi malade que son corps, il faut lui épargner les
railleries de la foule mais il peut quand même paraître en public, pour autant qu’on ne puisse le
reconnaître, pas au premier rang et toujours accompagné d'un chaperon capable de l'escamoter
avant qu'il profère quelque incongruité.
Quand Tibère monta sur le trône des Césars à la mort d'Auguste (14 ap. J.-C.), Claude avait déjà vingt-
quatre ans et n'avait encore exercé aucune fonction publique.
Tout au plus , on le gratifia du titre de consul honoraire ainsi que d'une petite somme d'argent…
Dépité, Claude se réfugia dans ses bouquins, ses meilleurs amis.
Il se lança dans les études et y brilla : Il fut, paraît-il l'un des derniers à lire et comprendre l'ancienne
écriture des Étrusques qui, aujourd'hui encore, défie tout décryptage
Cette médiocrité apparente permit sans doute à Claude d'échapper aux purges qui
ensanglantèrent Rome à la fin du règne de Tibère ; Claude n'aurait pas fait le poids et aurait
sûrement connu un sort « funeste » .
Claude ne gênait personne, cela lui sauva la vie….
Claude et Caligula.
Avec l'arrivée au pouvoir de son neveu Caligula (15 mars 37),un Caligula bien plus jeune que lui, la
situation de Claude évolua : Caligula le prit comme collègue pour son premier consulat. C'était
également la première magistrature que Claude exerçait.
En exhibant ainsi son vieux tonton, Caligula voulait simplement légitimer son accession au trône,
en prenant comme « partenaire » quelqu’un que l’on plaint (le seul rescapé de toute sa famille) et
quelqu’un sans danger apparent ;il avait déjà quarante-sept ans, aucune carrière politique, et il
apparaissait déjà comme un homme du passé, un survivant de l'heureux temps du "divin Auguste".
Sa présence aux côtés du jeune empereur rassurait, elle apportait au jeune prince la caution
d'Auguste elle démontrait que bientôt, les lamentables dernières années du règne de Tibère ne
seraient plus qu'un mauvais souvenir, que sous le sceptre bienveillant du jeune Caligula , Rome allait
connaître un nouvel Age d'Or.
Claude et la mort de Caligula .
Il existe plusieurs versions et plusieurs interprétations possibles dans le rôle éventuel de Claude dans
la mort de Caligula
Version 1 :Claude était tout à fait ignorant des préparatifs de l’assassinat de Caligula
Si l'on en croit l'historien Suétone, après que Caligula eut été massacré, son épouse égorgée et sa
fillette fracassée contre un mur, des soldats, tout occupés à mettre le palais impérial à sac,
remarquèrent deux pieds qui dépassaient d'une tenture…les pieds de l’Oncle Claude …
Tout content de trouver un successeur plausible et sans danger à Caligula ils se prosternèrent devant
lui, et le conduisirent triomphalement au camp des Prétoriens pour y être reconnu comme
empereur.
Version 2 : Claude aurait été « embarqué dans le coup »par le sénat (peut être même sans le savoir
ou le vouloir) pour l’assassinat de Caligula .
Le sénat voulait revenir à la République (où ce qu’on appelait comme tel, cad au pouvoir du seul
sénat…),et pour cela il fallait se débarrasser du dingue et mettre à la place un fantoche, que celui-ci
le veuille ou non . Claude était le candidat rêvé pour cela .
Version « 3 » ; la version « plausible » de tout ceci est la suivante :Claude était parfaitement au
courant de tout ce qui allait se passer, ça l’arrangeait même parfaitement bien, et il a même donné
un petit coup de pouce …
C'est en parfaite connaissance de cause que Claude quitta le dernier spectacle auquel assista
Caligula, et vraisemblablement il ne quitta la représentation qu'au tout dernier moment, car il fallait
être sûr que nul ne préviendrait l'empereur de ce qui se tramait contre lui !
Ensuite Claude resta à proximité de l'endroit prévu pour l'embuscade.
