Text à expliquer: Ronsard les discours – Reponse : 1011

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Text à expliquer: Ronsard les discours – Reponse : 1011 - 1042
Aussitôt que la Muse eut enflé mon courage
M'agitant brusquement d'une gentille rage,
Je sentis dans mon coeur un sang plus généreux,
Plus chaud et plus gaillard, qui me fit amoureux.
A vingt ans je choisis une belle maîtresse,
Et voulant par écrit témoigner ma détresse,
Je vis que des Français le langage trop bas
Se traînait sans vertu, sans ordre ni compas;
Adonque pour hausser ma langue maternelle,
Indompté du labeur, je travaillai pour elle,
Je fis des mots nouveaux, je rappelai les vieux,
Si bien que son renom je poussai jusqu'aux cieux.
Je fis d'autre façon que n'avaient les antiques
Vocables composés et phrases poétiques,
Et mis la Poésie en tel ordre qu'après
Le Français s'égala aux Romains et aux Grecs.
Ha! que je me repens de l'avoir apportée
Des rives d'Ausonie et du rivage Actée!
Filles de Jupiter, je vous requiers pardon!
Hélas! je ne pensais que votre gentil don
Se dût faire l'appât de la bouche hérétique,
Pour servir de chansons aux valets de boutique;
Apporté seulement en France je l'avois
Pour donner passetemps aux Princes et aux Rois.
Tu ne le peux nier; car de ma plénitude
Vous êtes tous remplis, je suis seul votre étude,
Vous êtes tous issus de la grandeur de moi;
Vous êtes mes sujets et je suis votre loi
Vous mes ruisseaux, je suis vostre fontaine,
Et plus vous m’espuisés, plus ma fertile veine
Repoussant le sablon, jette une source d’eaux
D’un surjon éternel pour vous autres ruisseaux.
Intro:
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Explication de texte d’un extrait de la responce aux injures et Calomnies de je ne scay
quel predicans et ministres de Geneve (1563), à la page 149, v. 1011 (mille onze) à
1042 (mille quarante et deux)
RO a écrit cette réponse en 1563 (quinze cent soixante trois) comme réaction sur un
nombre des pamphlets publié contre lui en réaction de ses discours.
Politiquement nous nous trouvons dans une phase de paix. En mars 1563 le pais
d’Amboise a été signé, qui marque la fin de la première guerre de religions. Mais au
même temps le concile de Trente a été arrêté.
Même s’il y a une pause dans les champs de bataille, la bataille à la plume est menée
avec grande vivacité de deux coté.
RO était attaqué personnellement aussi que dans son rôle comme poète, et il a répliqué
par sa Réponse. Comparé avec des ses autres discours il s’agit donc ici plutôt d’une
défense de sa cause / de ses idées. Sans « suivre le fil de choses », sans s’amoindrir
dans une discussion méthodique, il compose une apologie de sa poésie et de sa
personne.
Le sujet : le rôle de poète, qui prends conscience de lui-même et de sa rôle dans la
société -> politiquement mais ici plutôt linguistiquement parlant.
Je vais passer à la lecture de notre extrait, qui est composé en alexandrins :
LECTURE
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Il y a deux thèmes magistraux cet extrait :
o 1. Il nous indique aujourd’hui une des doctrines de la pléiade, qui se formait
autour Ronsard et Du Bellay -> c’est l’enrichissement de la langue française
 « mot nouveau » «vocables composé » et les « frase poétique »
o 2. Le deuxième thème la défense de Ronsard est plutôt subtile et rusée
(schelmisch), et n’est guerre visible avant les lignes 1035 – 1042. Pour mieux
comprendre l’idée de cet extrait, il faut aussi que nous nous plongions dans des
arguments des protestants.
-
Proposition un découpage de texte en trois partie (aux trois mouvements principaux du
texte) :
o 1011- 1026: Ronsard créateur de la langue française
o 1027-1033 : l’abus de la nouvelle langue par des Protestants (Missbrauch der
neuen Sprache durch die Protestanten)
o 1034 – 1042 : La grandeur de Ronsard au rapport à ses adversaires.
