COMMUNICATION ET AFFIRMATION DE SOI
Professeur O. Fontaine x
Dr M. Fontaine-Delmotte xx
La relation humaine, sous tous ses aspects, est loin d’être simple. Tantôt, il faut pouvoir faire
passer un message désagréable sans créer d’hostilité chez le récepteur, tantôt, il faut pouvoir
s’affirmer sans paraître agressif, tantôt, il faut être capable de dire non à quelqu’un qu’on
apprécie, tantôt, il s’agira de complimenter quelqu’un sans le mettre mal à l’aise. Ces diverses
communications de la vie de tous les jours selon leur qualité, auront des conséquences
importantes sur la vie en famille, au travail, en société. Pour des raisons innées ou acquises
(ou les deux, le sujet n’est pas encore scientifiquement élucidé) certaines personnes éprouvent
des difficultés conscientes ou non dans cette relation sociale. Ces difficultés vont de
maladresse, de réactions « timides », parfois sans grande conséquence pour le sujet jusqu’à
des troubles importants représentant une « phobie sociale» au sens propre du terme.
TABLEAU CLINIQUE
Ces troubles surviennent souvent à la fin de l’enfance ou au début de l’adolescence. Ils
évoluent de manière chronique, ils peuvent entraîner une invalidation par leur effet sur le
fonctionnement professionnel et les activités sociales habituelles et surtout par les évitements
que le sujet émet. La complication la plus fréquente est le recours à l’alcool ou aux drogues
anxiolytiques. De plus, les échecs répétés (par exemple professionnels) que ces roubles
entraînent, peuvent induire un état dépressif.
Monsieur Yves, jeune chercheur, plein de talent, se trouve à l’aise dans son laboratoire au
milieu de ses appareils et de ses livres. Ses relations sont bonnes avec son technicien et ses
étudiants quoique certains le trouvent un peu distrait. Il s’est marié tardivement et mène une
vie calme, centrée sur sa famil1e. Il a peu d’amis et participe peu à la vie sociale en général,
sauf quelques sorties en famille pour aller au cinéma. Il a horreur des groupements culturels et
sportifs : les gens y sont, selon lui, superficiels et sans intérêt. Lorsqu’il intervient dans une
réunion de service, il se sent anxieux (sudation, tendance à rougir, tachycardie). Toutefois,
comme il connaît bien son sujet, il est capable de le faire. Récemment, son patron lui a
demandé de le représenter à une réunion administrative de sa faculté. Il connaît de vue et a
parfois été en contact avec la majorité des gens qui s’y trouveront. A la réunion, il se sent
brutalement très anxieux, la bouche sèche, la gorge enrouée, le cœur emballé : il restera sans
rien dire, croyant sans cesse qu’on va l’interpeller. A la fin de la réunion, le calme revient,
mais il se sent triste : il avait des idées, il aurait pu les faire valoir, se mettre en valeur. Il ne
l’a pas fait et il s’en veut énormément. Ce type de réaction qu’il vient de vivre, il l’a connu
dans d’autres situations : au restaurant, chez son banquier, dans un congrès. Depuis, monsieur
Yves évite ces contingences, rétrécissant du même coup son accès à un ensemble de situations
qui pourraient être professionnel1ement gratifiantes ou simplement socialement agréables.
A côté de cette phobie sociale bien caractérisée et qui amènera le sujet à consulter, il existe
comme nous le signalions plus haut un grand nombre de troubles de la communication qui ne
sont pas nécessairement identifiés par le sujet ou qui sont considérés par lui comme peu
importants dans la vie quotidienne.
X Professeur ordinaire honoraire Université de Liège
XX Collaboratrice Université de Liège, Rue du Jardin Botanique, 36, 4000 LIEGE- BELGIQUE