obtenir le remplacement du ministère Fouché-Talleyrand, deux acteurs de la Révolution et de
l’Empire, imposent au premier gouvernement Richelieu (1815-1818), le vote de lois
répressives tel que la suspension des libertés individuelles, ou l'épuration dans l’armée,
mesures symboliques rompant avec la Révolution. Cependant, ils ne parviennent pas à
s’attaquer à l’essentiel comme, le Concordat, montrant ainsi les premières faiblesses du
mouvement ultra. Cette période de manœuvres parlementaires les voit surtout déroger à leur
doctrine : à leur insu, ils se font les plus ardents défenseurs du parlementarisme face aux
libéraux qui défendent la prédominance de l’initiative royale et de la Charte.
Des royalistes " contre le Roi ".
Second paradoxe : ils paraissent s’opposer au Roi lui-même.. En effet, Louis XVIII est
à leur goût trop modéré. La droite ultra se définit dès l’origine par sa loyauté à l’égard du
pouvoir et son insoumission vis-à-vis de ceux qui l’incarnent. Cette rébellion se manifeste
d’abord sur le plan constitutionnel : les ultras contestent au Roi le droit de choisir ses
ministres sans prendre en compte la majorité à la Chambre et revendiquent pour la Chambre
le droit de proposer des lois. La rupture intervient le 5 septembre 1816 : la chambre est
dissoute et le gouvernement maintenu. Commence alors une " traversée du désert " pour les
Ultras sous les deux ministères Richelieu (1815-1818 et 1820-1821) et Decazes (1819-1820)
qui mènent une politique modérée de tendance libérale.
C’est l’assassinat du duc de Berry en 1820 qui marque le retour progressif des Ultras
au pouvoir. En 1821 Villèle devient chef du gouvernement. L’année 1824 voit le retour d’une
forte majorité ultra à la Chambre : "la Chambre retrouvée", qui coïncide avec l’avènement
d’un nouveau Roi, Charles X, qui selon les ultras est plus nostalgique de l’ancien Régime.
2) La doctrine à l’épreuve du pouvoir (1821-1830).
Des divisions intrinsèques, exacerbées par le pouvoir, qui compromettent
l’intégrité de la doctrine.
Mais ce qui va mener à la perte des royalistes ce n'est pas tant le développement du
courant libéral mais plutôt de leur division. En effet une division, est déjà présente dès
l’origine, et résulte d’une opposition de tempérament entre les Ultras : entre les doctrinaires et
les opportunistes, entre les idéalistes et les réalistes, entre un La Bourdonnaye député ultra
jusqu’au-boutiste et un Villèle qui comprend l’impossibilité de tout changer d'un coup et
adapte les exigences aux possibilités du moment.
Une deuxième division se crée autour de Chateaubriand, lequel, en tant que ministre
des Affaires Etrangères de 1822 à 1824 mène sa propre politique et passe outre les consignes
de Villèle en obtenant " sa " guerre d’Espagne au congrès de Vienne. Pour son opposition à
Villèle Chateaubriand est renvoyé au printemps 1824. Ces querelles personnelles ont
d’importantes répercussions sur la pensée ultra : le passage de Chateaubriand à la contre-
opposition réactive le courant " libéral " qui existait dés le début chez les Ultras qui défendait
le droit de l’opposition, ainsi que le droit de la presse. Ce courant défend l’idée d’une
monarchie attachée aux libertés parlementaires, ce qui est un beau paradoxe pour un
mouvement qui rejetait si vigoureusement la Charte.
Enfin, il se crée également une fracture religieuse. Les Ultras sont divisés en deux
clans adverses : d’une part les partisans de l’ultramontanisme, fidèles au Pape et à l’Eglise
romaine, d’autre part les partisans de l’Eglise gallicane, nationale et indépendante.