1ière partie / a : Ronsard créateur de la langue française
-> accumulation autour le mot « langue /poésie »
- l.1017 « le langage », l. 1018 « la langue maternelle, l. 1021 « mots nouveaux »,
l.1024 « Vocables composés » « frases poétique », « la poésie », plus abstrait :
l.1011 « la muse » (qui est l’inspiratrice du poète) , « rage » (qui est l’inspiration du
poète)
-> accumulation autour des mots concernant « l’amour »
- l. 1012 « gentille », l. 1013 « cueur », l.1014 «chaut », « gaillard », « amoureuse », l.
1015 « belle maitresse »
-> Ronsard nous indique avec ces deux accumulations son amour pour la langue / et la poésie,
plus précisément pour la langue française.
- RO a découvert cette amour / cette intéresse pour la langue / la poésie a « vint ans » (l.
1015). Biographiquement Ronsard est devenu élève de Daurat, le savant helléniste en 1547.
Encore dans ces vingtaines il a appris le latin et le grecque et a publié ses premiers œuvres.
Pour lui c’était grâce à l’inspiration de sa « muse » et « une belle maitresse » qui est
Cassandre et était injoignable pour lui. Son amour pour Cassandre était également évoqué
dans ses Odes.
- Mais la langue du peuple se trouve selon RO dans un très mauvais état. Par conséquent le
peuple reste sans orientation. Sans « vertu », selon la définition ronsardienne l’ensemble des
valeurs, la sagesse, la culture; et sans l’ »ordre », par rapport à l’ordre grammatical, mais aussi
l’ordre politique et religieux. Pour Ronsard la vertu et l’ordre sont jumelé à un bon usage de la
langue qui sert comme « compas ». (l.1019) Rappelons-nous qu’un « compas » sert
d’orientation dans des endroits ou on est normalement perdu. Sans une propre langue en bon
état le peuple se perdra dans un Chaos total, causé par la décadence des valeurs. En plus la
langue peut unifier le peuple, ceci montre la notion de patriotisme de RO.
- Il faut savoir que le français ne devient qu’en 1539 la langue officielle du droit et de
l'administration avec l’Ordonnance de Villers-Cotterêts. Néanmoins, la société cultivée continuait
d'employer le latin dans les universités lors de la renaissance. La grande majorité de la
population, peu cultivée, parlait les langues vulgaires. En reconnaissant le français comme sa
« langue maternelle » (l.1019) - langue qu’il veut élever au rang de langues « romaines » et
« grecques » (l.1025) - Ronsard réfère ici à la langue du peuple.
- C’était bien pendant la 16ième quand Du Bellay a écrit la « Déffence et illustration de la
langue francoyse (1549) » dans laquelle il exigea l’enrichissement de la langue. Durant cette
période d’enrichissement, les poètes ont emprunté de très nombreux mots au latin et à l’ancien
français. (-> Néologisme) Et c’est exactement ca à quoi Ronsard se réfère dans cette extrait,
quand il dit qu’il « fis des mots nouveaux » et « rappellay les vieux » (l.1021) et composa des
vocables et des frases poétique » (l.1024).
- En conclusion on peut donc constater que la première partie de notre extrait relève la
doctrine de la Pléiade, dont Ronsard et Du Bellay étaient les têtes. L’enrichissement de la
langue français. A cause de ca le français gagna de plus en plus importance en siècle suivants.
1ière partie / b : La défense de Ronsard
Un autre point qui est plus subtil et se voit seulement avec une connaissance des accusations
des Protestants contre Ronsard se cache déjà dans notre première partie. C’est l’intertextualité
qui nous donne des indices sur le deuxième grand thème « la défense de Ronsard ».
