Le monde arabe et l'Afrique ont les yeux rivés sur l'expérience tunisienne. Nous avons tous besoin de la
Tunisie en tant qu'exemple de la solide réussite que les femmes et les hommes, oeuvrant ensemble au sein
d'une société démocratique et dans une économie privée, ouverte et inclusive, peuvent créer dans la région.
Nous ne trouverons nulle part ailleurs pareil modèle, pareille réussite.
Dans le même temps, la Tunisie a été confrontée à d'énormes problèmes. Sa société civile vient à peine de se
remettre d'une très longue période où le gouvernement était autoritaire, cupide et sa direction des affaires du
pays était notamment marquée la violation massive des droits humains et une gestion désastreuse de
l'économie. L'Etat demeure trop important et trop impliqué dans le secteur privé. Ses processus de
réglementation sont excessivement complexes et font ainsi obstacle aux investissements nationaux et étrangers.
En conséquence de tout cela, la Tunisie se débat pour échapper à ce piège double de la petite croissance et du
faible investissement qui l'empêche de répondre aux attentes légitimes du peuple – et plus particulièrement la
jeunesse tunisienne.
Nous pensons que la Tunisie est capable de résoudre ces problèmes. Cependant, ne perdons pas de vue le fait
que le pays se trouve dans un environnement très difficile, avec sa longue frontière avec la Libye et les
attaques quasiment incessantes que lui porte le terrorisme. Durant les trois derniers mois, deux attaques
terroristes ont été menées contre la Tunisie, tuant 60 personnes. Ces attentats avaient pour objectifs bien
calculés de déstabiliser l'économie et de porter atteinte au moral des Tunisiens; et cette offensive pourrait bien
réussir son pari, puisque cette année l'on estime que les entrées touristiques tunisiennes enregistreront une
baisse de plus de 2 millions d'entrées.
Pour que les choses soient dites franchement, nous ne pensons pas que la Tunisie ait la capacité de faire face à
ses problèmes économiques et sécuritaires sans le soutien des Etats-Unis en tant que partenaire engagé.
Jusqu'ici, nous n'avons rien à reprocher à la démarche américaine, à ce sujet – sauf que les circonstances ont
évolué, la réussite de la Tunisie est désormais fragilisée et la nouvelle situation nécessite d'élever de toute
urgence le niveau de l'engagement américain et de l'intensifier. Cette politique devrait obligatoirement
comprendre les points suivants:
• Engagement: le président Obama devrait appeler le président Béji Caïd Essebsi, le plus vite possible, pour
exprimer un engagement clair et net des Etats-Unis envers un partenariat sur le long terme. Le vice-président
Biden, les principaux membres du gouvernement américain – y compris notamment les secrétaires d'Etat, de la
Défense, de la Sécurité interne et du Trésor, aussi bien que les éminents membres du Congrès devraient faire le
déplacement en Tunisie. Et chacun de ces dirigeants devrait clairement dire que nous tenons à ce que la
Tunisie réussisse son pari et qu'elle poursuive sur la voie de la démocratie, de la tolérance et de l'égalité.
0,2% de l'économie américaine!
• Sécurité: M. Obama devrait faire parvenir aux Tunisiens le message que les Etats-Unis se tiennent de leur
côté face au défi terroriste. En termes pratiques, cela devrait se traduire par 3 décisions: nous partagerons les
renseignements dont nous disposons sur les activités terroristes dans le voisinage tunisien; nous assisterons la
Tunisie à consolider sa force de frappe antiterroriste; et nous fournirons l'aide matériel pour répondre aux
besoins de la Tunisie dans ces domaines sécuritaire et de la lutte contre le terrorisme.
• Economie: le président Obama devrait transmettre l'idée selon laquelle les Etats-Unis aideront la Tunisie à
relever les défis économiques auxquels elle est confrontée. Ce n'est pas tant l'aide économique qui devrait
importer, car la Tunisie n'a pas besoin de cela, mais plutôt ce qui suit...
• Les Etats-Unis devraient entamer, de toute urgence, les négociations d'un accord sur un libre-échange tuniso-
américain. Cette convention serait d'une grande et réelle utilité pour l'économie tunisienne (…) Ce geste
américain n'aurait qu'un effet secondaire sur l'économie des Etats-Unis. Pour rappel, l'économie tunisienne ne