dans l'opposition), puis de la promulgation d'une loi
d'amnistie se contentant de proscrire les régicides (d'où,
par exemple, l'exil de Sieyès et de David à Bruxelles, de
Fouché à Trieste). Néanmoins, beaucoup de mal avait
déjà été fait, et avait ressuscité les «deux Frances»,
ennemies irréconciliables, entre lesquelles il serait délicat
de faire entendre une voix d'arbitre.
«Tous les efforts de mon gouvernement tendent à faire
que ces deux peuples, qui n'existent que trop, finissent
par n'en plus former qu'un seul», écrivait le roi à son frère
en 1818.
II.Le retour de la paix sociale.
1. Tout en affirmant, dans le préambule de la Charte,
vouloir «renouer la chaîne des temps», la Restauration a
effectivement pris soin de ne pas pousser trop loin l'esprit
de revanche, par exemple en ne revenant pas sur
l'abolition des privilèges et des droits féodaux, et en ne
remettant pas en cause les achats de biens nationaux (qui
avaient été en réalité beaucoup plus des biens de l'Église
que des terres nobles), alors même que leurs acquéreurs
étaient insultés par les émigrés fraîchement rentrés et
dénoncés avec ardeur par le clergé.
2. Cependant, les nobles purent, par des pressions et des
arrangements divers, par des rachats aussi, récupérer une
bonne partie de leur ancien patrimoine: la richesse
foncière de l'aristocratie n'est donc pas, au bout du
compte, entamée de façon décisive (elle représente
encore près d'un cinquième du sol français).
3. De même, la Restauration réussit à se tirer assez bien du
piège constitué par la réforme de l'armée, en rendant