Dans les pamphlets des huguenots Ronsard a été attaqué dans sa valeur comme poète. Même
si plusieurs des pamphlétaires n’essayent pas de masquer leur admiration pour le talent
poétique de Ronsard, ils regrettent qu’il s’obstine à défendre le catholicisme, qui pour eux est
une cause perdue. Je vais maintenant préciser les accusations qui reviennent avec le plus
d’insistance. Premièrement ses adversaires assertent (behaupten) que les beautés de Ronsard
ne lui appartiennent pas en propre ; mais qu’elles sont empruntées et que ses images lui
viennent des Latins et des Grecs. En plus il est accusé d’imiter les grecs par ses inventions de
mots en créant des mots « étranges et ridicules ». Comme nous avons vue Ronsard a rejeté ces
accusations facilement en indiquant l’importance de l’enrichissement de la langue pour le
peuple. Par la répétition de « je » dans notre premier paragraphe il a réussi à souligner son
importance dans ce progrès. C’étais le « je » de Ronsard qui a senti l’esprit, «je » qui à vu le
statue bas de la langue, « je » qui a fait, et « je » qui a rappelé les mots. Pas ses adversaires.
Mais c’est aussi le « je » de Ronsard qui se repent quelque part d’avoir apporté la poésie des
anciennes.
2ième partie : L’abus de la nouvelle langue par les Protestant
Nous passeront maintenant à la deuxième partie. De la ligne 1027 – 1033. L’abus de la
nouvelle langue par les Protestants. Les deux premières lignes semblent être une rupture avec
le premier mouvement. Les phrases apparaissent plus courtes et créent une impression de rage
et de regret. Renforcé aussi par les deux exclamations : « Hà » et « Helas », l’apostrophe aux
« filles de Jupiter », qui est en même temps une injonction !
- Ligne 1027 – 1028 accouplent le deuxième mouvement au premier en révérant encore une
fois l’engagement de Ronsard pour la langue française. C’était lui qui a imité la poésie « des
rives d’Ausonie et du rivage Actée ». Tous les deux sont des images d’antiquité. « Ausonie »
ici réfère à la poésie latine. C’était un personnage d’un œuvre de Dracontius. Un poète romain
du 5ième s. « Actée » de l’autre côté est dans la mythologie grecque un roi légendaire d'Attique,
qui est souvent vue comme le précurseur de la monarchie athénienne. Selon le mythe Actée
mourut pendant la guerre de Troie. Ronsard a donc aussi créé un lien avec des images des
héros de la guerre de Troie qui sont évoqués dans ses autres discours.
- Les « Filles de Jupiter » (à la ligne 1029), indiquant les neuf muses, réfèrent à la société des
grecques et romains, qui dans ce contexte sont présenté comme des descendances de dieux,
particulièrement à cause de leur poésie / leurs arts assez parfait. Avec l’image des inspiratrices
du poète, Ronsard forme également une continuité du déroulement de/dans l’extrait (déjà
évoqué au début).
- Dans les verses suivant l. 1029 – 1032 Ronsard demande pardon à ses muses car il devrait
constater que son engagement pour la langue française, le « gentil don » des anciennes, était
selon lui abusé par les Protestants, la « bouche hérétique ». Les Protestant sont ici réduits à
leur « bouche ». Cela diminue la valeur des idées protestantes.
- Avec une bouche on parle, mais au contraire des mots écrits, un mot ou une phrase dite ne
reste pas pour l’éternité. D’ailleurs ce n’est pas la bouche, mais le cerveau qui pense.
Indiquant donc que les idées des protestants sont vite fait, sans y penser, sans valeur éternelle.
- Selon Ronsard les protestants ont utilisé la langue maternelle française dans leurs poèmes,
« chanson », pour convaincre le peuple, les « valets de boutique », de leurs idées. Le danger
de l’influence des protestant sur le simple peuple est renforce par la rime de « heretique <->
boutique ».