Il attendit un moment pour voir la tournure des événements, puis, la mort de Caligula dûment
confirmée, il se rendit immédiatement au camp des Prétoriens, car c'était le seul endroit de Rome où
il serait en sécurité ; en effet la garde prétorienne était l'ennemie du Sénat qui voulait la désarmer .
Claude après la mort de Caligula .
Entouré de soldats fidèles, Claude patienta ….
En fait rien ne pressait ; comme il fallait s'y attendre, les Sénateurs ne parvenaient pas à se mettre
d'accord entre eux sur qui aurait quoi et en outre les seules forces dont disposaient les sénateurs
étaient les milices urbaines qui ne pourraient jamais venir à bout des terribles Prétoriens.
En outre, le peuple commençait à s'agiter…
Le fait que la foule réclamait un « nouvel empereur » ne doit pas étonner ; la foule attendait un
Empereur pour la protéger de la rapacité du Sénat .
On avait déjà vu ça avec César, puis Auguste, et on le verra plus tard encore même avec des
Empereurs « fous sanguinaires »…
Pour la foule, n’importe quoi, mais un 3Empereur » pour la protéger du Sénat ...
Les citoyens qui, après le meurtre de Caligula, réclamaient à cor et à cri "Claude comme seul chef",
savaient donc fort bien ce qu'ils faisaient ;un seul vieux lion édenté est encore préférable à une
meute de loups affamés !
Pris entre marteau et enclume, menacés par l'émeute populaire d'un côté et par les Prétoriens de
l'autre, les Sénateurs s'inclinèrent.
Le lendemain de l'assassinat de Caligula (25 janvier 41), Claude, toujours réfugié au camp des
Prétoriens, reçut une délégation du Sénat qui venait lui offrir officiellement l'investiture impériale.
Ensuite, Claude reçut les serments de l'armée et promit à chaque soldat quinze mille
sesterces,c'est le premier des Césars qui ait acheté à prix d'argent la fidélité des légions !"…
Qu'importe cette gratification ! la nomination de Claude, par le peuple romain, par l'armée de Rome,
et finalement par le Sénat, avait été parfaitement légale !
Claude « nettoie le terrain » :
Le premier geste de l'empereur Claude fut d'ordonner l'exécution des assassins de son neveu
Caligula. Même si le nouveau Princeps était, peu ou prou, le complice de ces criminels, et en tout
cas le principal bénéficiaire du meurtre, mieux valait envoyer un "signal fort" à tout candidat
tyrannicide Il était hors de question de laisser impuni l'assassinat d'un "César", quelque mauvais
qu'il fût !
En ordonnant l'exécution des conjurés, outre le fait qu’il se débarrassait sans doute de témoins
gênants, il adressait aussi un avertissement des plus nets aux "Républicains" du Sénat.
Claude « Empereur ».
Après avoir annulé tous les actes de son prédécesseur, le nouvel empereur s'attela au gouvernement
de l'Empire.
Auguste n’avait pas stricto sensu créé l’Empire.
Il avait créé le « Principat » …
Le "Principat", système de gouvernement inauguré par Auguste, était un véritable fourre-tout
institutionnel qui permettait tout et son contraire .
Le nœud de l’affaire étant : qu’est ce qu’on va faire du Sénat ?
Auguste, grâce à son sens politique avait su concilier harmonieusement les divers éléments
de ce pouvoir composite.
Tibère, lui, sachant qu'il n'y parviendrait jamais, tenta de gouverner l'Empire avec l'aide du
Sénat de Rome, mais ce fut un échec ; cela se transforma bien vite en une dictature militaire
arbitraire et sanglante.
Caligula, tenta d'édifier une monarchie absolue de type oriental ;une monarchie non
seulement "de droit de divin", mais carrément "divine" où l'empereur serait l'objet d'un culte
officiel et obligatoire !
Claude était parfaitement conscient de ses lacunes en matière d'administration, de finances
et de politique.
