CR équipe Psy-VIH Les XIV Assises et le IXème Congrès National de la Société Française de Lutte contre le Sida (SFLS) se sont déroulés les 23 et 24 Octobre à Lilles. 780 personnes de France et d’Europe, se sont rassemblées pour échanger sur le thème : « VIH : Mieux dépister, mieux prendre en charge, mieux dépenser » D’entrée de jeu, le Professeur J.F. DELFRAISSY pointe 2 avancées majeures : - La multidisciplinarité - La place des associations de patients Le jeudi matin, 4 thèmes trans-professionnels sont proposés en sessions parallèles : - Dépistage - Prise en charge – Patients perdus de vue - Crédits alloués – Comment en améliorer l’usage - Faut-il tenir compte du coût des médicaments dans le choix des combinaisons thérapeutiques. Nous avons assisté au deuxième atelier : Prise en charge – Patients perdus de vue. Modérateurs : C.MARTIN (Lille), F. BORDA (Rouen) Invités : Emilie LANOY (Paris), Denis MECHALI (St Denis), F. RODENBOURG (Pantin) et A.CABIE (Fort de France) Emilie LANOY a fait une étude comparative sur la fréquence et les facteurs de risques de perte de vue dans les pays du Nord et dans les pays du SUD ; Denis MECHALI nous a fait part de son expérience sur : Comment mettre en place une prise en charge au long cours en évitant ruptures de suivi, d’observance des traitements et la perte de vue de patients atteints par le VIH /SIDA, migrants et précaires. Il opte pour une stratégie « par paliers », avec objectifs adaptés au cas particulier, et à la période de soin. Il opte aussi pour un suivi rapproché. Il faut analyser toutes les problématiques médicales-sociales, de représentation de la maladie (honte, secret, …). Il s’agit d’organiser une prise en charge : - en équipe - et concertée en tenant compte des problèmes institutionnels et financiers. La base intangible est de construire une relation de confiance avec le patient : « apprivoiser, comme le Petit Prince et le renard », afin de permettre une alliance thérapeutique. L’équipe de soins est : - classique : médecins, IDE, psychologues, pharmaciens, etc - personnalisée : médecin généraliste, disponible ? investi par le patient ?, partant pour un suivi conjoint ? + autres participants de ville : ex-psy, AS de secteur… - avec les professionnels juxtaposés - avec l’entourage familial : existant ? secret partagé ? Le problème éthique du secret au conjoint…. - Equipe élargie : travail sur la concertation : la loi : recours … démarches sociales efficaces F.RODENBOURG, représentant le groupe interassociatif , lance le débat avec : « on s’en fout, enfin un peu quand même »… Il pointe bien que les associations accompagnent les gens, mais ne les prennent pas en charge. Forcément à un moment ou un autre, on devient le perdu de vue de quelqu’un... Il dénonce un problème d’organisation de soins : - en cas de changement de médecin, les dossiers médicaux ne suivent pas toujours ; - les dispositifs en cas de rendez-vous manqués ou absence de suivi anormalement long ; - manque d’informations des patients sur comment changer de médecins. Mais il y a des choses que nous pouvons faire ensemble : - un perdu de vue pour la médecine, n’est pas forcément perdu de vue pour les associations ; - capacité d’approche associative des personnes en rupture de soins - présence associative dans les services médicaux : outil : utilisez-le - recherche, surveillance, actions locales à mener… A.CABIE va ensuite aborder : « La spécification des territoires français d’Amérique. LA COMMISSION PSY de la SFLS s’est ensuite réunie, et ce, à plusieurs reprises au cours de ces 2 jours, afin d’organiser la prochaine journée PSY-SFLS en juin 2009. Le thème choisi est : « Psy et Somaticiens : une clinique partagée » En session plénière ce jeudi 23, il a aussi été question de l’éducation thérapeutique des patients infectés VIH : obstacles et réussites. Mais n’est-il pas dangereux de commencer à parler « d’éducation à la vie affective et sexuelle » !!! La journée du Vendredi 24 Octobre, débute par l’organisation des soins et l’expérience d’autres pays européens : la Belgique et la Suisse. J.F.BALAVOINE de Genève, décrit comment 60 % des patients sont bien suivis par des médecins libéraux. Nous assistons ensuite à une session parallèle sur le thème : »Comment diminuer l’impact de la stigmatisation chez les patients vivant avec le VIH. Le point de vue de l’éthicien : Bertrand LEBOUCHE est extrêmement intéressant lorsqu’il définit les concepts de stigmatisation, de discrimination, de discrimination multiple. Il fait le parallèle entre stigmatisation et pouvoir, et aborde la question très intéressante de la discrimination positive. « La place des psychologues et psychiatres dans le soin », traitée en plénière, mais à l’heure du déjeuner, mobilise peu de monde, malgré la présence de D.LACOSTE qui ouvre la session par : « les psychologues et psychiatres ne doivent pas disparaître. Il faut continuer à se battre. Nous vous aiderons » C. CHARMASSON, Psychiatre, Responsable du Comité Sida Sexualité Prévention de l’hôpital Ville-Evrard, et responsable de la Commission-psy de la SFLS, pointe que la place des psys est une question récurrente