- Ce qui est en plus intéressant a propos de la forme (l.1029 / 1031), est la correspondance
entre le développement des phrases et le schème de la rime. La rime se trouve sur « pardon –
don », « hérétique – boutique », tandis que la phrase se termine sur « pardon » et la phrase
suivante continue au dé la rime de « don », sans virgule, donc normalement sans pause, à la
ligne suivante -> on parle ici d’un Enjambement. Cela crée une tension au sein de la phrase
qui relève de l’étonnement et de l’indignation (Entrüstung) de RO face au mauvais usage de la
langue inventée par lui. Ronsard. Si nous nous rappelions maintenant que c’étaient les
Protestants qui ont accusée Ronsard de plagier ses idées chez des autres, nous trouvons ici
l’ironie qui se cache derrière ses mots.
- Tout de même, RO évoque à la ligne 1033 qu’il a seulement donné cette langue poétique
aux « princes et roy comme passetemps » et que ses mots était dirigé vers eux et pas vers le
peuple. Ce qui parait d’abord comme contradiction. On peut supposer qu’il s’agit ici d’une
référence à ses discours qui étaient directement adressés aux princes et roi. Notamment
l’ « Institution » et la remontrance « et vous »
Devant l’abus des protestants et la dérive (Abtrifft) de la foi catholique, RO n’a donc qu’un
seul regret : c’est d’avoir en quelque sorte « inventé » la possibilité d’une langue maternelle
française écrite, que ses adversaire peuvent utilisée aussi.
Troisième partie
Une autre accusation portée contre Ronsard était que son style soit boursouflé
(angeschwollen) et ambitieux à l’excès. Florestine Chrestien, un de ses adversaire à écrit
p.ex : (je cite)
« pense-tu estre seul en France scavant, pour forger de grands mots » ?
- Cela nous mène à la troisième partie « 1034 – 1042 : La grandeur de Ronsard par rapport à
ses adversaires. Dans leur pamphlets, ses opposants on essayé de montrer que la domination
de Ronsard sur ses contemporaines n’est pas autant absolu que le voudrait son orgueil. Ici
Ronsard affirme qu’il est le maître.
- Il y a encore une sorte de rupture entre la partie qui nous concerne maintenant et la partie
précédente. Cette fois cela est causé par un changement d’interlocutoire. -> des muses (-> les
filles de jupiter) à tu / vous (-> ses adversaires). Les phrases sont plus structurées et plus
longues. Cela montre que les faits présentés sont assez clairs qu’il ne reste aucune doute sur
eux.
- Directement dans la première exclamation Ronsard élucide que sa supériorité n’est pas
niable. Il évoque que c’est sa « plenitude » « seule » qui forme une référence pour les
Protestants.
On peut noter que le groupe des mots « seul vostre étude » est entouré par la « plenitude » et
la « grandeur » de Ronsard, ce qui souligne que toutes les études des Protestant sur le coté des
a propos des catholiques se concentre seulement sur Ronsard. Non seulement s’oppose-t-il
seul contre les Protestants, mais il indique que tous les auteurs de libelles sont ses élèves.
(l.1036/37) (« Estudes »). Il y a quand même une gradation à la ligne 1038. En utilisant le mot
« sujet », pour les Protestants, Ronsard se place a la tête de tous les poètes, et évoque l’image
d’un roi de poésie. Lui seule fait les lois et les autres le suivent.
L’idée abstraite est décrite dans les verses suivantes par des images concrètes, toutes
correspondantes à l’eau - un élément de la nature qui est dirigeable par l’homme. l.. 1035 –
1038 Les Protestants sont ses « ruisseaux », et il est « leur fontaine » / une source d’eau qui ne
cessera jamais de distribuer l’eau. L’image d’une fontaine correspond aussi à l’inspiration
poétique. RO évoque ici donc que son inspiration est éternelle, et plus riche que celle de ses
adversaires.
- Tout cela est renforcé par la forme. La césure après le sixième syllabe accentue la pause, ce
qui crée l’opposition entre « vous et je ». Donc l’ensemble des Protestants contre Ronsard
seul.
En conclusion :
Nous avons vue que Ronsard exposait avec insouciance (Lässigkeit) à tous les opinions et les
gestes des ses adversaires En plus il montre un certain patriotisme et nous indique les idées de
l’enrichissement de la langue.
Tina Gutsche
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