par an de 1815 à 1850, contre 2.3% en Angleterre. La construction des chemins de fer, organisée
par la loi de 1842, devient un placement qui suscite l’engouement des notables et des banquiers.
… et fractures sociales.
Dans le même temps, les contrastes se creusent entre les élites, qui souhaitent disposer, selon la
formule de Guizot, « de liberté et de loisir », et les couches populaires, qui apparaissent comme
de nouveaux « barbares » aux yeux de la bourgeoisie. Ouvriers et ouvrière du textile de Rouen,
Lille ou Mulhouse aux conditions de logement précaires et aux salaires médiocres, prolétariat
rural qui peut à tout moment basculer dans le vagabondage, petits propriétaires endettés à des
taux très élevés, autant de catégories sociales qui ne peuvent guère espérer s’enrichir.
III. La IIe République
A. La révolution de février 1848.
La proclamation de la République
A la fin des années 1840, la situation politique se dégrade fortement. De mauvaises récoltes
provoquent une flambée des prix alimentaires et une crise industrielle qui prive des milliers de
travailleurs de toute ressource. Pour contourner la loi qui interdit les réunions publiques, les
opposants organisent une campagne de banquets à travers le pays.
Le 22 février 1848, la population parisienne manifeste contre l’interdiction de l’un de ces
banquets. Le 23 février, la garde nationale commence à se rallier aux émeutiers. Dans la soirée,
des hommes de troupes, chargés de garder la résidence de Guizot, sont débordés par les
manifestants et ouvrent le feu pour se protéger. Les 52 morts de cette fusillade transforment
l’émeute en insurrection générale. Le 24 février, Paris se couvre de barricades, Louis-Philippe
abdique et la IIe République est proclamée.
L’esprit de 1848
Célébrant le 2 mars 1848 la plantation d’un arbre de la liberté, place des Vosges, à Paris, Victor
Hugo s’exclame : « Mes amis, mes frères, mes concitoyens, établissons dans le monde entier, par
la grandeur de nos exemples, l’empire de nos idées ! Que chaque nation soit heureuse et fière de
ressembler à la France. »
Tel est bien l’esprit de 1848 : fonder une république à visage humain. En ce « printemps des
peuples » qui gagne la majeure partie de l’Europe, le mot d’ordre est à la paix, au bonheur et au
romantisme qui imprègne une jeunesse avide de promouvoir une société nouvelle.
Les premières mesures prises par le gouvernement provisoire sont à la hauteur de ces aspirations.
La peine de mort pour raison politique est supprimée, l’esclavage est aboli dans les colonies, le
suffrage universel masculin est décrété pour tous les hommes de plus de 21 ans. Sous la pression