depuis 1980. Elle insiste sur la collaboration qui s’impose dans la clinique du patient, sur la nécessité de rompre avec l’individualisme médical ou psychiatrique. Il y a toujours une méconnaissance réciproque de nos mondes respectifs. La création de petites unités mobiles détachées à l’hôpital général, (avec psychiatre, psychologue, infirmière) mises en place sur 2 sites en France (Ile de France – Bouche du Rhône) depuis maintenant plus de 18 ans, démontre que c’est un moyen de fonctionner de manière adéquat et efficace. Chantal BRIGAUDIOT , Psychologue, souligne la nécessité d’adresser au psychologue dans un soucis de complémentarité, pour recevoir le temps qu’il faudra, la plainte du patient. Ces deux journées auront été extrêmement riches. Les prochaines Assises et Congrès National de la Société Française de Lutte contre le SIDA auront lieu à Nice sur le thème : « Prise en charge : qualité de vie, qualité de soins ». Compte-rendu fait par l’équipe PSY-VIH . Josiane PHALIP-LE BESNERAIS, Psychologue Un compte rendu de Denis MECHALI.. La SFLS, "société Française" existe depuis 10 ans, et se porte plutôt bien: Plus de 400 congressistes à Lille, venus de toute la France, et avec un "mixte" de docteurs, infirmières, psys divers, TEC,... reflet des "commissions de travail" et des curiosités de chacun. Le cru 2008 était un peu plus "médical" peut être, via deux causes : 1) Les thèmes choisis, style " points forts du rapport Yeni" ou "nouveautés en matière de prévention et dépistage : Quelle place pour les tests rapides de dépistage du VIH en pratique quotidienne" ? 2) Les docteurs qui assistent à un exposé structuré "signent" leur présence... et récupèrent des points EPP (évaluation de leurs pratiques..) : Cela semble motiver certains ! La forme était classique : Des topos en plénière, et des ateliers plus "interactifs"... Le notre, celui où je présentais les modalités de maintien de suivi au long cours de patients VIH migrants... a fait un tabac (salle archi bondée !) mais c' était une trop petite salle ( 80 places) et les autres étaient aussi courues, notamment prévention et tests rapides.. 3 cas cliniques, et les pratiques du service, de lien "d 'alliance thérapeutique" avec les patients, puis de travail pluri disciplinaire : IDE, psychologues, AS, et aussi rôle des associations médiatrices... Les 3 "psy" du service étaient dans la salle et ont pu... opiner plus qu'intervenir, car le temps d'échange était court.. Mais cela a plu, des généralistes ont été intéressés par nos efforts pour investir un MG, et les difficultés rencontrées... J'ai été très intéressé par la présentation "Antilles Guyane" de André Cabié, qui gère une file active très difficile, notamment en Guyane (immigrants clandestins..) et qui se heurte à des préjugés massifs concernant le SIDA. Limiter les perdus de vue par des relances (proposées à l'avance et acceptées par les personnes) est bien accepté ("les soignants se préoccupent de nous", et fait preuve d'une certaine efficacité). Concernant le rapport Yeni (présenté par le Pr Yeni lui même) , les traitements ARV, il s'agissait de mises au point bien faites mais classiques.. En intro du congrès, le Pr Delfraissy avait eu cette phrase forte : "Depuis plusieurs années, 6000 à 7000 contaminations nouvelles sont comptées en France. On ne doit pas se contenter de ce résultat. Etre innovant en matière de dépistage et de prévention est rendu nécessaire par ce fait là, entre autres... J'ai profité d'un atelier "CDAG" pour rappeler la situation "scandaleuse" de la CDAG de Saint Denis, à la fois indispensable en terme de Santé Publique, et incapable, faute de moyens, de répondre aux nouvelles missions, soit CDAG , soit CDIST (c 'est à dire gérant aussi les infections sexuellement transmissibles). J'ai proposé une fonction de "plaidoyer/lobbying de la SFLS. Un responsable m'a dit que c'était en discussion. Il a été rappelé que les COREVIH devaient aussi, progressivement, aider à traiter ces problèmes de missions à remplir sans les moyens minimum adéquat... Une présentation intéressante sur la prise en charge du SIDA en Belgique et en Suisse a été aussi l'occasion d'une intervention de ma part pour souligner l'importance des associations médiatrices pour les migrants, les malades ayant des "pairs" auxquels ils pouvaient s'identifier, des aides diverses (comme une alimentation "coutumière" et agréable) et une interface soignant/soigné pouvant être aidé par les associations, dans le respect et de l'accord des patients, et de la compétence propre de chaque professionnel. J'ai expliqué que cela était valable en France, dans des zones comme le 9-3, et dans le tiers monde, par exemple dans un pays que je connaissais bien : Le MALI.. Quelques personnes ont apprécié mon petit discours. J'ai un peu "zappé" des présentations institutionnelles concernant les COREVIH... J'ai participé avec plaisir à une plénière PSY très riche, avec des exposés à la fois intéressants et émouvants de Christiane Charmasson (style "ancienne proche de passer la main"). Evidemment, toute l'équipe Psy de Saint Denis était là et pourra en dire plus.. Denis MECHALI