En outre, il était fort peu désireux de partager le pouvoir avec les aristocrates arrogants du
Sénat, ceux-là même qui l'avaient tant méprisé quand il n'était encore qu'un simple citoyen
ruiné et déconsidéré.
Il s'entoura donc de ministres choisis parmi les anciens esclaves de la maison impériale,
inaugurant ainsi une nouvelle forme de gouvernement qu'on pourrait appeler "le Principat
ministériel"
Ces "affranchis", pour la plupart d'origine grecque, devenus ministres d'État, ne rendaient de
comptes qu'à l'empereur et ne recevaient d'ordres que de lui… Une manière comme une
autre de mettre le Sénat romain sur la touche !
Cette quasi-exclusion du Sénat de la vie politique explique en bonne partie la fâcheuse réputation
posthume de ces affranchis.
Pourtant il semble bien que, malgré leur enrichissement personnel cette solution fut globalement
profitable à l'Empire :grands travaux , paix intérieure, guerre extérieure couronnée de succès avec, à
la clef, l'acquisition à peu de frais de la riche province de Grande-Bretagne
Claude « Juge »…
Claude était un juriste fervent.
Malgré l’ omnipotence des affranchis, le tribunal impérial resta toujours sa chasse gardée .
Même ses détracteurs le présentent comme un juge quelquefois farfelu, parfois assez confus, mais le
plus souvent équitable .
Claude et la Bretagne.
La grande aventure militaire du règne de Claude, ce fut la conquête de la Bretagne (Angleterre
actuelle).
Après les deux incursions de Jules César (en 55 et 54 av. J.-C.), on aurait pu croire que l'île allait
rapidement être intégrée à l'Imperium romanum. Il n'en fut rien ! Pendant presque cent ans, Rome
sembla presque se désintéresser de ces contrées septentrionales.
Avec toutes les tribus gauloises insoumises sur ses arrières, qui menaçaient constamment de couper
ses approvisionnements et ses communications avec l'Italie, le Grand Jules s'était limité à une
démonstration de la puissance romaine. Il ne s'agissait pour lui que d'une opération de propagande à
usage externe (afin d'inspirer aux Bretons une crainte salutaire) et interne (afin d'accroître son
propre prestige militaire à Rome ),et s'il songea un moment à la conquête de l'île, la résistance
farouche des autochtones l'en dissuada bien vite.
Auguste, aux temps de sa splendeur, songea à asseoir la puissance romaine au Nord de la Manche ,
mais la défaite des légions de Varus face aux Germains d'Arminius (9 ap. J.-C.) lui fit retrouver son
proverbial sens des réalités. Désormais, il ne serait plus question de nouvelles conquêtes, on se
contenterait de consolider les anciennes
Quant à la Bretagne, faute de pouvoir l'annexer, Auguste commença à la dénigrer : "Ça ne vaut
vraiment pas le coup, pinaillait-il. De la pluie continuelle, du brouillard à couper au couteau et, par-
dessous, des prairies incultes tout juste bonnes à nourrir une poignée de barbares peinturlurés et
quelques moutons ! Bref, la conquête de ce pays coûterait bien plus d'argent qu'elle n'en
rapporterait jamais !"
L'empereur Tibère, continuateur maniaque de la politique de son prédécesseur Auguste, ne modifia
pas d'un iota la position de Rome à l'égard de la Bretagne. L'annexion n'était toujours pas
programme ! L'Empire romain se contentait d'entretenir des bonnes relations avec les chefs locaux. Il
bénéficierait ainsi de tous les avantages d'une annexion sans devoir assumer le coût exorbitant d'une
expédition militaire.
Cependant, avec l'accroissement des relations commerciales consécutives à la "romanisation"
galopante de la Gaule, les milieux financiers romains commençaient à mieux se rendre compte de
l'intérêt économique de l'île. La Bretagne, ce n'était pas le désert des Tartares, loin de là ! Le pays ne
manquait ni de blé, ni de bétail et, surtout, elle regorgeait de minerais ! Il n'y avait qu'à se baisser
pour ramasser des tonnes d'étain et de fer !
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